Je suis une des rares personnes à ma connaissance à ne pas avoir aimé Xenogears. En fait je ne l'ai même pas fini ; j'avais arrêté un peu avant la fin du premier CD. J'ai terminé le premier Xenosaga il y a un peu plus de deux ans. Je n'en garde pas du tout un souvenir impérissable, mais étant fan de Yuki Kajiura et aimant qu'on me raconte une histoire à travers les jeux vidéo, j'ai voulu poursuivre l'aventure avec les épisodes deux et trois. Le premier d'entre eux, celui dont je vais parler ici, m'a plutôt bien déçu. Je retiens du jeu quelques donjons qui sont arrivés à créer une ambiance particulière au cours du deuxième CD et la relation de l'héroïne avec son frère, houleuse, faite d'amour et de haine, complexe donc intéressante. C'est parti pour la critique.

Avant toute chose, je précise que Xenosaga est une série de jeux se situant dans un univers futuriste de science-fiction. On y parle notamment de la relique Zohar (un parallélépipède rectangle debout jaune de la taille d'une grue), de la ville Ancienne Miltia qui fut le théâtre d'une catastrophe il y a 14 ans, d'un fou dangereux immortel nommé Albedo (attention référence à je-ne-sais-quoi, ses frères sont Rubedo et Nigredo) qui s'amuse à se faire exploser la tête pour qu'il lui en pousse une nouvelle (ah zut, j'empiète sur mon prochain paragraphe), d'une petite fille robot MOMO cachant les données-Y dans son cerveau, d'un organisme louche "Flotte des Immigrants", d'une Fédération et d'un Abîme, sans doute un endroit existant dans l'espace grâce à une anomalie spatio-temporelle.

Du Grand N'Importe Quoi

Je tiens à recopier le résumé qui s'affiche pendant le chargement au début du CD2. Ceux qui ne tiennent absolument pas à se faire gâcher le plaisir de la découverte peuvent passer à la suite directement.

Shion et les autres réussirent à ranimer MOMO dans son subconscient. Mais Albedo l'avait prévu, et avait placé un piège pour s'emparer des données-Y. Albedo, ravi, se servit de ces données pour tirer l'Ancienne Miltia de l'Abîme. Ceci marqua le début du combat entre la Flotte des Immigrants et le gouvernement de la Fédération concernant le Zohar endormi dans l'Ancienne Miltia. Au milieu du chaos et de l'alerte de sécurité générale, Shion retourna au Dämmerung en se demandant ce que l'avenir leur réservait.

Alors bon, je ne sais pas si ce que je vous donne vous permet de vous faire un jugement, mais pour moi cette histoire n'a aucun sens. En plus, le résumé insiste à la fin sur l'état psychologique de Shion alors que la narration ne s'en préoccupe jamais. C'est un jeu qui ne s'intéresse qu'à ses évènements, un récit presque purement factuel. Au lieu de parler des personnages et de ce qu'ils ressentent, le but ici semble être de mettre en place une chronologie d'évènements, à quelle fin, mystère ; peut-être dans le troisième épisode.

Vous trouvez ça drôle vous un livre d'Histoire ?

Vous voyez où je veux en venir : cette débauche narrative me semble complètement vaine. Je m'intéresse à une histoire avant tout par rapport à ce qu'elle va faire vivre à ses personnages ; or ici, on reste très loin des personnages. Et les évènements, à part faire péter un câble à Shion à un moment donné (scène que je n'ai toujours pas comprise d'ailleurs), n'ont aucun affect sur eux. Ces personnages sont réduits à la fonction de guides, de caméras pour nous dévoiler une chaîne d'évènements sensée être jouissive en soi. Je n'accroche pas du tout au concept.

Si j'ai envie de revenir sur l'absurdité de l'univers, je peux aller loin. Dans le jeu, il y a un mort qui tout d'un coup possède un vivant et ça lui teint les cheveux en blanc. Et sa voix devient celle du mort aussi. On voyage dans l'inconscient des gens : on peut marcher, faire des combats, tendre des pièges qui vont télécharger des données du cerveau à l'autre bout de la galaxie. On se bat à l'épée, aux sabres lasers et aux bons vieux pistolets du far west contre des robots et des monstres. L'organisation politique de la Fédération, je n'y ai jamais rien compris.

Les personnages sont sans cesse confrontés à des problèmes dont on ne peut percevoir le caractère problématique. Du genre "impossible, les anti-ondes du satellite Jésus-Christ ont basculé en phase Marie-Madeleine, c'est la fin" avec bien sûr, des noms trouvés dans des ouvrages religieux, philosophiques ou à l'origine encore plus trouble, pour quoi ? Pour une caution intellectuelle ? Je ne comprends pas. Toute cette affaire de références me dépasse. C'est sans doute pour donner un sens caché à l'ensemble, mais alors il est bien caché.

Où suis-je, que fais-je, dans quelle étagère ?

Les enjeux sont très impersonnels, on se demande ce que toute l'équipe d'individus hétéroclites que l'on dirige vient faire là-dedans... Durant le premier CD je me suis ennuyé ferme, on ne joue quasiment pas et on s'enchaîne les cinématiques insipides. Le deuxième CD propose plus de gameplay, c'est parfois réussi grâce à la musique (que j'ai trouvé généralement assez mauvaise) et certains donjons m'ont fait ressentir quelque chose qui a trait à l'histoire, qui a trait au moment que sont en train de vivre les personnages. Mais bon, c'est le RPG du pauvre : on se tape des énigmes complètement hors-sujet de l'intrigue (imaginez un complexe dont la sécurité est constitué de mini-jeux avec des cubes ou des bougies), des combats qui m'ont lourdé, assez frustrants (on est inefficace avant d'avoir "stocké" pendant plusieurs tours) et toujours des enjeux fantomatiques.

J'ai à peu près tout dit. Les personnages sont une grosse blague, on ne s'intéresse pas à eux, on ne connaît pas leur passé, on ne connaît pas leurs problèmes... Le jeu n'est pas plus mature qu'un autre, l'amitié c'est toujours trop bien, faut pas laisser tomber ses potes !! et puis ça pète plus haut que son cul, quoi. Avant de chercher à changer le monde avec des théories philosophiques, faudrait déjà arriver à créer un univers cohérent et développer ses personnages Monsieur Takahashi ? 

Et pourtant, je laisserai quand même sa chance au III (grand prince!), qu'on promet dément et dont la bande-son est intégralement signée Kajiura...