Aprés une agréable parenthèse Icare mag', il est temps de se remettre au boulot et de lancer un nouvel épisode de Deux Films, Deux périodes !

Le choix fut difficile, les prétendants furent nombreux et ce fut avec un déchirement certain que je me suis résolu à n'en sélectionner que...surprise. Au menu, du polar français dégoulinant de punchlines et deux films en un. Pourquoi deux films en un ? Car l'un ne va pas sans l'autre, quand l'un explique, l'autre répond, quand l'un sous entend, l'autre le montre sans concession.  Qu'est-ce donc ? Pour connaitre la réponse, il va vous falloir attendre un petit peu. 

 

 

Les Lyonnais (2012) :

Ahh Les Lyonnais...En voila un film français sans concession, qui tache bien. Le retour des bons dialogues français qui osent l'utilisation de l'argôt sans que cela choque ni ne semble déplacé. Les Lyonnais est un film réalisé par Olivier Marchal, il vient tout juste de sortir en dvd et est sorti au ciné cette année soit l'an de grâce 2012. Olivier Marchal nous avait déjà agréablement surpris avec ses anciens films. Que ce soit de 36 quai des Orfevres ou encore Mr 73, Marchal avait réussi avec brio à se créer une identité, un univers, propre au monsieur. 

De quoi ça parle ? De mafieux. Enfin, surtout de la vie d'Edmond Vidal dit Momon (oui, on ne choisit pas son pseudo dans la mafia..ce qui explique quelques ratés...). D'un postulat assez simple, l'arrestation du meilleur ami de Momon, le film propose de retracer une grande partie de la vie de ce joyeux mafieux en abordant donc  ses différentes frasques à travers la françe jusqu'à sa retraite anticipé pour l'amour d'une femme. 

Et le français il sait filmer ? Force est de constater que oui. Et il filme même excellemment bien le moniseur Olivier Marchal. Le film bénéficie en plus d'une photo toute en retenue, qui joue avant tout sur la froideur de l'univers pour distiller une excellente ambiance de mafia. Marchal sait donc filmer, c'est un fait. Comment peut on le voir ? En contemplant la lisibilité filmique parfaite de son film, en appréciant la caméra proche des personnages reflétant l'amour du réalisateur pour ses héros, ne tombant jamais dans le pathos gras et inutile servant juste à vous faire pleurer quelques larmes. Mention spéciale aux dialogues du film, renvoyant aux films de Gabin, Ventura où chaque phrase était une punchline en puissance, un plaisir auditif, une jouissance sonore même. Chaque dialogue du film sonne juste et la peur de voir le film se vautrer dans le "too much" s'efface dès le début du film. 

Et il sait raconter une histoire aussi ? Comme s'il ne l'avait pas déjà démontré lors de ses précédents films. Bien sur qu'il sait raconter des histoires le moustachu de Marchal. L'histoire se suit sans aucun déplaisir. Mais c'est encore une fois au niveau des thèmes que le film se démarque. Renvoyant directement au cinéma de John Woo, non pas de manière revendiquée mais de manière thèmatique, le film aborde les thèmes de l'amitié, du sacrifice, de l'amour et de la vengeance froide et meurtrière. Ainsi, au même titre que pouvait le faire un The Killer en son temps ou même un Syndicat du crime, le film aborde par le biais du regard de ceux que l'on considère comme des "fumiers" toute la mythologie et les codes qui s'en dégagent. Vous aurez ainsi droit à de la rivalité entre flic et voyou, d'amour entre une femme et un ancien voyou, de vengeance et d'acceptation. Alors que cela peut sembler ridicule exposé comme ça, le tout prend une tournure crédible et touchante tout au long du métrage. Un peu comme la relation flic/voyou de The Killer de John Woo. 

Les Lyonnais est un film à acheter, à voir, puis à revoir pour noter toutes les punchlines et se rendre compte que seul les acteurs peuvent les sortir sans avoir l'air con. 

Halloween I et II (2007-2010):

            

Critiqué en son temps, pour diverses raisons, sacrilége pour certains, mauvais films pour d'autres, il était temps de lui rendre justice. Il faut toutefois avouer que reprendre et faire une remake du classique de Carpenter pouvait sembler un peu dangereux de prime abord. L'original résonnant encore dans le coeur des fans comme une véritable claque du cinéma d'horreur.  Petite piqure de rappel pour les deux du fond qui dorment, Rob Zombie se fit connaitre tout d'abord en tant que musicien avec son groupe White Zombie pour partir vers une carrière solo et enfin finir réalisateur. Je résume grossièrement, il est aussi scénariste de films d'horreurs et de comics. 

 

De quoi ça parle ? 

Sérieusement ? Vous voulez que je vous fasse un résumé de l'histoire d'Halloween ? Quelqu'un ne la connait pas ? Bon...c'est bien parce que c'est vous. Mais seulement du premier. Faut pas abuser. 

C'est à l'age de 10 ans que la vie du jeune Michael Myers bascule, la nuit d'Halloween plus précisemment. Victime de pulsions meurtrières (famille un peu spécial, enfant seul, le schéma plus ou moins classique du futur tueur en série psychopathe en gros), il assassinera brutalement sa famille à coup de couteau. Arrêté, il sera pris en charge par le docteur Loomis durant toute sa jeunesse pour tenter de soigner et aider ce jeune garçon en perdition.

17 ans plus tard. Myers a grandi et ne semble pas aller mieux...Réussissant à s'échapper  du complexe où il est incarceré,il semble n'avoir qu'une seule chose en tête. Retourner dans sa ville natale, là où sa jeune soeur, seule survivante du massacre réside.

 

Et techniquement, un ancien métalleux ça peut tenir autre chose qu'une guitare ? Zombie ne signe pas ici ses deux premiers films, il est déjà responsable de deux autres métrages avant cela. The house of 1000 corpses et The Devil's Reject. Deux très bons films, qui à défaut d'être des chefs d'oeuvres préfiguraient le style et l'ambiance propre à Rob..ou Robbie. Comme on veut. Une ambiance dégueulasse nous présentant une amérique glauque, suintant la mort et la maladie à chaque coin de rue.

Les deux Halloween sont assez différents l'un de l'autre. Optant pour une mise en scène classique pour le premier, comme si l'ombre de Carpenter planait sur les pauvres épaules du réalisateur, il se lachera complétement lors du deuxième opus. Excellent réalisateur, accordant beaucoup d'importance à l'ambiance, à l'univers et à sa bande son. Chaque film de Zombie étant un plaisir des yeux avant tout.  

Pour les acteurs, les fans de Robbie (ça casse un peu l'image du bourrin ce nom..non ?) ne seront pas dépaysés. L'homme aimant choisir des personnages décalés, malsains mais terriblement attachant. Brad Dourif en Sherif, Scout Taylor Compton en Laurie Strode, Malcom McDowell en Loomis, la belle Sheryl Moon Zombie en deborah Myers et enfin, le catcheur Tyler Mane pour jouer le tueur au masque.

 
Arrêtons les digressions techniques et penchons nous sur le fond du sujet, non ?
Sur le fond c'est bon, même plutôt bon. Orientant son premier opus sur les origines du meurtrier bien connu des jeunes enfants, Zombie donne une profondeur au personnage. Alors que l'on pourrait crier au scandale, et moi le premier, cela ne gêne aucunement le film et rend Myers encore plus fascinant que jamais. La lente descente aux enfers d'un enfant l'amenant à devenir ce tueur froid et sanguinaire se voit traitée avec plus d'intelligence et de respect pour le materiel original que l'on pourrait le croire. On regrette cependant une deuxième partie de film peut être un peu plus brouillone et symptomatique du cahier des charges à respecter. Cette deuxième partie reste toutefois plus que regardable et permet de présager ce que donnera par la suite le second volet de la saga. 
C'est donc toujours le sieur Zombie aux commandes et pour le deuxième opus, le monsieur se lache. S'émancipant totalement de son ancêtre, il nous livrera un film d'une noirceur et d'une violence insoutenable. Petite anecdote, la scène de l'hopital au début du film s'avère être le début du Halloween II d'origine. Au delà de l'histoire, que tout le monde connait, c'est encore une fois le traitement de Myers qui intéresse. Le tueur se voyant caractérisé tout au long du métrage comme hors du temps, hors de l'espace avec lequel il interargit. En effet, par d'habiles effets, les apparitions du tueur masqué se feront toujours en un instant, sorte d'apparition de nulle part, de fantôme tueur en quelque sorte. Par ce traitement, Zombie renvoit l'imagerie de Myers comme écho de notre part sombre, comme si Myers n'était qu'un reflet de nos propres penchants meurtriers (si tant est que nous en ayons bien sur).
 
Pour conclure, Les deux Halloween semblent indissociables l'un de l'autre, comme si l'un ne prenait corps qu'en relation avec l'autre opus. Zombie nous confirme son talent par le biais de ces deux métrages et démontre qu'une licence peut toujours bénéficier de remake, si tant est que le réalisateur à de la suite dans les idées, un propos à tenir et un talent certain. Je ne peux donc que vous ordonner d'acheter ces deux films, c'est pour votre bien. 
 
C'est ainsi que se termine se troisième épisode de Deux Films, Deux périodes ! Je vous souhaite donc une agréable soirée et à la prochaine !