Le lancement d’une Xbox dédiée aux services en ligne est désormais acquis. Son accès immédiat à un impressionnant catalogue de jeux étalé sur trois générations de console, conjugué à un prix d’achat très compétitif font de ce format numérique le pivot central de la stratégie de Microsoft. Reste sa fenêtre de commercialisation, très discutée par analystes et fins connaisseurs du marché vidéoludique.

Quelle date du calendrier sera stabilobossée par le département marketing de MS ? Identique pour les fausses jumelles ou légèrement décalée ? Piers Harding d’IHS Markit a été approché par la rédaction de Gamedaily.biz afin de recueillir ses réflexions sur cette problématique. L’analyste livre une lecture optimiste de cette approche, la qualifiant de « stratégie viable » car celle-ci s’applique déjà « à d’autres domaines de l’électronique grand public ». Quand bien même « nous n’avions jamais observé pareille stratégie dans le secteur des consoles de salon, cela pourrait fonctionner » , en déduit-il.

Cette console serait donc solvable pour le marché. Son attrait tarifaire lui ferait jouer le rôle de tremplin. Selon toute vraisemblance, « Scarlett pourrait être proposée à un prix plus élevé que le modèle sortant » , anticipe l’analyste. Le public découragé par un droit d’entrée très élevé jetterait son dévolu sur Lockhart « avant de passer au modèle haut de gamme » , à la faveur d’une hypothétique baisse de prix. Mais à quel intervalle ?

Une fenêtre de tir identique serait désastreuse : « nous n’assisterons pas à un lancement simultané, réagit P. Harding. Elle possède moins d’attrait pour les joueurs confirmés, et brouillerait le message marketing, jusqu’à en dérouter les acheteurs potentiels ». D’après lui, Microsoft évitera toute dispersion assassine. Le géant américain  ira sur le champ de bataille armé de son format haut de gamme, ce sera « sa proposition unique ».

Le concept entièrement digitalisé de cette console fait inévitablement écho à xCloud, architecture réseau distant appelé à succéder à moyen terme à la console de salon. L’analyste estime que Lockhart aurait pour mission de mettre en avant sa plateforme de jeu en nuage, en jouant sur les complémentarités des deux propositions ludiques. Une stratégie de cheval de Troie exercée par d’autres avant le géant américain : « le cloud gaming se greffe d’ores et déjà aux modèles techniquement modestes, telle que la Switch au Japon ». Microsoft ne ferait qu’appliquer une recette éprouvée sur d’autres marchés.

Son confrère travaillant pour l’agence SuperData reconnaît qu’une sortie parallèle risque de faire désordre. « D’ordinaire, les déclinaisons précèdent toujours l’original », déclare-t-il avant de s’égarer dans ses réflexions. « Microsoft serait en capacité de gérer jusqu’à cinq Xbox différentes ». Quoiqu’il en soit, un modèle entrée de gamme ferait sens auprès des joueurs occasionnels et « parents souhaitant acheter pour leur enfant cette console ».

Pour l’analyste, l’ensemble de l’industrie évolue vers la caractérisation du jeu en tant que service. Ce modèle sera d’autant plus accepté que le marché a d’ores et déjà intégré cette notion de dématérialisation qui n’est plus taboue, même auprès des joueurs confirmés.