Hello tous,

C'est un des trucs sympas de l'automne : le mois de septembre est aussi synonyme de reprise pour les dramas américains les plus importants, dont l'excellent Person of Interest fait désormais partie, indubitablement. Depuis quelques heures maintenant, le premier épisode de la troisième saison est en effet disponible, et force y est de reconnaître que les promesses d'évolution de l'intrigue lancées à la fin de la saison précédente prennent doucement forme, ouvrant d'étonnantes perspectives à la série. Je vous propose donc un petit tour du propriétaire, sachant que vous y serez, inévitablement, confrontés à quelques spoilers.

Souvenez-vous tout d'abord de la situation dans laquelle le précédent épisode nous avait laissés. La machine est désormais hors de contrôle, mais totalement rebootée, elle reprend sa place en délivrant à nouveau des numéros de sécurité sociale de personne en danger ou menaçant de mettre en danger quelqu'un. Mais désormais, l'on sait que certaines forces au sein du gouvernement courent après cette intelligence artificielle, et c'est aussi plus que jamais le cas de Root, cet énigmatique personnage qui entretient avec la machine un rapport qui reste à déterminer. C'est d'ailleurs sur celtte interrogation que la saison 2 se termine, lorsque sonne le téléphone et qu'une conversation s'engage entre la hackeuse et l'intelligence artificielle. Manière sans doute pour Jonathan Nolan, le scénariste, de signifier que la création de Finch a désormais atteint une véritable autonomie, qui lui permet de dialoguer avec qui bon lui semble, et donc de poursuivre ses propres buts. Elle devient un camp à part entière dans cette partie d'échecs qui se joue à l'échelle de New York. Un camp parmi une multitude.

C'est précisément sur ce postulat que s'ouvre le premier épisode de la troisième saison. Si en apparence celui-ci reprend la forme d'un one-shot dans lequel il s'agit pour Reese de venir au secours d'un jeune Marine en danger, la série s'ouvre sur une diversité de points de vue qui tranche d'emblée avec ce qu'elle avait à nous montrer jusqu'ici.

Reese et Finch en constituent bien évidemment toujours le noyau central, en quelque sorte le code originel auquel la machine semble toujours assujettie. Mais l'arrivée d'un nouveau personnage pour les soutenir, la redoutable Shaw, met déjà quelques grains de sable dans la balle mécanique, remettant d'emblée en question les règles imposées par Finch - dont la première et la plus importante, celle de ne pas tuer. Il sera intéressant d'en suivre l'évolution, donc, son influence se ressentant d'ores et déjà sur Reese qui retrouve certains réflexes qu'on ne lui connaissait plus depuis le début de la saison 1.

Autour d'eux gravitent toujours Fusco et Carter. Le premier, pour l'heure, semble devoir se cantonner à un rôle de second plan, ce qui n'est pas forcément de bon augure pour la suite. Carter en revanche prend une place plus trouble qu'à l'accoutumée : pour avoir permis à Elias de prendre la fuite, elle a pactisé avec une force dont on connaît tout le potentiel de nuisance, mais qui ne semble pas vouloir s'en prendre, jusqu'ici, au duo Reese-Finch. Ici encore, il sera intéressant de suivre le développement de cette relation faite de compromissions, et dont on peut imaginer qu'elle mènera rapidement sur le chemin de la machine, Elias n'étant pas né de la dernière pluie et ne semblant de toute manière pas taillé pour servir d'indic à l'équipe à l'échelle d'une saison complète. Le personnage est bien trop ambitieux pour se cantonner à cela.

Suit le personnage de Root. Internée en hôpital psychiatrique, celle-ci semble entretenir un dialogue constant avec la machine. C'est peut-être d'ailleurs sur ce plan que l'épisode est le plus intriguant : non seulement l'intelligence artificielle est capable de voir, d'anticiper, mais elle sait aussi deviser, quand bien on ne l'entend directement à aucun moment. Mais c'est ce que l'on apprend à l'ultime seconde de l'épisode, lorsque Root révèle que le débat du moment repose sur l'opportunité de tuer ou de laisser vivre le thérapeute en charge de la hackeuse meurtrière. Surtout, l'épisode ne résout pas la plus importante question qui émerge de ce débat : est-ce Root qui souhaite éliminer le thérapeute, ou s'agit-il de la machine, dont elle avoue avoir peur ?

C'est précisément ici, dans cette incertitude quant à la véritable nature de l'intelligence artificielle, désormais, que l'épisode prend toute sa dimension. Depuis que l'intelligence artificielle a été atteinte par un virus, le pitch n'a de cesse de souligner que les conséquences de cette infection sont impossibles à évaluer. Or, la machine semble désormais inquiéter ceux qui en étaient les plus grands fidèles. Finch, d'une petite phrase annodine, dit durant l'épisode craindre ce qui s'apprête à arriver, comme un pressentiment encore difficile à préciser, et qui renvoie au comportement de la machine... qui donne désormais des codes à d'autres factions, ennemies qui plus est. Quand à Root, que l'on a connue si confiante, si convaincue de la nécessité de donner à la machine sa liberté, elle semble désormais incertaine, partagée entre angoisse et vénération. La machine, à n'en pas douter, lui a déjà offert un aperçu de ses prochaines révélations.

Autant dire que cette saison 3 s'annonce sous d'excellents auspices. Il pourrait être passionnant d'assister, cette année durant, à un renversement des valeurs et des alliances qui redistribuerait totalement les cartes de l'intrigue tout en offrant de nouvelles possibilités à Jonathan Nolan d'interroger les limites de l'intrusion de la technologie au coeur de nos sociétés. Vous l'aurez compris, donc : si vous avez aimé les deux premières saisons, jetez-vous sur la troisième, qui promet d'en prendre la parfaite succession. Et si vous n'avez pas encore cédé aux sirènes de ce rendez-vous majeur des TV-shows à l'américaine, il n'est jamais trop tard pour se rattraper...