Hello tous,

Depuis quelques mois maintenant, je redécouvre certains de mes plus grands plaisirs d'adolescent. En ces temps-là, je jouais sur Master System, Megadrive, mais surtout sur ces bons vieux PC qui tournaient, selon le budget du foyer, en CGA (4 couleurs), EGA (16 couleurs) ou VGA (256). Cela vous fait sourire ? Sachez qu'à l'époque, posséder l'un de ces engins était un véritable luxe, et peu d'entre nous avaient l'occasion d'en profiter dans les meilleurs conditions possibles - en VGA donc. Quant à posséder une carte son, c'était un idéal auquel nous aspirions tous. La plupart d'entre nous ne connaissaient que les "bip" du petit processeur sonore initialement embarqué par l'unité centrale pour signifier le lancement ou l'extinction de l'ordinateur.

En ces temps immémoriaux de la culture numérique, pourtant, l'on savait faire des jeux. Et des jeux qui n'ont, aujourd'hui encore, rien à envier aux plus belles productions de ces machines surpuissantes qui équipent nos salons. L'esprit était différent. Certes, ces titres étaient très limités, graphiquement parlant. Mais les équipes de développement compensaient les limitations techniques en redoublant de créativité. Esthétiquement, narrativement, beaucoup de ces jeux sont restés comme des perles de l'histoire du jeu vidéo.

J'en avais déjà parlé dans un post précédent, mais l'un de ces fournisseurs de bonheur n'était autre que le studio Lucas Arts. Des créateurs comme Ron Gilbert, Dave Grossman,Tim Schafer y ont fait leurs armes. Et c'est à ce studio que je dois mes plus belles heures de réflexion, à me triturer la tête pour comprendre les énigmes posées par ces jeux d'aventure point and clic dont seule la firme avait le secret.

J'en garde un souvenir impérissable. Et comme, avec l'âge, j'ai tendance à devenir nostalgique, je me suis mis en tête de renouer avec ces jeux oubliés. A donc commencé pour moi une petite quête du graal. D'abord pour pouvoir rejouer à ces classiques, ensuite pour rassembler les boites carton PC dont j'étais si fier adolescent.

Revivre l'expérience ludique a paradoxalement constitué l'étape la plus facile de ce périple. Certains de ces jeux sont faut-il dire disponibles sur Steam (Loom, Indiana Jones and the last Crusade, Indiana Jones and the fate of Atlantis), ce qui m'a simplifié la tâche. En revanche, d'autres productions sont totalement introuvables. C'est le cas notamment des cultissimes Maniac Mansion et Day of the Tentacle. J'ai finalement trouvé une solution temporaire acceptable. Maniac Mansion, ainsi, a fait l'objet d'un remake de passionnés intitulé Maniac Mansion Deluxe. Libre de droits, celui-ci est téléchargeable à l'adresse https://lucasartsoldgames.free.fr/mm/mmd.htm. Day of the tentacle, lui, peut être rejoué via un émulateur, Scumm (téléchargeable à l'adresse https://www.01net.com/telecharger/windows/Jeux/emulateurs/fiches/35025.html). Mais cela suppose de posséder un original du titre, ou une copie des données numériques. Celles-ci se trouvent assez aisément sur le web, mais il n'est pas question ici de vous donner la marche à suivre pour les localiser.

 

 

L'étape suivante a consisté à retrouver les boites cartonnées originales des jeux. Je dois dire que la chose s'est révélée bien plus complexe, et coûteuse, que ce que j'avais d'abord pensé. L'âge de ces productions aidant (elles datent de la fin des années 1980 et du début des années 1990), ces originaux sont en effet devenus de véritables petites pièces de collection, qui s'arrachent à travers le monde. Mais disposant d'un budget limité et de pas mal de temps devant moi, je me suis mis en chasse, scrutant patiemment les bonnes affaires. Il m'aura fallu près de trois mois pour arriver à mes fins et mettre la main sur les cinq jeux que je convoitais.

Les plus simples à retrouver ont été Indiana Jones and the fate of Atlantis et Indiana Jones and the last crusade. Coup de chance assez inouï, les deux titres, complets, se sont retrouvés simultanément sur leboncoin.fr à des tarifs défiant toute concurrence. Le premier a été acquis pour 30 euros, le second pour 25 euros. Je n'ose vous dire à combien ils se négocient sur ebay.

 

 

 

 

 

 

La suite des recherches s'est révélée bien plus délicate. Après plusieurs enchères perdues et des tonnes de recherches sur les forums de passionnés du monde entier, j'ai finalement décidé de ruser. Pour obtenir une version de Loom complète à prix raisonnable, j'ai ainsi négocié l'arrêt d'une enchère sur ebay avec un sympathique Grec qui disposait d'une magnifique version du jeu en disquettes 5 pouces 1/4, avec la cassette audio originale incluse dans la boîte, s'il vous plaît! Mais sachez qu'une telle merveille a un coût, et il m'aura fallu acquitter 130 euros, frais de port compris, pour tâter de ce bel objet (en VO, mais c'est mieux que rien). Le pire, c'est que nous sommes bien en-dessous des prix du marché.

 

 

 

La boîte de Day of the tentacle a, elle, été retrouvée tout simplement sur Priceminister. Petite déception à la clé, d'ailleurs : si le titre a été acquis pour un peu moins de 60 euros, il s'est avéré que les notices étaient manquantes. Il m'a donc fallu acquitter 25 euros de plus, auprès d'un Anglais cette fois, pour compléter l'achat. C'est le dernier colis que j'attends encore. Il devrait arriver au courant de la semaine prochaine. L'un dans l'autre, une fois le jeu complété, je serai dans les prix du marché.

 

 

 

La plus grande bataille, enfin, aura été celle livrée pour retrouver un exemplaire de Maniac Mansion. Je dois dire que je nourris encore une terrible amertûme après avoir laissé filé une merveille sur ebay, laquelle portait sur une version française complète, en état mint, du titre. Malgré une enchère finale à 135 euros, je me suis fait souffler le lot par un collectionneur encore plus acharné. En y regardant de plus près par la suite, j'ai compris pourquoi : le prix était trois, voire quatre fois moindre que celui de la cote pour cette version. C'est dire si les collectionneurs de boites de jeux PC sont des acharnés.

Finalement, après pas mal de recherches, j'ai là encore dû ruser pour trouver un exemplaire du jeu, à prix acceptable mais en faisant une concession sur la version du titre que je souhaitais : un Américain, cette fois, a accepté de me céder son titre alors qu'il refusait a priori les ventes à l'international. Deux jours de néogications par mail et pas mal d'explications sur la nature de ma démarche l'ont finalement convaincu de me faire cette fleur. Fleur qui m'aura tout de même coûté 90 euros frais de port inclus, pour une version qui est une réédition de l'original, deux ans après sa sortie. Ici encore, nous sommes loin en-dessous des prix du marché, mais je ressens comme un petit goût d'inachevé. Je pense craquer pour une version plus "authentique" le jour où l'occasion se présentera. Mais cela peut prendre des mois...

 

 

Tout ceci pour dire que les jeux Lucas Arts sont devenus de véritables raretés, dont la valeur ne fera plus qu'augmenter ces prochaines années. J'évoquais dans mon précédent post la valeur artistique des jeux vidéo, désormais reconnue par le prestigieux MOMA new yorkais. Les loisirs numériques sont, partant, également en train de prendre une valeur patrimoniale  dont nous, gamers, aurions tort de ne pas nous préoccuper. Je vois ces acquisitions comme des investissements sur le long terme, autant que comme une madeleine. Ils sont, aussi, l'occasion de pas mal de discussions passionnées avec des amis quand je les présente lors de soirées. Ces jeux, et beaucoup d'autres, sont notre histoire. Préservez-les !