Hello tous,

Voilà. Après un peu moins d'un mois de tergiversations, j'ai finalement cédé aux sirènes de la petite Neo Geo X. Mais j'ai des excuses : depuis la merveilleuse époque de mon adolescence, je suis un SNK addict. J'ai connu - et acheté au prix fort, merci les parents - la fameuse AES, j'ai joué à Samurai Spirits alors que mes petits camarades s'amusaient sur Street Fighter II. Quand je suis devenu grand, j'ai racheté l'une de ces Rolls des consoles, et j'ai (re)claqué pas mal d'argent pour me constituer une collection digne de ce nom. Plus récemment, j'ai même opté pour une borne d'arcade... Et ma première emplette fut un slot MVS et la cartouche de compilation 161-in-one intégrant la plupart des hits du support. On est fan, ou on ne l'est pas.

Il semblait évident que l'arrivée d'une portable ressuscitant ce hardware mythique était fait pour moi. Mais les premiers retours concernant la Neo Geo X m'ont considérablement refroidi, au point que je n'ai finalement pas pré-réservé la portable, condition sine qua non pour en obtenir une à un prix décent - le marché de la revente fait l'objet de sacrées spéculations de la part de nombreux revendeurs. Pourtant, elle avait tout pour me plaire, cette demoiselle: une sélection de jeux variée, un hardware estampillé SNK, une extension TV... Lorsque j'ai vu que l'une des consoles réservées chez M..Mania n'avait finalement pas été achetée,  je me suis donc retrouvé face à un cas de conscience. Et comme toujours dans ces cas-là, j'ai craqué. J'ai honte, je n'ai aucune volonté. Mais en même temps, il fallait bien quelqu'un pour l'adopter. Je me dis que c'était ma destinée. On fait ce qu'on peut pour se rassurer.

 

I. Au déballage

 

 

La Neo Geo X, dans sa version "Gold" soit-disant limitée (apparamment, de nouveaux stocks sont attendus pour avril), propose un packaging assez séduisant. Le carton, d'abord, est aux couleurs de celui, culte, qui emballait l'AES. A l'intérieur ensuite, il y a pléthore de contenu. Tommo, qui s'est chargé de la genèse de la portable, a bien travaillé.

La portable elle-même est assez élancée, sur une longueur équivalant grosso modo à celle de la tranche d'un DVD. Premier constat dans la prise en main, le stick est solide. Le revêtement laqué du recto est salissant, mais le plastique très confortable -il est  moelleux!- du verso est une excellente surprise. Non seulement il améliore la tenue du hardware en empêchant les doigts de glisser, mais il permet d'éviter les rayures lors de l'installation de la portable dans son logement de recharge. J'avais un peu peur, également, des quatre boutons placés en gachette sur la tranche supérieure de la portable: ils sont en fait très accessibles, et simples d'utilisation. Leur présence, au passage, me laisse à penser que des titres inédits pourraient voir le jour sur la console, les quatre boutons principaux de l'AES étant posés en façade. Il n'y aurait guère que de nouveaux jeux pour en faire usage, donc.

Latéralement se trouvent le bouton on-off et le slot pour installer les cartes de jeu. Pour l'instant, seule celle de Ninja Master est disponible, et ceci directement dans le packaging Gold, mais on peut penser que d'autres cartes seront proposées très rapidement sur le site officiel de la console. Enfin, la tranche inférieure du hardware est occupée par les boutons de gestion du volume et de la luminosité. Une prise casque est également présente.

A côté de la portable, le packaging dévoile également un socle en forme d'AES dans lequel vient se loger le hardware pour la recharge de batterie ou pour le transfert de l'image sur un écran TV. Il y a du bon et du moins bon dans cet accessoire. La connexion de la portable s'y fait difficilement, ce qui laisse à penser que des traces de griffures risquent d'apparaître rapidement sur la tranche supérieure de la console. En revanche, l'intérieur de la station bénéficie d'un revêtement en velours : pas de risque d'abîmer le verso de la portable en la branchant, donc. Niveau connectique ensuite, on note la présence d'une sortie hdmi vers les écrans modernes -attention, la résolution initiale de l'AES est conservée, ce qui risque de piquer les yeux à ceux qui n'y sont pas préparés- mais aussi d'un A/V out en bonne et dûe forme, afin de permettre le branchement de la console sur un écran CRT. Je vous le dis d'emblée : en termes de rendu, cela n'a rien à voir avec les écrans HD qui ne sont décidément pas faits pour afficher de la basse définition. Alors filez braquer la vieille télé de mémé !

Un dernier accessoire est proposé dans le bundle. Il s'agit du fameux stick arcade qui a suscité bien des polémiques. De fait, effectivement, il n'est pas à la hauteur du stick original AES. Le stick lui-même est un peu moins moins souple, et la construction elle-même a fait appel à un plastique moins doux au toucher que celui de l'AES. Mais ne chipotons pas: après quelques heures d'utilisation, je peux d'ores et déjà dire que l'accessoire est globalement de bonne facture. Et surtout, qu'il possède un très précieux atout : se connectant via un port USB, il est reconnu par la PS3 et par un PC. Oui, je peux émuler des jeux d'arcade et jouer avec mon stick Neo Geo sur mon PC, désormais.

 

II. A l'usage

Tiens, parlons-en, d'ailleurs, de toute cette affaire une fois en fonctionnement. L'ensemble TV pour commencer. Dans sa station avec sortie A/V, je dois dire que le hardware s'en sort assez bien (sur tube cathodique, le LCD offrant une image un peu moins agréable, sans surprise). Je crois déceler une image globalement moins précise et des couleurs un chouilla moins pétantes, comparé aux versions AES des jeux (ce qui s'est confirmé une fois les deux hardwares mis côte à côte, MAJ), mais globalement, une fois le CRT bien réglé (cela joue beaucoup, notamment pour limiter fortement les couleurs baveuses, qui surviennent dès que l'on pousse la saturation) le rendu est assez satisfaisant. Surtout, les sensations de jeu stick en main - autant dire l'essentiel - sont au rendez-vous, et visiblement l'animation est , à quelques détails près, proche de ce que proposait l'expérience originale sur AES (les versions MVS, tournant sur un écran 15khz, ont très logiquement pour elles une fluidité supérieure comparé à l'AES, alors autant dire que le fossé se creuse tout de suite lorsque l'on compare un Samurai Spirits II MVS et la version intégrée dans la mémoire de la Neo Geo X). Mention bien également au son, qui donne immédiatement de la voix et s'en sort très bien avec les basses dans cette configuration de jeu. Un vrai plaisir. [MAJ : certains jeux ont tendance faire crachouiller les haut-parleurs, ai-je tout de même pu noter. Le rendu audio est variable selon le jeu qui tourne].

La portable elle-même s'en sort un peu moins bien. Ceci, principalement, à cause d'un écran effectivement en-deça des standards auxquels les fans de SNK sont habitués. De type LCD, l'écran manque cruellement de contraste et de couleur, ce qui décevra indéniablement ceux qui pensaient pouvoir emmener dans leur poche une authentique expérience Neo-Geo. Mais il y a malgré tout du bon à retenir dans cette affaire : en contrepartie de cette image très "brute", la rémanence de l'écran est nulle, et la fluidité de l'affichage en 480*272 est impeccable. Vous noterez que pour approcher l'expérience authentique, vous aurez bien fait de passer l'affichage en 4/3 d'une simple pression sur l'une des gachettes de la portable. Mention très bien pour les sensations donc, mais mention à peine passable pour le rendu à l'écran. Personnellement, je privilégie le premier sur le second, donc mon choix est fait : en déplacement, la Neo Geo X sera dans mes poches...

Le stick, lui, nécessitera un temps d'apprentissage, certaines manipulations classiques imposant au joueur de changer ses habitudes. C'est le cas notamment des coups spéciaux de type dragon punch (avant, bas, bas-avant), la diagonale avant-bas se révélant au départ assez délicate à chercher. Mais indéniablement, la qualité du matériel est au-dessus de tout soupçon. Avec un peu d'entraînement, toutes les sensations de jeu sont de retour. Quoiqu'on en dise, une performance que ne parviennent pas à égaler les portables permettant d'émuler la Neo Geo, à commencer par la DS et la PSP. La Neo Geo X est taillée pour l'arcade, et cela fait une grande différence.

Un petit point sur la partition sonore, enfin: il faut bien reconnaître, là encore, que les hauts-parleurs de la portable ne sont pas à la hauteur. Aucune profondeur des basses, le son a tendance à crachouiller très facilement. Mais là encore, c'est un point faible qui ne pèse que partiellement dans la balance : un simple casque audio branché en jack réglera le problème.

 

III. En conclusion

Descendue par la critique et par nombre de joueurs, la Neo Geo X, c'est vrai, ne correspond pas aux standards de notre époque. Ecran et HP faiblards du hardware portable ne doivent cependant pas masquer le soin remarquable apporté à la restitution à l'identique des sensations de jeu connues sur AES et MVS. De plus, si la portable elle-même présente des défauts de conception indéniables, on n'oubliera pas qu'il n'en va pas du tout de même une fois la machine connectée à une bonne vieille TV à tube cathodique. Ce qui, vous en conviendrez, a de quoi faire réfléchir tous les retrogamers passionnés. Et si vous me demandez mon avis,  je vous donnerai un simple conseil: si vous avez l'occasion de mettre la main sur l'une de ces arlésiennes à moindres frais, n'hésitez pas...