Bonjour à tous,

En lecteur assidu du magazine Science et Vie, je me suis arrêté ce mois-ci sur un sujet pour le moins étonnant : le boson de Higgs, qui constitue sans doute la découverte majeure de ces dernières années, pourrait en effet également mener tout droit à la fin de l'humanité.

Je vous laisse imaginer. L'espace d'un instant, vous passez de l'état de conscience à celui du néant absolu. D'être à ne plus être. Vous ne vous rendriez compte de rien, ce serait trop rapide, mais l'univers aurait disparu. Subitement. Comme ça, d'un claquement de doigts. Farfelu ? Impossible ? C'est ce qu'on pensait jusqu'ici. Mais la réalité est tout autre. D'ici quelques secondes ou dans quelques milliards d'années, le cauchemar pourrait devenir réalité. Sans crier gare, sans provoquer ces images d'apocalypse dont le cinéma nous abreuve depuis quelques années. Alors, pourquoi pas le 21 décembre prochain...

Cette découverte n'est pas le fruit d'esprits illuminés, mais bel et bien de scientifiques reconnus du Centre Européen pour la Recherche Nucléaire (CERN). L'excellent papier de Mathieu Grousson, précis tout en restant clair, explique que Gian Giudice et Gino Isidori ont tout simplement poussé leurs modèles de compréhension de l'univers avec la découverte du Boson de Higgs, et surtout de sa masse (125 GeV). Pour cela, il faut bien comprendre une chose au préalable : si la masse du boson de Higgs est si importante, c'est que c'est elle qui définit la masse de toutes les particules élémentaires qui nous entourent. Et plus la masse du boson de Higgs est importante, plus les particules qui en dépendent sont massives, et donc difficiles à mouvoir.

Vous n'êtes pas sans savoir que de l'infiniment petit se déduit l'infiniment grand, en physique. C'est exactement le raisonnement qui est mené ici. La stabilité de l'univers, qui repose dans du vide, dépend de la massivité des particules qui le composent, et donc de la masse du boson de Higgs. Plus léger, le boson aurait induit une instabilité dangereuse de notre univers, et plus lourd, il aurait signifié au contraire sa stabilité totale. En réalité, nous naviguons entre deux eaux, que les scientifiques appellent "méta-stabilité" : cela signifie que si la théorie donne une stabilité potentielle de notre univers à 10e100 années (il n'a que 10e10 ans, doit-on rappeler), cet univers est également en mesure de basculer dans le vide à chaque instant, et même là, tout de suite, alors que vous lisez ces quelques lignes. Une apocalypse d'un genre nouveau, qui aurait au moins un mérite : celui de nous épargner le pathos du 2012 d'Emmerich. Reconnaissez que, dans l'absolu, ça a quand même plus de gueule qu'une météorite tueuse, un virus incontrôlable, un supervolcan ou une invasion extraterrestre...

J'en profite, d'ailleurs : un hors série de Science et Vie explore également les différentes théories qui pourraient mener à la fin du monde le 21 décembre prochain. Je vous prépare une resucée sans doute pour demain...

"Fin du monde : le Higgs livre une première prophétie", de Mathieu Grousson, à lire dans le magazine Science et Vie de décembre 2012, pages 98 à 101.