Hello tous,

Une fois que l'on quitte Hakone par Odawara, c'est la route vers le sud qui s'ouvre devant vous. Le sud, qui est sans doute synonyme d'une des escales les plus passionnantes que vous pourrez faire au Japon : Kyoto l'historique, celle où l'on flâne le long du chemin des philosophes, celle où l'on renoue avec une autre vision de la ville, loin de l'image d'une gigantesque métropole comme Tokyo. Le Japon de la tradition.

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Le Shinkansen qui vous mène vers Osaka s'y arrête, au bout d'un peu moins de deux heures de trajet. Sortir de la gare ne prend que quelques instants, mais encore faut-il immédiatement s'orienter correctement. La station principale, qui distribue toute la ville et ses environs, est en effet gigantesque - on se perd facilement dans ses galeries souterraines - et, surtout, regarde aussi bien vers le Nord que vers le Sud de la cité. Ce que vous recherchez, c'est la grande sortie Nord, celle qui vous met face à la ville historique. Pour ne pas vous tromper, il y a un moyen très simple : rejoignez, au deuxième niveau, la longue galerie traversant la gare dans le sens nord-sud et cherchez la sortie qui vous met face à la tour de Kyoto. Là, vous serez sûr de vous diriger vers le pôle magnétique de cet hémisphère.

Connaître ce point cardinal est important, à Kyoto, car il va vous permettre de trouver les quartiers historiques de la ville sans trop peiner, la cité étant construite sur un modèle de damier (rues perpendiculaires, à l'américaine). Une fois que vous aurez rejoint votre hôtel et déposé vos valises (beaucoup de ces logements se trouvent justement au nord de la station), vous aurez en effet deux options qui s'offriront immédiatement à vous. Soit aller vers l'Est, où se trouve Gion, le fameux quartier des geishas, soit privilégier l'Ouest et ses temples fabuleux. Le premier peut être rejoint à pied, sachez-le, tandis que le second vous demandera un moyen de locomotion.

Mais Kyoto n'est pas une cité gigantesque, à l'instar de nombreuses villes japonaises. Ici, tout est à taille humaine et, surtout, à portée de baskets. Traverser la ville est un exercice qui peut certes se pratiquer en bus, en métro ou en taxi, mais sachez que vous y perdrez beaucoup de l'âme des lieux, qui se prête à la flânerie et aux escapades dans les quartiers d'habitation. Pour notre part, nous avons opté cette année pour la location de bicyclettes, peu onéreuse. Pas de crainte à avoir : au Japon, le vélo est une institution et l'on se déplace aisément à travers la ville grâce à ce moyen de locomotion. Hormis dans le quartier de Gion, il est de plus relativement aisé de stationner son deux-roues : nombre de petits parkings sont à votre disposition pour peu que vous soyez un peu observateurs - stationner sauvagement son vélo, cela ne se fait pas ! Quant au cadenas, il est évidemment mis à disposition par le loueur... Avec ce petit côté amusant qui vous fera vite constater que nombre de Kyotoïtes n'en possèdent même pas. Le braquage de bicylettes n'est pas un sport très couru dans ce pays... Sinon par les touristes eux-mêmes (sic!)

A présent que vous avez votre vélo, regardez autour de vous (en faisant attention, quand même, à la circulation). C'est la première chose à faire pour s'imprégner de l'ambiance de la ville. L'une des particularités de la culture nippone, c'est sa capacité à admettre la diversité - au moins vestimentaire. A Tokyo déjà, vous aurez pu constater que chacun y va de son look, l'affichant librement dans la rue sans que personne ne trouve à y redire. A Kyoto, l'état d'esprit est différent, mais la règle immuable. La mode n'hésite pas ici à renvoyer à la tradition. Hommes et femmes se promènent, s'ils le souhaitent, en yukata, et l'effet est saisissant lorsque vous croisez pour la première fois ces personnes dans la rue. L'on est subjugé, nécessairement.

Le plus simple, lorsque l'on débarque dans cette ville, tient à commencer par l'Est. En allant vers le Nord, longez Karasuma Dori ( la grande artère  qui traverse la gare de Kyoto) jusqu'à tomber sur le croisement avec Shijo Dori. Là, empruntez cette dernière vers l'Est (à droite, donc), et longez-la une petite demi-heure durant. Pourquoi vous proposer un tel itinéraire ? parce que, très simplement, vous aurez un aperçu immédiat de tout ce que l'Est de Kyoto a à vous offrir. Vous verrez d'abord, sur votre gauche, la gigantesque artère commerçante de Teramachi Dori (dont l'une des perpendiculaires, Nishiki, accueille le food market et nombre d'artisans, ce qui vous permettra de faire vos emplettes souvenir) puis, juste avant de traverser la rivière Kamo, vous retiendrez que c'est ici, sur la gauche, que démarre Ponto-cho Dori, minuscule ruelle où se cachent quelques-uns des meilleurs restaurants de la ville, en plus d'être un quartier très joli à visiter la nuit. Oui, c'est touristique, mais il serait dommage de passer à côté de l'expérience, ceci d'autant plus que vous pourrez y croiser maikos et geishas s'en allant à leur rendez-vous de la soirée, pour peu que vous soyez un peu chanceux. Petit conseil en passant : ne jouez pas au vil touriste sans savoir-vivre et ne les prenez pas en photo sans leur demander leur avis. Ceci d'autant plus que ces demoiselles sont extrêmement gentilles et prendront la pose pour vous si vous leur demandez poliment. Et ce sera encore mieux si vous le leur demandez en japonais.

Teramachi, shopping et temples

 

Ponto-Cho

 

Rivière Kamo

L'autre intérêt de cet axe, c'est qu'il vous mène tout droit à Gion une fois la rivière franchie. Face à vous, très vite, se trouvera le temple Yasaka. De là, vous aurez deux options : repartir vers le sud pour flâner dans le quartier traditionnel en rejoignant progressivement le  Kiyomizu-dera, à visiter absolument tant le panorama y est fabuleux, soit partir vers le nord, en direction du temple Nanzen-Ji. Avantage indéniable de ce dernier, sa proximité avec le chemin des philosophes, balade au bord de l'eau dans des environnements préservés que l'on se doit absolument de découvrir à pied.

La visite de ce quartier de Kyoto mérite quelques avertissements. Extrêmement touristiques, les lieux sont souvent pris d'assaut en journée. Pour les visiter, deux options s'offrent donc à vous : soit vous lever tôt le matin et vous découvrir cette merveille de tradition avec le chant des oiseaux, à l'aube, soit au contraire s'y rendre en fin d'après-midi, avec le risque cependant d'arriver une fois les temples fermés (la plupart d'entre eux cessent d'accueillir des visiteurs à 17h, parfois plus tôt). Dans l'idéal, essayez de faire un temple en toute fin d'après-midi, lorsque les employés ferment ferrière vous: vous aurez un petit aperçu du paradis, ainsi que nous l'avons pu goûter en visitant le Kiyomizu-dera à partir de 17h. Sans compter le retour par le quartier traditionnel débarrassé de ses milliers de touristes, à l'issue de la visite.

Avant de parler des plaisirs de bouche, filons donc à bicyclette vers l'Ouest de la ville. Pour ce faire, surtout, munissez-vous de votre carte et osez vous perdre dans les petites ruelles qui sont au coeur de la cité. C'est le coeur de Kyoto qui y palpite, il a un charme fou. Les voitures n'y sont guère nombreuses, les temples de quartier sont souvent magnifiques dans leur sobriété. Les petits cafés, loin des flux touristiques, y deviennent une étape indispensable, vous y passerez quelques moments privilégiés au beau milieu de la population locale, encline à engager la conversation. Bon, il y a une contrepartie, là aussi : vous mettrez facilement deux à quatre heures pour arriver à destination, en fonction des haltes que vous déciderez. A vous, donc, de vous arranger pour faire coïncider la balade avec les horaires des sites que vous avez envie de visiter. Pour notre part, nous ne voulions guère que parcourir les allées du sublime Kinkaku-Ji, au Nord-Ouest. Mission accomplie, en toute fin d'après-midi : le pavillon d'or, que je n'avais pu visiter lors de mes précédents passages dans la ville, est aussi beau qu'on le dit.

Evidemment, il y a beaucoup plus à voir, du palais impérial au Kannon-Ji, en passant par les innombrables spots touristiques accessibles en train en à peine quelques stations - dont l'incroyable Nara, site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Mais Kyoto se déguste à son rythme, sans forcer. N'essayez pas de tout voir si vous n'en avez pas le temps : choisissez judicieusement vos priorités, et essayez de vous y tenir, sachant qu'il ne sera pas rare d'en être détourné par la curiosité en cours de route. Ainsi va la vie dans le Kansai, et il est doux de savoir l'accepter.

Le Kansai est également une terre où l'on sait faire bonne chair. Difficile, pour le coup, de vous dresser une liste exhaustive des belles tables à visiter, sachant que vous pourrez de surcroit tomber sur de très bonnes tables populaires au gré de vos balades. Je retiendrai néanmoins quelques adresses qui nous ont marqués lors de ce trip. La première d'entre elles, c'est le un resto à yakiniku assez up que vous trouverez à l'intersection de Shinbashi (superbe rue traditionnelle à visiter, d'ailleurs) et de Yamato Oji Dori: j'ai malheureusement oublié de noter le nom de cette jolie adresse, mais si vous avez envie de voir ce que les japonais sont capables de proposer en termes de parcours culinaire à la viande cuite au charbon de bois - le grill est encastré dans la table ! -, c'est le restaurant qu'il vous faut. Il propose notamment un menu (assez onéreux, comptez 9500 yens par personne) vous invitant à découvrir les différentes parties du boeuf que les Japonais aiment manger. Cela va de la côte et du filet... jusqu'à l'intestin, au coeur et à l'oesophage. Mais ne soyez pas trop inquiets : une fois le réflexe de rejet surmonté, vous constaterez que tout est comestible, et  pour tout dire assez succulent. Il n'y a guère que l'intestin qui continue à me résister, mais ceci pour une raison historique qui m'a amené à en manger selon une préparation particulièrement hardcore, dans le quartier d'Akasaka à Tokyo, lors de mon tout premier voyage dans le pays. Depuis, je bloque.

Dans les environs, vous trouverez également une adresse très réputée, directement dans Shinbashi : le Kishiji. Ce restaurant de grand standing vous propose de la cuisine kaiseki de haute volée. Si vous voulez vous offrir un petit dîner romantique à deux, c'est ici qu'il faut aller.

Enfin, en attendant d'avoir faim - ce qui peut arriver -, longez Yamato Oji Dori vers le Nord. Après le petit parc que vous verrez sur votre gauche, vous trouverez une perpendiculaire sur la droite, Furumonzen Dori. A quelques mètres, sur votre gauche, vous trouverez un escalier descendant vers le sous-sol, au fond duquel se trouve le café The Earth, qui sert des bières du monde et pas mal de whisky. Surtout s'y trouve le barman le plus sympa de la planète, Katsunori, plein d'humour et érudit à ses heures. Je vous conseille chaudement d'y faire un tour, vous y passerez un excellent moment.

Si vous êtes de l'autre côté de la rivière, dans les environs de Teramachi, je vous soumets deux options. La première, c'est le Yakiniku-Hiro, dans Ponto-Cho. Joli restaurant à viande, l'enseigne propose une cuisine de belle qualité, quoique pas donnée. Mais le lieu est réputé. Une adresse parmi d'autres, cependant, sachant qu'il vaut mieux réserver pour avoir une place. Mon conseil : passez dans Ponto-Cho vers midi pour choisir votre resto et réserver, ou faites-le en demandant conseil à la réception de votre hôtel.

L'autre option, c'est de choisir le dîner-spectacle. L'axe parallèle à Teramachi, Shin-Kyogoku (à quelques mètres sur la droite, quand vous regardez l'entrée de la Shopping Arcade de Teramachi) abrite désormais le Ninja Kyoto, drôle d'enseigne où vous trouverez une boutique, un resto en surface et, surtout, une salle de dîner-spectacle en sous-sol. C'est cette dernière qui nous intéresse :si le repas est franchement moyen, le show ici proposé renoue avec tout ce que le Japon peut avoir d'excentrique et décomplexé. Vous y trouverez une équipe d'acteurs et acrobates remarquable s'employant à vous raconter une incroyable histoire de princesse enlevée et de guerriers ninjas partant à son aide, affrontant des araignées géantes, des Vador japonais et autres ennemis plus improbables les uns que les autres. Il y a de l'esprit drama déjanté dans cette affaire, et si vous regardez la chose de manière un peu interloquée durant les premières minutes, soyez certains que vous en viendrez vite à applaudir à tout rompre la performance proposée, complètement folle de bout en bout. Cerise sur le gateau, les acteurs - qui sont également connus à la télé, viennent poser avec le public en fin de spectacle, et discuter quelques instants pour peu que vous sachiez parler japonais. Ils sont franchement sympas, au point que cette soirée reste pour nous l'un des grands souvenirs de ce voyage sur le sol japonais. Comptez environ 10000 yens pour le repas, le spectacle et les boissons. Un peu cher, mais le trip vaut largement le coup.

Voilà, on arrive doucement sur la fin de ce post, qui sera le dernier relatif à ce trip nippon que nous nous sommes offert fin avril. Une dernière petite précision : le séjour tel que je vous le présente ici a été onéreux, indéniablement, parce que nous n'avions qu'une grosse semaine devant nous et parce que, tout simplement, nous avions le budget suffisant pour nous faire plaisir - je vous ferai l'économie de la soirée trèèèès alcoolisée que nous avons passée à Gion, riant comme des baleines avec nos camarades de beuverie japonais... jusqu'à découvrir la douloureuse. Mais sachez que le Japon n'est de loin pas aussi cher que ce que l'on peut en dire ici et là, du moment que vous ne flambez pas. Il est tout-à-fait possible de passer une semaine là-bas pour un millier d'euros, vol et hébergement compris. Bien sûr, il serait dommage de ne pas prévoir un peu de marge pour profiter un peu de ce que le pays a à offrir. Le gros challenge, au Japon, tient surtout à ne pas succomber trop souvent à la tentation...

Pour ma part, la date du prochain voyage est déjà calée : ce sera fin mars, pour Hanami (la floraison des cerisiers), et je prévois d'y aller cette fois avec quelques amis un peu plus rompus à l'exercice. Je vous ramènerai donc de nouveaux lieux - plus originaux, oui, j'ai bien noté les commentaires qui m'ont été faits - et de nouvelles histoires que je me ferai un plaisir de vous raconter ici même. Arigato gozaimaseu !

 

Retrouvez mes précédentes chroniques Tokyo Trip ci-dessous :

Japan trip [1] : Tokyo Deseu !

Japan trip [2] : au vert à Hakone

Et bientôt, la vidéo !