Pressés par les investisseurs, Nintendo s’est malgré elle lancée à la conquête du marché iOS/Android supposé taillé pour la puissance commerciale de ses célèbres franchises. Une évidence qui ne s’est pas forcément vérifiée dans les tops mondiaux. Le modèle économique choisi par Nintendo reposant davantage sur la valorisation ludique de ses titres (free to start) que sur les droits d’entrée (free to play) serait en cause.

 

Si bien que le géant japonais s’est résolument plié au diktat du marché non sans préserver ses franchises du modèle « destructeur de valeur » tant décrié par feu Satoru Iwata. Avec Dragalia Lost, Nintendo lance le premier titre original pensé pour les caractéristiques tarifaires du marché dédié au smartphone avec un résultat peu concluant. Les cinq premières journées d’exploitation commerciale ont rapporté 3 millions de dollars US et Japon confondus. Très loin des 13 millions dégagés par Fire Emblem Heroes sur une période identique…

 

La communauté financière était déjà septique avant le lancement de ce titre inédit du catalogue constructeur nippon, comme en témoignait un analyste chez Ace Research Institute : « Les investisseurs pensent qu’il sera très difficile de créer un hit à partir d’une nouvelle propriété intellectuelle ». Le modèle freemium n’a pas conforté le titre en dépit du label Nintendo.

 

Bien décidé à partir à la conquête d’un marché qui se refuse pour l’instant à lui, c’est sous l’impulsion de son président fraîchement intronisé que des décisions nécessaires seront prises. A commencer par l’adoption du freemium appliqué à toutes les grandes licences historiques afin d’inverser une tendance à la stagnation de son chiffre d’affaires (0,4% de hausse sur l’année fiscale précédente) dans un secteur marqué par un fort dynamisme économique. L’objectif très ambitieux du milliard de dollars de CA « dans un très proche avenir » selon les dires du haut dirigeant, ne peut être atteint sans casser des œufs.

 

Mais très vite, une vive résistance s’est faite entendre parmi la vieille garde. Profitant du Computer Developers Conference, Miyamoto désormais superviseur de la division création de Nintendo et père de Mario, Zelda, Donkey Kong tend à marquer sa différence. Tenant du prix fixe tels que les ventes ou les abonnements, il milite pour « des jeux à prix raisonnable » destinés « au plus grand nombre » et fustige le phénomène naissant des loot boxes associés au modèle free to play dans son esprit. Une guerre intestine sommeille chez Nintendo…