Nintendo, l’usine à rêves fascine autant les joueurs que… les développeurs. Yuji Naka, célèbre créateur de Sonic notamment, n’est pas avare de petites anecdotes lorsqu’il s’agit d’éventer quelques secrets de production. Sa riche carrière a fait de lui un personnage clef du monde vidéoludique, mais son entrée dans le métier n’a pas été de tout repos.

Il est alors jeune programmeur chez Sega dont l’audace créative est rapidement repéré par un état-major aux aboies. En effet, Super Mario Bros. donne des sueurs froides aux dirigeants du numéro deux mondial, la parade doit être trouvée d’urgence. Naka soumet alors l’idée d’un titre aux antipodes du gameplay jugé ronflant par le jeune programmeur : « SMB est un jeu merveilleux (…) mais une fois que vous avez bien compris et mémorisez les niveaux, il vous suffit simplement de maintenir le bouton B enfoncé pour parcourir le niveau ». (Sic). 

 

Contre vent contraire, l’impétueux créatif impose le concept ludique de Sonic fondé sur la vitesse de déplacement. Les temps sont durs pour ce jeune développeur qui rêve d’un ailleurs alors qu’il se démène à présenter sa création dans une version finalisée à des supérieurs sceptiques : « Tandis que je me rendais chez moi après une grosse journée de travail, je décidais de m’arrêter au siège de Nintendo situé à Kyoto. Je voulais en fait connaître la durée du trajet en voiture de mon domicile jusqu’au siège. Une fois mon véhicule garé, un agent de sécurité trop zélé est sorti de son bureau probablement alerté par ma présence qu’il jugea intrigante. Son regard fixé sur moi m’a forcé à partir rapidement ».

 

Un salaire peu valorisant associé à un manque de considération de la part de sa hiérarchie poussent Yuji Naka à la démission : « J’ai travaillé jusqu’à l’épuisement sur Sonic, cependant mes supérieurs jugèrent que les perspectives de vente de mon titre seraient médiocres. De plus, le bilan au vitriol de mon évaluation professionnelle a entériné ma décision de claquer la porte de Sega ».

 

Le jeune programmeur décida de se documenter sur la création d’entreprise lorsqu’il reçu un appel : « D’un studio de développement me demandant de venir rejoindre son effectif ». Une offre d’emploi qu’il déclina car son regard était tourné aveuglément vers Nintendo. « Avant de quitter Sega, j’ai eu vent d’un programmeur travaillant pour un éditeur d’importance être débauché par téléphone dans le but d’intégrer Nintendo. Je pensais que cela pourrait m’arriver aussi ».

 

Lors de sa courte période de chômage, Naka caresse l’espoir qu’un appel providentiel viendrait du puissant constructeur nippon. « Mais ça n’est jamais arrivé. J'étais triste. »