L'industrie du jeu vidéo ressemble parfois à une vraie cour de récré. A force d'enjeux économiques contradictoires, la maîtrise du processus d'acheminement de l'information devient un véritable défi pour Nintendo. Par la voix de son pdg, le constructeur regrette d'être parfois l'otage de contradictions apparemment insolubles. Cela a été surtout vrai avec la 3DS puis s'est exacerbée avec la Wii U. La myopie de certains leader d'opinion auto-proclamés ou non (hello Patcher !) a compliqué l'approche pédagogique du numéro un sortant à destination des joueurs. La mise en place de Nintendo Direct répond en partie à cet état de fait.
 
Les Iwata Ask et Nintendo Direct sont deux organes d'information officielle que n'auraient pas reniés le politburo. Si on peut pester contre le principe de confiscation de l'information, elle offre au fabricant le moyen de contourner les sources parasitaires (presse, personnalité du monde de la finance) dans le but de clarifier son message : "c'est une des raisons pour laquelle nous avons lancé ND, nous avons rencontré des problèmes lorsque l'information sur un nouveau jeu a fuité puis a été mal interprétée avant que nous puissions la publier sur Internet" souffle l'homme fort de Nintendo. A en croire Iwata, les joueurs adhèrent en masse : "ils ne sont pas moins de 600 000 voire 1 million de personnes à regarder nos vidéos" via le canal web ND.
 
Le président se réjouit d'une telle possibilité car elle permet au constructeur de s'affranchir de sa dépendance des médias traditionnels tout en épousant les nouveaux modes de consommation de l'information : "Jusqu'à récemment, nous n'avions pas d'autres choix que de nous en remettre aux médias pour délivrer nos messages mais de nos jours et grâce à l'avènement d'Internet, regarder des vidéos en ligne devient presque une seconde nature" chez le joueur. Avec une pointe d'humour que peu de personne lui aurait prêté, Iwata se réjouit de l'attention accordée "à un quinquagénaire parler de jeu vidéo pendant un long moment".
 
Et cerise sur le gâteau, les interventions internetisées d'Iwata peuvent être monétisées : "à chacune de nos émissions nous constatons une hausse de la fréquentation du Nintendo eShop [...] des démos de jeux ainsi que des vidéos en 3D sont téléchargées [...] la fréquence d'utilisation de la console est donc plus élevée" avec pour effet d'aubaine "d'augmenter les ventes de consoles."