Remarquez l'exquis clin d'oeil entre le titre et l'illustration.

Le jeu vidéo, si violent que ça ? La question mérite d’être posée. A l’heure où on apprend à nos enfants à sauter sur des koopas ou encore cisailler des feuilles avec une épée saisie par la main gauche, il y a de quoi se poser des questions. Et l’incivilité sur la route on en parle avec toutes ces peaux de banane. Intolérable. Et pour le parent que je ne suis pas, je m’inquiète pour le futur équilibre mental des progénitures des autres. On est dans un pays libre non !? J’ai encore le droit de me poser les questions essentielles que tout le monde esquive d’un revers de médaille. Il ne va pas s’agir de nier le taux de violence que comporte chaque création artistique du milieu mais de s’interroger sur la place de la violence dans les jeux vidéo, son importance et de se poser LA question : peut-on vivre sans nucléaire, sans pétrole et donc sans violence. Mais j’en resterais au jeu pour ce dernier et je vous enjoins à mater C’est dans l’air pour les deux sujets précédents. Chacun à sa place.

 

I Non

II Oui

III Conclusion

 

 

I Non

 

En fait, ce qui m’a toujours choqué, c’est qu’on interdise à un enfant de 12 ans de jouer à GTA sous prétexte qu’il y a des meurtres et des putes dedans. Et 2 ou 3 rails de coke par-ci par-là sur la table basse. Ça va, c’est bon, y a pas de quoi en faire tout un plat. Je fis parti de cette caste-là. Bien aidé par le fait que mes parents ne se soient jamais vraiment intéressé à partir d’un âge relativement tôt (je dirais 10 ans) à ce à quoi je jouais. Du coup, si y avait eu Dead or Alive XTrem Plaizir Intens 48 à l’époque, vous pouvez être sûr que je ne l’aurais pas pris. Question de respect de soi. Mais j’ai pu jouer à GTA Vice City alors que je n’étais qu’en 6ème. Ou 5ème. C’était en 2003 ou 2004. Et oui, on peut couper des têtes avec un katana, c’est cool et gore le geyser de sang mais bon, c’est comme Kill Bill (sorti à la même époque), ça fait à la fois très vrai mais on sait pertinemment que c’est pour de faux. Puis on est déjà tous des meurtriers en puissance. Regardez, moi par exemple, j’ai dû écrabouiller 54 000 moustiques depuis mes débuts sur Terre. Mais vous aussi, faites pas genre. Alors pourquoi vous faites vos saintes-nitouche !!??

En fait, ce qui me lançait pantois, c’est que les parents d’un ami étaient farouchement contre la pratique du GTA avant l’indication du PEGI. On a le même âge. J’ai toujours trouvé ça un brin vieux jeu et dépassé de respecter à ce point-là les règles et conseils. Pendant ce temps-là, on a accès aux infos comme nos parents à 20h et on sait déjà très bien que le monde est bien pourri jusqu’à l’os. Alors, pour une ou deux putes de plus, on ne devrait pas tant faire les maniaques. Je vois qu’il y en a certains qui ne me prennent toujours pas au sérieux. Pourquoi attendre 15 ans quand on est déjà prêt à 8 ? A quoi bon patienter autant de temps alors qu’on connait déjà plus de gros mot que le jeu peut en mettre. Quelle hypocrisie. Maintenant je dis ça, jamais mes gosses toucheront à GTA avant d’avoir 21 ans. Parce que GTA a franchi une limite de l’irrévérencieux en permettant les relations sexuelles tarifées avec le IV. La goutte d’eau. Autant poser des bombes à 8 ans, ça se conçoit, autant, ça, non.

Ça c’était pour le sang d’encre que se font certains parents alors que les gosses se traumatisaient très bien tout seul en piquant la disquette du RE à leur grand frère à l’époque HEIN. Ils n’ont pas besoin de vous, ils le font très bien tout seul. Mais plus globalement, je ne me souviens pas avoir été choqué par la violence d’un jeu, ni en tant que spectateur ni en tant qu’acteur. Je n’ai pas joué à tous les jeux de la Terre et je ne joue pas à des jeux d’horreur. Je vais me mettre à Dead Space, RE et Evil Within mais y a pire dans le genre. Même les scènes polémiques de Call of où on tire sur la foule dans le second notamment, je n’ai pas été offusqué outre mesure. Ce qui m’offusque, c’est qu’on puisse le faire IRL. Et c’est le sport n°1 des hommes depuis la nuit des temps – bien loin devant le football – la cruauté je veux dire.

En réalité, la seule scène qui a dépassé les limites me provient du cinéma. Il s’agit de la scène d’un film pas forcément hyper mega connu (The Killer inside me) où l’on voit clairement Casey Afflect « arranger » le minois de Jessica Alba. Et par « arranger », vous comprenez où je veux en venir. On pourrait effectivement en rester aux félicitations des maquilleurs mais voir la gueule d’Alba se cabosser un palier de plus à chaque dérouillé du bonhomme, ce fut la première fois où je détournais et crispais mes yeux tellement c’était vraisemblable. Ça m’a tellement dégouté que j'ai dû allumer dans la foulée un épisode de Bonne nuit les petits pour me refaire une santé. Et encore, ça n'a pas suffit, du coup j'ai enchainé sur Oui-Oui et après je me suis senti mieux. Ce jour-là, j’ai compris qu’on pouvait être choqué par une représentation factice de la réalité bien mise en scène. Pour moi, le jeu vidéo est encore loin de ça, ne serait-ce que dans la représentation des scènes – en l’occurrence ici, le procédé de laisser la caméra sur la victime et voir le coup partir de derrière avec l’état mortifère toujours plus proche à chaque balancée, ça me glace encore le sang. Et il y a la barrière lié à l’Uncany Valley même si ça doit être possible de franchir les bornes des limites si on si prend « bien ».

 

 

II Oui

 

Evidemment que si. Le fonds de commerce du jeu vidéo a toujours gravité, tourné de la violence. Taper dans une balle avec une raquette, c’est déjà de la violence. Être vivant ou non. Alors, réaliser des génocides dans bon nombre d’entre eux … Même la tôle froissé dans tous ces jeux de course où l’on s’appuie sur son adversaire et fais le fou du volant pour gagner, c’est de la violence. C’est indissociable, le jeu vidéo est violent, la violence est jeu vidéo. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les politiques. Et comment leur donner tort, je pense que je ne fais aucun mal quand je joue à un plateformer sauf que j’élimine des ennemis en les baffant ou je m’extirpe de piège mortel comme des précipices ou des scies à métaux. Bref, stop, arrêtez de nier l’évidence.

Pourtant, il doit bien y avoir des jeux garantis sans violence. Les partys game peut-être, et encore le Monopoly, c’est du sérieux, ça peut dégénérer. Myst ? Les Point&Click ? Les Layton ? Même les jeux de sport sont violents. Reste des titres hors-jeux comme La Maison du Style ou Art Academy ou les jeux musicaux. Le truc, c’est que la violence est un moteur. Une locomotive qui guide les wagons que nous sommes nous joueurs. Le culte de la violence ? Probablement puisque celle-ci se décline sous différentes formes, différents systèmes, à la première personne, à la troisième, à emporter comme à consommer sur place, sur des pins ou en macaron. Un tacle dans Fifa ? Violent. Un cambo dans Devil May Cry ? Violent. La frousse dans PT ? Violent. Une banane à Mario Kart ? Insécurité routière. Je pense même qu’il doit y avoir de la violence dans Tearaway, un jeu qui a pourtant l’air de tout faire pour éviter de s’en prévaloir. Même Heavy Rain, c’est violent, on n’a pas de flingue, de couteaux ou de tournevis pour dire bonjour aux gens mais le propos est violent et certaines péripéties aussi. The Witness ? Journey ?

Mais si cette violence est si présente, elle ne l’est pas tant pour satisfaire la soif de défoulement mais pour permettre l’interaction du joueur avec le programme informatique. De Space Invaders à Gears 4, il s’agit surtout du moyen le plus simple d’impliquer le joueur avec le logiciel concocté. Pourquoi s’emmerder à mettre une pièce sur la borne arcade pour devoir réfléchir. Non, ce qu’on veut, c’est relever le défi instantanément sans devoir apprendre ou faire tourner sa cervelle autrement que pour affiner ses réflexes et sa stratégie. Si on enlève toute la partie « meurtre » ou « élimination » des ennemis dans les jeux vidéo, que reste-t-il ? Des phases de puzzle, de plateforme, de l’exploration, de la recherche ? Très bien, certains jeux se basent uniquement sur l’une ou l’autre de ces mécaniques mais aurait-on la même flamme pour le médium ? La violence est donc nécessaire et même si elle est évidemment proéminente, elle se justifie pleinement.

L’offre existe parce que même si on est tous très sages dans nos canapés, on veut se défouler, on veut se confronter face au danger virtuel puisque la sédentarité nous prive de combat épique contre les Mammouths IRL. Le processus d’élimination requiert quelques qualités qu’il est bon ton de développer pour notre bien-être (réflexion avant action, reflexe, dextérité, etc.) et les éléments rétributifs ne sont pas en reste. La satisfaction de poursuivre l’aventure, de terrasser Goliath tel un David, d’avoir vu son plan se mettre parfaitement à exécution ou avoir improvisé lorsque les choses tournaient mal. Tirer ou frapper, dans un jeu vidéo, cela va bien plus loin que la simple action sur la touche, il y a un avant et un après. Bien sûr c’est vrai pour la plateforme ou l’énigme mais c’est apparemment le combat qui plait le plus, à en croire l’orientation très violenteresque des jeux vidéo depuis ses débuts il y a 60 ans. La demande est forte. L’offre lui répond. La loi du marché.

 

 

III Concusion

 

Vous l’imaginez bien, il est très difficile de trancher dans une direction ou dans une autre. Le jeu vidéo est violent oui. Ça ferait presque peur de se dire que 95% de la production comporte des éléments de violence (même Ico, SoTC et TLG, rendez-vous compte !) évidents mais l’affrontement revêt bien plus de sens que celui primaire d’un vainqueur et d’un vaincu. Violent, oui. Si violent que ça ? Bof. On est encore loin de la violence choc, celle des annonces de la Sécurité Routière notamment (même si la démarche est justement de choquer pour dégouter d’opter le comportement menant à ce genre de résultat) donc j’aurais tendance à ne pas m’indigner outre mesure.

Maintenant, oui, à la question, faut-il confiner les joueurs de moins de 10 ans aux seuls titres « enfantins », je ne sais pas. Vigilante8 est-il trop violent pour le gosse de 8-9 ans que j’étais alors que le principe est de combattre sur des maps avec des véhicules armés jusqu’aux dents. Je ne crois pas. Faut-il se la jouer à l’Australienne ou à l’Allemande sur le sujet à la simple vu du sang ? On sort des limites du sujet et dans la mesure où je ne tiens pas à finir en hors-sujet, ce sera l’objet d’une prochaine polémique. D’un prochain débat pardon. Bon je tranche, le jeu vidéo si violent que ça ? Pour moi, non. Je ne suis même pas sûr qu’on puisse être choqué de ce qu’on voit dans Call Of ou Dishonored à 6 ans, c’est vous dire mon sentiment sur le sujet. M’enfin, je vais encore me faire traiter de fou par trois associations de parents hyper protecteur. Vous inquiétez pas, ils la perdront leur innocence ; je doute que ce soit via le jeu vidéo, c’est tout. Transmission terminée.

 

1914-1918 Time Neves, à vous de tranchée Réservé.