Les plus espiègles d’entre vous me traiteront de tous les noms et pourtant j’assume complètement, oui, GIRLS est une série de filles mais clairement, elle est tout à fait visionnable, appréciable et surtout estimable par des hommes. En bonne santé et ayant toute leur tête de surcroit. GIRLS s’attache à dépeindre la vie de 4 jeunes femmes New-Yorkaises chacune oscillant entre leur fin de leurs études et le début chancelant dans leur nouvelle vie d’active. Tout l’intérêt se situant dans les caractères bien trempés, disparates et à priori absolument pas complémentaires des 4 « pour la vie ». A la base, le show est vendu autour de ces 4 personnalités principales mais j’en vois 6 tant 2 jeunes hommes font indéniablement parti du tableau primaire. C’est ainsi que chaque saison de 12 épisodes de 26 minutes chacun – le format court renforce l’impact de chacun des thèmes/sujets étayés par épisode – se propose de suivre les péripéties entre copines entre drames et joyeusetés tantôt personnels, professionnels, amoureux, amicaux, de l’emménagement à 2 dans un appart’ à la quête professionnelle initiatique en passant par la perte d’un proche, rare sont les défis de la vie auxquelles sont confrontés la jeunesse d’aujourd’hui lors du véritable passage à la vie adulte (qui n’intervient surtout pas à 18 ans) à ne pas figurer au sein d’un show maîtrisé de bout en bout.

Cette idée, on la doit à Lena Dunham à la fois créatrice, réalisatrice et actrice principale puisque c’est elle qui parle tout le temps. En effet, c’est sous le prime de cette Hannah que l’ensemble des thématiques sont vécues et rares sont les autres personnages à lui voler la vedette même si à de nombreuses reprises, l’actrice/réalisatrice n’apparait pas dans des scènes entre autres capricieuses. Logiquement, la série fait la part belle aux sentiments et émotions exacerbés dans un sens comme dans l’autre avec des amitiés soulantes qui se défont pour mieux se retrouver. Il en va de même pour les amourettes. Personnellement, la capacité de renouvellement d’épisode en épisode m’a légèrement estomaqué sur les bords, difficile de s’ennuyer puisqu’aucune situation ne souffre de longueur, tout est efficacement traité et la morale sous-jacente trahissant la fin d’un épisode est dans l’écrasante majorité des cas évocatrice. Le traitement des sujets jouit ainsi d’une écriture à la hauteur de ses interprètes.

 

Puisqu’outre le traitement, la série tient en l’écriture de ses personnages / casting son autre atout principal. Hannah joue la complexé affichant sa décomplexion, elle parle beaucoup pour s’exprimer peu, ce qui devient attachant quelque part, là où ce trait de personnalité pouvait rebuter à la découverte de la demoiselle. Marnie, sa plus proche amie a tout du prototype de la jeune femme épanouie, jolie, macquée, jobé, son seul défaut étant le plus gros : la propension à trop tirer la corde vers soi. Shoshanna, par contre, est attachante là où elle manque d’assurance, débitant un flot de parole plus vite que son nombre sans jamais vraiment le contrôler. Enfin Jessa, expatrié anglaise est une apprentie-junkie, clean la nuit, raide le jour (serait-ce l’inverse) vivant une vie (tout un concept) de bohème, le tout dans un équilibre déséquilibrant. 

 

Mais comme je le mentionnais plus haut, il serait délictuel voire criminel de ne pas rendre aux hommes ce qui leur appartient. L’excellent Adam, le petit ami d’Hannah, il est aux confins  des antipodes du prototype du bien aimé lambda masquant une tendresse infinie sous le couvert d’un relationnel rustre pour ne pas dire sauvage, formant un couple pas comme les autres avec la feu follet Hannah. Et pour finir, mon personnage préféré en la personne de Ray, un peu plus âgé que les autres (35 ans contre 25-27 pour les suscités), mature, droit, de confiance et bon conseiller. Tout ce beau monde évolue dans un Brooklyn toujours aussi plaisant et à plusieurs reprises, la série s’autorise à prendre le grand large pour capter les Hamptons ou l’Idaho notamment.

 

Parce que même si le tout est admirablement bien filmé et mis en scène, clairement, la prestation des acteurs fait mouche très rapidement. Visionné en VOST, je ne calcule plus le nombre de scènes émouvantes sublimés par le talent d’interprétation des acteurs, conférant à l’œuvre un particularisme indéniable duquel on ne peut que vainement tenter d’échapper. Il faut dire que le format s’y prête. Chaque saison de 12 épisodes s’attachant à une année entière de vie de nos 6 trublions. Et avec seulement 26 minutes pour ne conserver que le meilleur, le montage/mixage ne laisse rien qui aurait dû passer à la trappe, permettant à GIRLS de prendre sa dimension viscérale, essentielle, pragmatique. A voir, absolument.

2014-2017 Time Neves, Grand cru Réservé.