France2 nous a habitués à un judicieux choix en matière de séries. Enfin m’a habitué si vous n’êtes pas de mon avis – vous avez le droit d’ailleurs – sauf si la perspective de voir votre famille s’inquiéter de votre disparition aussi prochaine que soudaine vous tourmente – mais je digresse. Qu’il s’agisse de Fbi : portés disparus, Cold Case ou Castle, j’en ai passé des soirées le Lundi à découvrir les épisodes de mes séries préférés. La mode étant aux mini-séries (qui concédons-le n’ont de mini que le nom). Bradchurch, Secret Lies, MrRobot ou encore La Trêve dernièrement figurent parmi les dernières réussites mondiales dans le domaine. Et ce n’est pas de coutume que cette dernière nous vient de Belgique. Une réussite totale aux premiers rangs duquel jaillissent son casting, sa construction ainsi son développement.

D’un coup d’œil et sans tarder, toute la prestance du jeu d’acteur de Yoann Blanc incarnant l’inspecteur Peters transpire à l’écran. Fraichement muté de Bruxelles à Herderfeld à la suite d’une affaire qui a mal tourné, ce dernier reprend la fraiche enquête sur la mort suspecte d’un footballeur africain dans ce comté d’apparence si paisible. Tout laisse penser à un suicide, le gamin se serait jeté du pont plus haut en contrefort de la rivière où il a été trouvé. Cependant, rapidement, la thèse facile et expurgatoire dont semblent se satisfaire les locaux ne tient pas et l’inspecteur Peters s’en va faire un peu de remue-ménage dans ce patelin décidemment bien trop faux pour un type de son envergure. Déchu ou non.

Je le relatais en introduction, le casting est assez fou. Non pas parce que 3 ou 5 acteurs se détachent clairement du lot mais plus parce que la feinte des sentiments comme des comportements est tellement bien orchestrée que l’on est toujours stupéfait de l’évolution de chacun d’eux d’épisodes en épisodes. Contrairement à un Broadchurch où chaque habitant est suspect à sa manière - de par la façon dont la réalisation et la mise en scène les rend – dans La Trêve, tout ce gentil petit monde semble normal, pas spécialement des saints mais le village n’est pas frappé d’un maléfice de suspicion permanente, il vit à son rythme avec ses petits arrangements avec la réalité pour paraitre aux yeux du voisinage. Comme IRL finalement.

Sa construction, j’en viens. La Trêve centre son intrigue autour de l’audition de l’inspecteur Peters, celui-ci ayant manifestement une nouvelle fois dérapé comme quelques années auparavant. L’intérêt narratif se démultiplie puisque le spectateur souhaite savoir ce qui est réellement arrivé au jeune Driss et en quoi Yoann Peters a merdé. Le brillantissime jeu d’acteur paranoïdo-lucide révèle alors toute l’étendue de ce dernier. Les Ardennes belges aussi verdoyantes que de l’autre côté de la frontière sont en outre un formidable prête-lieu pour développer les atermoiements de ses habitants qui seront tour à tour (et là on reprend la mécanique de Broadchurch) soupçonné pour leur implication dans la vie voire le meurtre de Driss. Mention aussi pour le générique de début, fin.

La Trêve est subtile. Ce choix judicieux comme nom à la série peut autant se rapporter à cette période de flottement qu’on désigne dans la sphère du football permettant aux clubs européens d’aller se fournir en nouvelles pousses africaines peu chères et au mépris des lois régaliennes des instances civils comme sportives. On peut aussi le prendre comme une parenthèse, une étape dans laquelle s’insère l’inspecteur Peters revenu sur ses terres faire amende honorable pour prendre un poste plus modeste après son retentissant échec à la Crim’ de Bruxelles. Chacun l’interprétera comme bon lui semble, reste qu’une nouvelle fois, c’est une réussite. Belge, une fois.

2014-2017 Time Neves Une série Maestro Réservé