Gomarra, une série qui m’a retourné le cerveau tant la maîtrise (et la mandale qui va avec) était gigantesque. Après une S1 qui s’insère sans aucun mal au Panthéon vidéoludique des séries, la S2 me laissait dans l’expectative. Allaient-ils avoir le matéria, les idées, l’inspiration pour nous pondre une nouvelles saison culte ? Et la réponse est limpide comme de la vodka de roche, ils l’ont fait ces fous. Me demander pas comment mais même si la moitié des protagonistes se sont pris une rafale lors de la S1, cette S2 relève sans nul doute possible du génie artistique. Revue de détails. Bon, par contre, une nouvelle fois, vous n’avez pas assez de vos 4 mains pour compter les macchabés encore fumants à la fin du spectacle. Autant vous prévenir de suite.

 

Don Savastano est en cavale. Genna sur un lit d’hôpital et Ciro aux sommets des Montagnes. Le clan Savastano est décimé et l’Alliance règne en maître sur le trafic de drogue de Secondigliano, le quartier populaire de Naples. Celle-ci comprend les principaux barons locaux dont Don Salvatore, le banni de Pietro Savastono revenu d’Espagne au moment opportun. La structure est conservée. Peu ou prou chaque épisode se concentre sur un personnage en particulier, captant l’essentiel du temps d’exposition. Les petites affaires en sous-main sur la rive méditerranéenne de la Botte ne sont plus aussi florissantes que du temps du patriarche Savastano en raison de ses fidèles qui préparent son retour et qui ne font jamais  vraiment oublier, Malammore en tête. Un embarras d’autant plus malvenue que les tensions internes sont monnaie-courante avec le clan des jeunes menés par Le Gitan dont l’insouciance n’a d’égale que l’excès. Ou encore Annalisa, la Hyène, seule femme (mais de poigne) du clan. Seul mon préféré, Le Prince ne fait pas tant de vagues.

 

Clairement mon préféré, n’est-ce pas KanyeEast ! O Principe dont le surnom n’a pas été conféré au hasard par ses paires (œuvre de Machiavel de 1513 qui démontre comment devenir Prince et le rester) jouit d’une personnalité à contre-courant de ces acolytes. Réfléchis quand les autres sont impulsifs, calculateurs quand ces mêmes perdent toute raison, Le Prince ne peut être qu’adulé. Vous n’avez pas le choix comme Kanye et moi ne l’avons pas eu. Pas pour faire mon savant, mais je n’ai pas spécialement attendu son épisode dédié au milieu de la S2 pour commencer à m’intéresser à un acteur se mettant volontairement en retrait lors des grandes réunions de familles mais dont la gestuelle et les mimiques trahissaient une grande faculté d’observation et d’analyse de son environnement. Son épisode à lui est à ce titre aussi bien évocateur de la faculté d’attraction d’un tel personnage que déchirant par son dénouement.

On pensait avoir tout vu, enfin je pensais avoir tout vu lors de mon visionnage de la S1. J’étais loin du compte. Cette S2 allie toujours avec brio aliénation des âmes face à des actes actes qui les rongent, pragmatisme froid à l’heure de choisir entre un avenir florissant et un passé incarné par un ami avec qui on a fait les 400 coups, duperie et utilisation avec parfois un zeste de compromission menant tout droit à la mort, mais aussi courage. Oui, je pense à Patrizia dont le rôle singulier s’élève lui aussi au-dessus de la masse. Bien évidemment, l’intérêt de cette S2 tient principalement dans la suite des affaires personnelles entre le clan Savastano Père & Fils et leur ancien lieutenant aux dents longues Ciro Di Marzio, captivantes certes mais ce serait oublier toutes les sous-intrigues et évolutions palpitantes que nous offre ce fort jolie tableau (ou dégueulasse si vous n’aimez pas le sang sur la tapisserie). Le final est dégueulassement bon et je m’éprends alors à rêver d’une S3 et S4 (d’ores et déjà confirmées) d’un même niveau. Mais jusqu’où iront-ils ? Personnages et scénaristes, tous autant qu’ils sont.

2014-2017 Time Neves Sont fous ces Napolitains Réservé.