C’est à l’issu d’un enfantement dans la douleur de la première saison que je lançais cette S2 de la série du moment Mr Robot. Convaincu au fil des épisodes par la teneur de la proposition de Sam Esmail - créateur, scénariste et réalisateur de la série – je l’étais moins à l’orée de la S2. Que raconter de plus ? Sauf qu’au final, j’ai adoré. Adepte de l’illusion récréative et du retournement de cerveau, le scénariste avait pour ma part fait très fort sur la grande usurpation que constituait la S1, emprisonnant l'esprit du quidam.

Je pensais jouir des codes pour désactiver l’esbroufe parfaite dans laquelle me fit tomber la S1 à l'occasion de la S2. J'avais tout faux. Mais, tout compte fait, l’essentiel n’est pas de se compromettre si facilement une nouvelle fois et apprécier la manipulation de l'esprit opéré. Non, ce qui est rassurant, c'est le propos. J'avais quelques craintes quant à l'après cyberattaque, rassuré je fus et heureux je suis. Puisque cette suite ne déroge pas aux sous-intrigues - ramenant irrémédiablement au fil narratif principal - aussi passionnantes qu’emplies de tensions dont les enjeux bousculent peu ou prou chaque personnage gravitant autour du Hack opéré lors de la S1.

 

J’avais tout faux donc. Les tribulations d’Angela Moss pour réhabiliter sa famille, la traque par le FBI des membres de la fSociety, les manigances de la matriarche de Tyrell Wellick, les rêves de grandeurs du PDG d’EvilCorp Phillip Price, les états d’âmes de Darlène, la fuite en avant des autres membres : Romero, Mobley, Trenton, la descente aux enfers du PDG d’Allsafe Guideon Goddard, les mystères temporels de Whiterose - chef de la Dark Army ... Ils sont re-tous là et les perspectives de développement sont excitantes à plus d'un titre. Et cette saison, mention spéciale à l’émergence de l’agent du FBI Dom DiPierro qui prend la tête de l’enquête sur le Hack mondial.

 

Parce que l’actrice – Grace Summer - transmet vraiment quelque chose avec son faciès là où Rami Malek finit par souler à feindre toujours la même tronche de type dans les vap’, comme s’il n’avait que celle-là en stock (j 'exagère mais la réutiliser à ce point, ça en revient à caricaturer son propre personnage). C’est d’ailleurs la double narration traqueur/traqué qui captive pour ma part le plus lors de cette S2 avec d’un côté la « plus maligne que la moyenne de ses collègues » Dom flairant très bien quelle est LA piste à suivre pour remonter jusqu’au et démasquer les hackeurs.

 

Et de l’autre, les membres de la fSociety qui ont beau avoir mis le monde à leur pied se sent d’une vulnérabilité peu recommandable avec la Dark Army qui compte bien effacer quelconque trace de liens entre les 2 organisations qui ferait remonter les autorités jusqu’à eux et donc justement le FBI. Les personnalités de ces membres que l’on avait pu qu’effleurer lors de la S1 se révèle alors totalement qu’il s’agisse de Darlène, Mobley, Romero ou encore Trenton. Un vrai petit délice pour une issue décidément incertaine.

Mais ce qui m’a marqué – en dehors du mindfuck total du scénariste vis-à-vis d’Elliot réussissant à nous faire le coup une seconde fois et toujours à notre insu sans que le moindre doute ne puisse s’élever – c’est la mise en scène d’au moins 2 situations. Toutes deux en rapport avec ma préférée : l’agent DiPierro. Je préfère prévenir, y a pas de spoil particulier. L’attaque de la rencontre américano-chinoise par la Dark Army (un groupe basé en Chine, faut-il le rappeler), délégation dont faisait partie Dom au sein du Service de Sécurité.

Deux éléments sont frappants : la réalisation et le degré d’implication des attaquants. Voir la scène du point de vue de Dom retranché derrière un comptoir et qui ne voit que très partiellement ce qui se passe sur ce qui se révèle être un court instant finalement. J’ai trouvé ce choix brillant. Finalement on ne voit que 15 à 20% de ce que la scène aurait réellement eu à offrir si elle avait été filmé selon une successions de pleins aussi conventionnels qu’Hollywoodien. Et au final, on en retire une essence que j’ai rarement ressentie d’une scène d’action.

 

Changeons de paragraphe pour respirer. Le second point marquant de cette même scène, c’est le caractère profond de l’attaque qui est commandité par un groupe certes révolutionnaires mais qui usuellement se tapi derrière des écrans et des lignes de codes. Là, le fanatisme des bras-armés qui vont jusqu’à se supprimer plutôt que de se rendre interpelle et tranche avec l’idée usuelle qu’on se fait de ces groupuscules activistes. La cause serait donc réellement plus importante que l’individu. Un second angle nouveau donc.

 

La seconde scène que j’ai trouvé d’une cohérence sans commune mesure, c’est en fait la seconde attaque/représaille de la Dark Army envers cette fois-ci le duo Dom/Darlène (FBI/fSociety) sur le sol Américain. A première vue, le choix est simple, un bête America’s Diner au centre de Time’s Square la nuit. Reste que la caméra filmant la scène est distance de l’autre côté du double 4 voies (c’est loin) et qu’elle est fixe comme posée sur le sol ou un muret. C’est ainsi sur un plan unique, sans changement de perspective ou de point d’observation que l’on assiste au mitraillage par 2 individus arrivés à motos du lieux de restauration, à la riposte de Dom, à l’arrivée de la NYPD et de la fin de cette fusillade. Brillant. A l’image de la saison.

2014-2017 Time Neves Euh, ah oui quand même Reservé.