Test de European Club Soccer, le seul jeu de foot qui sent le camphre et le Brut 33.

European Club Soccer est développé par Krysalis Software et édité par Virgin Games en 1992 sur Megadrive.

Aujourd'hui, pour jouer au foot, il faut soit une autorisation communale remplie en douze exemplaires, soit aimer se râper les genoux sur un city-stade, ou, payer 12 euros pour faire un jorky et partager les douches avec des squashers bobo-bedonnants.

Avant le foot-business, avant les stars aux abdos cubiques, le foot
était populaire. Les stades, accessibles, étaient un lieu de rencontre, de contrat
social, où papa pouvait emmener fiston tâter du ballon rond. C'est cette ambiance que Krysalis essayera de reproduire, en développant un jeu estampillé merguez et main courante.

Un gameplay aux grosses échalottes

Partant de ce constat, les développeurs imaginent alors un gameplay réaliste, reproduisant la difficulté d'enchaîner des gestes techniques un dimanche matin alors qu'on est encore bourré du bal de la veille. Ici, pas de roulette, pas de feinte de frappe, pas de rush de son propre camp. Au bout de 5 mètres, le joueur contrôlé est exténué. On élabore un jeu de passes, forcément approximatif, à base de pointus et d'extérs du pied contre-nature. Si par chance ou persévérance le joueur parvient à proximité des cages, vient le moment cathartique de la frappe. Tirer de 20 mètres, c'est loin, en vrai. Atteindre le but procurait déjà un sentiment de jouissance. Il fallait donc se rapprocher, en passant par les ailes, ou en dribblant comme un éléphant sous acide lysergique dans un colloque de la Caisse d'Assurance Maladie.

 

L'arbitre (unique dans le jeu) était lui aussi incompétent, mais loin de soupçonner une quelconque corruption, on se doutait que ses erreurs
provenaient plus d'un manque de forme évident que d'une réelle envie d'avantager un club.

Pas de gros scores donc, mais un furieux ressenti de réalité.

 

 

 

 


Jean-Claude Lyaudet, carreleur

 

De nombreuses licenses

                                                   Michel Meyrieu, électricien

 

Les années 90, c'est certes Gary Lineker, Yannick Stopyra, Lacatus et Careca-Zico-Careca, François Omam-Biyik et Rudi Voller. Mais ils n'allaient pas se faire chier à payer des licences, alors que seule la licence IV était en vigueur, et faisait autorité dans l'inconscient collectif. La licence de son fils au district de l'Ain, catégorie Pupilles 2 au club de l'US Tenay suffisait aussi.

 

 

La rue Cognac-Jay

En guise de conclusion, European Club Soccer est vraiment un super-jeu. Injouable, buggué, peu instinctif, mais véhiculant une image du foot ô combien plus saine que tous les FIFA et PES actuels. L'absence d'intelligence artificielle est largement compensée par un gameplay cataclysmique, rendant la difficulté jouissive, et décuplant le plaisir de marquer un but. Le foot moderne est gangréné par une imagerie beau-gosse/bolidage/vip
only nauséabonde. ECS, en précurseur, l'avait senti venir, et
rectifie cette erreur en replaçant le foot là où il doit être: entre
potes pas musclés et imparfaits.