Hier soir je suis allé comme il se doit à mon cinéma de quartier pour découvrir la conclusion de la légende du chevalier noir. En patientant dans la file d'attente tout en guettant le moindre roux déguisé en Joker pour le neutraliser à l'aide de mon sot à pop corn je me suis remémoré les deux précédents films (que j'ai regardé dimanche puisqu'il pleuvait) et force est de constater que non seulement les deux précédents volets sont les meilleurs adaptations du Dark Knight mais qu'en plus ils sont au sommet des films de superhéros. Comme beaucoup d'entre vous j'ai grandi avec la série animée de FR3 donc on ne plaisante pas avec le chevalier noir, je suis très exigeant et j'ai une profonde reconnaissance envers Christopher Nolan qui a ressucité la licence après les navets de Joel Schumacher.
Pour éviter de me spoiler j'ai pris soin de ne pas lire les critiques et autres avis, j'ai malgré tout remarquer que les notes américaines était dityrambiques pendant que nous, comme de bons français qui se respectent, nous mettions 1 étoile à Rises (il s'agit de Première). Ce qui m'a prouvé une fois de plus la prétention de cette revue pour Bobos qui passent plus de temps à commenter et twitter les fims qu'à les regarder (véridique, et ça marche aussi pour les jeux d'ailleurs ;-) ).
Ah, je rentre enfin dans le cinéma ! Je profite de la bande annonce de Man Of Steel qui semble promettre que plus jamais un DC Comics ne sera mal adapté. J'en bave d'avance tellement les possibilités de l'univers de Metropolis sont immenses. Pendant que j'éteins mon portable le film commence.
Comment décrire la première scène ? Juste inscroyable, j'ai chercher les effets spéciaux et je ne les voyais pas et à juste titre, il n'y en a pas. Cette scène est à l'image du reste du film : totalement mégalo mais dans le sens positif du terme. Bane est ici introduit de la plus belle des manières en chef de guerre terroriste musculeux, petit bémol, la voix française bien en dessous de la VO. Je ne suis pas un fondamentaliste de la VO loin de là mais je pense que ce film mérite une séance en anglais. Enfin je vous laisse chercher sur Google l'ancien Bane de Schumacher... C'était autre chose hein... Je n'ose même pas le mettre en image voilà un lien : Bane version Schumacher.... Brrrr .
Résumons un peu la situation : Bruce Wayne, 8 ans plus tard, est devenu le Howard Hugues de Gotham, Batman a disparu et la ville semble être en paix. Bruce est cloitré dans son manoir jusqu'à ce que Selina Kyle viennent piquer son intérêt, s'amorce alors la renaissance timide d'un homme qui s'est désintéressé du monde et qui vit dans le souvenir d'un amour perdu. Le destin de Bruce Wayne est tragique et ce film semble vouloir élever Batman au rang de mythe ce qu'il parviendra à réaliser à mon propre étonnement.
L'histoire est touffue, intense, les branches scènaristiques partent dans tous les sens et on assiste à une grande fresque comme on a pu en voir dans Ben Hur ou le Seigneur des Anneaux (tout proportion gardée). A certains moments on se demande même si le film va retomber sur ses pates mais il y arrive à chaque fois avec plus ou moins de talent mais toujours dans cette ambiance très pesante qui semble invraissemblable dans un blockbuster américain qui plus est de superhéros.
Tour à tour le film aborde des sujets comme le terrorisme, la crise économique, la lutte des classes, la redistribution des richesses avec un regard si noir, si pessimiste qu'on en a froid dans le dos. Parlons d'ailleurs de l'instigateur du chaos, Bane, joué par un Tom Hardy métamorphosé en une montagne de chaire pleine de haine et de colère. Il présente une autre forme de mal que le Joker qui incarnait l'anarchie et la folie. Bane est un chef de guerre, un homme qui poursuit son but sans s'inquiéter des dommages collatéraux et sans une once de pitié. Intelligent, manipulateur, il plonge Bruce Wayne et Gotham en enfer plus profondément que ses prédecesseurs et d'une manière bien plus perverse. Tom Hardy réussit à être terrifiant avec uniquement ses yeux et ses sourcils, on se prend à rêver d'un Bane sans masque mais cela lui enléverait cet aspect animal et inexorable d'un homme qui a renoncé à être humain. Il 'agit d'ailleurs du premier méchant qui domine physiquement Batman par sa force pure dans un combat dantesque qui reprend la couverture mythique de Knighfall.
N'oublions pas les rôles primordiaux de Selina Kyles (et sa combinaison moulante...) et Blake tout simplement géniaux ou Gordon et Lucius et comment ne pas saluer la performance émouvante d'Alfred incarné par Michael Caine. Ces personnages font vivre l'histoire de Gotham tout au long du film nous laissant dans l'attente du chevalier noir, le guettant à tout instant espérant sa venue. Nolan joue à fond ses second rôles et on ne peut que saluer la prise de risque, jamais Batman n'a été si puissant, si mythique et si espéré.
Je ne dirais rien sur la fin si ce n'est qu'elle ne déçoit pas, en une heure notre coeur fait des yoyos entre l'espoir et le désespoir vers un dénouement tout simplement idéal. C'est tellement rare de ne pas être déçu par la fin d'une saga de cette ampleur qu'il faut le saluer.
J'ai peut être du mal à retranscrire ce film car il est très frais dans ma tête mais je peux vous dire qu'à la fin de la séance, la salle a fait une standing ovation. On a rit (un peu), on a été triste (souvent), on a espéré et on a été surpris comme rarement au cinéma. The Dark Knight Rises gifle de toute sa hauteur n'importe lequel des Marvel sortis. Espérons qu'il fasse des émules chez la concurrence qui passe plus de temps à gâcher de fabuleux personnages (Spiderman 4) qu'à nous surprendre (The Avengers).
Batman est à la fois un blockbuster et une tragédie classique dans un monde contemporain qui nous renvoie à nos angoisses. Christopher Nolan n'en finit plus de nous montrer un cinéma total qu'on aimerait voir plus souvent et on ne peut s'empêcher d'être un peu triste de la fin de cette union avec l'univers du Dark Knight. Mais comment être déçu en sortant de ce film si on est fan de Batman ?
