Sucker Punch affiche

Après des mois de teasing et de bandes-annonce qui avaient réussi à mettre en émoi la communauté geek (mais pas que), Sucker Punch nous arrive enfin en salles. Le nouveau film de Zack Snyder, qui avait réussi à se faire remarquer avec 300 et Watchmen, est issu de son propre imaginaire et non une adaptation d'un comics ou de romans (Le Royaume de Ga'Hoole).
D'où une certaine appréhension du spectateur face à un réalisateur
spécialisé dans l'adaptation qui se lance avec un projet personnel. Au
final,
Sucker Punch défraie la chronique, en bien comme en mal...

Après avoir vécu un traumatisme personnel, la jeune BabyDoll est
internée dans un asile pour malades mentaux. C'est là qu'elle va
s'imaginer un monde alternatif pour tenter de s'échapper d'une
douloureuse réalité. Elle va faire la connaissance de quatre jeunes
femmes qui désespèrent de pouvoir sortir un jour de cet asile. Mais
BabyDoll va leur donner cet espoir fou grâce à son imagination
débordante. En effet, lorsque la jeune femme se met à danser, elle
entre dans une sorte de transe qui lui permet d'entrer dans un univers
entièrement fantasmé et c'est à travers cet univers qu'elle tentera de
s'échapper. Il lui faudra récupérer différents objets qui lui
promettent une évasion en grande pompe, mais pour cela, il va lui
falloir se battre, aux côtés de ses nouvelles amies.
A première vue, il est difficile de trouver le scénario de Sucker Punch intéressant.
L'impression qui prime, pendant un moment, est celle d'un énorme
prétexte créé par Zack Snyder pour s'amuser le plus possible dans un
seul film. En effet, les différentes transes permettent au réalisateur
de créer des univers hétéroclites, sans grand lien entre eux.
Toutefois, une fois qu'on acquiert un peu de recul sur ce scénario, il
se révèle beaucoup plus malin qu'il n'y paraît. En effet, pour peu que
l'on se penche sur ce qu'implique l'histoire, notamment le pouvoir de
l'imagination, et les nombreuses pistes que Snyder laisse libres, on
arrive rapidement à un champ d'interprétations diverses, comme on peut
en voir en ce moment fleurir sur internet.
Au-delà du simple prétexte, il y a un fond derrière
Sucker Punch et
le film, bien qu'il ait l'air d'un vaste prétexte aux délires du
réalisateur, acquiert une plus grande profondeur si l'on prend la peine
de gratter un peu. Et ce n'est pas forcément de l'onanisme intellectuel
que de chercher des résonances dans un film, c'est le propre de tout
bien culturel que de donner la possibilité de réfléchir.

Sucker-Punch-image-01.jpgSucker-Punch-image-02.jpg

Au-delà du scénario, qui est la principale pomme de discorde des
critiques du film, le spectateur averti retrouvera le style éminemment
visuel de Snyder. Alors évidemment, l'usage des filtres constitue ce
qui est le plus flagrant, encore qu'ils signifient quelque chose en
matière d'interprétations, et ils donnent cet aspect si particulier aux
phases imaginaires. On retrouve aussi le côté extrêmement stylisé et
chorégraphié des scènes de combat. Certains diront que le film est
extrêmement poseur, car trop chorégraphié, d'autres diront que c'est
simplement la classe. A vous de voir.
Autre chose qui devient franchement pénible, toutefois,
c'est l'usage constant des ralentis qui, à force, finit par lasser.
D'autant que dans Sucker Punch il y a certaines scènes ralenties qui n'ont absolument aucun intérêt. Etrange...
Je parlais un petit peu plus tôt des différents univers que Snyder se
permet d'explorer via son scénario. Grâce à cette histoire, prétexte ou
non peu importe, le réalisateur réussit à réaliser une séquence de
chacun des genres qu'il adore, que ce soit le film de sabre, le film de
guerre, le film fantastique et enfin le film de science-fiction.
Chacune de ces séquences est dotée d'un style bien particulier, si bien
que malgré l'aspect uniforme du traitement visuel, chacune d'elle a son
propre univers. Là encore, Snyder fait l'éloge de l'imagination et ne
souhaite pas se limiter.

Sucker Punch image 04

Je retiendrai principalement de Sucker Punch l'idée
que c'est un film extrêmement courageux. En effet, Zack Snyder se livre
ici à un véritable saut de l'ange dans lequel il plonge totalement dans
son imagination et ses inspirations cinématographiques. Il rend
hommage, de façon détournée aux différents genres qu'il apprécie, tout
en se prêtant à l'exercice.
Quelque chose me dit que Snyder n'aurait pu réaliser
Sucker Punch à aucun autre moment de sa carrière. En effet, Sucker Punch est
un projet qui n'aurait jamais pu se faire, à mon sens, sans la relative
aura que Snyder a acquise au fil de ses différents films. Il est très
peu probable que son prochain film soit un aussi grand trip...
En un sens, Zack Snyder s'est lancé, quitte à ne pas être compris, pour ne pas avoir de regrets.
Sucker Punch représente
un condensé de tout ce que le réalisateur aime au cinéma, un condensé
qui, encore une fois, paraît tellement prétexte d'un côté mais tout
aussi jouissif de l'autre. Il ne faut toutefois pas oublier que
Sucker Punch est
un gigantesque trip et qu'il dérangera bon nombre de spectateur. Mais
pour peu qu'on réussisse à entrer dedans, c'est la montagne russe
assurée.

Sucker-Punch-image-05.png

Zack Snyder se lâche avec Sucker Punch et
se permet de faire un melting pot de tout ce qu'il aime et ce dans un
seul film. Si la colonne vertébrale du film peut paraître ridicule, il
semblerait que Snyder ait beaucoup plus pensé son scénario que ce que
l'on pourrait croire au premier abord, comme on peut le voir à travers
les différentes interprétations qui fleurissent désormais sur la toile.
Il faut prendre
Sucker Punch comme un film qui se fiche pas mal des conventions et qui se permet de les faire voler en éclat. A ce titre, Sucker Punch est un trip dans lequel il est impératif d'entrer sous peine d'être laissé sur le carreau. En un mot comme en mille, avec Sucker Punch il semblerait que ça passe ou ça casse... En tout cas, je rends honneur au courage dont a fait preuve Snyder avec Sucker Punch, un film qu'il n'aurait pu faire à aucun autre moment de sa carrière.

L'appréciation de la Bobomb :

Note critique - Bobomb joyeuse

Avec Sucker Punch,
ça passe ou ça casse. Eh bien pour moi c'est passé, et de quelle
manière! Plus j'y pense et plus je me dis que Snyder est beaucoup plus
malin qu'on ne veut le croire. Attention,
Sucker Punch n'est pas un chef d'œuvre, loin de là, Snyder se tire une balle dans le pied à trop vouloir donner dans l'esthétique du ralenti, mais j'ai été happé par l'univers. Au final, Sucker Punch est un film intéressant à bien des égards. Thumbs up!

Source vidéo et photos : Allociné

Mordraen