Ajourd'hui, j'ai envie de parler de mon studio de développement préféré dans le milieu du jeu vidéo. J'ai nommé : CD Projekt RED. Si je peux faire découvrir ce studio à des gens où bien en éclairer d'autres sur la mentalité de ces Polonais qui sortent du paysage de "l'industrie" du jeu vidéo ce n'est pas plus mal !

Mais d'abord, petit retour en arrière.

A la base, il y a CD Projekt, une compagnie Polonaise fondée en 1994 par Marcin Iwiński et Michał Kiciński dans le domaine de l'édition de jeux vidéos (pour la pologne bien sûr). Premier éditeur sur le marché polonais, CD Projekt reste pendant longtemps la seule compagnie Polonaise spécialisée dans les jeux vidéos et édite les gros hits internationaux entièrement localisés. Leur premier titre édité en Polonais est Baldur's Gate et est un énorme succés. S'ensuivent Planescape: Torment et les deux Icewind Dale ainsi que beaucoup d'autre jeux.

Mais ce n'est pas tellement de CD Projekt dont j'ai envie de parler mais de CD Projekt RED qui est un studio de développement interne lancé en 2002.

Leur premier titre est Wiedźmin, plus connu chez nous sous le nom de The Witcher, qui est adapté de l'oeuvre de fantasy d'Andrzej Sapkowski. Sortit en 2007, le titre a quelques défauts (temps de chargements longs, plantages, ...) mais est très bien accueilli que ce soit par la critique ou par les joueurs. On évolue dans un environnement dépaysant et vivant, un peu plus fermé (pour mettre l'accent sur le scénario) mais surtout dans un univers clairement adulte et assumé.

Là ou l'on commence à se rendre compte que CD Projekt RED n'est pas un studio comme les autres, c'est qu'ils prennent en considérations tous les points négatifs de leur jeu pour en sortir une Enhanced Edition (édition améliorée) en 2008 corrigeant tous les défauts de la version de base et le tout à moindre coût avec en plus des bonus comme l'OST du jeu, etc. Bref, on sent déjà un peu le côté passionné qui veut faire les choses bien.

En 2008, le studio montre encore plus sa passion pour le jeu vidéo (le vrai, le poilu, le barbu, le "bon vieux jeu" qu'on apelle oldy) et annonce la plateforme Good Old Games (GoG.com), un service spécialisé dans la distribution dématérialisée de vieux jeux vidéos retravaillés pour fonctionner sur les OS récents (de Windows XP à Windows 7 en passant par Windows Vista), à petits prix et avec (comme d'habitude j'ai envie de dire) pour la plupart des jeux tout les "à côtés" (notice, ost quand ils sont disponibles, images, fonds d'écrans, etc.). Ah et bien évidemment j'ai oublié de préciser quelques chose d'important et qui tient à coeur à CD Projekt RED, le tout est bien sûr DRM FREE.

Bref le studio est anti DRM et le fait savoir. Ils veulent contenter leurs joueurs en leur offrant du contenu de qualité à bas prix et sans contre partie (et surtout sans considérer tous les joueurs comme de possibles pirates...).

En 2011, ils en remettent une couche en sortant la suite de The Witcher sobrement intitulé The Witcher 2 : Assassins of Kings. Le jeu résulte d'un travail de titan de la part du studio de développement qui ne voulait plus utiliser le moteur graphique d'un autre studio (en l'occurrence l'Aurora Engine de Bioware utilisé pour le premier opus) car trop limité dans les choix de développement (même s'ils avaient largement modifié et perfectionné le moteur de Bioware). C'est décidé, pour le second opus ils veulent leur propre moteur graphique. Après des années de dur labeur donc, The Witcher 2 sort enfin et est une vrai claque niveau graphismes. Le nouveau moteur graphique maison fait des merveilles. Le nouveau titre était attendu au tournant et ne déçois pas (malgrés un prologue assez poussif comme pour le premier The Witcher).

Petite ombre au tableau difficile à comprendre, le jeu utilise un DRM qui demande une activation du jeu sur un serveur (Securom). Effectivement, c'est Namco Bandai qui distribue le jeu en dehors de la Pologne et oblige CD Projekt RED à utiliser ce DRM. Sauf que Namco n'avait pas tellement prévu que les serveurs d'activation seraient surchargés au lancement du jeu, ce qui empêcherait certains joueurs d'activer leur jeu (et donc de jouer). Etant donné que nous parlons ici de CD Projekt RED, le studio décide directement de saisir cette opportunité pour sortir un patch dés le lendemain de la sortie du jeu pour désactiver définitivement le dit DRM.

Le jeu ne se vend pas trop mal et subit tout de même un fort taux de piratage (ce que je trouve très personnellement plus que honteux pour une fois qu'on est en présence d'un studio qui ne nous prends pas pour des vaches à lait...). CD Projekt RED le fait remarquer lors de l'annonces des chiffres de vente mais ne se décourage pas et travaille déjà sur un portage de The Witcher 2 sur Xbox 360.

En 2012 enfin, The Witcher 2 est bien porté sur Xbox 360. "Une année complète de développement pour un simple portage ?" me direz-vous. Ca peut paraitre assez énorme en effet sauf que quand un studio passionné veux faire plaisir à ses joueurs, il ne se contente pas de faire un simple portage banal du jeu PC sur la X360. Ainsi ils ont retravaillé sur le gameplay pour qu'il soit le plus adapté possible à la console et le plus gros du travail s'est fait sur les graphismes qu'ils souhaitaient le plus proche possible du PC. En plus de ça, la sortie de la version X360 (étant la version "enhanced edition") coincide avec la sortie de la version 2.0 sur PC (que l'on pourrait aussi considérer être la "enhanced edition"). Est-ce que j'ai besoin de préciser que bien évidemment tous les patchs correctifs ou d'améliorations sont gratuits ? En effet, pas de DLC payants chez CD Projekt RED mais du bon patch à l'ancienne gratuit sur PC !

Bref, depuis que je connais CD Projekt RED, j'ai enfin découvert un studio qui ne nous vois pas comme des vaches à lait ou même des "clients" mais comme des joueurs auxquels ils veulent faire plaisir. A une période où les bons studios mettent la clé sous la porte ou bien perdent leur âme en se faisant engloutir par de gros éditeurs (comment ? qui a dit que Bioware n'a plus de "Bioware" que le nom après s'être fait bouffer par EA ?), le studio Polonais est le fer de lance des jeux "fait par des passionnés pour des passionnés". C'est pour cette raison que tant qu'ils garderont leur façon de penser (que certains définiront comme mentalité "de vieux cons" ou "naïve"), je continuerais à les supporter dans toutes leurs créations. Moi qui suis allergique à tous les DRMs quels qu'ils soient, je retrouve en CD Projekt RED un studio qui me convient parfaitement (petite anecdote sur les DRMs, j'ai dû patcher illégalement mon propre Royaumes d'Amalur : Age of Reckoning pour ne pas avoir à passer par 36 DRMs avant de jouer...c'est quand même fort de café).

Et pour ceux qui ne connaitraient pas ou n'auraient jamais joué aux The Witcher, je ne peux que trop leur conseiller de leur laisser une chance ! Vivement les prochaines productions de CDPR \o/

Pour finir, quelques chiffres intéressants :
The Witcher = 0.03 millions (~30,000) d'unités vendues
The Witcher Enhanced Edition = 0.32 millions (~320,000) d'unités vendues
The Witcher 2 (PC) = 0.76 millions (~760,000) d'unités vendues
The Witcher 2 (X360) = 0.44 millions (~440,000) d'unités vendues

 

Et une news de dernière minute en provenance de JV.frCD Projekt (The Witcher 2) : « Les DLC sont un service qui devrait rester gratuit

Au micro du site VG247, un membre de l'équipe de CD Projekt a précisé la conception du DLC pour le studio comme un service qui ne devrait pas être facturé au joueur.

Une fois de plus, le développeur de la série des Witcher s'est illustré par une déclaration mettant l'accent sur l'intérêt des joueurs. S'adressant au site VG247, le membre de l'équipe Konrad Tomaszkiewicz a tranché sans ambages sur la monétarisation des contenus additionnels : elle est pour lui aberrante. « Nous avons toujours considéré les DLC comme un service normal d'après vente, qui ne devrait pas être facturé », explique-t-il
 Pour qu'un contenu additionnel mérite son prix, il faudrait selon lui « qu'ils offrent la même quantité de contenus que les extensions » qui avaient court dans le passé, estime Tomaszkiewicz, qui comprend parfaitement que les joueurs s'offusquent du mauvais rapport qualité/prix de la plupart des DLC actuels. Il est du coup permis d'espérer que CD Projekt ne se détourne pas de sitôt de sa politique de l'honnêteté, dans la droite lignée du gros DLC gratuit publié il y a quelques mois pour The Witcher 2 : Assassins Of Kings : « une manière de dire merci aux joueurs qui ont choisi d'acheter notre jeu plutôt que de le pirater » ajoute Tomaszkiewicz.