Il y a un an et demi de cela, j'ai fait la connaissance d'un jeu et plus globalement d'une saga. Elle fait certainement parti de celle que j'ai le plus appréciée ces derniers temps par sa fraîcheur et son originalité. En outre, elle est une des rares à nous être envoyée directement du Japon. Et chose encore plus singulière, elle lance un véritable nouveau personnage dans le monde du jeu vidéo : le professeur Layton !

Cette saga est la réalisation des nouveaux doigts de fée du jeu de rôle japonais, le studio de Fukuoka, alias Level 5, avec leurs locaux modernes qui respirent simplement la classe. Ce développeur, crée en octobre 1998, véritalement lancé en 2004 après un excellent travail effecuté sur Dragon Quest VIII, était très lié à Sony à ces débuts. Leur premier jeu est Dark Cloud sur PlayStation 2 qui s'est vendu à un peu plus d'un million d'exemplaires. Un autre jeu avait fait parler du studio en 2004 pour cause d'annulation abrupte : True Fantasy Live Online sur Xbox. En 2005, elle publie Rogue Galaxy, édité par Sony. Bref, en 2007, la compagnie a suffisament les moyens pour produire et publier son jeu (ils ont dû tellement mettre d'argent de côté qu'ils se sont payé le nom d'un stade !). Ce sera Reiton-kyōju to Fushigi na Machi plus connu sous nos latitudes par la dénomination Professeur Layton et l'étrange village, qui grâce à son succès, s'impose comme le jeu phare du développeur du cinquième niveau.

Un succès pour le moins étrange

La première chose qui frappe quand on aperçoit l'Etrange village, c'est le chara-design. Ici on est vraiment loin des canons du manga, avec un dessin s'approchant plus de l'esthétique occidentale, avec un penchant très prononcé pour les Triplettes de Belleville. Pis, le héros n'a pas de short, mais un haut de forme, ne veut pas sauver le monde, mais se prend pour un gentleman qui résoud des énigmes que n'importe quel gredin lui soumet, et ses yeux sont deux petits points noirs loin des grands yeux globuleux auquels nous sommes plutôt habitués. Le tout cartonne au Japon, le premier opus se vendant à un million d'exemplaires.

 

Les Triplettes de Belleville, vous trouvez pas que ça ressemble dans les tons et la façon de dessiner à Layton?

Quelque chose cloche, vous ne trouvez pas? Je veux dire, le jeu au premier abord n'est pas fait pour attirer le japonais de base. Et pourtant, le premier opus, un million d'exemplaires, cinq jeux sont sortis à ce jour, dont quatre sur Nintendo DS et un sur téléphone portable, deux opus sont en développement sur 3DS dont un cross over contre Phoenix Wright, un film d'animation au cinéma, un autre déjà en court de production et je n'ai pas encore jeté un coup d'oeil au merchandising. Aujourd'hui, ce succès n'est plus confiné à l'archipel, il s'étend au monde entier. Les pays occidentaux ont reçu le troisième volet de la série, Le Destin perdu, le mois dernier. Certes, on est loin de parler d'une Layton-mania, mais il faut reconnaître l'émergence d'un vrai phénomène.

Une mécanique de jeu bien huilée

Le premier jeu, et plus globalement la saga, repose à mon avis sur trois mécaniques qui ont contribué à son succès:

- C'est une série conçue dans un sens vraiment grand public. Les personnages sont attachants, le jeu facile à prendre en main, pour peu qu'on sache lire, écrire, et pointer avec un stylet sur un écran. Même mémé peut jouer à ce jeu.
- Un jeu de casse tête qui ne mesure pas l'âge de votre cerveau, mais qui propose un vrai gameplay, avec des énigmes vraiment variées, le tout saupoudrée d'une vraie histoire à rebondissement et de scènes d'animation tout simplement époustouflantes pour certaines.
- On peut aussi bien prendre
le jeu dans une logique où l'on fait tout d'un coup ou on
picore dans le train ou le métro en rentrant chez soi. Même si on laisse le jeu de côté pendant quelques temps, les élements de l'histoire sont toujours rappelés à chaque début de partie et on a toujours un tableau des mystères découverts ou non.

On a pour ainsi dire un résultat... étonnant ! Une fois qu'on se met sur le jeu, celui-ci agit de manière addictive. Les histoires se révèlent passionnantes dans leur ensemble. Celles-ci fonctionnent de telle façon que la révélation des mystères se passent vers la fin du jeu, après qu'on a résolu un certain nombre d'énigmes.

Trois jeux sinon rien !

La série se découpe pour l'instant chez nous en trois jeux qui former une première trilogie. Il s'agit de :
- Professeur Layton et l'étrange village (sorti en novembre 2008 en France). Dans sa première apparition, le Professeur se doit de résoudre l'énigme de la pomme d'or. Le scénario est très intéressant, et même si les personnages souffrent d'un manque de développement flagrant, on prend rapidement pied pour cette histoire dont le mystère n'est vraiment dévoilé que dans les derniers instants. Il existe aussi quelques erreurs de jeunesse, comme les énigmes mal intégrées ou qui se planquent un peu partout, sans qu'il y ait de rapport. Mais on pardonne, ce n'est que le premier épisode après tout. Et surtout il existe un passage : la grande roue *_* !
- Professeur Layton et la boîte de pandore (sorti en septembre 2009 dans le pays des fromages). Peut-être le moins bon des Layton auxquels j'ai pu jouer. La mécanique du jeu est poussive et il faut attendre grosso modo les deux tiers du jeu pour que le scénario décolle enfin. Les scènes cinématiques sont un cran en dessous du précédent opus. Par contre, le final est juste grandiose. L'intégration des énigmes est meilleure que le premier épisode, avec des énigmes qui correspondent vraiment à la situation rencontrée. Enfin le mini-jeu pour faire maigrir le hamster est très rigolo.
- Professeur Layton et le destin perdu (sorti en octobre 2010 dans l'Hexagone). Jeu que je viens de terminer, certainement le meilleur de la série, mais aussi le plus tragique. On découvre Hershel Layton sous un autre jour, les personnages n'ont plus la consistance d'une feuille de papier, l'histoire est simplement fabuleuse et très moderne, avec un côté moral très fouillé. Il corrige le défaut du précédent opus, à savoir un scénario vraiment intéressant et suivi dès le départ, tandis que les cinématiques sont revues à la hausse. Le doublage français est meilleur aussi, ce qui n'est pas un mal (mais il battra jamais le double anglais, c'est certain !). Seul petit soucis : l'énoncé des énigmes n'est pas forcément des plus claires et cela arrive bien souvent à mon humble avis.

Vous prendrez encore un Picsou magazine?

Globalement la difficulté dans ces jeux est bien dosée et les énigmes à résoudre sont facilement résolvables pour la plupart. Si on ne parvient pas à résoudre l'énigme en cours, il est toujours possible d'acheter des indices, voire de quitter l'énigme pour revenir dessus plus tard.

Les énigmes font la force et la faiblesse du jeu. Force, parce qu'elle permet de faire un jeu très facile d'accès avec un vrai scénario. Faiblesse, parce que PIcsou Magazine fait la même chose et pour moi cher. En outre, les énigmes sont
parfois archi connus, ou il arrive qu'on ait une répétition d'énigme. Leur
enrobage ne suffit pas à faire passer la pilule d'un manque
d'originalité. Ce qui force le joueur à résoudre les énigmes pour que l'histoire puisse avancer.

Et la suite?

Comme nous le disions plus haut, le phénomène Layton n'est pas près de s'arrêter. Un nouvel opus devrait sortir chez nous sur DS l'année prochaine (même si j'ai un pressentiment pour une conversion rapide sur 3DS à la manière d'une Zelda Twilight Princess). Cela en ferait certainement l'un des derniers grands jeux de la machine, à côté de Ni No Kuni, jeu aussi développé par Level 5 en collaboration avec le studio Ghibli.

Surtout, une nouvelle trilogie, avec le développement d'un nouvel opus sur 3DS. Déjà je suis curieux de ce que peut donner un épisode sur 3DS cette machine. Est-ce que des effets d'optique seront utilisés pour créer de nouvelles énigmes? Il existe enfin ce cross over improbable entre Phoenix Wright et Layton et aussi véritable collaboration entre Capcom et Level 5. D'ici que tout ceci sorte en France, de l'eau aura coulé sous les ponts, très certainement.