Cinq ans que je n'ai pas écrit sur ce blog.

Ca devrait être interdit.

Mais il faut dire que j'ai assez peu joué, en cinq ans. Mon parcours professionnel a décollé, me conduisant aujourd'hui à assumer un poste de jeune cadre dynamique pas suffisamment jeune ni dynamique, mais occupant tout de même la bagatelle de 50 heures par semaine pour un salaire complètement indécent de misère me faisant regretter le temps où je n'étais pas au forfait jours.

Ma vie de couple a perduré, avec un non gamer qui a envie de vomir dès que j'essaie de le faire jouer à un jeu à la première personne (dernière expérience : hier soir avec Talos Principle)... Attention, je ne me plains pas, je suis une femme et j'ai le luxe d'avoir encore aujourd'hui l'embarras du choix (pourvu que ça dure). J'ai bel et bien choisi cette vie, ou plutôt je la choisis tous les jours, mais il est vrai qu'elle n'est pas aussi riche en jeux vidéo qu'elle le pourrait.

Alors ces dernières années, quand j'ai eu quelques minutes devant mois pour profiter de mes machines, j'ai dû prioriser. J'ai dû optimiser. J'ai géré mon temps libre comme la manager que je suis, planifiant mes congés au grés des sorties de licences favorites, profitant des déplacements de mon conjoint pour faire des jeux courts à ambiance, m'évadant chez mon meilleur pote (gamer celui-là) pour platiner des jeux cultes et retrouver un interlocuteur digne de ce nom sur ce sujet qui me passionne.

Et au sein de mon entreprise, j'ai créé un magazine interne dans lequel je parle de jeux vidéo ! Depuis près d'un an, et de manière quasiment suicidaire pour ma carrière dans un grand groupe français de l'économie sociale et solidaire qui salarie plus de 80% de mamans quadra, je rédige des articles de dédiabolisation de notre loisir favori, en m'attachant à présenter des jeux dans lesquels on propose d'autres interactions que "tuer".

Je ne saurais dire quel succès ont ces écrits, ni même s'ils sont lus par qui que ce soit, mais j'ai l'impression d'oeuvrer pour une cause qui me tient à coeur : la reconnaissance d'une passion que j'ai chevillée au corps depuis près de 20 ans maintenant. Ces articles m'ont permis de parler de To the moon, Life is strange ou The last guardian à des collègues pour lesquelles le jeu vidéo s'arrêtait à Pokémon GO et Mario Kart. J'ai envie de croire que tout cela n'est pas vain. Et dans le pire des cas, j'ai pris du plaisir à écrire sur ces sujets, et c'est bien là la finalité de toute action de communication qui se respecte. Pas la quête de clic ni de "célébrité" : je n'ai plus 20 ans, je n'ai pas de twitch, je n'ai rien à offrir d'autre qu'un regard qui en vaut un autre sur le jeu vidéo.

Vais-je attendre encore cinq ans pour écrire ici même ? Si oui, de quoi parlerai-je ? Du prochain The Elder Scrolls numéroté, qui sera sorti je l'espère (je parie sans aucun espoir sur Elsweyr ou le Marais Noir) ? De l'annulation de la licence Mass Effect par Bioware, qui n'aura pas eu les cojones de persévérer après l'échec d'Andromeda ? De Cyberpunk, toujours annoncé par CD Projekt mais pas encore sorti ? Du prochain chantier de Ueda, qui a gagné mon éternelle confiance et mon amour inconditionnel en alignant trois pièces de maître sur le CV le plus parfait de l'histoire du jeu vidéo ?

Notre passion évolue tellement, et si vite ! Il est difficile de suivre le rythme quand on a deux petites heures par jour pour respirer. Vous êtes comme moi, vous savez tout cela. Vous aussi, vous avez pris cinq ans dans les dents depuis mon dernier post ! Essayons de se parler plus souvent, voulez-vous ?