Totalement absente de notre paysage vidéoludique europpéen, la série des "Arc" propose des tactical-rpg assez techniques, mais tout de même très accessibles. Mais, comme d'habitude, nous sommes les moutons noirs des jeux vidéos et nous avons loupé une plétore d'excellent titres (Baroque, où es-tu ?), avec quelquefois, des absurdités incompréhensibles (Suikoden III, Wild Arms 2, Parasite Eve,...). C'est donc par le 5ième opus que la série foule du pied notre belle contrée (4 épisodes sur PS1, puis un sur Wonderswam, tous sortis uniquement au Japon, et aux States dans une compilation).

LES JUMEAUX MAUDITS

Vous ne contrôlez pas un, mais bien deux personnages principaux dans cette aventure. Kharg est un humain possédant une marque étrange sur la main. Grand guerrier d'un village et prince, ce dernier tente de défendre son royaume de l'invasion d'autres hommes. Ces derniers, militaires, semblent chercher des pierres magiques afin d'assouvir leur désir de pouvoir. Darc, quant à lui, est un Deimos, une sorte de croisement entre humain et dragon. Pourvu d'ailes, il est, avec sa race, un vilain petit canard. Souvent dans une procédure esclavagique, ces créatures tentent de se soulever contre les hommes qui les avilissent sans vergogne.

Bref, vous l'aurez compris, les deux personnages sont intimement liés, et sont, en fait, deux frères jumeaux. Mais, étant donné que les deux races sont ennemies, la cohabitation future que l'on devine facilement risque d'être compliquée. Pourtant, les deimos ne sont pas les véritables adversaires des humains, mais bien ces militaires qui investissent peu à peu les territoires disséminés sur la planète.

Les déplacements possibles de vos unités sont symbolisés par cette étendue bleutée.

D'ailleurs, dès la séquence d'introduction, on peut apercevoir une ville en flammes et deux enfants abandonnés par une humaine et un deimos. Ces images tragiques reviennent souvent dans l'esprit de Kharg (l'homme), à la faveur de la nuit et de rêves agités. Et, sans trop savoir pourquoi, il reste persuadé que cette marque qu'il arbore bien malgré lui est étroitement liée aux cauchemars qui hantent ses nuitées incontrôlées et haletantes.

 

SE BATTRE OU...SE BATTRE

Les combats sont en première ligne dans ce jeu .En effet, les différentes phases que vous contrôlerez ne seront que des promenades en ville, et principalement des affrontements sur une carte. Il vous faudra déplacer vos personnages dans des décors et frapper les adversaires présents en vous en approchant ou en se placant stratégiquement. Un peu comme un tactical-rpg classique, donc...sauf que là, les déplacements de vos unités ne se font pas par case, mais par zone. Comprenez que chaque protagoniste se déplacera comme dans un jeu de rôle en temps réel, mais pourra entrer dans l'action qu'au tour par tour.

Les graphismes sont plutôt réussis. Et Darc a une de ces classes...

Et la dimension stratégique se résumera à des frappes dans le dos, histoire de diminuer les chances d'esquive des ennemis (mais aussi les vôtres). Car vos unités ne peuvent que taper au corps à corps, ou lancer des projectiles de loin. La magie est présente, bien sûr, mais ce n'est qu'une multitude de coups d'armes (souvent débloquable que près des adversaires). De plus, et c'est tout de même un comble, les protagonistes ne sont maniables qu'avec le stick analogique, ce qui ampute le jeu d'une grande jouabilité. En effet, il est difficile ainsi de viser un rival (surtout avec une atttaque de longue portée), car lorsque votre unité est contre un élément du décor, elle ne veut plus bouger, même s'il s'agit simplement de lui faire faire volte-face. Et encore, il faut maintenir le stick dans la bonne direction tout en appuyant sur le bouton d'action...pas très malin tout cela.

Autre point noir du jeu, et non des moindres, les affrontements sont d'une molesse jamais égalée. Chaque protagoniste prendra son temps pour se déplacer, sachant que, par exemple, il ne peut pas tourner sur lui même en marchant. Il doit tourner sur place avant de s'approcher d'un adversaire. De plus, vous aurez l'impression que le jeu réfléchi entre chaque déplacement d'unité. Bref, on s'ennuit ferme durant ces affontements, et ils sont au centre du soft.

 

TU VEUX DU MATOS ?

Dans les villes et villages rencontrés, vous pouvez acheter des armes et autres items d'armures ou de guérison. Tous ces objets peuvent également être ramassés lors des combats ou en récompense. Durant les affrontements, il vous faudra ramasser concrètement les items au sol, ce qui obligera l'un des personnages à se désengager du combat en cours. Cette technique coupe complètement l'action qui est déjà bien lourde...

La carte est simpliste et pratique, mais peu détaillée. Les déplacements se font automatiquement.

Dans ces objets, vous trouverez de l'argent, mais aussi des jemmes bleutées qui vous donneront des points d'expérience à la fin du combat, à distribuer dans des compétences propres à chacun (des coups spéciaux, donc). De plus, vous pourrez adjoindre des éléments magiques aux armes et armures, ce qui leur donnera quelques caractéristiques spécifiques comme une meilleure attaque ou défense. Le soucis est que ces items sont peu étoffés, et n'augmentent pas dans leurs niveaux. Donc, il s'agira des mêmes items, et ils augmenteront toujours de la même manière vos atours. Un réel manque de variété dans ce cas...

 

UNE CATASTROPHE ANNONCEE ?

Mais il n'y a pas que des points négatifs dans cette production, car les graphismes sont plutôt jolis. Les personnages sont haut en couleur, et leur apparence est très classe (à part Kharg, bien trop classique). La palme de la "classitude" revient, sans contestation, à Darc, le Deimos. Je le compare facilement à Alucard (Castlevania, Symphony of the Night), avec une démarche cool, une crédulité proche de la bétise humaine et un sang-froid à toute épreuve. De plus, sa condition d'esclave maltraité lui donne une certaine sympathie. Et puis, un homme-dragon, ça le fait... Les scènes cinématiques sont faites avec le moteur du jeu, est sont de toute beauté, avec une mise en scène bien foutue. On se prend au jeu des acteurs, tous doublés en français, avec peut-être quelques erreurs d'écriture. Par contre, les décors sont un peu vides quelquefois, mais savent aussi nous épater les mirettes. Seuls quelques bugs peuvent subsister ici et là, mais ils sont relativement pauvres, donc rien de grave.

Les cinématiques sont souvent bien mises en scènes, et l'accent mise sur le tragique.

Les voix sont superbes, quoiqu'un peu surjouées, surtout pour les humains. Mais, cet effort de traduction française est vraiment un atout de taille pour un genre de jeu qui reste, en général, dans la langue de Shakespeare (tout juste des sous-titres dans le langage de Molière). Musicalement, on est loin des productions habituelles avec de la musique classique/symphonique/épique, mais on s'approche plutôt de rock/pop/disco. Et, grâce à l'ambiance très médiévalo-contemporaine, cela colle bien aux actions. Seul bémol, cette bande-son est peu variée, et les même musiques reviennent souvent. De plus, les voix lors des combats sont en anglais, et vos unités lançeront toujours les mêmes cris de victoire, ce qui aura pour conséquence de vous faire zapper ces interventions dans le menu audio. Sérieusement, cela deviendra très rapidement énervant...

Le scénario est intéressant, bien qu'assez conventionnel en fin de compte. Mais, les deux personnages principaux nous plongent totalement dans l'histoire. Et, même si l'on pourrait croire que ce découpage scénaristique serait un embroglio insoutenable, il n'en est rien, et les deux histoires, pourtant différentes, se rejoignent petit à petit de manière quasiment logique. Mais, force est de constater que l'histoire de Darc prendra le pas sur celle de Kharg (cette première étant plus tragique). Le jeu est long, avec des affrontements de plus en plus techniques au fil du temps. Et la difficulté assez simpliste du début, sera bien plus compliquée par la suite, avec des combats quasi-impossibles quelquefois.

Les quelques effets de lumière lors des coups spéciaux sont assez impressionants, sans tomber dans la surenchère.

La maniabilité est difficile à juger. En fait, les rixes sont peu jouables, tant les problèmes de visée sont absurdes. Surtout que ces combats sont très mous, voire ennuyeux pour la plupart. Heureusement, les ennemis évoluent rapidement, car les premières armes sont bien trop simples. Le bestiaire est plutôt limité, car les véritables rivaux sont des humains. Sans compter que la tactique sera remise dans son plus simple appareil, avec des stratégies primaires. Néanmoins, les déplacements sont souples et simples, jusqu'à ce que l'on veuille faire une action...

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Ce n'est pas un mauvais jeu, loin de là. Le scénario est intéressant, le jeu d'acteur plutôt sympathique, et la bande-son est de qualité avec des musiques très pop-rock et des voix en français. En plus, les graphismes sont de bonne qualité avec des personnages bien retranscrits (surtout les Deimos) et une mise en scène superbement bien écrite. Malheureusement, les affrontements, qui sont l'essence du jeu, sont d'une molesse sans nom et certaines réactions de vos protagonistes durant ces derniers sont plus qu'énervantes. Reste un jeu sympathique tout de même, qui saura attiser les passions des mordus de rpg légèrement tactiques. Surtout que cette ambiance mixée entre du médiéval et du contemporain est séduisante. Alors, si vous n'êtes pas trop regardant, ce sera une bonne expérience.

 

ESPRITS BENEFIQUES : graphismes jolis dans l'ensemble, voix en français, bande sonore décalée, scénario prenant, quelques personnages classes, une bonne mise en scène.

POLTERGHEIST : combats très mous, des problèmes de ciblage, quelques protagonistes stéréotypés, les voix durant les rixes.

 

Graphismes : 17/20.

Sons : 16/20.

Jouabiltié : 11/20.

Scénario : 16/20.

Durée de vie : 16/20.

 

Sentence

15/20

 

Machine : Playstation 2.

Genre : tactical-RPG.

Année : 2004.

Développeur : Cattle Call.

Editeur : Sony.

Difficulté : moyenne et progressive.

PEGI : 12 ans.

Qui se ressemble : Suikoden Tactics, La Pucelle Tactics, Worlds Eater, Disgaea,...et tant d'autres...