Salut les p'tits loubards friands d'univers oniriques et horrifiques ! C'est un fait, je n'aime pas les FPS, surtout que j'ai beaucoup de mal à me faire au gameplay très orienté action du genre... Bref, je suis mauvais... Et pourtant, j'adore la série des Elder's Scroll et autres Fallout, j'ai bien accroché à Dead Island (plus action celui-là), et j'apprécie même la série Bioshock... Alors, quand Bethesda nous propose un jeu en vue subjective dans l'univers de Lovecraft, mélant action, infiltration et enquête paranormale, je répond présent, de suite... Mais pourrais-je repartir de la ville inquiétante d'Insmouth ?

 

UNE VIREE EN ENFER

Tout commence un soir pluvieux et froid de 1915. Jack Walters, votre personnage, est appelé par la police qui investit une ancienne demeure aux mains d'un culte fanatique. En effet, des coups de feu ont été tirés avec, comme seule revendication, votre venue le plus rapidement possible. Sur place, avant que les pourparlers commencent, les coups de fusils pleuvent de nouveau sur la maréchaussée, et c'est avec appréhension que vous pénétrez dans la maison délabrée au possible. Après quelques investigations vite expédiées, vous discutez très brièvement avec l'un des occupants, le seul restant en vie apparemment, qui n'a que le temps de vous dire qu'il vous attendait avec une impatience très mal dissimulée, avant qu'il se prenne une balle en pleine tête, le tuant net...

Ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passe, vous décidez de continuer votre enquête tranquillement et découvrirez rapidement, dans une bibliothèque, un passage sous la maison qui vous conduit dans une sorte de cave lugubre jonchée de cadavres humains, mais aussi...un homme dépourvu de ses organes vitaux, accroché au mur mais semblant toujours en vie... En vous approchant de cette vision horrifique, vous remarquez que les organes sont tous dans des sortes de bocaux et fonctionnent à merveille... Et puis, il y a ce bouton étrange qui, lorsque vous appuyez dessus, envoi une décharge électrique sur le pauvre hère, et le tue, le libérant ainsi de ses probables souffrances physiques...

Si vous connaissez l'univers de Lovecraft, vous reconnaitrez cette créature...

Plus avant dans la cave, vous vous retrouvez dans une sorte de galerie vaguement étayée avec des poutres de bois qui semble vouloir s'effondrer d'un moment à l'autre. Elle vous conduit machinalement dans une autre pièce aux allures très extra-terrestre, avec un bassin au milieu et un interrupteur similaire au premier. Et, en déclenchant ce dernier, vous faîtes apparaître un portail et une créature gigantesquement effrayante... Puis, c'est le néant, la coma, la perte de conscience pure et simple. Vous réveillez quelques temps plus-tard, aidé de la police locale. Après un petit séjour en sanatorium, histoire de vous remettre de vos émotions, vous reprenez vos activités de détective, et êtes contacté par un étrange milliardaire.

 

BIENVENUE A INSMOUTH

Ce dernier est le propriétaire d'une chaîne d'épicerie, dont l'une est située dans le village de pécheurs d'Insmouth, perdu dans le Maryland, près de la ville d'Arkham, célèbre notamment pour sa bibliothèque ésotérique et son asile d'aliénés. Concernant votre mission, donc, il s'agit d'un collaborateur qui aurait disparu subitement, laissant ainsi le magasin fermé. Vous voilà donc mandaté pour retrouver le malheureux, malgré que vous ne vous occupez pas de ce genre d'affaire d'habitude, mais en cette période de vache maigre...

Vous arrivez donc à Insmouth, par le biais de l'autocar antique. Le chauffeur n'a pas l'air très causant et amical, et petite ville est d'un calme inquiétant. Les citadins semblent mus par la mélancolie, et même le centre ville reste quasiment paralysé. En descendant du bus et en approchant les quelques badauds curieux de voir un étranger chez eux, vous êtes tout de suite mis au parfum : on n'aime pas les nouvelles têtes ici. Pire, certains vous somment même de repartir de suite, car ce qu'il se passe ici ne vous regarde pas. Mais c'est mal vous connaître...

L'ambiance d'Insmouth est...comment dire...glauque à souhait... N'est-ce pas m'sieur !

Donc, voici une énigme pour le grand Jack Walters, perdu dans une ville minuscule et sale, à l'atmosphère très lourde, aux habitants silencieux et antipathiques au possible. D'ailleurs, concernant ces âmes, ils ont tous une certaine ressemblance, avec des faciès de crapaud et des yeux globuleux... Et puis, force est de constater qu'ils parlent tous un peu de la même manière, avec une sorte d'accent très primaire... Bizarre ça...

 

SI TU AS PEUR...

Le jeu nous plonge directement dans une ambiance très épouvante, en mélangeant allègrement les genres. La partie la plus importante sera l'enquête, car il vous faudra fouiner un peu partout, ouvrir des portes et des coffres, ramasser des preuves sur la disparition du gars là, disparition qui demeurera assez anecdotique d'ailleurs...et discuter avec quelques personnes qui ne sont pas patibulaires (oui, il reste quelques personnes un tant soit peu civilisées ici). Et rapidement, vous renouerez avec l'horreur, celle qui vous a surpris il y a quelques années déjà.

Donc, Dark Corners of the Earth nous demande d'enquéter, un peu comme dans le jeu de rôle éponyme (l'Appel de Cthulhu), mais il intègre quelques phases d'infiltration aussi. Il faudra, pour se faire, se faufiler derrière les gens qui font des rondes, par exemple, afin d'atteindre un endroit, une cachette et repartir au nez et à la barbe du "vigile"... Dis comme ça, ça paraît sympa, mais en fait, il suffit souvent de se baisser et de se cacher pour attendre le passage de l'ennemi, pour repasser dans son dos ensuite... Rien de palpitant là-dedans, et même, ça demande quelques instants d'attente quelquefois, qui seront relativement longs au fur et à mesure que l'histoire progresse.

Le jeu est traduit en français, et malgré quelques lourdeurs, ça reste compréhensible

Ensuite, sachez que votre enquête peut se révéler à rebours. Je m'explique... Souvent, vous devrez trouver des objets importants ou une cachette dans un temps limité, temps que vous ne voyez pas à l'écran. Bref, il faut inspecter et réfléchir rapidement, et ce n'est pas simple du tout... Car le stress inérant au titre est omniprésent...

Et puis, vue subjective oblige (et pas à la troisième personne, comme dit sur la jaquette), il y aura aussi des phases d'action sous deux formes différentes. Avec armes, il faudra se défendre contre les créatures du mythe de Cthulhu, des sortes de monstres et d'entités mystiques, mais aussi des abominations créées de toutes pièces par des sortes de dieux. Là, la difficulté reste que ces ennemis sont surpuissants et qu'il faudra moults coups pour les défaire, ce qui privilégiera la fuite ou la cachette... A vous de voir, mais préférez vous casser, vraiment... Et puis, quelquefois, vous serez démuni, sans armes, contre des adversaires qui sont armés, eux. Et là, pas de chichi, il faut fuir, le plus vite possible, et trouver en même temps de quoi ralentir vos poursuivants. A ce moment, le stress sera aussi de mise. Et comme le jeu est difficile, même au niveau le plus bas, l'écran "vous êtes mort" fera souvent son apparition, vous obligeant ainsi à refaire toute la scène. Bref, refaire une bonne dizaine de fois des actions scriptées, c'est un peu la loose...

 

...TU ES MORT...

Dans ce jeu, comme dans le jeu de rôle papier éponyme, tout se base essentiellement sur la santé mentale. En voyant des scènes d'horreur, bizarres, voire dérangeantes, votre vision de brouille, votre coeur s'accélère, vos mouvements sont de moins en moins rapides...bref, vous paniquez complètement, ce qui donnera plus de difficulté... Et le pire, c'est que cette accumulation de sensation de folie vous conduira directement vers l'asile d'Arkham, donc le game over. A vous de détourner les yeux des images choquantes, et de préparer des moments de calme.

Aucune interface à l'écran. Pour connaître votre état, il faut voir l'inventaire...

Heureusement, pour se soigner, Jack dispose de médicaments et autres fournitures. Outre des antalgiques morphiniques, il peut utiliser des bandages pour que ses plaies guérissent plus rapidement. Dans son inventaire, il y aura aussi son journal, les preuves trouvées sur l'affaire, mais aussi quelques livres sur le mythe de Cthulhu qui, si vous les lisez, vous donneront de précieuses informations, mais dégraderont aussi votre santé mentale... Oui, c'est là la base des romans de Lovecraft.

Concernant la santé mentale, les effets à long terme deviendront de plus en plus handicapants. Outre votre vision, vous pouvez perdre une partie de votre ouïe, entendre des voix qui n'existent pas, mais aussi des oscillements nerveux et des réactions bizarres de la manette, allant jusqu'au suicide, pur et simple, de Jack... Ouais, ça ne rigole pas chez les profonds...

 

UNE BEAUTE VOLEE ?

On peut dire de suite que le jeu ne brille pas vraiment par ses graphismes. Bon, c'est assez joli, mais les couleurs sont ternes, même si cela participe grandement à l'ambiance du décors. L'image garde une sorte de grain, un filtre qui, s'il fait son effet lors des cinématiques, devient gênant durant les phases de jeu. Et puis, en parlant des décors, ça reste très moyens tout ça, puisqu'on ne peut même pas voir ce qu'il est noté sur les affiches aux murs... Pour un jeu Playstation 2, ce sera joli, mais là, on est sur Xbox et PC... Ça reste léger tout ça, trop léger même. Heureusement, les protagonistes sont mieux lotis. Outre des faciès assez similaires, on reconnaît quelques détails sur les visages. L'animation, bien que perfectible quelquefois, reste assez naturelle. Seule la synchronisation labiale est très approximative, et ce n'est pas la traduction française qui en est la cause, puisque le jeu est doublé en anglais, et seulement sous-titré en français...Et pas de la meilleure manière en plus, bien que le tout reste compréhensible. Et je ne parlerais pas de l'obscurité du jeu. Je sais, l'ambiance veut que le jeu soit bien ténébreux, mais quand on est obligé de pousser la luminosité du téléviseur pour pouvoir voir quelque chose, et ce malgré que les gamma optionnels soient au maximum, c'est pousser le bouchon un peu loin (hein Maurice).

Outre l'épouvante, le jeu n'est pas exempt de gore... Et c'est tant mieux...

Niveau gameplay, ça répond bien, un peu trop même. Pour intéragir, même verbalement, avec un élément du décors ou un personnage, il faut être bien devant, sinon... Alors, quand il faut fermer des loquets de porte et que, en interagissant avec ces derniers, vous ouvrez la porte, ça devient vite frustrant. Heureusement que, avec un temps d'adaptation et une précision accrue de la manette, on s'y fait au final... Mais ça engendrera quelques écrans de fin de partie énervants... Et puis, quand on a l'habitude des jeux de type Fallout ou Oblivion, certaines touches ne sont pas les plus judicieuses. Par exemple, après avoir joué à Dead Island, je fouille l'environnement avec la touche X, mais...du coup, Jack saute sur place...

Musicalement...Et bien, comment dire, c'est très discret... C'est même presque inexistant, car, même s'il y en a pas mal, elles se fondent complètement dans l'ambiance sonore générale. Quant à cette dernière, c'est bien elle qui fait tout le boulot. Cris lointains, vent soudain, bruits de pas ou de découpage de membres, chuchotements furtifs et mystérieux... Tout est fait pour vous faire flipper et vous rendre paranoïaque. Et croyez-moi, ça marche bien...très bien même... Vous stressez au moindre murmure, au moindre bruit suspect. Et on peut aussi souligner la mise en scène magistrale qui, sans rivaliser avec les grands films du genre, saura vous tenir en haleine et vous donner un sentiment de panique permanent. Seul gros bémol, les cinématiques ne sont pas passables, et ce, même si vous les avez déjà vu... Sans parler du temps de chargement initial, qui dure plus de deux minutes... Et survient, quelquefois, entre deux endroits de la ville... Ça casse le rythme... Fort heureusement, il y a une sauvegarde automatique à ce moment là, et on nous explique l'univers Lovecraftien durant ces moments de pause forcée. De plus, on peut enregistrer sa partie manuellement, en trouvant des symbôles d'oeil...

Je ne vous cache pas que la folie vous guettera à chaque coins de la terre...et pas que vidéoludiquement d'ailleurs...

Tout comme l'ambiance, le scénario est bien ficelé, bien que très conventionnel pour qui aime l'univers de Cthulhu. Et puis, la durée de vie est conséquente, bien que surtout due à la difficulté générale du titre.

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Call of Cthulhu : Dark Corners of the Earth, c'est un peu le pot pourri des jeux d'enquête/infiltration/action. On y trouve un peu de tout, mis à part du RPG. De la peur primale, du stress, des créatures horrifiques, de la mythologie... Bref, tout le nécessaire pour nous faire flipper. Et ça marche assez bien, pour qui saura passer outre la difficulté et les côtés un peu "die and retry" de certaines scènes. On aurait apprécié de meilleurs graphismes, c'est vrai, mais ça reste correct dans l'ensemble. Et puis, tout comme le premier Silent Hill, c'est l'ambiance épouvantable qui se dégage du titre qui prime, non ? Malheureusement pour vous, le titre reste assez rare de nos jours... Pas bien cher dans les magasins d'occasion du genre Easy Cash, il prend une sacrée côte dans les magasins spécialisés et sur le net...

 

Grand Ancien : histoire accrocheuse, pot pourri des genres, de la flippe comme on aime, bien scénarisé, aucune interface à l'écran, traduit en français...

Serviteurs inférieurs : ...mais pas vraiment bien fait, difficulté parfois rebutante et stupide, graphismes très sombres et peu lisibles, ferme ta gueule Jack !

 

Graphismes : 14/20

Sons : 18/20

Maniabilité : 15/20

Scénario : 19/20

Durée de vie : 16/20

Sentence

15/20

 

Genre : survival-horror/infiltration.

Machines : Xbox, PC.

Sortie : 28/10/2005.

Développeurs : Bethesda/2K Games.

Editeurs : Chaosium/Microsoft/Headfirst.

Difficulté : Dieu, venez à mon aide !

PEGI : 18 +...au moins...

Langues : voix en anglais, mais textes en français.

Prix : 5 euros au minimum, mais peut excéder les 60 € sur certains sites (mais là, c'est exagéré).

Qui se ressemble : Dark Project (sur la même machine), Thief (Xbox 360, PS3, PC).

Ah, oui, le jeu était initialement prévu sur PS2 aussi, mais il fut annulé, du moins en Europe, car j'ai pu voir des jaquettes américaines sur cette machine...