Que le bonjour vous soit profitable jeunes loubards du mois férié... Voilà, il fallait bien que ça arrive, on a publié un écrit de ma composition dans un recueil nommé "La Tolérance", et je ne suis pas peu fier...(ouais, je me la pète grave, j'ai les chevilles qui ne rentrent plus dans mes Kindy). Donc, voici la bête, dans toute son horreur...

 

 

Si Différend

 

Et si je saute par cette grande fenêtre ouverte, maintenant, devant tout le monde, par ce bel après-midi de printemps ? Cela fera-t'il une si grande différence ? Regrettera-t'on cet énième adolescent qui, poussé par je ne sais quelle addiction vidéo-ludique, n'aura fait que répondre à une soudaine impulsion respectueuse envers ses camarades ? Je les entend d'ici, marmonner, se lever, se précipiter vers ce trou béant d'un bleu éclatant, pour voir ce qu'il se passe véritablement. Mais la vraie question n'est pas s'il faut le faire ou non. C'est plutôt : manquerais-je à quelqu'un ? Ai-je le droit de soutirer une part de bonheur à mon entourage afin de desservir mes instincts vils et peu compréhensibles par l'opinion publique ? Est-ce si honteux d'avoir à ce point autant de différences par rapport à la masse populaire et de ne pas suivre comme un mouton ce que la plupart pense et fait ? C'est vrai, je ne suis pas un citoyen de ce pays...enfin, pas encore, mais comme toute personne valide, intellectuellement active, je pense. Sans doute bien trop même.

Pourtant, lorsque je m'entend parler devant tous ces visages étrangers, fermés, simples et inexpressifs, apeurés parfois, je tente toujours de partager le plus d'informations possibles avec eux. Mais est-ce moi qui communique avec difficulté ? Je me comprend facilement pourtant, et si je suis en mesure de me comprendre, tout le monde devrais faire l'effort de comprendre aussi. Après-tout, ce ne serait que justice de se plier à mon comportement, qui n'est pas si différend des autres...du moins pour ma part. On me traite de pestiféré, de bon à rien, d'inutile, de marginal, mais est-ce moi qui suis hors des rails imposés par la Société si propret soit-elle ? N'est-ce pas plutôt le Monde qui m'entoure qui devrait se plier à mon bien-être ? Ou alors, ne dois-je pas plutôt créer un nouveau Monde, afin d'y accueillir d'autres personnes comme moi, ayant un physique, une pensée, ou un comportement singulier, des personnes avec qui je peux ériger des liens de fraternité ? Je me sentirais moins seul, c'est sûr. Mais à penser comme cela, je deviens moi-même marginal. Mais s'il faut en passer par là pour gagner quelque respect de la part de mes pairs, je m’exécute tout de suite.

 

Quelquefois, il me tarde de rejoindre les étoiles qui brillent au-dessus de ma tête. Si je ne les vois pas, je sais qu'elles sont tout de même là, à m'attendre, à m'appeler, à crier mon nom. Seules ces corps célestes peuvent avoir ce sentiment d'entraide qui me fait toujours défaut. Bof, après-tout, l'ennui gagne toute la classe, et je n'ai rien d'autre à l'esprit, alors, autant bondir de ma chaise, arpenter rapidement la salle en renversant la table et faire ce grand saut qui m'attire telle l'attraction de deux pôles opposés. D'ailleurs, je vois cette magnifique couleur azurée qui m'enveloppe déjà, et m'emporte vers un tourbillon vert et gris. Et j'ai beau rassembler toutes mes forces et leur ordonner toutes les meilleures résistances qu'elles peuvent objecter, je sens un souffle d'air pur et tiède sur ma nuque, mes bras, mes jambes. Je les sens aussi, ces yeux avides de sensations, bien trop hébétés par les discours conditionnés, se pencher enfin vers moi, celui qui n'est jamais là. Cette fois, je le sais, j'ai finalement une certaine valeur pour eux. Mais elle disparaît avec ce mal de crâne soudain et inaliénable...tout disparaît...à part les quelques lignes que tout le monde lira demain, mais oubliera vite par la suite...