Salut les p'tits loubards ! Vous pensez sérieusement qu'un jeu réussi doit forcément passer par la case marketing et ventes satisfaisantes ? Que seuls les plus méritants techniquement ou scénaristiquement seront labélisés Platinum ou autres séries plébiscitées par la presse et les éditeurs ? Que nenni, car voici bien un jeu d'exception qui, par le plus grand des malheurs (et l'histoire se répètera en plus), n'eut pas le succès escompté et mérité... Bienvenu dans le monde de Beyond Good and Evil...

 

REPORTER SANS FRONTIERES

Vous incarnez la jeune et très jolie Jade, passionnée de photographie et reporter amateur. En plus de son activité très peu lucrative, elle s'occupe d'un orphelinat isolé, dont les comptes bancaires au rouge vermillon l'obligent à se passer d'éléctricité. Pour se faire un peu d'argent, et après avoir été contactée par une scientifique bien sympathique, Jade doit prendre en photo la faune de la planète Hyllis (c'est là où vous vivez), ce qui, heureusement, recrédite quelque peu le compte à chiffres de la belle.

Heureusement ? Oui, car, par la suite, une attaque soudaine et incompréhensible s'abat sur la planète. De plus, les envahisseurs, des Domz, s'en prennent directement au phare (l'orphelinat) en enlevant un à un les enfants qui y habitent. Le hasard fait que Jade, aidée de son oncle Pey'j (un humanoïde à tête de porc), pratique aussi un art martial au bâton qui lui permet de repousser l'attaque, mais n'empêche pas la destruction de l'habitat.

Jade devra se battre comme une furie contre les Domz, envahisseurs de la planète Hyllis

Ensuite, un mystérieux commanditaire, monsieur de Castellac, contacte notre héroïne pour lui proposer une mission quelque peu bizarre : prendre une créature rare en photo. Contre l'avis de son oncle, Jade s'y rendra tout de même et s'aperçevra que le monstre est en fait un Domz, créature qui peut entrer dans l'esprit de ses victimes.

 

Y'A PAS DE PLAN B

En fin de compte, Jade découvrira que le mystérieux Castellac n'est pas un commanditaire comme les autres. Ce serait un contact pour la rebellion contre le gouvernement en place sur Hyllis. Il lui donne rendez-vous en ville, à l'Akuda Bar, où elle dévouvrira un minuscule quartier général caché, abritant des agents doubles et des espions. Elle y apprend également que les agents à la solde du gouvernement militaire, les sections alpha, ne sont pas ce qu'elles prétendent être. Vu son formidable don pour la photographie, et son sens aîgue du combat au corps à corps, Jade sera l'agent spécial rêvé pour mener à bien les missions à venir, à savoir faire connaître aux habitants la réelle envergure du gouvernement. Elle prendra donc des photos, et bidouillera ensuite des articles qui seront distribués via un marché noir à toute la population. D'ailleurs, au fil du jeu, on verra la vox populi se soulever petit à petit...

Pour visiter le monde d'Hyllis, prenez l'hovercraft, car tout est batti sur de l'eau

Le jeu nous propose ici un scénario assez complexe et bien ficelé, il faut le dire. Les phases de jeu sont rythmées et ne lassent absolument pas. Vous aurez le droit à de l'aventure/action, base élémentaire du gameplay. Mais, en se baladant dans les différents quartier de la ville, vous devrez vous faufiler à la manière d'un Solid Snake, sans vous faire voir (et ça ne marchera pas), et en éliminant discrètement les ennemis (en envoyant un disque holographique dans le réservoir d'air que les sections alpha ont dans le dos, seul talon d'Achille de ces unités). Sachez juste que, lorsqu'une unité est touchée, s'il y a un collègue à proximité, il se dépêchera de lui porter secours (car il est avéré que les bouteilles ont des défauts). De l'infiltration, oui, mais de la stratégie aussi...

Vous pouvez suivre le scénario bien gentiment, ou faire quelques activités annexes comme des courses sur l'eau (assez simples qui plus est), ou la chasse aux pirates (des courses poursuites scriptées et diablement difficiles pour le dernier niveau). N'oublions pas la possibilité d'up-grader votre véhicule qui crachote péniblement, du shoot'em up pour infiltrer les différentes bases, et la collection de photos, toujours d'actualité. Tout ceci vous donne droit à des perles qui, une fois amassées et classées, et selon un certain nombre, vous donne droit à des bonus supplémentaires pour l'hovercraft (le véhicule), à acheter dans le garage (également espion d'ailleurs).

Lors de vos investigations journalistiques, vous devrez prendre le parti de l'infiltration

Afin d'augmenter vos capacités, vous pouvez trouver des AP1, qui vous donnent des coeurs supplémentaires (vos points de vie). Mais, comme vous travaillerez rapidement en binome (avec l'agent Double H, un benêt bien sympathique), vous aurez la lourde tâche de choisir qui bénéficiera des upgrade de vie. Heureusement, il y en a pas mal, mais ils sont souvent cachés. Pour redonner de la vie, vous achèterez (ou dénicherez) de la nourriture dans des terminaux de vente à distance. La sauvegarde se fait également à des endroits stratégiques, dans des bornes.

 

T'ES PAS TOUTE SEULE

Bien vite, il s'avèrera que Pey'j n'est pas vraiment ce qu'il prétend être...mais je ne dévoilerais pas plus d'informations... Et d'autres protagonistes viendront vous prêter main forte.

 

Secundo est votre assistant virtuel, avec une voix énervante et un accent italien presqu'aussi casse-pied qu'il sonne faux. Il peut également intéragir avec les systèmes informatiques.

Nino diffusera vos articles via le marché noir.

Meï, la femme-chat, vous aidera à rédiger les articles, à les mettre en forme, et à les diffuser.

Pey'j, enfin, sera bien plus important qu'il n'y paraît, et constituera un but ultime pour le gouvernement...oups, j'en ai trop dit...

Il y aura d'autres personnages, comme le vendeur chinois (un chat, sigh) qui vous proposera, moyennant quelques perles bien précieuses, des up-grades pour Jade (des coeurs, des appareils pour trouver plus d'argent ou des créatures à photographier). Il proposera aussi aux autres acheteurs votre journal clandestin (le filou).

 

LE PANACHE A LA FRANCAISE

Oui, vous avez bien lu, le jeu est français ! Imaginé par le brillant Michel Ancel (Rayman, quand-même), jamais un jeu nous proposait autant de gameplay différents. Outre l'action/aventure qui nous proposent beaucoup de jeux de plate-formes comme Jak and Daxter et Ratchet and Clank, on y cotoie de l'infiltration, de la course arcade, du shoot, de l'exploration...de la tactique aussi, quelquefois...

Double H sera un sacré boulet au début, mais s'avèrera indispensable par la suite

Si les graphismes ne sont pas au top niveau du genre, la faute notamment à une modélisation à la truelle des peronnages, les décors sont, quant à eux, plutôt chatoyant, avec de belles couleurs irrisées et un affichage lointain largement satisfaisant. Par contre, les ennemis ont tendances à faire du clipping (ce qui est un comble, c'est en général l'apanage des décors ça), surtout lors des phases de courses poursuites (la pauvre Playstation 2 crache ses tripes là). Côté cohérence du monde, c'est parfait, on se croirait dans une vraie ville futuriste, proche de celle d'Omikron (Nomad Soul). Pas vraiment futuriste, voire un peu reculée technologiquement, du moins en apparence, le mélange passé/science-fiction fonctionne à merveille, et on pourrait presque en faire un long-métrage tant l'univers reste crédible.

Côté animation, c'est un peu hâché, c'est vrai, mais quand on voit que même les pnj en arrière plan propose quelques patterns de mouvements que l'on remarque à peine, on se dit que le travail n'a pas été bâclé. Mais, le vrai soucis vient de la caméré lors des phases d'exploration, et surtout d'infiltration. Souvent en retrait, elle bouge toute seule, ne permettant pas de voir toujours l'action ou le danger. Du coup, il n'est pas rare de devoir battre en retraite parce-qu'on n'a pas vu l'ennemi devant nous. D'ailleurs, ces ennemis peuvent nous voir à travers les murs quelquefois, et c'est énervant, tout comme dans un Fallout 3 ou Oblivion. De plus, lorsque vous êtes repérée, et après inspection de la zone, les sections alpha déploient un faisceau laser qui balaye une large section du niveau, et vous tue de suite s'il vous "touchaille" le moindre poil de l'avant-bras...fuyez donc ! Malgré ces quelques soucis innérants au genre, le jeu reste largement jouable. Néanmoins, il ya certaines phases qui seront assez compliquées, mais pas insurmontables.

En touchant le réservoir des sections alpha, ils seront totalement inopérationnels

Les commandes sont simples, intuitives, malgré la lenteur exaspérante de l'appareil photo. Lorsque les créatures à immortalisées sont rapides (comme celle qui fait des bulles), cela devient un vrai calvaire de les prendre, et on risque fortement d'abandonner...surtout que pas mal d'entre elles sont cachées ou n'apparaissent pas facilement...mais la chasse reste très plaisante. Et puis, la caméra qui reste bloquée par un mur... Les combos lors des affrontements sont faciles d'accès, même si, par la suite, on reproduira des combinaisons similaires, par pure fénéantise... Et les idées de gameplay, qui consistent, par exemple, à vaincre des boss en utilisant intelligement les disques holographiques et les coups de bâton sont tout bonnement géniales.

La bande-son est très sympathique aussi, avec des musiques oscillant entre le symphonique et la sicence-fiction. Ajoutez des voix digitalisées de première qualité, un jeu d'acteur digne d'une très bonne série télévisée (Emma de Caunes en Jade), et vous obtiendrez de la qualité chauvine sans discussion. Seules les alarmes lors des attaques Domz sont crispantes à souhait.

L'interface est claire, précise, et ne gâche pas l'écran de jeu

Mais le vrai point noir du soft reste sa durée de vie. Comptez une quinzaine d'heures, au maximum. Vous me direz, ce n'est pas mal pour un jeu d'action/aventure, mais c'est tellement intéressant que l'on aurait aimé plus de temps dans le monde d'Hyllis. Reste que le jeu possède une petite rejouabilité pas dégueulasse, ne serait-ce que pour la chasse à la faune, et le jeu du palet dans le bar (qui vous donnera droit à deux perles, si vous battez par deux fois Francis).

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Bon, voilà de quoi se dire que le jeu est une bombe qui a dû remplir les caisses de l'éditeur... Et bien non, ce fut un échec commercial, malgré tous les atouts qu'il possède, de bonnes critiques de la presse et des récompenses nombreuses, notamment "meilleurs graphismes", "meilleure innovation" et "jeu de l'année". Pourtant, les quelques tares ne réussissent pas à ternir le tableau, et les idées de gameplay, de scénario, de jeu, sont tellement bonnes, que le jeu devient bien trop court. A conserver précieusement, à côté d'un Okami, d'un God Hand ou d'un Arc The Lad, et à ressortir de temps en temps, histoire de le faire participer à nos conversations au coin du feu, les soirs d'hiver glacial, pour alimenter la thèse de l'utopie impossible...

Photo d'art : graphismes jolis, univers cohérent, personnages attachants, scénario excellent, divers gameplay, des quêtes annexes sympathiques, bande sonore de qualité, Jade est trop mimi...

Flou pas artistique : caméra à la traîne, quelques phases difficiles, trop court.

 

Graphismes : 16/20

Sons : 18/20

Jouabilité : 15/20

Scénario : 19/20

Durée de vie : 12/20

Sentence

16/20

 

Machines : Playstation 2, Gamecube, Xbox, PC

Genres : action/aventure/infiltration/course

Dévellopeur : Ubi-Soft

Editeur : Ubi-Soft

Sortie : 14 novembre 2003

PEGI : 7+

Difficulté : bof, pas vraiment

Prix : moins de 10 euros, c'est sûr

Qui se ressemble : Okami (PS2, Wii), Psychonauts (PS2, Xbox, PC)

 

Secrets

- 271.000 exemplaires furent vendus, ce qui est un échec commercial. En cause, la déferlante de jeu du même type lors de cette fin d'année.

- Michel Ancel a eu l'idée de BGE lors du développement de Rayman The Great Escape, en 1999.

- Depuis quelques années maintenant, on nous parle d'un hyppothétique BGE 2, mais les informations se distillent au compte goutte, et on ne sait pas grand-chose quant à l'avancement réel du projet. Initialement, il devait sortir sur PS3 et Xbox 360, après la réédition du premier opus en HD sur les plate-formes en ligne. On espère encore...