Les animaux de compagnie, c'est mignon... Une petite boule de poils toute douce, un ami qui ne cherche jamais à nous extorquer de l'argent, une machine à calins infatigable qui ne demande qu'une chose : quelques caresses, de l'attention et un peu de bouffe aussi. Mais, les petits chiens et les petits chats, c'est dépassé maintenant. Place à une toute nouvelle génération de copain à quatre pattes...

 

LES PETITES BETES, ON AIME

Voici Genron, un laboratoire où sont concoctés ces nouveaux animaux destinés à faire la joie des petits n'enfants insouciants. Et la recette est simple, il suffit de fusionner deux bébettes pour n'en former plus qu'une. Imaginez le chat qui vous rapporte vos pantoufles le soir en rentrant du travail, harrassé, courbaturé, affamé...ou bien le chien qui ne demandera plus de sortir trois fois par jour, dans le froid du matin brumeux et sous la pluie crépusculaire, mais qui fera ses besoins bien sagement dans la litière du salon. Si ça, ce n'est pas du progrès...

Mais les idées sont courtes à Genron, ils n'y ont même pas pensé. A la place, ils préfèrent faire des expériences idiotes avec des fouines et des lapins. Bon, je peux aisément trouver un lapinou tout mimi et tout doux (un peu comme les poneys), mais une fouine...ça pue, c'est bête comme un homme politique de droite, et impossible de lui faire faire quelques tours...enfin, chacun son truc...

Voici le genre d'ennemi que vous rencontrerez le plus souvent

Bref, c'est la dernière lubie des ingénieurs de la société. Mais malheureusement pour eux, les deux derniers échantillons se sont carapatés hors de la cage qui les gardait prisonniers. Nous voici donc en présence de Spanx (la fouine idiote) et Redmond (le lapin intello). Mais, réprimez ce sourrire narquois et satisfait que vous commencez à faire apparaître sur votre visage, car vous ne jouerez que l'un des personnage, et ce ne sera pas le lapin...enfin pas tout à fait.

En fait, vous dirigez la fouine dans des niveaux, qui trainnera lamentablement le rongeur blanc et mignon comme tout au bout d'une chaîne de métal. Et si vous pensez qu'il ne vous sera d'aucune utilité, vous vous trompez lourdement...

 

LA FOUINE SADIQUE

Car l'excellent Redmond va vous servir d'arme durant tout le jeu. En effet, pour vous défendre contre les dizaines d'ennemis, il faudra frapper avec sa tête (ça ne s'invente pas ça). Là où d'autres jeux d'action/plates-formes comme Ratchet et Clank ou Jak and Daxter vous octroie un acolyte utile et sympathique, que vous tenterez de protéger par tous les moyens, ici, il faudra lui faire des têtes au carré maintes fois. Et croyez moi, il ne restera pas de marbre longtemps le bouffeur de carottes.

Vu comme ça, il n'a pas l'air très fin, mais croyez-moi, Redmond a beaucoup d'esprit

Outre la pléthore d'adversaires à terrasser, votre compagnon d'infortune aura d'autres utilités, toutes aussi sadiques les unes que les autres. Vous pourrez, entre autres, y mettre le feu, l'enduire de chocolat, le geler, l'éléctrocuter, ou le jeter dans des engrenages afin de faire sauter le verrou d'une porte close. Le pauvre, il va souffrir... Tous les prétextes seront bons pour le faire hurler de douleur, et il ne s'en privera pas. Mais c'est aussi le seul moyen de progresser dans l'aventure et de sortir de cet enfer d'éprouvettes et de machines en tous genres.

Car, votre but n'est pas seulement de vous sauver, mais aussi de libérer (autant se faire que peut) tous les autres animaux prisonniers (singes, hamsters,...). En un mot, il faut foutre un sacré bordel la dedans. Certains éléments du décor sont déstructibles, et ne vous privez pas de cette joie, car tout dégât occasionnera des dépenses pour la société, symbolisées par un score en bas de l'écran.

 

UN PEU D'EXPERIENCE ?

En éliminant les gardes ou les scientifiques, vous pourrez ramassez aléatoirement des poches de nourriture qui augmenteront votre jauge de points d'expérience. Une fois remplie, cette dernière vous octroiera des points de vie supplémentaires, mais aussi plus de force dans vos coups et des combos plus élaborés...à vous de faire votre choix.

C'est dans ce genre d'appareil que Redmond change d'état...avec quelques insultes en prime

Si Spanx peut aggrémenter ses capacités de la sorte, Redmond n'est pas en reste, car il gagne également des compétences de la même manière. Notamment, une meilleure résistance dans les engrenages (où une petite QTE toute simplette fera son apparition), mais surtout la possibilité de déclencher une furie, en frappant les décors et les ennemis continuellement. A ce moment, Redmond devient totalement fou, et tourbillone sur lui-même durant quelques secondes, défonçant ainsi tout sur son passage. Un jeu très intelligent donc...quoique...

Certaines cinématiques sont très...comiques, au vu de la situation

Car, il ne suffira pas de tout exploser pour avancer dans le scénario. Il faudra aussi trouver des moyens détournés pour rejoindre le but de chaque niveau, et ce avec la complicité (imposée) du lapin pas crétin du tout (par contre la fouine...). Son quotidien sera désormais de se faire gonfler à l'hélium pour atteindre des hauteurs, de se faire enduire de chocolat pour attirer un garde un peu trop gourmand, ou bien de se prendre la tronche dans des prises éléctriques pendant du plafond afin de s'en servir comme d'un balancier. Quelquefois aussi, il faudra suivre une nuée de mouches robotisées pour les amener vers un point précis, ce qui déclenchera généralement des appareils éléctriques (un peu idiot comme procédé, elles savent où aller puisqu'on les suit).

 

SANS TOI, JE ME MORFOND

Bon, on est bien en présence d'un jeu d'action/plates-formes conventionnel, avec deux animaux à diriger dans des environnements déjà vus auparavant. Mais, il faut savoir que si la fouine est muette (elle pousse tout de même quelques cris de temps à autres), le lapin, quant à lui, ne restera pas longtemps sans se plaindre de sa condition, ô combien difficile. Que ce soit en l'envoyant contre les adversaires ou les murs, ou bien en le plongeant dans des mécanismes et des machines changeant son état, Redmond lâchera des phrases au sens comique très prononcé. Et je dois dire que l'humour y est omniprésent, comme lorsqu'il est enduit de chocolat et qu'il s'écrit : "mais tu m'as pris pour un lapin de Paques ou quoi ?" Mais ce qui force quand même l'admiration, c'est que pour chaque situation, il existe plusieurs commentaires du genre, avec toujours une touche cynique qui ponctuera l'effet comique de la situation.

Malgré la haine du lapin envers son tortionnaire, le duo fonctionne bien

Et si vous connaissez des jeux qui proposent les mêmes attributs (des phrases plein de sens comique), vous saurez que ces dernières peuvent tuer l'humour mis en avant. Comme on le dit souvent, trop d'humour tue l'humour. Et bien pas là, car ces fameuses maximes ne se déclenchent pas systématiquement, mais seulement de temps en temps (et c'est totalement aléatoire), ce qui provoque souvent la petite surprise, et le sourire sur nos visages emplis de haine et de déstruction (oui, souvenez-vous qu'il faut tout casser).

 

SPLASH, IN YOUR FACE

Je dois dire que la mode est au duo en ce moment, et depuis un bout de temps même. Ici, cela marche à merveille, tant les deux personnages sont opposés. Mais alors, utiliser un lapin plein d'esprit et plutôt intelligent comme arme, c'est proche du génie... Les vannes sont toutes bien marrantes, et ne se déclenchent pas à tout bout de champ, et c'est aussi une excellente idée de ne pas nous gaver d'humour. D'ailleurs, en parlant de voix, les protagonistes secondaires sont bien moins mis en avant. Les dialogues sont assez plats et pas très bien joués (à part l'ordinateur qui vous aide). A croire que les développeurs ont voulus mettre les deux héros en avant...mais là, ça fait un peu trop quand-même.

Les décors sont assez pauvres en textures et en diversités, mais les couleurs sont bien choisies. Seul soucis, les environnements sont bien trop similaires, et on a l'impression de faire et refaire sans cesse les mêmes niveaux. Heureusement que les ennemis sont un peu plus variés (même si on rencontre principalement des scientifiques et des gardes). Par contre, le fait de ne pas pouvoir les tuer, mais seulement les assommer peut devenir assez lourd dans certains passages. En effet, revenir sur ces pas et devoir retabasser les mêmes ennemis, ça peut fatiguer...mais il y a une astuce qui peut être sympathique, car en se relevant, certains de ces adversaires redistribueront des sachets de nourriture (vous savez, ceux qui donnent des points d'xp) une fois de nouveau à terre. Seuls les deux trublions ont bénéficiés d'un soin tout particulier, que ce soit au niveau du design que des animations fluides et bien détaillées. D'ailleurs, notre ami Spanx peut s'accrocher à des rambardes au plafond, et courir ventre à terre sur des tiges de métal étroites. Plutôt cool... A savoir quand-même que certains agencements de salles sont vraiment bien foutus, et on se creuse la tête pour comprendre la tactique qui nous fera nous échapper.

J'en connais un qui va vite s'abonner à Cuir et Bondage...

Côté ambiance, on peut dire que c'est une réussite d'estime. Si la musique est correcte et suit bien l'action, elle se fait un peu trop discrète toutefois. Le vrai bémol réside dans les scènes cinématiques, qui semblent être montée à la chaîne, sans génie. Bon, je veux bien concevoir que tout ceci est fait pour mettre en avant le côté ridicule de la situation et du personnel de chez Genron, mais il y a peut-être un peu exagération là... Bref, des cut-scenes très old-school, un peu comme si on revenait au tout début de l'ère 128 bits. D'ailleurs, chaque ennemi est clôné, même le grand patron ressemble à s'y méprendre à un garde, il a juste un costume en plus... Ce sont surtout les interventions audio du lapin qui sauvent la mise, car elles sont toujours justes, drôles, et l'entendre s'énerver nous procure une certaine joie et quelques rictus sadiques...

Côté scénario, rien de spécial à dire, c'est basique, et volontairement moqueur. Quelques actions à effectuer sont juste maladroitement amenées, mais rien de bien méchant. On appréciera, par contre, les différents moyens de torturer Redmond, malgré le fait qu'ils soient souvent assez conventionnels. Non mais, si ce n'est pas abominable de jouer ainsi avec de la nourriture...

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Pour un jeu de plates-formes/action, rien ne semble distinguer ce Whiplash de la masse et de la rude concurrence qui s'y oppose. Pourtant, en y plongeant un peu, on s'aperçoit qu'il s'agit d'autre chose qu'un simple palgiat éhonté. De bonnes idées, pas toujours bien exploitées, de l'humour ravageur et qui fait mouche, ressortiront de cette épopée granguiniolesque. Dommage que la réalisation soit si datée et que l'on ait l'impression de faire un peu la même chose continuellement, car le level design est assez riche au final, avec quelques mini-jeux, certes conventionnels, mais fun. Pour les amoureux de Ratchet et Clank et de Jak and Daxter, voici un produit dérivé qui pourrait bien vous plaire, ne serait-ce que pour les interventions de Redmond.

 

Chasse d'eau : beaucoup d'humour, personnages attachants, level design sympa, situations comiques, mini-jeux, Redmond...

Chiottes bouchés : ...et Spanx, graphismes trop datés, mise en scène vieillotte, pas toujours évident.

 

Graphismes : 12/20.

Sons : 16/20.

Jouabilité : 15/20.

Scénario : 12/20.

Durée de vie : 15/20.

Sentence

14/20

 

Testé sur : Playstation 2, Xbox.

Genre : plates-formes/action.

Développeurs : Crystal Dynamics.

Editeur : Eidos Interactive.

Sortie : 27 février 2004.

PEGI : - 7 ans (ben oui, torturer un lapin, c'est moins grave que de faire des batailles tactiques).

Difficulté : moyenne, ça va.

Qui se ressemble : Ratchet et Clank, Jak and Daxter, Psychonauts (excellent celui-là, à faire assurément).