Attention chers amis et lecteurs, je commence cet article par une mise en garde toute particulière. Que les âmes sensibles et les fans de musiques électroniques passent leurs chemins, car voici venu de la musique de (très) gros énervés. Vous voici prévenus...place à 

INTELLIGENCE BIEN CACHEE

La création de ce que l'on appelle encore aujourd'hui le Death-métal est due, selon ces dires, par un américain : Chuck Shuldiner. Seul membre permanent du groupe Death dont il changera à chaque album la composition, ne trouvant jamais de réels musiciens capables de suivre son évolution constante, le jeune Chuck était, en fin de compte, un enfant surdoué.

Né à Long Island, il déménagea rapidement en Californie avec sa famille. Il se mit à la guitare acoustique dès l'âge de neuf ans, après le décès brutal de son frère. Mais au bout d'un an, il décide de stopper ses cours, car cela ne lui plait pas du tout. Pour satisfaire leur fils, ses parents lui achètent une guitare électrique qu'il apprécie bien plus.

Peu enclin aux études, il lâcha également son parcours scolaire secondaire, décision qu'il regrettera plus-tard. Pourtant, en discutant avec des psychologues, il découvrit qu'il était, en fait, un surdoué, ce qui expliqua son ennui profond à l'école.

 

VOIX DE TROGLODYTE

Avant de fonder le groupe Death, Chuck créa Mantas qui ne restera pas dans les annales. Et c'est en 1983 que Death vit le jour officiellement. Mais le premier album ne sortit pas avant 1987. Scream Bloody Gore donna tout de suite le ton, avec des riffs de guitares violents, des solos très rapides et une rythmique proche des 300 bpm. Mais c'est incotestablement la voix du chanteur qui laissera les plus grosses traces dans les méandres boueuses du hard-rock.

Baptised in Blood (1987), la plus violente de toutes.

Chuck ne fait pas que crier, il hurle comme un damné et le son caverneux de sa voix nous rappelle les cris gutturaux des pires monstres de nos cauchemars d'enfants. Pire encore, il racle le fond de sa gorge ce qui ne manque de provoquer des saignements. Cet album est, sans aucun doute, l'un des plus violents de toute la musique.

Beyond the Unholy Grave (1987)...celle-là aussi est très violente.

Ensuite, les bacs accueillent le deuxième opus du groupe, Leprosy, en 1988. Sa voix est déjà un peu moins percutante, mais il continue à gueuler (ou à dégueuler, c'est selon les points de vue) comme après une cuite carabinée.

 

ON SE CALME SIOUPLAIT

Par la suite, nous pûmes écouter Spritual Healing en 1990, où les compositions du chanteur/guitariste devenu culte prennent des allures plus modestes. Les paroles sont moins gores, et les circonvolutions orales sont plus travaillées, avec des prises de position personnelle. Mais Chuck continue à pousser des hurlements de bêtes féroces de temps à autres, histoire de ne pas oublier ce que l'on a dans les oreilles. Cet album est considéré comme plus mature.

Together as One (1991), live en 1998. Il n'a plus de voix du tout...

Ensuite, et très vite, Human naît en 1991. Encore une fois, le mono-membre perpétuel a l'air de se calmer, et il ne crie plus comme avant, mais garde sa voix grave. Les riffs sont moins violents, et les solos de guitares bien plus élaborés. Et on y retrouve toujours des prises de position de la part du musicien, en faveur notamment pour le suicide assisté (ou l'euthanasie si vous préférez).

Left to Die (1988) live.

A ce moment, les sorties d'albums commencent à s'espacer avec Individuel Thoughts Pattern en 1993, Symbolic en 1995 et The Sound of Perseverance en 1998. Ici, on retrouve les même patterns que ceux de Human et la folie qui semblait toujours vivante s'amenuise brusquement.

Chuck Shuldiner est mort le 13 décembre 2001, des suites d'un cancer de la nuque. Il avait pourtant réussi à s'en débarasser, mais le coût des opérations le ruina quasiment, et il ne put honorer ses dettes chirurgicales. Heureusment, la communauté métalleuse était là et après quelques concerts de charité, l'idole beuglante put payer les médecins.

Mais un malheur n'arrive jamais seul, le cancer récidiva deux ans plus-tard, et les hopitaux refusèrent la chirurgie (qui aurait du le sauver pourtant), par manque d'argent. Mais il se battit jusqu'au bout, bien que la fin était inéluctable...

Spiritual Healing (1990)

Dans une dernière interview, Chuck déclara avec une certaine fiérté qu'il ne prit jamais de drogue, mise à part un peu de canabis dans sa jeunesse. Il est mort à 32 ans...

Discographie : Scream Bloody Gore (1987), Leprosy (1988), Spiritual Healing (1990), Human (1991), Individual Thoughs Pattern (1993), Symbolic (1995), The Sound of Perseverance (1998).

Formation : Chuck Shuldiner (hurlements, guitares, basses), Chris Reifert-Bill Andrews-Chris Reinert (batteries), Rick Rozz-James Murphy-Paul Masvidal (guitares), Terry Buttler-Steve Digiogio (basses), entre autres...