Résumé de l'épisode précédent : Fish s'en est allé du groupe pour poursuivre une carrière solo, laissant les fans orphelins d'un show-man d'exception.

De gauche à droite : Peter Trawavas, Mark Kelly, Steve Rothery, Steve Hogarth, Ian Mosley 

 

MARILLION SEEKS VOCALIST

C'est par cette petite annonce dans un journal musical que le groupe organise des auditions. Pour le moment, la partie chant des concerts est assurée bien difficilement par Peter Trawavas, qui, s'il a d'incontestables capacités de chanteur, n'a en rien la prestance physique de Fish sur scène.

Conscient qu'il faut absolument tourner la page des années 80 et que la musique change rapidement en cette veille des 90's, la formation veut un vrai nouveau chanteur. Malheureusement (et prévisiblement), des dizaines de clones de Fish font leur apparition, allant jusqu'à singer sa tenue vestimentaire et en forçant l'accent écossais. Un ami leur parle alors d'un jeune chanteur/claviériste dont le groupe vient de spliter, qui veut arrêter la musique pour subvenir aux besoins de sa nouvelle famille. Ce dernier convainc sans problème les membres du groupe.

The Uninvited Guest (1989)

Toutefois, ce ne sera pas le cas pour les fans. Quand bien même Steve Hogarth possède une voix magnifique et riche, il ne saura jamais égaler le charisme de Fish. Ce qui divisera la communauté, scindant les pro-Marillion en fans de Fish et en fans de Hogarth.

En 1989, Season's End voit le jour. S'il reprend quelques arrangements propres aux albums précédents, il s'inscrit d'emblée dans une mouvance bien plus rock-progressif. Les musiques sont plus rapides ou plus lancinantes, les paroles bien plus simples à comprendre, la composition plus commerciale. Finis les circonvolutions littéraires et poétiques, place au langage qui parle tout de suite aux masses populaires.

 

SUR LES TRACES D'UN CHANGEMENT

Par la suite, Holidays in Eden nait en 1991, et conforte la musique de Marillion dans le rock-progressif, en y incluant des samples (morceaux de musiques enregistrés par ordinateur ou synthé). Steve Hogarth y développe grandement sa voix, et en fait un instrument de musique à part entière. Le crédo du groupe dorénavant sera de maximiser chaque intervention des différents instruments. Bref, les musiciens ne doivent pas disparaître derrière le chanteur.

Cover my Eyes (1991)

Mais voilà, Marillion n'a pas perdu de vue son passé et ses concept-singles. Donc, il pond en 1994 Brave, un album expérimental, comprenant des chansons se suivant et souvent à tiroir. La durée de certains singles est aussi hors concept commercial, avec des titres dépassant les 12 minutes quelquefois. Le clip est aussi expérimental, car il s'agit en fait d'un film retraçant le parcours d'une jeune fille rejetée par sa famille et mal dans sa peau.

Bridge/Living with the Big Lie live (1994, live en 2004)

Puis, en 1995, sort Afraid of Sunlight. Dans cet album, on retrouve les accents très rock-progressif, et Marillion entre de plein pied dans cette nouvelle musique des années 1990/2000. Les guitares sont près des standards rock/grunge de l'époque, ce qui renforce le côté commercial des compositions. Et puis c'est dans cet opus que Steve Hogarth (dit H dorénavant) commence enfin à faire découvrir sa voix aux tonalités hautes et percutantes. L'album ne comprend que 8 chansons, mais elles dépassent toutes les 6 minutes. Et les claviers sont de plus en plus présents, prenant un peu le pas sur la guitare de Rothery.

 

AUTOPRODUCTION

C'est après Afraid of Sunlight que Marillion quitte sa maison de production (EMI) et créé son propre label (Racket Records). Le premier opus sort en 1997 sous ce label. This Strange Engine n'atteind pas un gros succès, compte tenu de ses accents très accoustique (la mode étant aux concerts unpplugged, donc sans instruments éléctriques). Sous la grande idée de Kelly, le groupe décide de communiquer largement par le biais d'internet, y incluant des ventes de singles et d'albums, mais aussi de goodies (tee-shirt, casquettes, et autres vêtements pour commencer, mais aussi places de concerts).

Under the Sun (1998, live en 2013)

En entrant dans cette ère web, Marillion surfe largement sur ce monde geek qui s'offre à eux. Et les albums suivants le soulignent bien, avec Radiation en 1998 et Marillion.com en 1999. La composition est bien moins mature et bien plus commerciale qu'auparavant. On sent l'influence des autres groupes comme Radiohead par exemple.

En 2001, Anoraknophobia renoue largement avec les fans de la première heure, en proposant des inspirations bien plus novatrices. Certes, on reste dans du rock-progressif assez commercial, mais les paroles et la musique semblent se rapprocher avec les circonvolutions "Fishiennes". Et puis la formation y inclue également beaucoup de fun et de folie, ce qui accentue ce côté concept qui est cher à ses années 80.

Between You and Me (2001)

Dans la même mouvance, Marbles attérit dans les bacs en 2005 et affiche une durée totale de  1 heure et 40 minutes, pour 15 titres. Les musiques y sont plus psychédéliques et beaucoup de fans y retrouvent les prestations scéniques de Fish.

 

CA PLANE POUR MOI

Ensuite, deux albums aux sonorités planantes viennent grossir les rangs. Somewhere Else (2007) et Hapiness is the Road (2009) prennent les fans à contre-pied et s'inscrivent dans des catégories proches des standards du moment (Radiohead, encore eux). L'image populaire du groupe revient en force, après avoir reconquit les férus de Marillion des 80's.

The Invisble Man (2005)

Et la tactique marche bien, puisque les journaux spécialisés se remettent à parler du groupe en termes élogieux (il était temps). En parallèle, les albums et singles sortent sur les plates-formes de téléchargement, car Marillion ne croit plus trop aux ventes de Cd. Encore une fois, la stratégie s'avère payante et les ventes s'envolent enfin.

Et enfin, le dernier album du groupe sort en 2012 avec Sounds That Can't be Made. Le retour aux sources est au programme.

Parallèlement au travail avec Marillion, Steve Hogarth part dans un trip solo en sortant un album de son côté, en accord avec ses compatriotes musicaux. Ice Cream Genius, en 1997, accuse un simple succès d'estime, mais prouve bien que Steve est aussi talentueux sans son groupe.

Discographie : Season's End (1989), Holidays in Eden (1991), Brave (1994), Afraid of Sunlight (1995),  Made Again (1996, live), This Strange Engine (1997), Radiation (1998), Unplugged at the Walls (1998, live), Marillion.com (1999), Anoraknophobia (2001), Anorak in the UK (2002, live), Marbles (2005), Marbles Live (2005, live), Somewhere Else (2007), Hapiness is the Road (2009), Less is More (2009, reprises accoustiques), Sounds That Can't be Made (2012). 

Formation : Steve Hogarth (alias H, chant, guitare, claviers), Peter Trawavas (basse, chant), Steve Rothery (guitare), Mark Kelly (claviers, chant), Ian Mosley (batterie, percussions).