Ah ! L'AppStore. On a beau ne pas aimer Apple, il est difficile de prétendre que ce n'est pas un petit paradis si on aime les jeux vidéo. Et le moins que l'on puisse c'est il y en a vraiment pour tous les goûts. Il aurait été étonnant que je ne trouve pas au moins un GayGame chez Apple.

Et le GG du jour est vraiment des plus atypiques. Le jeu qui se vante d'être le premier jeu vidéo avec un superhéros gay de l'histoire (rien que ça) : Supergay and the attack of his ex-girlfriends.

 

Oui je sais déjà ce à quoi vous pensez.

Avec un titre pareil, je ne saurais trop mesdames et messieurs qu'invoquer votre second degré car assurément nous n'avons pas ici affaire à un jeu vidéo qui se prend très au sérieux. On serait même tenté de croire que ce jeu est une parodie des clichés gays passés au mixeur : gros muscles, rose omniprésent (aïe mes yeux), slogan « Be Yourself »... Manquerait plus que le héros soit coiffeur pour couronner le tout. Heureusement il est plutôt scientifique de profession.

Développé par Klicrainbow, studio barcelonais au nom plus qu'évocateur (rainbow = arc-en-ciel juste au cas où), l'histoire de ce jeu débute en 2006 quand deux amis, fans de comics depuis leur plus tendre enfance écrivent un scénario mettant en scène un super-héros gay. 5 ans plus tard, en 2011, le 21 juin, journée mondiale des gay prides, sort ce jeu, cet ovni de l'Appstore. Entre temps Klicrainbow a été créé, une équipe constituée et a été formulée la promesse de voir un jour d'autres jeux dont le thème de l'homosexualité sera à nouveau central.

 

Cliquez sur l'arc-en-ciel, c'est pas moi qui le dit.

Vendu 89 centimes (le risque n'est pas grand) et aussi disponible dans une version lite gratuite au cas où vous seriez trop frileux pour vous prendre la version complète du premier coup. Moi je le dis, j'en ai pas eu besoin, même si à l'époque où je l'ai prix il était à 2,39, des jeux gays aussi funs et intéressants que celui-là se font rares, il n'y a pas vraiment matière à hésiter trop longtemps.

 

 1) Et si Bruce Banner n'était pas devenu Hulk, mais Supergay ?

Dans ce jeu, assez étrangement l'histoire occupe la place principale. Les créateurs du jeu avaient vraiment envie de nous raconter une histoire à travers ce jeu, ce qui est très rare pour un jeu iPhone et ce à quoi je ne m'attendais pas de la part d'un jeu branché homosexualité. Préparez-vous c'est un peu long.

On incarne Tom, un scientifique effectuant des recherches sur le clonage humain à des buts médicaux, afin de cloner des organes et faciliter les greffes d'organes humains. Tom travaille pour une entreprise privée dont les fonds viennent en fait de dictateurs et représentants de l'armée de pays non-civilisés, qui sont intéressés par ses recherches à des fins militaires (cloner du soldat). Cela Tom ne le sait pas et bien sûr ses patrons se gardent bien de lui dire. Car Tom est idéaliste et ne voit pas qu'il vit dans un monde de mensonges.

En plus de cela Tom est sur le point de se marier avec Lisa, la fille du patron de son entreprise qui est aussi scientifique et travaille avec lui. Ils vivent le parfait amour, elle étant de mèche avec son père pour lui cacher le véritable but de ses recherches. Sauf que... Tom est un homosexuel refoulé, il ne l'a jamais avoué à qui que ce soit même pas à lui-même.

Pour compliquer le tout la presse a été mise au courant des expériences qui étaient menées dans les locaux de G-Corp et des manifestations contre le clonage humain ont lieu devant l'entreprise en espérant de réussir à l'arrêter. Les équipes de scientifiques doivent donc se faire très discrets pour ne pas attirer l'attention et continuer à travailler.

Le jour du mariage avec Lisa approchant, Tom se rend compte qu'il est sur le point de faire une grave erreur, il décide alors de tout dire à ses amis pour son homosexualité et de leur demander conseil pour se sortir de cette délicate situation. Lui vient alors une idée : il pourrait se cloner lui-même afin de pouvoir laisser son clone se marier avec Lisa et lui vivre sa vie d'homo libéré. Mais les choses ne se passent pas comme il l'a prévu. C'est la première fois qu'il tente un clonage humain complet et l'expérience rate.

Le lendemain a lieu une présentation devant les investisseurs dictateurs de l'invention de Tom et son équipe sans qu'il soit mis au courant et celle-ci échoue lamentablement. Les investisseurs furieux, menacent de retirer leur argent du projet. C'est le moment que choisit Tom pour arriver au bureau et annoncer à Lisa et à son père qu'il est homosexuel et qu'il ne va pas pouvoir se marier avec elle comme prévu. C'est trop d'émotion pour le père de Lisa qui succombe alors d'une crise cardiaque.

Lisa décide alors qu'elle doit se venger de Tom et des investisseurs qui sont pour elle responsables de la mort de son père. Dans un accès de folie elle répare la machine à cloner et se clone massivement pour assouvir sa vengeance. Tom, dans le même temps va développer des super pouvoirs suite à l'expérience de clonage qui avait raté sur lui et devenir Supergay, le héros qui lutte pour l'ordre, le bien et son surtout contre son ex-petite amie.

 

 

2) Mais pourquoi tout ce rose ?

C'est avec ce pitch de base (oui un peu long je sais) que le jeu commence. Et on pourra dire ce que l'on veut de scénario mais personne ne pourra prétendre que les développeurs ne se sont pas donné beaucoup de mal pour écrire quelque chose d'original et d'inédit. C'est un super-héros à part entière qu'ils ont voulu créer et cela se ressent énormément. Tout allait bien jusqu'à ce que les dessinateurs s'y mettent et nous sortent un design et une ambiance qui reprennent tous les clichés traditionnels associés à l'homosexualité « rainbow power », rose à toutes les sauces, dans les décors, dans les boutons d'interface. On a parfois l'impression (désagréable pour ma part) d'être sur un site communautaire pour jeunes homos en mal de rencontres juteuses.

Il suffit de regarder le personnage principal pour comprendre où l'on va graphiquement. Tom n'a rien de très cliché au départ, mais voyez plutôt ce qu'il devient en devenant Supergay : costume violet-rose et noir ouvert sur son torse imberbe et à la musculature ultra développée, jambes tellement fines qu'elles ne semblent pas capables de tenir un torse aussi imposant, déhanché ultra efféminé : aucun doute Supergay porte bien son nom. Ajoutez à cela un chara-design très impersonnel, vous obtenez une soupe au goût de bonbon qui ne sera pas du goût de tout le monde (pas même de beaucoup d'homos, si le but était de les cibler).

 

Regardez-moi cette interface

Cela peut plaire je pense mais est à mon goût vraiment dommage car ce design l'inclut dans la catégorie bien fermée des jeux gays pour gays. Si l'on retient ce jeu, ce ne sera malheureusement pas pour les avancées qu'il apporte au jeu vidéo dans la façon d'aborder l'homosexualité, mais plutôt comme le premier jeu pouvant s'inscrire dans une culture gay et qui ne sera pas pris au sérieux par qui que ce soit.

Et c'est vraiment dommage selon moi, car le jeu a plein de qualités. C'est la première fois par exemple que je vois un jeu assumer et réussir autant son côté « comics » au sein de l'Appstore (qui est aussi très réputé pour jeux tout à fait oubliables). Chaque portion de l'histoire est présentée sous la forme d'une case de bande-dessinée, c'est un mode de progression très bien pensé car servant le côté comics mais aussi permettant au joueur des parties courtes comme plus longues s'il enchaîne chaque portion de jeu.

 

3) Et sinon, on joue parfois ?

Oui, oui on joue même très souvent, rassurez-vous. Le gameplay de ce jeu consiste en un enchaînement de mini-jeux à chaque portion de l'histoire. Il y a en tout 32 niveaux avec à chaque fois un mini-jeu. En tout il doit y avoir 5 ou 6 mini-jeux différents augmentant en difficulté au long de l'histoire. Il faudra par exemple réussir un enchaînement de combinaisons sur une console contrôlant les machines au sein de G-Corp afin de mettre en route un clonage. A d'autres moments il faudra repousser les vagues de clones de l'ex petite-amie. Tout cela a un côté assez fun et passe-temps, même si soyons honnêtes les mini-jeux ne sont pas non plus des exemples d'originalité flagrante ni d'ingéniosité.

L'ensemble du jeu consiste donc en cet enchaînement entre phases narratives et phases de mini-jeux. Et je le trouve excellemment bien dosé, aucune phase ne dure assez pour devenir ennuyeuse et tout s'enchaîne très vite. On se retrouve à avoir joué une demie heure malgré soi très rapidement. Idéal en somme pour son côté jeu nomade. Ajoutez à cela une traduction en français bien faite et drôle et vous avez un excellent jeu pour iPhone.

 

Vrac de screenshots faits maison

 

4) Bah alors, il a l'air très bien ce jeu en fait

Mais il l'est ! Comparez-le à Imaginary Range (iOS) de Square Enix, aucun doute àavoir que vous avez là un jeu beaucoup mieux dosé, beaucoup plus fun et à l'histoire beaucoup moins tordue et pourtant plus prenante et pourtant réalisé par un simple petit studio.

Comprenez-moi bien, ce que je reproche à ce jeu et qui me déçoit est qu'il est un bon jeu pour iPhone qui mérite son test lance-pierre sur Gameblog. Tout le monde devrait l'avoir et il devrait être un classique au même titre qu'un Temple Run. Mais il s'est mis lui-même contre lui tout un public qui est hermétique à toute cette culture gay qui suinte de partout. Ce design et cette ambiance vous feront au mieux sourire mais au pire vous laissera complètement perplexe et hermétique à tout ce que le jeu a à proposer. Je m'y suis moi-même laissé prendre, sous ses airs tous roses je m'attendais à un petit jeu sans intérêt reprenant tous les clichés gays pour réussir commercialement sur une niche où personne n'ose encore se positionner.

C'est donc pourquoi j'attends le prochain jeu de Klicrainbow avec une certaine impatience, car ils ont prouvé qu'ils savaient bien faire du jeu vidéo pour mobiles. Maintenant reste à prouver qu'ils peuvent créer un univers qui parle aux gens.

Merci à tous pour votre lecture. Je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel article. N'hésitez pas à me faire part d'autres gay games que vous connaissez car après deux articles je vois déjà la fin de ma liste.

Maniax.