L'art à Croft

Lors de l'E3 2012, le studio de développement Crystal Dynamics a surpris son monde en présentant le reboot de la série de jeux à succès Tomb Raider. Présentant une héroïne relookée, une direction artistique exemplaire, c'est par une trouvaille de gameplay qu'il s'est fait remarquer. Laquelle ? Un arc. Un simple arc. Bientôt les joueurs allaient pouvoir manier cet instrument pour semer la mort sur leur chemin, en bourrinant ou en jouant la furtivité. Déjà utilisé par les joueurs du monde entier sur le jeu à succès Skyrim, sorti en 2011, l'arc allait se payer une cote d'enfer dans les mois suivant. Car entre Octobre 2012 et Juin 2013, ce ne sont pas moins de 6 jeux qui sortiront en mettant en avant ladite arme lors de leur promotion. Tomb Raider, Far Cry 3, The Last of Us, Crysis 3, Assassin's Creed 3 ou encore Dragon's Dogma, ces jeux ont tous apporté leur pierre à l'édifice des jeux d'aventures. Et tous ont eu un grand succès grace ou en partie grace à leur système de combat, basé sur l'utilisation d'un arc.

 

Si cet effet de mode a déjà fait couler beaucoup d'encre avant que ma modeste plume écrive ces quelques lignes, on constate aujourd'hui que certains jeux contiennent encore des arcs mais ce dernier n'est plus un argument de vente. Alors, qu'est-ce qui fait vendre aujourd'hui ? Et surtout, qu'est-ce qui fera vendre demain ?

 

Ces 3 dernières années, on constate lors des divers salons que les développeurs (et constructeurs) semblent mettre en avant un nouvel argument, une bombe prête à faire chavirer notre coeur de gamer et nous faire mettre la main à un porte monnaie déjà dégarni par l'achat de jeux nous aidant à assouvir nos rêves d'archerie tels des Robin des Bois amateurs.

 

Le futur, c'est le passé

2015 semble être l'année pour un retour vers le passé cinématographique. Entre la célébration des 30 ans de Retour vers le Futur, la sortie au cinéma de vieilles licences telles que Terminator, Mad Max, Star Wars ou encore un Ghostbusters qui se prépare, les grosses compagnies ont compris que la nostalgie, ça fait vendre. La trouvaille pour commercialiser des jeux (et des consoles par la même occasion) est un retour à la préhistoire. On suppose que cette direction prise par l'industrie vidéoludique découle du succès de Jurassic World, autre vestige du passé déterré en 2015 pour faire vibrer la corde nostalgique intergénérationnelle des petits et des grands. Alors que les jeux mettant en scène des dinosaures se font plutôt rares, c'est Ark qui a pointé le bout de son nez le premier. Actuellement en Beta sur Steam, la bête arrivera prochainement sur consoles new gen et propose à un chasseur de survivre en milieu mi-jurassique, mi-futuriste. C'est un bien curieux mélange, mais ça fonctionne plutôt pas mal.

 

La conférence Sony de l'E3 2014 a connu un point fort qui a fait tourner bien des têtes et délié bien des langues car bien des joueurs l'attendent, c'est le nouveau jeu du studio Guerilla Games, à savoir Horizon Zero Dawn où l'on retrouve une jolie héroïne (rappelant étrangement la sublime Ygritte de Game of Thrones) ayant fort à faire avec des dinosaures. Cependant, la particularité de ce jeu et de son univers est que ses dinosaures sont faits de métal et de mécanismes. Cela est dû à l'histoire qui raconte le futur de notre civilisation, ramené à l'âge de pierre.

 

Lors de la Gamescom 2014, c'est Michel Ancel, à la tête d'un nouveau studio, Wild Sheep, qui annonce son nouveau projet, Wild. Un projet ambitieux, un projet beau, un projet fou, un projet massif, mais surtout un projet préhistorique. Ce jeu met en scène toutes les créatures que vous auriez pu rencontrer à cette période et semble vouloir en mettre plein les mirettes tout en proposant des styles de gameplay très différents en un seul et même jeu.

 

Il y a quelques jours à peine, Ubisoft, pour qui travaille le papa de Wild, Michel Ancel, depuis bon nombre d'années maintenant, annonçait un nouvel épisode de Far Cry, Far Cry Primal. Sortant de ses présentations E3 habituelles pour l'annonce des jeux de sa série, Ubisoft semble désirer prendre le train en marche, quitte à ne pas annoncer son jeu en grandes pompes mais pour montrer sa présence sur le terrain des nouveautés. On y trouve des hommes préhistoriques, des lances en bois, des mammouths et tout le bestiaire propre à la préhistoire. Si on en sait peu sur le titre, on sait qu'il arrivera en 2016, la même année que ses concurrents. Ubisoft prouve que même s'il travaille sur de nombreux jeux basés sur ses propres licences (un nouvel Assassin's Creed, Ghost Recon Wildlands, Rainbow Six Siege, The Division...), il ne plaisante pas avec sa capacité d'adaptation face à la concurrence et aux demandes des joueurs.

 

La réalité augmentée, très en vogue sur les salons, peut d'ors et déjà se targuer d'avoir son propre jeu préhistorique avec Robinson the Journey développé par Crytek, habitué des prouesses visuelles. Le jeu a pour ambition d'impressionner le joueur désireux de se retrouver face à des dinosaures gigantesques et de s'y croire, dans l'illusion la plus parfaite. Pari tenu ? On le saura lorsque cette technologie sera commercialisée et le jeu sorti, et vu la hype qui est en train de monter, cela ne devrait plus trop tarder.

 

Enfin, même les jeux à sortir prochainement semblent s'inspirer de cet univers tout particulier. Dans Final Fantasy XV, développé par Square Enix, il sera possible de rouler en berline au milieu de vallées infestées de dinosaures. C'est saugrenu, mais très attirant ! Ces mêmes dinosaures seront présents également dans Xenoblade Chronicles X de Monolith Soft à sortir en fin d'année sur Wii U. Et il faut l'avouer, se battre contre des dinosaures à l'aide de méchas, cela peut donner des affrontements dantesques à l'image de Pacific Rim !

 

Mammouth écrase les prix, Mamie écrase les Prouts

Mammouths, dinosaures, hommes des cavernes et peaux de bêtes semblent être sur le point de débarquer sur nos machines et c'est tant mieux. En effet, il sera passionnant de voir comment différents studios ont travaillé sur un thème commun pour rendre des copies tout à fait différentes. Si vous êtes réfractaire à cet univers préhistorique, rassurez-vous, il y aura bien d'autres expériences à vivre sans aucun lien avec cette époque.

 

Dans un business model où tout le monde se côtoie et s'observe, entre camaraderie et concurrence, se dirige-t-on vers un modèle où chaque développeur copie les autres pour rester dans l'effet de mode et maintenir une économie stable mais sans prise de risque ? Les gros éditeurs semblent suivre la vague mais il y aura toujours des développeurs désireux de proposer autre chose, de nouvelles idées dans la direction artistique de leurs licences et des idées de gameplay. Peut être ces derniers imposeront-ils la mode de demain, rendant obsolètes les dinosaures et autres mammouths ! Wait and see, comme on dit. Pour l'instant, l'heure est à la Préhistoire avec cinq jeux en préparation pour 2016 (à moins qu'il y ait des reports), mais je suis convaincu qu'on ne les a pas encore tous vus !