On a évité la catastrophe de peu.

 

Branle-bas de combat chez le géant du J-RPG Square Enix  - et c'est bien le cas de l'écrire. Car à quelques semaines à peine de la sortie européenne de Bravely Default, futur hit en puissance de l'éditeur, un bug majeur du logiciel a pu être corrigé in extremis, grâce à la volonté et au dévouement d'une équipe interne dont, par chance, les compétences ne sont plus à prouver.

 

 

 

Nous ne sommes plus dans les années 90. Avec le temps, nos joueurs ont développé des exigences qualitatives qui ne sont plus celles de leurs prédécesseurs, et nous nous devons de les satisfaire. Elle est loin, l'époque où le public impressionnable pouvait s'extasier d'une poignée de pixels.

 

 

Sans la vigilance de Wada Yoichi, président de la société, ce qui est appelé à être un évènement de premier ordre, commercialement parlant, aurait pu mal tourner. Alors qu'une fois n'est pas coutume, ce dernier teste le jeu dont il a autorisé la mise sur le marché (une intuition, sans doute), il lève un lièvre de la taille d'un Chocobo :

 

 Sur le coup, j'ai cru à une plaisanterie potache, à du contenu optionnel ou à du fan-service destiné aux joueurs old school qui nous suivent depuis nos début - ce qui aurait été en conformité totale avec notre politique éditoriale. Mais quand, après six heures de jeu, j'ai réalisé qu'il s'agissait du logiciel lui-même, j'ai su que quelque chose n'allait pas. Sur le fond comme la forme, on était à deux doigts de renouer avec la fraîcheur et la poésie des RPG de nos débuts. Chaque décor, chaque design, chaque pan de dialogue transpirait la subtilité, l'élégance et la retenue, avec en arrière-plan une réelle dimension scénaristique et surtout, zéro fan-service. C'était inconcevable. Inadmissible, par conséquence. Les fans de FF X et XIII n'auraient jamais compris.

 

Et Honda Keiji, son bras droit, d'ajouter :

 

Il a fallu réagir vite. Le jeu ayant déjà été commercialisé dans plusieurs pays, il n'était plus question de retoucher au programme initial. Nous nous sommes donc appliqués à corriger ces défauts majeurs via des DLC de dernière minute. Ainsi, nous avons pu éviter la catastrophe, mais de peu.

 

 

Un loupé incompréhensible, mais qui pourrait avoir de graves répercutions sur l'avenir à court terme du développeur :

 

Entre le joueur et nous, c'est une relation de confiance. Si celui-ci se sent trahi, nous craignons qu'il n'hésite à investir dans nos produits - à commencer par le futur Lightning Returns, en lequel nous fondons de grands espoirs (financiers, s'entend). Qu'arrivera-t-il, en effet, si notre coeur de cible se met à douter de notre bonne foi en termes de petit bouclier et de poitrine qui se balance ? Une entreprise de notre envergure ne peut pas se permettre de voir sa réputation entachée par de telles fautes professionnelles. Aussi a-t-il fallu faire des choix radicaux, proportionnels à l'étendue de ce désastre. D'un commun accord avec l'équipe de créatifs en charge de Final Fantasy XV, nous avons décidé que la solution du cameltoe était la plus adaptée, compte tenu des circonstances - et considérant le peu de temps que nous avions devant nous. Car s'il y a bien une chose que l'expérience nous a appris, c'est qu'il n'y a rien de plus fédérateur qu'une fente à l'entrejambe pour rassurer les joueurs les plus élitistes.

 

 

Afin que ces derniers puissent d'ailleurs profiter de l'expérience à 100%, Square Enix mettra conjointement en vente des caleçons Bravely Default EXCLUSIFS, qui se distingueront notamment par une large ouverture sur l'avant, afin que l'on puisse y glisser la main sans sensation de compression au niveau de l'élastique. Preuve s'il en est besoin qu'on n'acquiert pas une renommée internationale sans un vrai savoir-faire, doublée d'une connaissance approfondie des attentes du public.

 

Reste à savoir, maintenant, si ce dérapage malheureux est le fruit de la maladresse d'une équipe artistiquement immature, ou s'il s'agit d'une tentative de sabotage perpétrée par des agents infiltrés, de mèche avec la concurrence.

Une enquête a été ouverte, et les contrevenants risquent des peines allant de quinze ans fermes à la prison à vie.

 

C'est qu'au Japon, on ne plaisante pas avec les institutions.

 

 

Bravely Default sortira chez nous le 6 décembre 2013.