Nianianianianiania Moffat il sait pas écrire Nianianianiania Moffat il fait que dans le Deus Ex Machina Nianianianianiania Moffat il fait tout à l'esbroufe.

Combien de fois on l'aura entendu, ce couplet, chez les Whovien repentis, aussi prompts à porter le fez qu'à le remiser au fond de l'armoire, et qui auront renié leurs premières amourettes pour moins de trente deniers ?

Ils l'attendaient comme le messie, leur Chris Chibnall, leur « nouveau showrunner » réclamé de longue date, celui qui allait sauver la série des griffes de l'infernal Steven – indépendamment du fait qu'il soit malgré tout l'auteur de quelques-uns des pires épisodes de l'ère new Who.

42, c'était lui.
Vous vous en souvenez ?
Non ?

C'est normal.

Les Dinosaures dans l'espace, c'était lui.
Vous vous en souvenez ?
Oui ?

C'est normal aussi, mais ce n'est pas bon signe non plus.

Depuis dimanche dernier, on peut également dire : « la Femme Tombée sur Terre, c'était lui ». Tout pareil.

 

Car il n'aura échappé à personne que Doctor Who, ça avait repris la semine dernière, avec un tout nouveau casting et un tout nouveau staff. Avec un nouveau chef pour chapeauter tout ça : Chris "Broadchurch" Chibnall.

Or  que sauver de ce sauveur de pacotille, qui a tous les attributs du faux prophète et aucun du bon scénariste, dès lors que l'action se délocalise dans l'espace ?

Vous avez tiqué, peut-être, en apprenant que le nouveau Doctor serait une femme ?
Oubliez ça.

C'est incontestablement le moindre mal de ce premier épisode mou, mal écrit, mal rythmé, mal construit, dénué d'intensité, dépourvu d'émotion, laborieusement articulé autour d'une intrigue qu'on jurerait tirée d'un script de Torchwood saison 1, mais qui aurait été recalé en première lecture (rappelons-le : « Cyberwoman », c'était Chibnall, toujours).

 

Pour que les générations futures n'oublient jamais.

 

Et ça c'est pour les générations futures qui auraient pu être tentées de dire "ben quoi ?",

en découvrant la photo précédente.

Entendons-nous bien, avant qu'on ne me taxe de mauvaise foi : oui, je partais avec un a priori négatif. Et parce que je partais avec un a priori négatif, je me suis efforcé de faire preuve de bienveillance, car je ne supporte pas les biais de réflexion, même quand ce sont les miens – surtout quand ce sont les miens, en réalité. Parce que je vaux mieux que ça, pour la jouer comme le rôle-titre de cette série.

J'ai donc passé une heure dans ma tête à pester, me débattre, chercher des excuses, des raisons de m'enthousiasmer, de jeter mes préjugés aux orties et de faire amende honorable.

Je n'ai trouvé qu'un beau plan de quelques secondes expédié en fin d'épisode.

Je voulais que Chibnall me fasse mentir, me prouve que j'avais tort de le crucifier par principe, me montre que j'étais prisonnier de mes stéréotypes. Parce qu'avoir tort, moi, j'adore ça. Demandez à Final Fantasy XV.

Sauf que non.

Non, même avec la meilleure bonne volonté du monde, on ne peut pas dire que son premier épisode soit bon. On peut même dire qu'il est carrément mauvais ; et ce, sur tous les plans, sans exception - hormis peut-être Jodie Whittaker, tout à fait convaincante dans le rôle-titre, et pas plus crispante que Tennant (dont elle copie peut-être un chouïa trop le jeu, par contre) , Smith ou Capaldi lors de leur premier épisode. ça aussi, ça fait partie de la tradition.

 

 Je peux pas, j'ai luminothérapie.

Entre un scénario simpliste, une absence totale d'imagination confinant à la faute professionnelle, les scènes qui tombent à plat (TOUTES), les dialogues tantôt creux, tantôt formatés, reprenant les codes de la série comme on suivrait une recette de cuisine (une vraie souffrance, quand on repense aux envolées lyriques too much, mais tellement classes, auxquelles nous nous étions habitués), les musiques insipides, les personnages sans envergure et le déroulement prévisible dès les premières secondes (franchement, ne me dites pas que vous aviez VRAIMENT cru que le protagoniste parlait du Doctor, en ouverture ?), la sauce ne prend pas. Et ne parlons pas des incohérences – ou plutôt, si parlons-en, car elles ont toujours fait partie de l'ADN du show, mais rarement de façon si indigente. Que ce soit sous le règne de Russell T Davis ou sous le concordat de Steven Moffat, dans la plupart des cas, ces incohérences avaient une raison d'être, elles servaient un dessein plus grand, celui de la scène qui en jette, celui de la réplique qui tue, celui du twist qui vous met la tête à l'envers.

Dans la Femme Tombée sur Terre, non seulement elles sont omniprésentes mais elles n'apportent rien, au contraire : elles ne sont pas voulues, mais subies, conséquences douloureuses d'une écriture dont l'amateurisme est inacceptable de la part d'un vétéran du métier – des raccourcis honteux, des ellipses insensées, des coups de bluffs parfois grotesques, à l'image de cet intermède à la Mac Gyver qui se veut malin et drôle – mais ne parvient qu'à être embarrassant).

 

Si on m'avait dit un jour que je jouerais dans l'Agence Tout Risques !

J'ai détesté la quasi-totalité de la saison 10, et oui, j'admets qu'il était temps que Moffat passe la main (il avait tout donné en saison 5, et avec quel brio !), mais encore fallait-il que son successeur soit à la hauteur (Toby Whithouse, anyone ?). Or ce n'est pas le cas ici.

On se gardera de juger une saison entière sur une seule tentative (après tout, le pilote de la première saison de New Who n'était pas plus glorieux), mais avec ce premier épisode, Chibnall avait quelque chose à prouver, et il s'est planté dans les grandes largeurs.

Je savais que tu me manquerais, Steven.

Mais jusqu'à ce soir, j'ignorais encore à quel point.

 

*

 

Si vous voulez vous faire votre propre idée, l'épisode est dispo en streaming gratuit encore quelques jours sur le replay de France 4.

MAIS NE VENEZ PAS DIRE QUE JE NE VOUS AI PAS PREVENU !

(lol)

 

*

 

 

La drogue.

 

 Alors oui, bon, je sais, on va objecter que je ne suis pas très objectif, comme d'habitude, tout ça, vu que je n'aime pas Tidus et que je suis sûrement pro-gamergate parce que j'aimerais bien essayer Kingdom Come, et qu'en fait, tout ça, c'est juste par ce que je ne supporte pas que le Doctor soit joué par une femme parce que je suis sexiste vu que j'ai pas de compte Twitter, alors je vous invite, en guise de preuve objective à comparer le premier grand speech de Matt Smith à la fin de son premier épisode, pompeux, grandiloquent, mais tellement jubilatoire  (à l'image du personnage, en somme) :

avec celui de Jodie (qui n'est pas responsable du script qu'on lui donne, hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit), plat, bref, banal, condescendant - qui sonne de surcroît comme une auto-justification de l'auteur, d'un narcissisme d'autant plus gênant qu'il s'essaie aux doubles sens sans une once de finesse ou de subtilité :

"Han han, alors en fait on croit que le Doctor il parle au vilain extraterrestre alors qu'en fait il parle directement au spectateur, t'as vu comme c'est finod un peu ?".

Sérieux, si c'était pour faire ça, autant me refiler la série, je n'aurais pas fait pire et j'aurais coûté moins cher, la preuve :

 

Et il y a des oiseaux ! Et des petites fleurs ! Et des Lav'o Matic ! Et des stations de skis sur gazon ! Et toutes ces choses forment le grand cercle de la vie universelle jusque dans les étoiles et si tu ne les respectes pas, tu ne te respectes pas toi-même, parce que les oiseaux, c'est toi, les petites fleurs, c'est toi, les Lav'o Matic, c'est toi aussi ! Mais si tu n'acceptes pas ton Lav'o Matic intérieur, comment pourrais-tu te connecter à ta propre station de ski sur gazon spirituelle ? Alors je vais te donner une chance, une seule, d'enfourcher le tire-fesse de la raison et de butiner les jonquilles de la connaissance ! Renonce à ton plan de domination et devient berger équitable dans les Alpes ! Fais du fromage de chèvre et des confitures de griottes sauvages ! Et tu pourras regarder le soleil droit dans les yeux, fièrement, intensément, pendant des longues et belles minutes, et t'exclamer toi aussi : "aïe, putain, j'y vois plus rien, je crois que cette connerie m'a rendu aveugle". Avant de trébucher comme un con sur un de tes moutons et de faire une chute de trente mètres. Alors choisis ! Mais choisis bien !".

 

 C'est bon ?

Je suis engagé ?

*

 

Ha bon ? Il y a encore eu une nouvelle mise à jour de No Man's Sky ?

Pourquoi personne me dit jamais rien à moi ?

 

Bon, puisque je ne suis pas engagé, que vous voulez d'autres preuves (parce qu'il y aura toujours des petits malins pour dire que le speech de Josie est meilleur que celui de Smith, vu qu'il y a toujours des petits malins, sur le ouèbe), parce que malheureusement je n'ai pas le temps de réécrire tout l'épisode façon Scorpion (et pourtant ce n'est pas l'envie ou la matière qui manquent) et parce qu'il faut bien que ça sorte, je vous propose en conclusion une petite

Liste (sélective) des incohérences.


Du coup, gare aux [Spoilers]

- Déjà, le protagoniste balance son vélo dans les branches hautes d'un arbre au MILIEU d'une forêt. Il a déjà essayé de lancer un vélo, Chibnall, ou pas ?


-
Le signal déclenche l'arrivée de la capsule de l'alien, d'accord, mais il sert à quoi, en fait ? Non parce que bon, l'alien, il sait bien que la planète est habitée vu que sa cible s'y trouve et que ce n'est pas la première fois que sa race descend sur terre. Donc ça n'est pas une sonde, ou alors c'est le plus gros fail de l'histoire des sondes ("envoyons une sonde dans ce monde habité pour voir s'il est habité !"). Alors quoi ? L'alien a besoin d'une autorisation ? Ben l'administration de chez lui est quand même pas procédurière parce qu'on a déjà fait plus explicite, comme façon de demander la permission. « Oué non mais il a touché le signal magique qui clignote, ça veut dire qu'il est d'accord avec le fait qu'on vienne dans son bled faire des chasses à l'homme ». Sans compter que bon, l'utilité d'envoyer ça dans une forêt au milieu de nulle part n'était pas non plus super évidente. Ils ont eu du bol que Young Hercule ait balancé son vélo dans un pin des landes, sans quoi ils auraient pu attendre un siècle avant de débarquer.


- La cible, ô surprise, est assise dans le train à côté de papi et mamie.


-
La femme chargée d'enquêter sur la capsule est, ô surprise, une ancienne amie du protagoniste. ça commence à en faire, des coïncidences.


- Puisqu'on en parle, le Doctor tombe du ciel et transperce le toit EN METAL du train. Rappelons qu'il a fait une chute de plusieurs milliers de kilomètres de haut et que jusqu'à preuve du contraire, il n'est ni Thor, ni Hulk (ni Miss Hulk non plus).


-
Le drone colle des bombes ADN à des randoms inconnus dans un but totalement flou et jamais expliqué. Pourquoi fait-il ça ? A quelles fins ? Pourquoi eux et pas les autres ? Pour se débarrasser des témoins ? Ben pourquoi il ne s'en débarrasse pas, alors ? Pour que ces bombes puissent servir à butter le méchant ensuite ? Mais chut-euuuh, lecteur, tu casses toute la magie !

 

- Pendant ce temps, deux randoms péons chargent la capsule de l'alien (avec l'alien dedans, mais n'est-ce pas qu'un détail ?) à l'arrière de leur fourgonette. Je ne sais pas ce qu'ils mangent, dans ce bled, mais ils ont tous l'air hyper balaises parce que pour aller chercher un machin qui pèse au moins deux tonnes au milieu d'une forêt, à deux, sans laisser ne serait-ce qu'une trace au sol, il faut au moins s'appeler Chuck Norris.


- A priori, ça se passe dans l'équivalent britannique de Trifouillis les Oies parce qu'on se déplace d'un point à un autre en cinq minutes montre en main. Quand le Doc avait le Tardis, ça passait. En voiture, c'est plus problématique. Britannique, en plus, la voiture.


- La fine équipe retrouve le drone grâce à un chauffeur de bus. Drone qui s'était pourtant installé pépère au sommet d'un toit au milieu de nulle part. Il fait quoi, de son temps libre, exactement, le chauffeur de bus ?


- N'épiloguons pas sur le fait qu'à aucun moment, le Doc ne suggère à ses compagnons que « ça peut être un peu dangereux » et « qu'ils feraient mieux d'attendre à la maison ». Non. Il les laisse allègrement risquer leur vie en mode 100% full scoubidou alors qu'il est flanqué de deux jeunes adultes et de deux personnes âgées qui se comportent comme deux jeunes adultes. Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ?


- Pour devenir le roi d'une race de guerriers sanguinaires, l'alien doit éliminer un ouvrier du bâtiment taillé comme Colargol. Paye ton rite initiatique. En chemin, il se débarrasse quand même d'un névrosé, d'un poivrot et d'un vieux. Et il leur pique leurs dents pour s'en faire des trophées. Sérieusement, il est où, le mérite, pour un grand guerrier ? Il est où, l'accomplissement ? C'est quoi, les menaces qu'affronte son peuple ? Des grabataires en déambulateurs et des cosplay de Kirito? Non parce si c'est pas le cas, je ne vois pas bien l'intérêt de la manoeuvre. Entre toutes les races de la galaxie, pourquoi des humains, bordel ? Et entre tous les peuples de la terre, un anglais, en plus ! Il ne devrait pas plutôt soumettre à mains nues des Groblorgs de six mètres de haut ? Nope. UN anglais grassouillet, ça suffira largement. Et on dit que le niveau du BAC a baissé, p*tain !


- D'ailleurs juste un petit aparté à ce sujet, l'alien n'a que des dents humaines, comme trophées. Il se vante d'être le représentant d'une race de "grands guerriers" et il n'a pas une dent sur le visage qui fasse plus d'un centimètre ou qui évoque, même de loin, les crocs d'un tigre à dents de sabre. Non mais alors c'est sûr que dans ces conditions, c'est un peu facile de se considérer comme un peuple de grands guerriers, hein. Comme je le disais, on pousse deux vieilles dans les escaliers, on givre deux nourrissons et ça y est, on est Gengis Khan.


- Non, je ne parlerais pas de la fabrication du tournevis sonique, mais je pense que les jouets à son effigie sont produits exactement de la même façon, vu la grossièreté du moulage et la laideur du truc.

 

Made in China.


- L'alien retrouve sa cible en se téléportant. Grand bien lui fasse, nos héros ont aussi vite fait de le rejoindre en voiture. DTC la technologie extra-terrestre.


- Pour contrôler une grue, en 2018, on a juste besoin d'un smartphone et de Google. DTC, l'ouvrier du bâtiment qui a travaillé dur pour en arriver au même point. Tu peux pas test les millenials. Siri FTW.


- Le Doctor qui lance un grand discours moralisateur et plein de compassion à un guerrier sanguinaire qui tue des vieux et laisse pourrir des gens random dans son congèl', c'est un peu hardcore, quand même, dans le genre compatissant. D'autant que l'alien face à lui à des dents plein la tronche, quoi. Des dents de victimes innocentes. C'est sûr que ça appelle la compassion, ça ! Arrête de juger les autres cultures avec tes valeurs de mâle blanc ethnocentré, un peu ! On est parti sur de mauvaises bases, allez, on oublie tout et on se serre la main ! Par contre, osef de l'ex future victime, pour la compassion, elle peut se brosser la nouille. Notre anglais grassouillet se fera copieusement engueuler pour avoir eu l'inhumanité de balancer dans le vide celui qui voulait le laisser pourrir dans son frigo. Y'a des limites à l'humanisme, bordel ! Pour la peine on ne reverra plus ce perso après cette scène, tiens. ça lui apprendra !


- Ce génie d'alien, quand même ! Il a téléchargé sans le savoir les bombes adn en même temps que les infos qui l'intéressaient. J'aimerais que vous preniez un petit moment pour y réfléchir, d'ailleurs. Il télécharge des données et en faisant ça, il se retrouve avec des bombes sous la peau du cou, sans même s'en rendre compte. Parce que c'est bien connu, des données virtuelles et des bombes bien réelles, c'est exactement la même chose, hein, ça se télécharge pareil avec la wifi. Et ça fait même pas mal ni rien. Y'a pas de message « syntax error », c'est le futuuuur. Et puis bon, l'énergie, la matière, c'est presque pareil, hein, p*tain, on va pas commencer à être tatillon sur ce genre de détails, c'est de la science-fiction. Gaffe quand même la prochaine fois que vous téléchargerez une mise à jour Avast, les gens. Vous pourriez vous retrouver avec une bombe H sur les genoux.


- La réapparition du drone, d'un coup, au milieu de l'action, mais après la bataille, tout ça pour... pour... ben on sait pas trop ce qu'il cherche à accomplir, mais il s'y prend très mal. Alors bon, il semble rétrospectivement qu'il soit peut-être en train d'essayer "de faire tomber la grue", ce qui est le plan le plus con qu'un drone a jamais mis sur "pied" (ok, d'accord, sur tentacules) VU QUE SON BOSS ETAIT DESSUS. C'est sûr qu'il pourrait être déclaré "chef" à titre posthume mais je suis pas certain que ce soit le but initial non plus. Sans compter que bon, vu je vois pas trop comment il pourrait la faire tomber, la grue, ni avec quoi, vu qu'il n'a pas de bras ni de chocolat ni rien qui pourrait lui servir à faire basculer le machin (à moins de foncer dessus à grande vitesse, comme il l'a fait avec le train - ce qu'il n'a pas du tout l'air disposé à faire, évidemment). Et puis bon, une fois son boss disparu, il pourrait peut-être se dire que c'est plus super utile de s'acharner sur le matos du BTP, quoi. Mais non. Il a commencé un truc, quoi que ça puisse être, il le finira ! Il en va de son honneur de drone. Résultat des courses, tout ce à quoi il sert, finalement, c'est à zigouiller un de nos héros de façon gratuite. On voudrait être ému mais vu que ces gens se sont comportés comme des mômes au Parc Astérix depuis le début de l'épisode, toujours à rigololer et à faire des vannes malgré les morts et le danger, on se dit qu'ils l'avaient quand même bien mérité. Et puis comme on l'avait vu venir dès le début de l'épisode, ça va, ça passe, on ne versera pas notre petite larme de rigueur, d'autant que comme ils veulent visiblement éviter toute forme de pathos, la dernière réplique de l'intéressée sonnera un peu comme "ouais nan mais c'est cool, no problem, j'assume, c'est pas grave allez on s'est bien amusé quand même". Comme ça le spectateur il est pas trop triste et il se couche pas perturbé ni rien. Safe space, tout ça.


- Tout ça amenant logiquement à des scènes émotion expédiées en deux minutes (parce que l'émotion, c'est une micro-agression), histoire qu'on puisse passer vite fait à la séquence pretty woman et revenir au LOL. Limite le protagoniste était plus bouleversé au début par le fait de ne pas arriver à faire du vélo.

Ce "style" vestimentaire abominable ne vous rappelle rien ?

NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO ! OH MY GOD NO !!!


- S'ensuit un faux trailer présentant le casting entier de cette nouvelle saison, dont le mot d'ordre semble avoir été "surtout prends pas de blancs, Chris, ou alors juste pour jouer les méchants, pour faire plaisir à Twitter)", suggérant par-là même que l'extraterrestre est pakistanais par défaut et que la diversité, c'est très cool mais seulement si on n'est pas blanc. Sauf que bon, de la part d'un scénariste qui, de toute évidence, veut jouer à tout prix la carte de l'anti-racisme Twitter (je précise, parce qu'anti-raciste pour de vrai, la série l'était bien avant Chibnall), faire débarquer son envahisseur dans un plat à tajine géant, ça ne fait pas passer le bon message...

 

Bijour, missieur Vincent

 

Mais ça pourrait permettre des crossover intéressants avec le reboot US.


- Mais surtout, surtout, C'EST QUOI CE NOUVEAU DOCTOR TOUT GENTIL TOUT MIELLEUX, TOUT POSITIF  - HELLO KITTY STYLE ? Pas une once de noirceur, pas une once de mépris, pas une once d’ambiguïté... alors qu'il avait fallu une saison entière au 12ème pour révéler ses sentiments exacts à l'égard de l'humanité. Ce n'est pas une femme, ça, vous m'excuserez. C'est Oui-Oui. Il a juste tuné sa bagnole en cabine téléphonique.


Alors au risque de me répéter, je sais bien que c'est Doctor Who et que c'est normal, les incohérences, dans Doctor Who.

Mais en l'occurrence, j'aurais bien aimé une ou deux cohérences de temps en temps.

 

Pour équilibrer un peu, quoi...

 

[MISE A JOUR]

 

Parce qu'on ne change pas une équipe qui gagne, alors pourquoi changerait-on une équipe qui perd : Le Debrief de l'épisode 2.

 

Bon, déjà, force est de constater que c'était un poil mieux que la semaine dernière ; mais ce n'était pas non plus très dur à faire vu que même le spectacle de Vitalis avec son singe et son clébard, là, c'était du Dark City à côté de l'épisode pilote.


Qui sait ? Si Chibnall apprend à faire son métier correctement d'ici la fin de la saison, on aura même droit à quelques bons épisodes ?


Non parce que rétrospectivement, je ne m'explique pas Broadchurch, hein. Du tout. La vraie science-fiction, elle est là : comment un tel tâcheron a pu être aussi bon dans le drame humain et le policier de province, et s'avérer aussi mauvais quand il s'agit d'envoyer ses personnages dans l'espace ?


Cette semaine encore, on a eu droit à la foire aux Deus Ex Machina grossiers, au character development en solde (tout doit disparaître, à commencer par la psyché des personnages), aux répliques Cleverbot ("on est plus forts ensemble" : c'est la réplique la plus humanisto-badass de l'épisode. Niveau carte postale Paint à partager sur Facebook "si toi aussi tu pense ke cé tro vré", clique sur le pouce bleu tout en bleu), et incohérences à tous les étages.

Morceaux choisis, parce que je n'ai pas tout le week-end non plus :


- Les protagonistes sauvés d'une mort certaine dès les premières secondes de l'épisode par un Deus Ex Machina tellement énorme qu'il va falloir le mettre à la diète ? #check (et ne parlons pas du fait qu'ils aient été sauvés par deux vaisseaux différents, qui ne se sont pas vus l'un l'autre, alors que nos héros étaient à moins de trois mètres les uns des autres. C'est vrai, quoi ? ça fait quelle taille, un vaisseau de l'espace ? 40 mètres, à peine ? ça se loupe facilement, dans un vaste espace infini plein de "rien". Et puis c'est pas comme si ça avait un radar ni rien, un vaisseau de l'espace... Non mais après, c'est bien, hein, de séparer le groupe, ça crée une tension et tout, mais enfin à quoi ça sert si c'est pour les réunir cinq minutes plus tard ?).

 

 Encore trois épisodes comme ça et les personnages seront engloutis par mes larmes de fanboy.


- Les persos qui comprennent l'extraterrestre et qui le parlent couramment "parce qu'on leur a collé une puce dès qu'on les a sauvé" malgré l'urgence de la situation et le fait que les deux vaisseaux soient des poubelles volantes ? #check Je sais pas ce qu'ils ont comme matos médical dans le futur mais franchement, ils auraient dû en envoyer un peu à mon dentiste, ça m'éviterait de devoir me faire ré-opérer des dents de sagesse.


- L'un des deux vaisseaux qui s'écrase PILE sur l'autre groupe de persos (c'est pas comme s'il y avait toute une planète autour), et ce même groupe de perso qui se met à courir en ligne droite, PILE dans la trajectoire du vaisseau qui leur fonce dessus, au lieu de s'écarter sur les côtés ? #check


- L'hologramme magique qui leur permet de récupérer deux localisateurs bien réels avant de disparaître ? #check (à sa décharge, à la toute fin, il fait aussi office de téléporteur magique d'humains à l'autre bout de la galaxie, c'est de l'hologramme multi-usage tout droit tiré du téléachat de M6, ça, ma brave dame, c'est pas à la portée de toutes les bourses). Chibnall a vraiment un problème avec le concept de "dématérialisé", n'empêche. Je vais lui offrir un jeu Steam en lui stipulant de bien le ranger dans sa boîte après chaque utilisation. Juste pour voir sa tête.


- Le dénouement fastoche ? #check ("si tu dis pas qu'on est ex-aequo et ben je reviendrais et je te tuerais le visage" "ha oui, houlala, j'ai peur. Je pourrais te laisser croupir sur cette planète mortelle ou engager des gardes du corps +++ avec tout mon pognon, mais non, j'ai peur, houlalala, je vous déclare ex aequo ! Sans rancune, hein. Allez, je vous téléporte tous les deux et on verra rien de ce qui vous arrivera une fois arrivé à destination, HOHOHOHOHOHO").


- Les autoréférences prétentieuses ? #check (Holala, c'est la faute des méchants aliens de l'épisode 1 ! En trente ans de Doctor Who, le Doc les avait jamais rencontrés mais là, paf, c'est deux fois de suite en 24 heures dites donc ! Il y a des jours comme ça... Bon, si encore ces aliens étaient un minimum classe, ou flippants, je dis pas. Mais comme on l'a vu dans l'épisode précédent, c'est juste des mecs qui tuent des vieux et des clodos pour leur piquer leurs dents. Question adversaire récurrents, c'est level Kromagg).

 

- Oui mais si le vieux, il porte un dentier ? Il se passe quoi ?


- Le background pété ? #check. Non parce que bon, ça va, oh, on vous dit que c'est un ancien champ d'expérimentations des Méchanzaliens, il vous faut savoir quoi de plus ? Qui est le mec qui a organisé la course, au juste ? Pourquoi il les envoie là-bas ? Comment il sait ce qui s'y est passé (et ce qui s'y passe encore) ? Comment il a eu vent de l'existence d'un "monument fantôme" ? Pourquoi il en a quelque chose à faire ? Et d'ailleurs sa course, c'est quoi ? Elle sert à quoi ? Qui regarde ? Comment ? Pourquoi ? Et qu'est-ce qui attend les personnages à leur retour chez eux ? Et pourquoi c'est un ancien gagnant qui la gère ? Qui l'a organisée en premier lieu ? Si c'est un ancien gagnant, sa fortune lui vient de sa victoire précédente, donc la récompense du nouveau gagnant, elle viendra d'où ? De toute évidence, tout le monde s'en fiche sauf moi. C'est un champ d'expérimentations des Méchanzaliens, on vous dit. Tout est cohérent (pauvres Méchanzaliens, n'empêche. Ils sont censés être la terreur de la galaxie et les scientifiques ont réussi à leur créer quoi ? Des bactéries bouffeuses de chair humaine, super utile SAUF SI ON TOMBE SUR UNE PLANETE SANS HUMAINS DESSUS. Des Snipers robots sous Windows X qui se mettent en veille toutes les dix secondes, ne tirent pas si tu ne fais pas de mouvements brusques et que quand ils tirent, ils loupent systématiquement leur cible dès lors qu'elle court en zig zag. Des bouts de tissus volants qui ne sortent que la nuit et qui brûlent si on les enflamme. Houlalala, mais c'est que c'est redoutable, dites-donc ! Laissez-moi deviner ? Les scientifiques qui ont bossé là-dessus sont devenu chef de projet chez Fisher-Price ?).


- La mythologie réinventée par un gosse de 6 ans ? #check. [Voix de monstre très angoissant et très monstrueux] : "Je lis la peur qu'il y a en toi, Eternal Child" "hein, quoi, comment ? Vous m'avez appelé comment, là ?" "ha ha ha, après plus de trente ans d'aventures, tu ignores donc encore qui tu es vraiment pour de vrai de vrai ? ! Comme c'est cocasse ! Heureusement que cette saison pourrie va nous l'apprendre et gare aux traces de paumes sur le visage, ça risque de chauffer pas mal" "merci monstre monstrueux" "mais de rien, Omnipotent Mind of The Free Planet from Space the Return" "De quoi ?" "non, rien. j'ai éternué, juste".


- Le Tardis qui est là juste parce qu'il doit y être ? #check. Il est plus grand, mais surtout beaucoup plus moche à l'intérieur, d'ailleurs, au passage.


- La morale niveau petit ours brun ? #check. Il faut faire confiance aux gens parce qu'on est plus mieux bien à plusieurs que tout seul. Et sinon les armes c'est mal, il faut toujours utiliser son intelligence à sa place (dit le perso qui ne s'en sort que parce que le scénariste lui balance pile de quoi s'en sortir à portée de la main à chaque nouveau danger. C'est un peu facile et condescendant, quand même, de critiquer les armes quand on est du genre à trouver un IEM 100% fonctionnel par terre quand on en a besoin. On verra s'il dira la même chose, le Doc, quand il devra tomber à Garmoulax du Chaos et qu'il aura le choix entre un fusil d'assaut et une collec de pogs).

 

Les acteurs, découvrant le script (allégorie).


- L'accessoire dont on sait qu'il va sauver tout le monde dès que le perso le sort de sa poche ? #check. "Et alors c'est un cigare magique que quand on claque des doigts, il s'allume tout seul". Mais bien sûr Roger. Déjà, c'est super dangereux, ton truc, te balade pas avec un jour de marché, ça pourrait te jouer des tours. Et ensuite, vu que ton cigare vient d'avoir plus de background et de character developement à lui tout seul que n'importe quel perso dans cet épisode, tu crois qu'on ne te voit pas venir ? En plus il fait gentiment rigoler, le Doc, quand il dit "pas d'armes", puis qu'il crame ses ennemis tranquille en mode napalm ("oui mais techniquement c'est pas une arme même si ça en a les effets". Doctor Connard, pour vous servir. D'ailleurs il n'était pas censé discuter un peu avec eux, d'abord, avant de les transformer en méchoui géant ? Essayer de les raisonner, comme il l'a fait sans raison apparente avec le tueur à la tronche pleine de dents dans l'épisode précédent ? Non ? Pourtant, ça parle, ça a l'air intelligent, ça mérite au moins la même chance qu'une version Leaderprice de Predator - en parlant des bouts de tissus volants : ce dont il s'agit véritablement, et comment ça fonctionne, on n'en saura jamais rien non plus, d'ailleurs. C'est des bouts de tissus qui volent, qui pensent, qui parlent, qui lisent dans les esprits et qui absorbent les peurs des gens. Encore deux semaines d'expérimentations et ils faisaient aussi couteau-suisse, le café et du ski sur gazon . La science for the win ).

- Bon et puis je chipote mais le gars typé maghrébin, dans une tente pleine de  coussins et de tapis, au milieu du désert, franchement, c'est du cliché old school dont on se passerait bien, surtout après le plat à tajine de l'épisode précédent.

 

Ha mais ça y est, ils ont lancé la préprod' d'Iznogoud 2 ?


- Et sinon, les ruines, vous pouviez pas juste les contourner, bande de tarés ? ("ha ben non, le gars-qu'on-sait-pas-qui-c'est il a dit qu'on devait les traverser" "Il avait pas dit qu'il fallait traverser la montagne, aussi ? Celle qu'on a pris un raccourci pour l'éviter" "Ha ouais, merde").

 

 - Last but not least : ce sera exploité un jour dans le script, le fait que le Doctor soit devenu une femme, ou c'était juste du bon gros produit d'appel dégueulasse pour survendre la nouvelle saison (je colle un point d'interrogation pour la forme mais ce n'est pas une vraie question) ? Non parce que bon, une réplique en deux épisodes, je veux pas paraître tatillon mais c'est un peu léger pour justifier ce qu'on nous présente comme une révolution. Je sais pas, moi. Quand on est scénariste et qu'on fait ce genre de choix, c'est pour l'exploiter ensuite, pas juste pour faire joli sur les couvertures des programmes TV parce que dans ce cas présent, ce serait grave sexiste. Le gars, il change le sexe du Doctor et ma foi, pourquoi pas, hein. Moi ça m'a gonflé parce que ça avait déjà été (bien) fait avec le Master, donc c'était redondant, mais bon, ça n'empêche, ça se défend. Mais si pour Chibnall, faire du Doctor une femme, c'est juste comme changer la couleur du Tardis, ben comment dire... c'est pas super féministe-friendly, comme démarche. Après, bon, j'ai beau avoir pris le bonhomme en grippe (c'est de saison), j'espère toujours au fond de moi qu'il n'a pas fait ce choix parce que son Doctor est plus doux et plus maternant. Non. Non, pas possible. ça ne peut pas être ça. Même Chibnall ne peut pas être aussi... Chibnallesque. Dites-moi qu'il ne peut pas être aussi Chibnallesque, et qu'on n'est pas en train de faire un bond de quinze ans en arrière, en matière d'héroïnes TV...

 

 - Ha et puis dans le même ordre d'idée, ça, j'avoue, je ne l'avais pas vu venir, mais j'aurais dû aussi.

 

N'empêche que mine de rien, quand on regarde cette vidéo (antérieure à la diffusion de ces deux épisodes), on comprend bien des choses :

 

 

 Et puisqu'on est lancés...

 

Bon et puis la semaine prochaine, un épisode historique sur, ô surprise : Rosa Parks.

Dans ces conditions, franchement, qu'est-ce qui pourrait mal tourner ?

 

 

[MISE A JOUR]

 

"Qu'est-ce qui pouvait mal tourner ?", écrivais-je donc la semaine dernière, en espérant toujours que la série me ferait mentir et se mettrait un peu la pression, compte tenu de la gravité du sujet traité.

Pensez-vous !

Après deux épisodes aussi consistants qu'un Chipster Marque Repère, on était en droit de penser que l'arrivée au générique d'un nouveau scénariste (et même : d'UNE nouvelle scénariste) pourrait redorer un peu le blason narratif de la série - qui ne risquait plus grand chose de ce côté là). Mais comme disaient très justement les frères Elric : nous nous trompions, et il nous a fallu céder quelque chose pour l'apprendre.

Allors voilà, jusqu'ici, j'ai été gentil, j'ai été patient, j'ai été bienveillant. Un peu caustique, certes. Mais j'ai souri et plaisanté parce que bon, ça va, ho, un extraterrestre qui voyage dans l'espace et le temps dans une cabine de police, mollo le fanboy, c'est pas non plus Shakespeare ou un meeting La Manif pour Tous, y'a pas d'enjeux, c'est du divertissement et si c'est mauvais, ma foi, c'est sans importance, ce ne sont que des histoires d'aliens et de pioupiou lasers, ça cassera pas trois pattes à un canard vénusien.

Evidemment, avec un sujet aussi brûlant que celui de la ségrégation, on ne pouvait pas (ou du moins : on n'aurait pas du pouvoir) se permettre d'aborder les choses avec une telle légèreté (pour rester poli), confinant à l'inconscience satisfaite de celui qui ne possède qu'une culture historique de surface.
Et c'est moi qui dit ça.

Co-écrit par Chibnall (suuuurprise), cet épisode n'est pas qu'une insulte au spectateur, comme l'étaient les deux précédents, c'est aussi et surtout une insulte à Rosa Parks, à Martin Luther King et à tout ce, tous ceux qu'ils ont représentés, réduits ici à l'état de mascottes et d'attractions Disneyland au rabais.

Les personnages eux-mêmes nagent en plein dans le tour operator, la visite guidée barbe-à-papa à la main, résistant difficilement à l'envie de se prendre en selfie bras dessus bras dessous avec ces illustres figures historiques, traitées ici avec une condescendance vomitive (la bande-son ridicule achevant d'enfoncer le clou avec des gimmicks si grandiloquents qu'ils en deviennent involontairement comiques. La tristesse est totale).

Une fois de plus, rien dans l'intrigue ne fait sens, tout n'est que prétexte et cette énième course contre la montre, une fois de plus, espère dissuader le spectateur de se poser les questions qui fâchent - en vain. A commencer par :

- A quelle époque Ryan envoie-t-il le vilain méchant de l'épisode, et que devient-il là-bas ?
OSEF !
Quels dégâts il pourrait faire dans un lointain passé, hein ? C'est pas comme si le mec, sa spécialité, c'était de faire dérailler l'histoire en altérant de simples petits détails sans importanc... OH WAIT !

 

Alors la bonne nouvelle, c'est que si on ne fait pas trop de bruits,

on peut peut-être s'enfuir par la porte du studio. Chibnall a oublié de la verrouiller.

Voilà résumé en une seule pirouette toute la nullité superficielle de l'écriture Chibnallesque.
Pour le reste, sans surprise, c'est du niveau Chibnall de base :

- Le Doc et ses compagnons sont aux Etats Unis dans les années 50 mais OSEF du briefing, hein, ramassons des gants par terre et allons manger de steaks tranquilou, c'est la maison qui offre, qu'est-ce qui pourrait mal tourner ? P*tain mais MEME moi j'aurais demandé à tout le monde de rester prudent et d'interagir a minima, voire de ne pas descendre du TARDIS du tout ! ET LA ILS VONT DANS UNE P*TAIN DE STEAKHOUSE ! Avec un black et une pakistanaise ! Mais c'est quoi, le problème de ce nouveau Doc ? Il a des envies de suicide ou il veut juste se débarrasser de ses compagnons sans attirer des soupçons ni rien ?

- Non parce que quand plus tard, il faut convaincre des blancs de prendre le bus, qui pourrait-on envoyer faire le boulot en pleine nuit, hein ? Ryan, bien sûr, qu'est-ce qui pourrait re-mal tourner ? Comment ? On a retrouvé son corps sans vie dans le Mississipi ? Ha ben balancez donc une séquence émotion de vingt deux secondes, comme pour sa grand mère, et on n'en parlera plus, comme pour sa grand mère. Hein, quoi ? Il s'en est sorti sans encombre ? Ha bon ben d'accord alors. La prochaine fois, on prendra pas de risques, on lui nouera directement une corde autour du cou.

- Bon, après, le Doc et sa bande ont quand même de la chance que tout le monde soit teubé, dans les années 50 (ben oui, quoi, c'était les années 50 ! C'était pas comme nous les millenials ni rien qu'on est trop l'aboutissement de l'humanité t'as vu !), ça permet de mettre en place de plans à la Scoubidou qui ne fonctionneraient pas avec des gens normaux en face, du style (mais sans caractère limitatif) "youhouuu je débarque de nulle part, je te pose plein de questions intimes sur ta life mais c'est pour une tombola mais si j'te jure wallah la vie d'Nameck" ("mais, euuuh, je suis la seule à participer ou bien ça se passe comment ?"), ou du style "youhouuuuu je viens te proposer de ne pas aller bosser aujourd'hui mais je te jure wallah, la vie d'Popeck, t'as gagné à une tombola, tout a été arrangé avec ton boss, tu peux y aller sans crainte mais par contre, bon, faut partir maintenant, hein, on a pas la journée !" ("mais, euuuuh, j'ai participé à aucune tombola, moi... Oh et puis zut, quelle importance !"), ou encore du style "holalala dis-donc je discute un peu avec toi allez on est potes de billard allez je débarque sur ton lieu de pèche préféré avec mon petit fils noir mais osef, allez, tiens, je t'ai volé un bus, sans rancune, t'as vu ?" ("allo ? La Police ?"), ou comme "holalala j'ai abîmé mon manteau et il est super important, il faut le recoudre là maintenant c'est un super manteau et vous savez bien comment sont les anglais t'as vu allez vite, vite, vite, on s'active !" ("mais vous étiez pas la femme de la tombola ? Celle qui a demandé à son pote black de me suivre jusqu'à chez moi ? Vous me prendriez pas un peu pour une connasse ?"). Et là, pardon mais je vais exploser un peu. Parce que ça va bien deux secondes, oh, le jeunisme de merde. Je n'y connais pas grand chose à la grande histoire, peut-être, mais s'il y a bien une chose que je sais (et que les audiences de cet épisode confirment), c'est qu'ils n'étaient pas plus cons dans les années 50 qu'aujourd'hui, hein. C'est pas parce qu'ils n'avaient pas Snapchat, Wikipedia et Akinator qu'ils n'avaient pas une intelligence comparable à la nôtre, hein. C'est pas des genres d'hommes préhistoriques juste parce qu'ils sont coiffés à la Jackie Kennedy, p*tain. Sérieusement, il va vraiment falloir arrêter avec ce complexe de supériorité mal placé juste parce qu'on a abaissé le niveau du bac sous le niveau de la mer et qu'on a eu 12/20 juste parce qu'on sait écrire son prénom sans faute. ça devient franchement embarrassant. Surtout si au final, c'est pour faire passer une femme comme Rosa Parks pour une demeurée totale. Je suis le seul à avoir envie de hurler quand je vois ça, ou pas ?

 

Chut. Si on ne fait pas trop de bruits, Chibnall ne nous retrouvera peut-être pas

et on pourra aller auditionner pour une vraie série.

 

- Dans le même ordre d'idée, je trouve profondément abject qu'on puisse suggérer que le combat contre la ségrégation ait pu se réduire à ce seul "moment" et à l'action d'une seule femme - si courageuse et inspirée fut-elle. Parce que c'est manquer de respect aux milliers d'autres personnes qui se sont battus de conserve pour que les mentalités évoluent. ça revient à les balayer d'un revers de la main, comme si leurs  propres combats n'avaient pas eu le moindre impact ni la moindre importance. Dans leur script, les auteurs font comme si tout n'avait dépendu que d'un seul acte, de la part d'une seule personne, sans laquelle rien ne serait arrivé, alors qu'il s'agissait du combat de toute une communauté, voire de toute une société, auquel l'acte en question a servi de catalyseur. Suggérer que sans Rosa Parks, personne ne se serait battu ni n'aurait fait avancer le monde, c'est cracher au visage de toutes celles et ceux qui ont oeuvré dans ce sens à l'époque. A titre personnel, ça me révulse.

- Last but not least : à quel moment exactement le scénario est supposé tenir debout ? Non parce que bon, plutôt que de se disperser dans cette course contre la montre artificielle et mal rythmée, est-ce qu'il n'aurait pas été plus judicieux, je ne sais pas moi, à tout hasard - et notez que c'est juste une suggestion, hein, je ne suis pas un extraterrestre vieux de quatre millions d'années - de CAPTURER LE GARS vu qu'il ne peut faire de mal à personne ? Est-ce que ça n'aurait pas genre RÉGLÉ TOUS LES PROBLÈMES AVANT MEME QU'ILS NE SE PRESENTENT ? Surtout si c'était pour l'envoyer dans le passé, au final, sans que le Doc ne flippe à aucun moment des dégâts qu'il pourrait y causer ni n'engueule Ryan pour son acte quelque peu "inconsidéré" ! Non parce que si l'excuse, c'est "oui mais maintenant, le Doctor, c'est une femme, il ne peut plus se battre", déjà, sur le plan féministe, ça me collerait quelques suées nocturnes, mais en plus, bon, c'est pas comme si on l'avait vu paralyser un gars du bout du petit doigt dans l'épisode précédent, ni rien. C'est vrai, quoi ! Une même attaque ne marche jamais deux fois dans une même saison, chevalier ! Ne t'a-t-on donc rien appris aux Cinq Pics en Chine ? Et puis c'est pas comme si le Doc pouvait bipper les Judoon ou faire appel à la Shadow Proclamation, noooon, penses-tu ! Que les crimes temporels soient leur juridiction, ce n'est qu'un (énième) détail sans importance... si on devait toujours réfléchir de façon logique, il n'y aurait jamais d'histoires (quand on est un tâcheron, oui, c'est sûr) ! Du côté du méchant, c'est guère mieux, d'ailleurs : il ne peut faire de mal à personne, d'accord, ça on a bien compris. Ce qu'on comprend beaucoup moins, c'est : pourquoi n'engage-t-il pas un ou deux rednecks pour faire le boulot à sa place ? C'est pas comme s'il aurait eu du mal à en trouver ni rien ? Et même, tiens : pourquoi il ne s'est pas contenté d'envoyer Rosa au 57ème siècle avec son weeping-angel-gun ? Ben oui. Pourquoi il a carrément pas fait ça ?

 

Bref, en un mot comme en cent, un épisode calamiteux de bout en bout, dont le récit n'a lieu d'être que parce que les personnages principaux ont le bon sens à l'envers (comme c'est commode), et qui n'existe (cessons donc de jouer aux cons, s'il vous plaît) que parce que Chibnall voulait traiter la question du racisme en mode Twitter ; et sur ce plan, c'est une réussite, que ce soit dans la peinture naïve, bidimensionnelle, manichéenne et stéréotypée de la société de l'époque ou l'absence de finesse avec laquelle sont présentés les "méchants blancs" qui ne sont que ça : des "méchants blancs", avec des têtes et des manies de méchants blancs. Y'en a même un qui est venu du 57ème siècles pour empêcher les Noirs d'accéder à l'égalité, alors qu'il vit sans doute entouré de dix mille millions d'espèces extra-terrestres et qu'un peu plus de mélanine dans la peau doit être la moindre des différences avec laquelle il doit composer mais comme disait l'autre (et l'autre, on l'aura compris, c'est Chibnall) : OSEF C DOCTOR OU ! Au passage, l'épisode nous donne une assez bonne idée de ce qui nous attend en matière de fictions avec l'avènement de ces chevaliers blancs (insistons sur ce dernier point) qui n'ont ni intelligence véritable, ni réflexion, ni culture, ni aucune capacité à appréhender des faits au-delà de la seule surface des choses. Car si lutter contre les préjugés et le racisme via une oeuvre de fiction populaire est une noble ambition - qui a notamment distingué en leur temps les X-Men du reste de la production super-héroïque -, Chibnall et sa consoeur livrent ici une caricature de racisme douloureuse de manichéisme et d'autosatisfaction dégueulasse, avec des scènes d'une rare complaisance, façon "Oui-Oui et sa chaussure en match de 4 à 4 contre Jean-Marie Le Pen et Marion Maréchal". Ma foi. Que pouvait-on attendre de mieux de la part d'une auteure de page-turners pour ados qui s'est fait connaître en réécrivant Roméo et Juliette dans un monde ou les Noirs gouvernent et où les Blancs sont opprimés.
TOP A LA SUBTILITÉ ET A LA SUBVERSION.
LOL.

 

Houuuuuu, je suis blanc et j'ai un blouson cuir, je suis donc un gros raciste ! CQFD !

 

Mais bon. Finalement, quand on prend du recul deux secondes, on se rend compte que cette saison de Doctor Who, pour le moment, tout bien pesé, ce n'est pas du Doctor Who. C'est du Sliders. Du MAUVAIS Sliders, qui plus est. Et cet épisode, plus encore que les deux autres. Sauf que bon, Sliders, c'était les années 90. Et quand c'était mauvais, c'était VRAIMENT très très mauvais.

Un mot à ce sujet, d'ailleurs, parce qu'on a longtemps accusé la série d'être sexiste, en ce sens qu'il n'y avait que des scénaristes "hommes". Suite à ce constat (légitime), on est allé chercher des scénaristes "femmes" pour la parité - et si je suis le premier à reconnaître que la qualité d'un scénariste ne se juge pas à ses attributs sexuels, il faudrait revoir l'entretien d'embauche parce que si ça consiste juste à embaucher des femmes parce que ce sont des femmes, c'est aussi, sinon plus, sexiste que de ne pas en embaucher du tout. Parce que jusqu'à présent, les femmes scénaristes qui ont travaillé sur la série ont livré quelques-uns des pires épisodes de l'ère New Who, et ce n'est pas peu dire (The Woman who lived, Thin Ice, Eaters of Light et maintenant ce "Rosa").

Une fois de plus, pas sûr que cela fasse passer le bon message non plus.

 

[MISE A JOUR]

 

Bon ben c'est bon, là, je crois que j'ai bien assez fait preuve de bienveillance comme ça.
Je ne lui ai pas laissé 1, je ne lui ai pas laissé 2, je ne lui ai pas laissé 3 épisodes pour faire ses preuves, à ce Doctor Who cuvée 11 !

JE LUI EN AI LAISSE 4 !

Et qu'est-ce que j'ai obtenu en retour ?
Hein ?
QU'EST-CE QUE J'AI OBTENU EN RETOUR ?

Des araignées mutantes en plastoc de l'espace.

Alors oui, le titre de l'épisode est excellent et mon petit doigt me dit que ce sera sans doute la meilleure trouvaille de la saison - et vraisemblablement la seule.

Pour le reste, inutile d'y aller par quatre chemins : c'est du Chibnall. ENCORE.

 

Ha, je crois que Joddie est tombée sur l'épisode à la TV...

Ce qui inclue, sans surprise :

- LES COÏNCIDENCES RIDICULES (on les attend désormais comme de vieilles amies qu'on est heureux de revoir chaque semaine, on leur tape la bise et on leur fait une ch'tite place dans le canap') : "hé mais en fait pendant tout ce temps on habitait tous en face les uns des autres et en plus la victime elle habite à côté de chez Yaz pendant que Graham a une araignée dans le plafond (de sa baraque, hein, comme vous y allez) et que la mère de Yaz travaille dans l'hôtel d'où viennent les araignées !". Que le monde est petit ! C'est pas sept degré de séparations, chez Chibnall. C'est maxi 1 et demi par jour de grand vent.

- LES REFERENCES QUI FONT TIEP : ça n'y a pas coupé une seule fois pour le moment. Avec Chibnall, le cahier des charges, c'est "placer une référence random à un personnage historique random d'une façon décalée rigolote random". Mais alors n'importe qui, hein, et n'importe quand, on s'en fout. L'essentiel, c'est bien d'en caler une ou deux par épisode de manière totalement gratos tout en faisant une blagounette anachronique pas drôle pour bien montrer que le Doc, il voyage dans le temps et qu'il est rigolol. Socrate il avait des lunettes et Virginia Woolf elle mangeait des macaronis au fromage. Hohoho, qu'est-ce que c'est fin, qu'est-ce que c'est fun, qu'est-ce qu'on rigo... ah tiens non. Dans le même ordre d'idée, il faut également placer une référence à une figure publique d'actualité, pour créer un lien direct avec la réalité du spectateur et susciter une connivence. Un procédé d'une ringardise égale, qui sonne tout aussi faux et agace plus qu'autre chose. Mais bon. Qui sait ? On aura peut-être droit à un clin d'oeil à Pewdiepie alors tout ça n'est peut-être pas si vain, en fin de compte.

 

Et y'a même du placement de produit pour Spider-Man sur PS4 ! Honte ! HONTE !!!

- LE GRAND BINGO TWITTER DES POLEMIQUES A LA MODE : là encore, le cahier des charges est clair, et ce n'est que cela : un cahier des charges, appliqué avec une rigueur mécanique et sans une seule once d'implication. Il faut toujours en revenir aux thématiques qui font vibrer les réseaux sociaux, de la façon la plus grossière, la plus forcée et la plus maladroite qui soit, en prenant bien garde à ne traiter le thème qu'en surface pour éviter tout risque de réflexion (ce serait dommage, les gens à qui on s'adresse ici ne sont pas habitués, et puis on fait du divertissement familial, on s'en voudrait d'empêcher les gens de dormir). Entre les références LGBT récurrentes tout aussi gratuites et poussives que les références historiques, qui ne sont là que parce qu'elles doivent être là (c'était déjà problématique dans la saison 10, par moments, mais là on bat des records. Comme quoi, les hétéros qui se piquent de traiter d'homosexualité, c'est plus embarrassant qu'autre chose. On est loin, très loin, du naturel et de la finesse décomplexée avec laquelle Russel T Davis traitait le thème dans ses saisons à lui - mais lui savait de quoi il parlait, au moins, et par conséquent il le faisait bien), l'anti-américanisme primaire (houlala le méchant américain qui pense que les flingues c'est la civilisation, Chibnall a vu un documentaire là-dessus sur Instagram), l'éco-citoyenneté niveau Babar (polluer c'est mal), l'anti-capitalisme niveau Dora l'Exploratrice (être riche c'est mal et ça pollue), l'anti-politicisme niveau Tom-Tom et Nana (être un politique c'est être riche et polluer) et l'anti-spécisme niveau Casimir, il y a encore de quoi se régaler dans cet épisode. Et cocher des cases dans la grille du bingo. Parce que non, ce n'est pas qu'une façon de parler, cette saison a visiblement été écrite comme un grand bingo du combat social à 2 de QI (et attention, je ne dis pas que les causes sus-mentionnées sont mauvaises, au contraire. A part l'anti-américanisme, je souscris à toutes. C'est la façon dont elles sont traitées et défendues qui, comme trop souvent sur le net, est d'une bêtise contre-productive, qui les dessert allègrement - mais a priori, rien que penser ça fait de moi un facho).

 

L'Amérique (vue par Twitter)

Pour ce qui est du reste, franchement, je n'ai plus envie de perdre mon temps à débunker l'épisode minute par minute, ça demanderait définitivement trop de boulot.

Notons simplement que :

- Ce que devient notre américain-primaire-fou-de-la-gachette- futur-président-des-Younailletide-Staitse ? L'épisode ne le dit pas.

- Ce que devienne les dizaines d'araignées mutantes prisonnières de la Panic Room ? Et, accessoirement, les centaines qui n'en sont pas prisonnières et éparpillées dans Londres ? L'épisode s'en bat les steaks.

- Pourquoi Graham et Ryan doivent capturer un spécimen ? L'épisode s'en tartine l'oignon avec de la sauce chili (et il aime ça).

- Ce que deviennent les gens prisonniers des cocons ? L'épisode leur souhaite un prompt rétablissement dans les catacombes minières des fondations de l'hôtel.

D'ailleurs, juste un mot quand même sur l'hôtel en question... bon, notez que je ne suis pas ingénieur ni rien, hein, j'ai pas fait d'études d'architecte mais enfin, je ne suis pas certain que construire un hôtel de luxe sur un terrain truffé d'anciens conduits de mine à l'abandon soit une excellente idée à moyen terme, surtout quand on utilise en plus ces conduits à l'abandon pour stocker à la sauvage des déchets toxiques.

Je dis ça, je dis rien.

Big up quand même à la séquence "capturons les araignées sur fond de rap pourri" qui aura su donner le ton juste à cet épisode complètement pété.

Non mais vraiment.

 

Et ne parlons pas de cette pauvre Yaz qui, à aucun moment, ne se souvient qu'elle est officier de Police : ni quand elle est braquée sans raison par les gardes du corps du méchant ricain, ni quand elle découvre des gens dans des cocons, ni quand elle tombe sur une décharge de produits toxiques illégale, ni quand elle apprend que la vie de tous les Londoniens peut être menacée par des araignées mutantes, ni même quand il s'agit d'arrêter ledit méchant ricain à la fin pour, a minima, ses malversations éco-financières.

Faisons donc un bilan de fin d'aventure.

Qu'avons-nous accomplis, braves gens ?

Nous n'avons sauvé personne, nous n'avons rien arrangé du tout, nous avons juste laissé mourir toute seule une araignée pas si méchante que ça et nous nous sommes barrés tranquilou, lâchant dans la nature le politicien corrompu et livrant la ville à des milliers de bestioles grosses comme des dobermans, comme si le problème était réglé, pendant qu'une multinationale véreuse pourra poursuivre ses malversations en toute impunité et que la mère de Yaz pointera au chômage à cause d'un licenciement rien moins qu'abusif. Merci Doctor !

Magique, vraiment.

Rappelons quand même que le métier de Chibnall, c'est scénariste.

Ce mec est payé pour écrire ces trucs.

Remarque, c'est sans doute mieux que si on lui avait confié un poste à responsabilité...

 

 

[MISE A JOUR]

 

Doctor Who, épisode 5.

Bon.

Est-ce bien encore nécessaire ?

Non, hein.

Je me disais aussi.

Nous voilà arrivé à la moitié de la saison. Dès les premières minutes, pour la seconde fois en quatre épisodes, le Doctor cause la mort brutale de ses compagnons, qui ne s'en sortent pas parce qu'il est génial, pas parce qu'il peut tout faire, pas parce qu'il est le plus-mieux-fort-de-tout-l'univers mais parce qu'un vaisseau-hôpital magique passait par-là pile au bon moment, parce qu'il fait aussi démineur à mi-temps. Le Doc et ses amis se réveillent donc miraculeusement dans le plus grand gaspillage de budget intersidéral du monde puisque ce gigantesque moyen de transport ultrasophistiqué compte dix passagers en tout (EN COMPTANT NOS QUATRE PROTAGONISTES ET LES DEUX MEDECINS, pour un total de DEUX PERSONNES NECESSITANT DES SOINS. Le trou de la sécu, dans le futur, c'est le nom d'une nébuleuse). Bon, allez, je suis mauvaise langue, ils ne restent pas dix longtemps parce que bien sûr, dans l'espace, personne ne vous entendra soupirer de consternation alors on embarque vite un onzième passager qui passait par là en mode random total, la faute à pas de chance (sans doute qu'il existe une loi de conservation des énergies qui oblige un Deus ex Machina positif à s'équilibrer avec un négatif, ou un truc dans le genre).

Voilà donc nos héros menacés par le fils illégitime de Stitch et de Donald Trump sans sa perruque (parce que rappelez-vous la leçon de l'épisode précédent : les ricains c'est des méchants), bien décidé à bouffer le vaisseau spatial en marinade. ça plaît d'ailleurs moyen à la station qui radiocommande le vaisseau à distance (les pilotes, c'est pour les faibles : rien de tel pour traverser un champ d'astéroïde qu'une bonne vieille télécommande des familles), laquelle menace de faire sauter l'appareil si ses passagers confirment la présence d'un alien hostile à bord.

 

 Cette photo est à elle-même sa propre légende.

 

Heureusement, le Doctor a l'idée géniale de répondre que non, non, il n'y a rien de tel dans les parages, indépendamment du fait qu'il y a des caméras partout, a priori, que tout est filmé et qu'accessoirement, ils viennent de consulter la base de donnée du bidule pour faire des recherches sur une espèce rarissime et particulièrement dangereuse. "Non mais les images, vous savez, on peut leur faire dire n'importe quoi, hein. Non, franchement, ils disent que tout va bien, c'est que tout va bien. On ne va pas commencer à psychoter parce qu'ils ont perdu toutes leurs capsules de survie, ça n'aurait aucun sens. Allez, on leur reposera la question deux fois et si vraiment, au troisième coup, ils nous disent toujours qu'il n'y a pas d'alien, on fait tout sauter ! ça vous va, comme ça ?" (c'est quand même sympa de leur part de donner la possibilité de démentir deux fois ce qu'ils savent pourtant pertinemment. Par contre, la troisième fois, c'est un peu une escroquerie parce que si tu démentis, ils font tout sauter et si tu ne démentis pas, ils font tout sauter aussi. J'adore ces mecs. Ils ont tout compris à la fonction publique).

Donc vous l'aurez compris, la menace est grande, même si l'alien fait la taille d'un Pokemon. Dès lors, toutes les ressources humaines et non-humaines sont mobilisées : pendant que le Doc cherche comment se débarrasser de la bestiole, la moitié des héros... passe l'épisode entier au chevet d'un homme enceint pour l'aider à accoucher (il fallait bien que quelque chose comme ça tombe tôt ou tard : ça fait partie du bingo dont je parlais la semaine dernière), dans une embarrassante succession de scènes inutiles tout droit sorties des pires comédies beauf des années 80 (seule différence : on remplace la future maman hystérique par un futur papa, et tout à coup, ce qui était une caricature bas du front devient trop-lol-t'as-vu).

Mais bon, heureusement, le Doc est là pour essayer de suivre le fil narratif le plus artificiellement emberlificoté de l'histoire d'une série dans laquelle un vieux schnock de l'espace voyage dans une cabine à remonter le temps. Après un loooong cours magistral sur l'antimatière bien didactique à la "Il Etait une Fois tes Cours de Physique" (parce que la série doit désormais apprendre des choses aux enfants, c'est dans son profil de poste), le Doctor comprend que la bestiole a été attirée par le vaisseau parce qu'elle se nourrit d'énergie et du coup, forcément, au milieu du vide infini, elle ne risque pas d'en trouver beaucoup et du coup, un vaisseau, c'est une aubaine et... COMMENT CA LE VIDE INFINI C'EST BOURRE D'ENERGIE ? ! COMMENT CA UN VAISSEAU C'EST QUE DALLE EN COMPARAISON ? COMMENT CA CA SERT A RIEN DE PARLER D'ANTIMATIERE SI ON NE SAIT MEME PAS DE QUOI QU'ON CAUSE ? Mais personne lui dit jamais rien, à Chibnall, aussi ! Bref, l'alien a préféré bouffer du vaisseau en carton plutôt que de la géante gazeuse, hein, mais osef, on a tous le droit de préférer la junk food, hein, qui c'est que ça intéresse encore la cohérence !

Sur ces entrefaites, après une série de discussions et de rebondissements tous moins rythmés et plus laborieux les uns que les autres (impliquant l'utilisation d'une serviette magique king size que le Doc gardait visiblement sur lui "au cas où"), la station veut déclencher la bombe parce qu'on a beau être des médecins et tout, on n'a pas vocation non plus à ne pas faire de mal aux innocents. faut pas tout mélanger, merde à la fin ! Heureusement, le Doctor a réussi à détourner le signal, pendant qu'un des passagers a pu bricoler sans outils ni matériel un mix entre une station kinect et un dance-dance revolution du trente et unième siècle, avec détecteurs de mouvements et jantes alliage (tout ça, en trois minutes, excusez pour l'attente, il avait un lacet défait), permettant à sa soeur pilote d'élite (décorée de l'école du comme-par-hasard) de sacrifier héroïquement sa vie en pilotant pour la dernière fois l'engin jusqu'à sa destination.

Finalement, son sacrifice n'a pas été vain, l'alien mange la bombe conformément au plan du Doc et est éjecté dans l'espace, rassasié, l'heureux papa accouche d'un beau garçon et le frère ingénieur reprend les commandes du vaisseau pour l'amener à sa destination.... Tout est bien qui... euuuh... attendez, un peu, là... si le frère peut piloter, POURQUOI IL L'A PAS FAIT DEPUIS LE DEBUT, CE CON, AU LIEU DE LAISSER SA SOEUR S'Y COLLER EN SACHANT QU'ELLE N'EN RECHAPPERAIT PAS ?

 

 Cette photo est a elle-même sa propre légende aussi.

C'est même la légende de toute la saison 11.

 

Et alors juste, que ce soit bien clair, qui est-ce qui dirige cette station spatiale médicale, au juste ? Non parce qu'après avoir voulu faire sauter des innocents, hein, voilà qu'ils les accueillent à bras ouverts, en dépit du fait qu'ils ont eu un alien super-maxi-dangereux à bord, que les passagers leur ont menti trois fois, qu'ils ont bidouillé un faux signal pour les tromper, et qu'ils ont hacké les commandes avec une pince à linge et deux trombones... "dans trois heures, vous serez libres de prendre un téléporteur pour retourner à votre appareil", qu'elle conclue, la doctoresse, avec un optimisme flippant. Ha ben ça va, les mecs en face ne sont ni très rancuniers, ni trop regardant sur les responsabilités civiles et financières.

Non, ils vont juste laisser de parfaits inconnus utiliser leurs ressources pour se téléporter impunément sur la planète-décharge du début (mais si ! Souvenez-vous ! Celle où il n'y a pas de téléporteur, où on risque de tomber sur une mine sonique à tout moment et où le Doctor cherchait - peut-être en vain - des éléments pour faire redémarrer son Tardis en rade ! Celle sur laquelle ils avaient prévus de passer des mois à fouiller les poubelles dans l'espoir de trouver de quoi faire redémarrer sa grosse merde bleue, là, alors que si ça se trouve, selon lui, c'est peut-être même pas la bonne planète et du coup ils risquent d'y croupir pour l'éternité . Encore un happy end magique, ou je ne m'y connais pas).

Remarquez, vu ce qu'ils annoncent pour la semaine prochaine, ce serait peut-être mieux pour tout le monde.

Non parce qu'après la ségrégation, la colonisation de l'Inde... c'était quoi, déjà, l'expression consacrée ?

Ah oui.

"Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ?".

 

 

[MISE A JOUR]

 

Doctor Who, épisode 6.

 

Chibnall passe ENFIN la main en tant que scénariste - et abracadabra, le bond qualitatif est manifeste. Entendons-nous bien, ça reste très moyen, trop démonstratif, mal équilibré, mais dans le cadre de cette saison, grâce aux merveilles de la psychologie inversée, le "très moyen" tient déjà du chef d’œuvre. Les personnages cessent de courir tout le temps pour rien et commencent à parler entre eux, les incohérences se sont mis en RTT (faut dire qu'elles en avaient cumulé un paquet, aussi), le scénario prend le temps, se pose, n'oublie pas l'humain au profit de la péripétie, on a enfin l'impression "qu'il se passe des trucs" (en profondeur, et pas juste en surface).


Le trait est hélas toujours forcé, les personnages caricaturaux, les dialogues maladroits (parfois), le jeu d'acteur à l'avenant, les scènes cliché (parfois) mais Chibnall a placé la barre tellement bas que son challenger-de-la-semaine la saute en fossbury.

 

 - Et toi, t'as des plans pour l'après-Doctor Who ?

- Ben il paraît qu'ils recrutent chez Burger King alors je me suis dit "j'ai mes chances".


Difficile, cependant, de ne pas s'agacer de ce ton ostensiblement moralisateur, qui s'inscrit dans le prolongement des épisodes précédents et tape sur le système tellement il est dénué de finesse.


N'y aurait-il pas déjà eu cinq épisodes dans le même genre qu'on pourrait fermer les yeux sur ce nouveau cours magistral porté sur la culpabilisation, et même lui trouver une vraie pertinence, une vraie force narrative.


Mais après cinq fois cinquante minute de "les américains c'est des méchants, les blancs c'est des méchants, les hommes c'est des c*nnards et les vaches seront bien gardées", c'est le cubitainer d'eau qui fait déborder la coupe à saké.


Je ne sais pas qui a pensé que les gens normaux auraient plaisir à suivre une série qui passerait son temps à les humilier et à les traiter comme, jadis, on traitait Daleks et Cybermen, mais clairement, il a loupé son jet de Psychologie de Base.


Les audiences qui s'effondrent (légitimement) tendent à le confirmer.


Et c'est bien fait pour eux.

 

[MISE A JOUR]

 

Doctor Woke épisode 7 (plus que trois, youpi).

Donc là, ça y est, c'est bon, je crois que j'ai compris ce qu'ils essaient de faire, en fait. J'ai pigé la ligne directrice. Chibnall a décidé que Doctor Who serait un Black Mirror pour les 6-8 ans. Et bon, autant la partie Black Mirror est complètement foirée, autant la partie 6-8 ans est réussie. La preuve : on a vraiment l'impression que c'est l'âge de ceux qui écrivent les scénarios.

Du coup, chaque épisode se doit de dénonçailler une grande injustice identifiée et montée en épingle par les réseaux sociaux d'extrême gauche.

Aujourd’hui : les conditions de travail chez Amazon.

Ha non mais c'est bien, tout cet imaginaire, on voyage, on voit d'autres choses, c'est chouette.

Trois minutes, c'est à peu près le temps qu'il faut pour commencer à s'agacer, quand les dialogues virent au vieux tract syndicaliste et qu'on commence à voir la tête de Mélanchon superposée à celle de Jodie Whitakker. Non parce que toutes cette mécanisation, ces robots, ces quotas, cette course à la rentabilité, c'est pas bien, vous comprenez. Macron, démission !

 

On a donc pêle-mêle :

 

- Des robots censés inspirer la confiance aux consommateurs. Et alors on va encore dire que je pinaille mais quand tu designes un robot censé inspirer la confiance aux consommateurs, tu évites de lui coller des yeux rétro-éclairés et le sourire d'un psychopathe de film d'horreur sans quoi tu risques de déstabiliser ton cœur de cible. Un peu plus tard, le Doctor reproche à ses compagnons d'être robophobes, ok, d'accord, c'est pas bien, mais en même temps, c'est plus facile d'être open mind si le robot en question n'a pas la tronche du clown de « ça ».

 

Totale confiance on vous dit ! Arrêtez un peu avec la robophobie !

 

- Une méchante multinationale qui empêche ses employés de discuter (!), qui écoute leurs conversations (!!), qui leur parle mal (!!!) et qui les oblige à travailler sur leur temps de travail (!!!!). Et quand tu vois ça, tu te dis qu'effectivement, les nouvelles générations risquent d'avoir vraiment un problème pour s'insérer dans la vie active. Manquerait plus qu'on leur demande d'arriver à l'heure et si possible avant dix heures du matin.

- Un twist que tu devines dès les premières secondes (qui a envoyé le message de détresse ? Haaaa haaaaaaaa !) (non, la vraie question, ici, c'est : « comment l'I.A. qui gère Amazon connaît l'existence du Doctor et sait qu'il va pouvoir l'aider ? ». Ils l'ont couplé avec Akinator ou comment ça se passe ? Et genre, elle aurait pas juste pu appeler la Police de l'Espace, et sans tout le côté cryptique ?).

- Des gentils employés plein de rêves et d'histoires de famille qui font pleurer de l'oeil, et un méchant patron constipé qui fait tout le temps la tête et qui harcèle les gens pour le plaisir d'être méchant avec eux (du coup, paf, tu sais d'emblée qu'en fait, il est gentil mais qu'il est juste là pour nous détourner du vrai méchant de l'histoire. Il n'est juste pas très très doués pour exprimer ses sentiments de gentil, c'tout. Alors il insulte les gens. Narmol).

- Ryan qui se souvient ENFIN qu'il est dyspraxique (mais si, souvenez-vous, ils ont abandonné l'idée à partir de l'épisode 3, vu que ce détail n'était là que pour séduire un « certain public »), même s'il ne sait toujours pas exactement en quoi ça consiste et si ça n'apporte rien à l'action ou aux problématiques qui s'ensuivent.

- Un système de désinfection de colis qui tire des rayons lasers, parce que quand le colis il est réduit en poussière, il est bien désinfecté, ça, c'est sûr. Et sinon, le mécano, il aurait pas pu prévenir Ryan et Yaz au lieu de sauter avec eux dans le conduit en mode YOLO ?

 

The Confiance is over 9000.

 

Et puis vient l'heure de la révélation, et là, on passe de la consternation à la stupéfaction. Voire à l'admiration. On n'en croit pas ses yeux. Ni ses oreilles, accessoirement.

Comment ?
Quoi ?
Qu'est-ce qui vient de se passer ?
On a bien vu, vraiment ?

 

La saison 11 ne viendrait-elle pas d'être hackée par un scénariste-troll retord et fier de l'être ? Un agent infiltré ? Un frère de cœur et d'âme ?

En tout cas, une chose est sûre, ce mec n'est plus près d'écrire pour la série...

 

Car figurez-vous que le grand méchant de l'épisode n'est ni Amazon, ni le dirigeant d'Amazon, ni la robotisation d'Amazon, ni la façon dont on traite les gens chez Amazon, non. Le grand méchant, c'est le gentil technicien vingtenaire plein de grands idéaux qui veut lutter contre tout ça « au nom de l'humanité ». Quitte à tuer deux ou trois millions de personnes pour éveiller les conscience. Narmol aussi.

 

Ha ouais. Respect. Je l'ai pas vu venir, celle-là. Et je peux vous dire que ça râle, sur le net, ce qui justifie pleinement l'existence de cet épisode globalement médiocre, mais qui à au moins le mérite de ressembler à un épisode de Doctor Who, avec ses robots fllippants, ses morts vachardes et son cadre rétro-futuriste plutôt sympa. Rien d'original ni de bien ficelé pour autant, et pour cause : après sept épisodes d'observation, on peut laisser tomber le bénéfice du doute et mettre le doigt où ça fait mal : le Doc et ses compagnons. A l'exception de Graham, ils sont mauvais. Mauvais dans l'écriture, mauvais dans l'idée de départ, mauvais dans l'interprétation (voire pas interprétés du tout, big up à Yaz et Ryan), de sorte qu'ils suffiraient à plomber n'importe quel épisode rien qu'en apparaissant à l'écran. Sept épisodes, et on a toujours l'impression de regarder une adaptation live de Scoubidou, si c'est pas triste, quand même... Passé l'effet « découverte », Whittaker confirme qu'elle n'a rien d'une bonne actrice et saborde le peu (trop peu!) de scènes relativement consistantes qui lui sont dévolues. Un gâchis pur et simple.

 

Trop de confiance tue la confiance.

 

Bon et puis quand même, à la fin, les dirigeants d'Amazon ouvrent les yeux et décident d'octroyer à leurs employés des aller-retours en navette gratuits et deux semaines de congés payés, youpi c'est la fête. Ce qui invalide genre complètement le grand speech du Doctor, alors qu'il sermonnait notre Ché Guevara du Colissage en lui disant que non, tuer des gens n'amènera aucun « mieux », faut pas et en plus c'est pas bien. Ben si, ça a marché, la preuve. OWNED, le Doctor. C'est ballot. Sans compter que bon, je ne veux pas gâcher leur bel enthousiasme, aux dirigeants d'Amazon, mais enfin ils viennent quand même de perdre la totalité de leurs robots-livreurs dans une explosion gigantesque qui a anéanti le sous-sol de la boîte, ce qui doit se chiffrer en milliards de dégâts. Alors il va peut-être falloir faire un peu les comptes quand même avant d'envisager de recruter en masse. Je dis ça, je dis rien.

Enfin bon, une fois de plus, tout est bien qui finit bien, le Doc et ses amis peuvent reprendre leur voyage vers nulle part le cœur léger et l'âme en paix – mais avec le sentiment persistant d'avoir (une fois de plus aussi) oublié quelque chose. Mais bon. Rien d'important, sans doute. Au pire, ça leur reviendra.

Oui hein. C'est pas comme si l'I.A. qui gère Amazon a elle-même zigouillé une vingtaine de personnes « juste pour attirer l'attention », hein. Ou pour « montrer au méchant mécano ce que ça fait de perdre des gens qu'on aime ». Whatever. Non, après tout, c'était juste un appel à l'aide. Certes très maladroit, mais hé, on a tous nos limites, c'est pas pour ça qu'on devrait la débrancher et la débugguer avant de la relancer, pensez donc ! Laissons-lui le contrôle des milliers de robots qui restent ! Qu'est-ce qui pourrait mal se passer ?

Puisqu'on en parle, la semaine prochaine : troisième épisode « historique » de la saison (jusqu'ici, rappelons que les saisons précédentes n'en comptaient qu'un... mais comprenez un peu ! C'est qu'il y en a, des choses à dénoncer !), cette fois sur la chasse aux sorcières. Un sujet choisi tout à fait par hasard et qui ne donnera absolument pas lieu à de grands élans moralisateurs, non, non, non... Pensez-vous.

Ce sera bon enfant, on vous dit.

6 ou 8 ans, pas plus.

 

 

[MISE A JOUR]

 

Bon, pas possible d'y couper, il faut boire le plum-pudding jusqu'à la lie. Mais le cœur n'y est plus, et la lassitude a pris le relais. Aussi ferons-nous bref.

Doctor Wok, épisode 8 (oui, finalement, j'ai enlevé le « e » à woke, parce qu'avec cet épisode, c'est officiel, on entre de plain pied dans le registre du légume grillé).

En effet, à trois épisodes de la fin de la saison (DIEU MERCI !), si je peux encore accorder un mérite à cette onzième cuvée, c'est qu'elle n'en finit pas de me surprendre. Alors que je pensais avoir tout vu d'elle (jusque dans sa plus embarrassante nudité), et que j'avais baissé ma garde en conséquences, convaincu qu'elle avait touché le fond, elle réussi encore à s'enfoncer, lentement, mais sûrement, dans une boue métaphorique qui évoque à juste titre le « grand méchant » dans ce nouvel épisode Histo-hystérique.

 

Boue ! (comme on dit à Halloween)

 

Non parce qu'on peut (et même : on doit) applaudir Joy Wilkinson d'avoir réussi à écrire plus mal que Chris Chibnall, ce n'est définitivement pas un mince exploit - et je suis sûr que même le manga de Maître Gims pourrait nous le démontrer objectivement.

Après, ne soyons pas injuste pour autant : au moins, le fond de l'épisode reste très « Doctor-Whoesque », et c'est toujours ça de pris. En saison 2 ou 3, entre les mains d'un vrai scénariste (du sexe de votre choix, ne commencez pas à me chauffer les oreilles parce que votre esprit limité n'a toujours pas intégré le neutre), ça aurait même pu donner un double épisode assez sympathique. Sauf que nous ne sommes plus en saison 2 ou 3 et une fois de plus, les raisons de le déplorer ne manquent pas.

Aussi, penchons-nous donc un peu sur ce nouveau désastre.

Et quand je dis « penchons-nous », ce ne sont pas que des paroles en l'air vu que c'est l'épisode tout entier qui est de traviole. Pas seulement sur le plan du scénario, non, ce serait trop facile. Sur le plan des images aussi. J'ignore ce qui a convaincu la réalisatrice que c'était une idée géniale de cadrer les trois quarts de ses plans en diagonale, ou de décaler systématiquement ses (trop nombreux) close-up à droite ou à gauche, mais visuellement, on en arrive vite à se demander si elle n'a juste pas monté son matos à l'envers.

Après, bon, je suis peut-être un peu vieux jeu mais j'aime bien quand une histoire a une introduction et une conclusion, hein. Je sais, c'est très réac', comme façon de voir les choses, mais je trouve que ça a un certain charme, quand on s'embête à introduire l'histoire, les enjeux et les personnages, au lieu de tirer sur la languette du Flamby scénaristique et de le regarder se démouler tout seul dans la gamelle... Bon, je comprends bien aussi que ça obligerait à faire une croix sur des péripéties inutiles à la Scoubidou, encore, comme de suivre des pseudos-sorcières jusqu'à un manoir pour aller y chercher une hache qui ne sert absolument à rien dans l'intrigue. Au moins, l'action, ça ne laisse pas au spectateur le temps de réfléchir, et encore moins de se rendre compte qu'on le mène en barcasse et qu'il faut écoper tous les vingt mètres.

D'ailleurs puisqu'on en parle, une fois de plus (et ça, j'avoue, ça me hérisse depuis le début de cette saison), la version féminine du Doc voyage dans le temps en pantalons, avec un tee-shirt fantaisie et deux compagnons « de couleur », sans que ça ne choque personne. Tout ce petit monde peut se déplacer librement et interagir avec quelque autrui que ce soit sans jamais que leurs conditions respectives ne représentent un danger – ou ne serait-ce même qu'un obstacle. C'est vrai quoi. Une femme en pantalon qui commande un groupe composé d'un « vieux blanc », d'un « jeune noir » et d'une « pakistanaise », ça n'aurait choqué personne aux Etats Unis en 1955, ni en Inde en 1947 et ça ne choque toujours pas en Angleterre en 1612. Et là, j'ai envie de crier : MAIS C'EST QUOI TON PROBLEME, LA SAISON 11 ? ! Alors que tes scénaristes ont délibérément choisi d'inclure une dimension « engagée » à leur propos et que tu as ici de la matière pour partir en vrille dans des diatribes politiques sans fin qui feraient passer Twitter pour le Dalaï Lama, au contraire, tu choisis de fermer les yeux, de « faire comme si » et de ne pas traiter ces questions-là, pourtant au centre de tes préoccupations - au mépris de toute exactitude historique et de tes propres principes. Alors vraiment, je ne sais pas mais quand on arrive à atteindre de tels sommets de contre-productivité, on devrait sérieusement songer à changer de métier. Il paraît qu'ils recrutent chez la Team Rocket.

 

 C'est marrant comme les screens de cette saison sont tous des mèmes qui s'ignorent.

 

Ceci posé, il faut bien reconnaître que contrairement aux sept épisodes précédents, celui-ci se permet quelques petites remarques et quelques timides allusions dans ce sens - et c'est précisément ce qui le rend encore pire que ses prédécesseurs, vu que les remarques sont lâchées de façon totalement random, gratuite, avec une absence de finesse confinant au déni de cervelle, avec autant de didactisme qu'un pamphlet pro-Mao version « profil d'une oeuvre ». « Les femmes du XVIIème n'ont pas le droit d'avoir de poches ! » Houlaaaaa, mais c'est que ça dénonce, dites-donc ! Les vilains misogynes ils en prennent pour leur grade ! Ha et puis « on infantilise les femmes ou on les traite de sorcières » ! Pensez-donc ! C'est très grave ! Quels salauds, ces gens des années wesh ! Heureusement qu'on est plus comme eux, nous, à part les mâles blancs hétéro cis-genres (mais eux c'est pas des vrais gens)... Entendons-nous bien quand même : c'était vrai, hein. Bien sûr, les femmes au XVIIème siècle était infantilisées, et parfois accusées de sorcellerie lorsqu'elles devenaient gênantes pour une raison ou pour une autre. Mais enfin s'il faut vraiment en parler dans une série de divertissement familial, peut-être que le « donner à voir » au lieu de se contenter de deux lignes insérées au script à coups de marteau, ça rendrait le message plus digeste et plus accessible. Parce que quand de surcroît, on fait l'inverse à l'écran, en présentant une femme forte, dirigeant son domaine seule et d'une main de fer, conduisant ses propres procès en sorcellerie et traitée comme une égale par ce gros misogyne de boloss de Roi, nos deux lignes pseudo-polémiques, on leur tire direct une balle dans le pied. A deux remarques sexistes près (adressées au Doctor), je ne les ai pas trop vues, moi, les femmes infantilisées, dans cet épisode. Au contraire. Du coup, heureusement que j'écoutais pendant mes cours d'Histoire, sans quoi je ressortirais de mon visionnage avec une idée vachement plus positive de la place de la femme au XVIIème... Ok, tout le monde ne peut pas être Arthur Miller ni écrire The Crucible, mais il y a de la marge, entre les deux. BEAUCOUP de marge.

D'ailleurs, au sujet de notre bon Roi, puisqu'on en parle (et même si on se demande encore ce qu'il foutait là), j'ai du mal à voir comment on peut écrire un épisode visant ouvertement à dénoncer le sexisme, et donc inscrire sa démarche dans une certaine idéologie de gauche, et à côté de ça essayer de faire rire avec l'homosexualité. C'est le genre de paradoxes qui me dépassent. Parce que même si ce n'est qu'à peine effleuré, je n'ai pas rêvé, ledit Roi nous la joue bien « Cage aux Folles » dans le seul but de susciter l'hilarité, et on serait en droit d'y voir quelques relents d'homophobie malgré tout. A moins que le seul fait de savoir qu'Alan Cumming se revendique « militant LGBT » rende le procédé (autant que la caricature) acceptables pour le tout-venant ?  Big up à l'acteur, au passage : malgré la looooooongue tradition de surjeu dans la série, c'est lui qui remporte haut la main la palme de l'interprétation à la truelle du maçon du frère du cousin de William Shakespeare. Il cabotinerait encore un peu plus qu'il pourrait reprendre le rôle de Scoubidou dans la saison 12.

 

" Holala comment le Roi il aime les garçons c'est trop rigolol best episode ever t'as vu ?"

 

Et sinon, petit conseil au Doc et à ses amis : la prochaine fois que vous essayez de vous faire passer pour des Grands Inquisiteurs, essayez de ne pas passer l'épisode à mettre en doute l'existence de Dieu, la justesse des jugements de l'église, la pertinence des saintes écritures ou la légitimité des procès en sorcellerie parce que vous pourriez être vite démasqués, n'empêche. Là, bon, je ne sais pas ce qui s'est passé, vous êtes tombés sur des gens vachement progressistes dans leur genre, c'était un sacré coup de chance mais ça aurait pu très vite chauffer pour vos fesses. Au sens propre.

Enfin, j'aimerais saluer l'optimisme (un peu sans-gêne) de la Police de l'Espace, qui emprisonne sur Terre une espèce archi-belliqueuse avec pour tout système de sécurité un arbre high tech qu'on peut tomber à coup de hache comme n'importe quel autre arbre. Meilleur bon plan de l'univers, moi je dis, parce que même sans êtres humains pour abattre ce qui gâche leur vue (au lieu de se décaler d'un pas sur leur droite), un simple glissement de terrain (et vu comme le coin est boueux, on ne va pas hurler à l'improbable) et c'est l'invasion galactique qui redémarre, dare-la-dire-la-dada... Heureusement, ce genre de matos, même abattu, ça se répare en dix secondes – et c'est une chance vu qu'il ne reste que vingt secondes d'épisode et qu'on doit encore essayer de faire pleurer le spectateur ! Pas de temps pour conclure, on vous a dit !

D'ailleurs au sujet de l'émotion facile, je tiens aussi à relever l'utilisation la plus putassière d'un violon depuis l'épisode avec Rosa Parks - au moins ! Musicalement, cette scène en début d'épisode devient d'une vulgarité propre à la grande bidonnade.

Après quoi France 4 a eu l'excellente idée de rediffuser l'Impossible Astronaute, premier épisode de la saison 6, avec un Matt Smith en grande forme – et notre petit couple Amy-Rory d'amour. Aimant les expériences psychologiques intenses, avec ma compagne, on a décidé d'en revisionner les premières minutes pour le fun.

A peine l'épisode était-il lancé qu'on s'est entreregardé et qu'on a éclaté de rire (et de bon cœur!). tellement la différence qualitative était énorme (et à tous les niveaux).

ET POURTANT C'ETAIT LA VERSION DOUBLEE, B*RDEL !

C'est qu'à force, on avait fini par se demander si on n'avait pas un peu trop idéalisé les saisons précédentes et si cette série n'avait pas été mauvaise depuis le début... c'est dire combien Chibnall a entamé notre foi.

Mais non, ouf, l'honneur est sauf. Il y avait plus de talent, de souffle et d'inspiration dans ces cinq petites minutes que dans ces huit épisodes mis bout-à-bout.

Supris ?

Retrospectivement, pas moi.

 

 

[MISE A JOUR]

 

Doctor Who saison 11, épisode 9.

Ou devrait-on dire plutôt : Doctor Who saison 11, épisode 1.

Ok, alors vous aurez peut-être autant de mal que moi à y croire, hein, mais l'avant-dernier épisode de cette saison 11 (et également l'épisode le moins aimé des fans, il n'y a pas de hasard) est un très très bon épisode de Doctor Who, toutes saisons confondues.

Limite excellent, même.

Je sais, je sais. ça me fait tout drôle de l'écrire.

Ou bien c'est le syndrome de Stockholm, je ne sais pas, je ne sais plus, cette saison m'a mis la tête à l'envers.

 

Eux-mêmes ont du mal à y croire.

En tout cas, ce "It takes You Away" a tout d'un épisode de Doctor Who réussi, où il faut, comme il faut : les dialogues sont très bien écrits, fluides et naturels, les références sont bien placées, l'intrigue est relativement complexe, relativement sombre, relativement originale, les personnages sont exploités convenablement, Yaz se souvient enfin qu'elle est officier de police (un peu), Graham se souvient enfin qu'il est en deuil (beaucoup), le Doctor se souvient enfin qu'elle est le Doctor, l'idée de départ est du plus bel effet - et parfaitement bien exploitée, si on ferme les yeux sur quelques trucages d'un autre âge.

Les "personnages" "créés" par Chibnall restent le handicap majeur de cette 9ème cuvée, mais le scénariste réussit presque à leur donner de la consistance, ce qui n'est pas un mince exploit.
Enfin !
Enfin, ils prennent un peu de vie ! Même le Doc campé par Jodie est presque convaincant dans son propre rôle, par moments.
Et ça, bon sang, qu'est-ce que ça fait du bien !

 

 Cette série est effectivement un peu trop obsédée par son propre reflet.

 

Toute la saison aurait-elle été de cet acabit qu'il n'y aurait rien eu à dire (si ce n'est des éloges).

Comme quoi il suffit de si peu de choses...
Du talent, et de la rigueur.

Qui l'aime le suive !

 

 Critictoo, au top. Ces gens ont-ils vu les épisodes précédents ?

 

 

[MISE A JOUR]

 

Scoubidou, saison 11, épisode 10.

Alors ça y est, nous y voilà, fin du voyage.

Pendant quelques semaines (trop peu !), nous avons voyagé en compagnie du 13ème Doctor et de sa famille de coeur. A leurs côtés, nous avons ri, nous avons frissonné, nous avons pleuré, nous avons grandi mais le temps est venu de leur dire au-revoir, à contre-coeur, comme des amis qu'on aurait rencontrés en rêve et qu'il faudrait laisser derrière soi au moment où le jour se lève.

Ou disons que ça, c'est ce que j'aurais écrit dans un univers parallèle où Chibnall aurait choisi de faire un BEP chaudronnerie et où cette saison aurait été écrite par quelqu'un qui maîtrise les conjugaisons du premier groupe, a minima.

Alors que dans notre réalité à nous, ben... c'est un sacré soulagement de savoir qu'on n'est pas prêts de revoir ce gang de mollusques décérébrés aux côtés de qui on s'est ennuyé, on a baillé, on s'est facepalmé et on a ri, mais nerveusement, de désespoir.

Une chose est sûre : ils ne nous manqueront pas, vu qu'on les a déjà tous oublié - à part Graham, éventuellement, et quelle délicieuse ironie de constater que c'est le seul mâle blanc hétéro cis-genre de la série qui tire à peu près son épingle du jeu. Les autres, faut dire, ils ont été aussi bien développés que Lulu dans Final Fantasy X, mais la poitrine en moins. C'est dire si je ne sais déjà plus de qui je cause.

 

 Mais qui êtes-vous donc, les gens ? Allez, circulez, faut pas rester là. Vous êtes sur mon blog, là.

Je me rappelle pas vous avoir invité ni rien...

 

Pour le reste, cette fin de saison "en apothéose" est le pétard mouillé qu'on attendait d'elle : Chibnall parvient presque à faire illusion pendant les vingt premières minutes, durant lesquelles on se dit que "c'est pas trop mal, pour une fois", puis il entre de plain pied dans le vif de son "scénario" et c'est la débandade, le récit vire au bordel sans nom dans lequel plus rien ne fait sens, où les personnages s'agitent comme des poulets décapités et dont les résolutions successives enchaînent les incohérences et les deus ex machina avec l'énergie d'un champion de Dance Dance Revolution dopé au technobabble.

Comment ça, "c'est n'importe quoi" ?

Ta Gueule C'Est Doctor Who.

Sale hater misogyne.

 

Tout ça pour une Origin Story de Brainiac (Superman, pour les incultes), plagié jusque dans l'apparence mais version valise en carton. Ha non mais faut surtout pas trop forcer sur l'imaginaire, Chris, hein, ce serait dommage, tu pourrais te faire un claquage. Tiens, allez, je te prête mes Harry Potter et du papier calque, ça va t'aider à préparer la saison 12.

 

Insérez ici la musique du Gendarme à Saint Tropez.

 

Pour le reste, franchement, le soulagement de savoir que c'est ENFIN plié ne me donne pas envie de revenir au point par point sur les innombrables problèmes ridicules de cet épisode, mais plutôt de tourner la page et de brûler le livre. Je me contenterais de relever que :

 

- Les robots snipers, c'est vraiment de la m*rde. Je ne sais pas ce qui a décidé Tim Shaw (cherchez pas, c'est le nom de l'extraterrestre. Dans les années 90, il aurait tenu une buanderie à Chinatown, mais heureusement, les mentalités évoluent - wink, wink) de les produire en série parce que même les Stormtroopers de Star Wars sont plus efficients qu'eux. Et les Stormtroopers de Star Wars n'ont jamais réussi à toucher une cible - quelle qu'elle soit (Y COMPRIS JAR JAR BINKS P*TAIN). Le comble étant cette scène embarrassante au cours de laquelle ils s'abattent les uns les autres juste parce qu'ils ont encerclé nos héros et que ceux-ci se baissent (un peu) au moment où ils font feux. Ha mais ça c'est du matos Microsoft ou je ne m'y connais pas ! Pour la première fois de l'histoire galactique, des formes de vie artificielles ont pu concourir aux Darwin Awards dans la catégorie "Un Nouvel Espoir".

- "La dyspraxie de Ryan, c'est vraiment de la m*rde aussi" (Robots Tueurs Magazine n°3, été 3589).

- Tuer son ennemi, c'est pas bien. On vaut mieux que ça. Et l'ennemi, quand on vaut mieux que ça, on lui tire dans le pied et on l'enferme dans un caisson qui le maintiendra en vie pour l'éternité, conscient et prisonnier dans du Banga Orange. Ha ben p*tain. Elle est belle, l'humanité selon le Doctor. Une exécution rapide et sans douleur, c'est monstrueux. Une éternité de souffrances, c'est acte de charité chrétienne. Toute la beauté de la morale "woke" résumée en une seule "happy end" bien dégueulasse (de plus). Je sais pas s'ils en ont conscience mais ce châtiment-là, c'est un peu ce qu'on vous propose en Enfer quand même, en fait. De là à en tirer les conclusions qui s'imposent... mais non, nos amis s'en retournent chez eux avec le sourire aux lèvres et la conviction d'avoir accompli d'une bonne action. Sans doute celle-ci leur vaudra-t-elle dix mille likes sur Twitter ?

- Si dans le premier épisode, le Doctor avait buté Tim Shaw (ou laissé quelqu'un d'autre le faire à sa place, parce que "c'est pas bien sauf quand c'est des tissus qui volent et qui lisent dans les pensées"), au lieu de l'épargner on ne sait pas trop pourquoi (enfin si, on sait : pour permettre l'existence de cet épisode, pardi, c'est le seule et unique raison), ben qui pourrait dire combien de vies innocentes auraient été épargnées. Ce qui renvoie directement au point précédent, voire aux dénouements de la saison toute entière puisqu'en plus d'être responsable de tout ce qui arrive dans ce dernier épisode (et à sa marge), rappelons que grâce à notre cher Doctor, un raciste du 57ème siècle se ballade dans notre lointain passé, un politicien véreux brigue la présidence, une multinationale occulte entasse toujours des produits toxiques dans les sous-sols londonien, où grouillent toujours des dizaines d'araignées mutantes, la maman de Yaz est toujours au chômage, Stitch ne va pas tarder à avoir à nouveau la dalle et à s'attaquer à un nouveau vaisseau, la centrale de Kerblam est toujours gérée par une IA meurtrière et une armée alien attend sagement sur terre que quelqu'un rase l'arbre qui les retient prisonniers pour construire un supermarché par-dessus. Mais hé ? ! De quoi s'inquiète-t-on là ! Le Doctor n'a tué personne (OU SI PEU), il a sa conscience pour lui ! Ou elle ! On s'en fout ! Qu'importe les conséquences de ce grand principe (à géométrie variable), et les dégâts collatéraux ! Le plus important, c'est que le Doc et ses compagnons puissent dormir sur leurs deux oreilles et continuer de prendre les gens de haut. Et m*rde à celles et ceux qui pourront en souffrir ! Comme quoi, le grand mérite de cette saison 11, c'est d'être parfaitement représentative de la mentalité qui règne aujourd'hui sur nos réseaux sociaux.

- Les Nox (ou whatever), ils ont une foi quand même pas trop regardante au niveau des détails parce que si moi, mon dieu m'apparaissait avec la tête pleine de dents et me demandait de ratiboiser des civilisations entières, je lui demanderais quand même ses papiers d'identité avant pour être sûr.

Ha et puis le fist bump entre Graham et Ryan, j'en aurais eu la chair de poule si on n'avait pas su dès le premier épisode que ce serait le "moment fort" du dernier de la saison.

Yaz, elle, ne sait toujours pas ce qu'elle fait là. Mais elle est très contente de jouer "celle à qui on demande d'appuyer sur des trucs sans poser de questions". C'est très valorisant pour elle.

 

Bref, Doctor Who saison 11, c'est fini, et la bonne nouvelle, c'est que la saison 12 n'est pas prévue avant 2020. Parce que pour Chibnall et Whittaker, dix épisodes par an "c'est trop de pression" (dixit).

DIX.

EPISODES.

PAR.

AN.

Dont, accessoirement, Chibnall n'écrit (mal) que la moitié.

Ces gens, ils savent que c'est leur BOULOT, ou pas ?

Est-ce qu'ils sont au courant que c'est pas un hobby qu'ils font en parallèle ou un petit machin bricolé sur leur temps libre ? C'est leur gagne-pain, bordel. Alors je veux bien entendre que c'est un certain rythme et un certain stress, et je peux même faire abstraction du fait que certaines séries américaines sont capables de tourner deux fois plus d'épisodes sur le même temps, sans chougner comme des mômes ni se plaindre d'être en charge d'une licence telle que Doctor Who (rendez-vous compte : se plaindre d'être en charge d'une licence comme Doctor Who parce que c'est trop de travail. Voilà où on en arrive. Si ce n'est pas grotesque, ça y ressemble bien). Mais enfin (ai-je envie de leur crier, à nos deux fragiles de l'effort), va bosser dans la maçonnerie ou à l'usine, ou même ne serait-ce qu'à la caisse du Super U et tu verras, si c'est pas "un certain rythme" ou "un certain stress" aussi ! C'est ça, le travail, Jean-Roger ! Y'a un moment, faut que tu te sortes les doigts de ton postérieur et que tu ailles voir ce qui se passe dans le vrai monde ! Parce que là, tes chialeries, c'est une insulte à la vraie vie des vraies gens, ceux qui triment pour de bon pour un salaire de m*rde et à qui on ne demande pas "si c'est trop de pression".

Non mais pardon, moi, je vais traiter dix dossiers par an, le reste ce sera pour 2020, rapport à la pression et tout ça, t'entends ?

Ceci n'étant qu'une ultime indécence pour conclure ce qui fut un festival de dégueulasserie non-stop (ou presque) mal dissimulé sous un vernis bien-pensant.

Bon.

 

 Graham sait comment traiter cette saison avec le respect qui lui est dû.

 

La mauvaise nouvelle, par contre, c'est qu'ils ont quand même prévu un épisode pour le Nouvel An. Sans doute parce que Noël, c'était pas assez inclusif, comme fête.

 

Si seulement France 4 pouvait perdre les droits d'ici là...

 

[MISE A JOUR]

 

Bon alors l'épisode de Nouvel An de Doctor Who, je vous le donne en mille...

EH BEN IL ETAIT MAUVAIS !

Siiiiiiiiiiiii !

Et c'est ça qui est bon, finalement, parce que très paradoxalement, cette nullité décomplexée dopée aux incohérences et boursouflée de prétention mal placée a des effets euphorisants.
A petites doses.

C'était ringard, c'était grotesque, c'était mal construit, mal rythmé, complètement bancal et bidon, tout en carton-pâte mais hé, vous savez quoi ?
C'était même pas le pire épisode de Chibnall.

Et pourtant, on y bat un Dalek avec un four à micro-ondes, b*rdel !

Parce que bon, oui, c'est le "grand retour" des Dalek par la très petite porte, et c'est vraiment un ennemi terrifiant, le Dalek, quand on y pense, malgré son design Moulinex et sa voix à faire des canulars téléphoniques sur Fun Radio ! Pensez donc ! ça fait des trucs qui font peur, comme prendre l'autoroute à 160 et à contresens ! Et ça se bricole des turbo réacteurs dans des granges au rabais, tranquille à la fraîche ! Et en plus maintenant ça prend possessions de femmes d'un mètres cinquante et de vieux tous fripés ! La domination du monde ne tient désormais plus qu'à un déambulateur, ou presque !

A part ça, malgré un ou deux passages qui font presque illusion, c'est crétin du début à la fin, on a droit à une intro dans laquelle une armée médiévale triomphe d'un Dalek et décide de séparer son corps en trois, pour l'enterrer à trois endroits distincts du globe "des fois que", sacrifiant des générations de gardiens censés surveiller les lieux d'inhumation (on se demande d'ailleurs comment ils se nourrissent, comment ils se lavent et comment ils se changent vu qu'ils passent leurs vies en tailleur au milieu de nulle part), AU LIEU DE JUSTE CRAMER CETTE SALOPERIE ET DE TUER CET EPISODE DANS L'OEUF DES SIECLES AVANT QUE CHIBNALL COMMENCE A L'ECRIRE !

Et ça se termine à seize personne dans le TARDIS, limite on embarque la voisine, le cousin du boucher et l'arrière-petit-fils de la tante de l'autostopeur de la scène coupée ! OSEF, c'est plus grand à l'intérieur ! Distribuez donc des petits chapeaux pointus à tout ce beau monde, on va faire la fiesta !

Oh et sinon, petit tacle à Netflix et à la génération tout-numérique, avec la finesse d'un Dalek au galop, au moins, c'est raccord avec le thème de l'épisode mais c'est tellement maladroit et tellement prétentieux que ça fait sourire, forcément.

Tout comme la vague tentative de dénonciation politique niveau BAC - 12 avec de démantèlement de UNIT.

 

Ou le fait que Chibnall veut tellement faire progressiste qu'il finit par se faire taxer d'homophobie. ça, vraiment, j'adore.

Ha et puis Yaz, il faut que je vous dise...

Eh ben elle sait toujours pas pourquoi elle est là n nous non plus.

D'ailleurs mon petit plaisir coupable, quand le Doctor fait ses grands discours, c'est de regarder ses compagnons à côté, plantés droit comme des "i", indécis comme des candidats de jeu télévisés, laissés livrés à eux-mêmes par une direction d'acteurs lacunaire et un skill au diapason. Embarras garanti.

Là dessus, l'épisode se termine sur la mention "le Doctor reviendra" et là, on a juste envie de dire "Faut pas qu'il se sente obligé non plus".

 

 Coïncidence ? Je ne crois pas.

 

Mais bon, si vous êtes impatients de voir la saison 12, je peux d'ores et déjà vous communiquer certains pitchs :

 

- Quatre épisodes historiques, encore : un sur Christophe Collomb, un sur Karl Marx, un sur la Guerre d'Algérie et un sur Jeanne d'Arc (on y découvrirait que Gilles de Rais a été remplacé par un extraterrestre cannibale télépathe qui la manipule, et à la fin le Doc et ses amis la regarderont cramer "parce que c'est un point fixe dans le temps" et "ça doit arriver pour que notre histoire se déroule comme elle doit se dérouler"). Le raciste du 57ème siècle reviendra avec une armée de Tyranosaures xénophobes et finira par être mangé par un ptérodactyle du futur. Il y aura aussi une invasion de maïs mangeur d'hommes du côté de chez Mansonto, une terrible multinationale qui ne pense qu'au profit et dont toute ressemblance ne serait que fortuite tout ça tout ça. Et ça se terminera par le siège d'une planète où ne vivent que des femmes, un vrai paradis menacée par la bêtise d'un peuple rival entièrement composé d'hommes.

 

Avouez que vous avez hâte d'y être.

 

Ho, et message perso à Chris Chibnall : t'as vu, petit ? ça m'a pas pris un an. A vrai dire, ça m'a même pas pris cinq minutes. Si tu veux, ta saison 12, je te l'écris d'ici ce soir.

Et je te garantis qu'elle ne sera pas pire que la 11.

 

 Alors par contre, on ne va pas se mentir, ce visuel pue la classe.