Pourquoi je n'irais pas voir Ghostbusters 2016.

 

 

 

- Trois raisons à cela :

 

 

  • Parce que 10 euros la place de ciné, déjà.

 

C'est-à-dire plus cher que le jeu PS3 sur Steam lorsqu'il est vendu plein pot (qui, lui, a le mérite de réunir le casting des deux premiers épisodes, d'être écrit par Dan Aykroyd et Harold Ramis, de reprendre la B.O. d'Elmer Bernstein, de s'inscrire scénaristiquement dans la continuité des autres et de proposer une expérience de jeu tout à fait sympathique, ce qui ne gâche rien).

 

 

Rien du tout.

 

 

 

Oui, 10 euros la place, absolument (oui, 10 euros le jeu aussi, mais ce n'est pas là mon propos).

 

Aurais-je payé deux fois moins cher que je me serais laissé tenter, ne serait-ce que pour pouvoir écrire du mal en connaissance de cause (pour changer), seulement voilà. Au risque de surprendre nos amis Parisiens (c'est une expression : en fait, ce sont nos ennemis jurés), certains bleds de province jouent au « bled qui voulait se faire plus gros que la Capitale », et j'ai déjà dû prendre un emprunt pour voir le dernier Independance Day (je n'ai, ça va sans dire, rien regretté). En plus, ma chère et tendre a voulu du pop-corn, il a fallu que je vende deux jeux sous blister sur Ebay pour ne pas être dans le rouge. Il faut bien payer le salaire des gens qui font fondre les blocs de glace dans la machine à air conditionné.

 

 

  • Parce que je n'aime pas les femmes.

 

Voilà, c'est dit. Elles sont pas comme nous, elles pleurent tout le temps (j'ai vu un documentaire sur M6) et elles se collent des sortes de boules bizarres au niveau de la poitrine (quel genre de malade mental ferait ça ? Sérieusement ?). Oh, et des fois, y'a des trucs tout rougeauds qui sortent de leur ventre en pleurant aussi, genre des fantômes grognons, tout ça à cause d'une abeille, ou d'une graine, ou je ne sais trop quoi, j'ai pas trop bien écouté à l'école pendant les cours d'exorcisme.

 

 

(Cher Docteur. Elles me regardent. J'ai peur)

 

Du coup, c'est un peu handicapant : comme ça peut leur arriver n'importe quand, elles feraient mieux de ne pas trop se surmener et de rester à la maison pour mitonner de bons petits plats à leur maris, en attendant qu'ils reviennent victorieux de la chasse aux fantômes. Si elles veulent vraiment aspirer un truc, y'a le living room et la chambre d'ami (j'hésitais entre cette raison et « parce que je crois davantage aux fantômes qu'aux femmes titulaires d'un diplôme scientifique », mais j'ai eu peur que le troll soit un peu trop obvious et que je n'obtienne pas mon lot de réactions outrées en commentaires) (par contre, les commentaires sexistes seront supprimés sans remords, je préfère prévenir, ce n'est jamais agréable de se faire censurer).

 

 

  • Parce que c'était mieux avant.

 

Tout. Toujours. Tout le temps.

 

A part la GX4000, peut-être, cependant ce n'est pas le sujet ici.

 

 

L'équivalent vidéoludique du Bibendum Chamallow.

 

 

- Trois raisons, mais pas que :

 

 

  • Parce que je suis vieux, et parce qu'un vieux, c'est forcément nostalgique.

 

 Pour ne rien arranger, je le confesse (ce n'est pas sale), je fais partie des fans du tandem Aykroyd-Ramis, et j'attends donc d'un Ghostbusters qu'il soit un peu plus qu'un « très bon divertissement estival avec des vannes un peu meh ».

 

 

(Je sais que vous êtes nombreux à ne pas trouver les précédents films drôles non plus.

Je ne me l'explique pas, mais je le sais. Peut-être parce qu'aujourd'hui, on n'est plus drôle si on ne fait pas dans la grosse farce qui tâche à la Scary Movie ?).

 

Si le spectateur moderne estime son argent bien employé dès qu'on lui en colle plein les mirettes avec du stroboscope 3D et qu'on le fait vaguement sourire, tant mieux pour lui, je suis sincère, mais ce n'est hélas plus mon cas (si tant est que ça l'ait jamais été). Sans doute est-ce cela qu'on appelle « le désenchantement du monde » ?

 

 

 

  • Parce que je n'ai toujours pas compris cette histoire de casting féminin (rappelez-vous, avant de vous énerver : je suis autiste).

 

Non, vraiment.

 

Hier, il n'y avait que des hommes, c'était les années 80, pour le meilleur et pour le pire. Et pourtant, Sigourney Weaver et Annie Potts étaient loin d'y faire de la figuration, même si elles jouaient des potiches.

 

Aujourd'hui, bon, à la place, on n'a plus que des femmes (et Chris Hemsworth, mais il a les cheveux longs dans Thor alors il compte comme une femme aussi) (totally Hemsworth it, lol). J'ai envie de dire, pourquoi pas, mais c'est quoi, au juste, l'idée ? Je suis peut-être vieux jeu mais quand moi, je fais quelque chose, j'ai une raison pour ça, bonne ou mauvaise, ce n'est pas la question. Or là, j'ai beau y réfléchir, la raison m'échappe.

 

 

Du coup, cynique comme je suis, je ne peux pas m'empêcher d'y voir un produit d'appel, une façon de faire le buzz à peu de frais (ce qui, pour le coup, serait carrément sexiste). Bon, ok, pas super bien pensé, le produit d'appel, vu le tollé d'indignation qu'il a suscité - mais pas super mal pensé non plus, vu le tollé d'indignation qu'a suscité ce tollé d'indignation. D'autant qu'il est vite devenu difficile de critiquer la vision créative de Feig (oui, j'ai envie d'appeler ça comme ça. Moi aussi, j'ai beaucoup d'humour) sans passer pour Aldo Maccione, ce qui n'est pas intellectuellement super flatteur non plus pour le contradicteur. Et arrange bien les affaires du réalisateur (sans parler de celles du studio).

 

Donc des femmes, moi je dis oui. Mais pour en faire quoi ?

 

Là est, vraiment, la question, et la réponse donnée par Paul Feig ne me satisfait pas (mais j'y reviendrai).

 

 

  • Parce qu'après l'avalanche suspecte de critiques négatives, avant même la sortie du film, voici venu le raz-de-marée tout aussi suspect de critiques positives (si tant est que « super divertissement un peu meh » soit vraiment positif, du reste).

 

Au point qu'on est en droit de se demander en quoi les premières ont influencé les secondes, et quel rôle a joué la « psychologie inversée » dans tout ce bazar (« tout le monde dit du mal donc, m'attendant au pire, je vais être plus indulgent par défaut, et chercher tous les petits points positifs que je n'aurais pas relevés sans ça - et puis parce que je n'ai pas envie qu'on me traite de sale cochon sexiste, aussi, ça fait de la peine à maman ». Pour vous donner un exemple « gamer », c'est un peu ce que vit Final Fantasy VII, au quotidien, mais à l'envers).

 

L'enthousiasme des chroniqueurs cinés semble en effet souvent en décalage avec le contenu tiédasse et bourré de « mais » de leurs papiers, ce qui invite à la prudence.

 

Je crois que je vais attendre la critique de l'Odieux Connard...

 

 

  • Parce que bon, je ne suis pas féministe ni rien, hein, je me fiche pas mal du sexe de Yoshi, de Mario ou de ses princesses, pour moi la femme est un homme comme les autres (et vu que je suis un sociopathe, je ne peux pas blairer les hommes dans leur ensemble, il n'y a rien sur terre de plus égalitariste que mon mépris pour la race humaine)... mais enfin, à quoi bon se vanter de réunir un casting entièrement féminin, au risque de fâcher le lobby phallocrate, si au final, c'est pour traiter ces personnages comme des caricatures de Desperates Housewives toutes droits sorties des pages glacées d'un Femme Actuelle spécial Eté.

 

 

 Vas-y femme, surjoue donc des trucs rigolols avec ton visage.

 

D'accord, un trailer n'est qu'un trailer mais à titre personnel, j'ai trouvé que l'image donnée de la femme y était, au contraire, relativement sexiste, de par la façon infantile et superficielle dont sont dépeintes ces héroïnes - la bande annonce posant paradoxalement sur elles un regard typiquement masculin (et typiquement Feigien) (ou du moins, je l'espère).

 

De la même façon, je ne suis pas convaincu que placer une blague sur les pets vaginaux dès les dix premières minutes du film (oups, spoilers) soit ce qu'on peut rêver de moins sexiste, dans le genre - ceci, sans même considérer le fait qu'aucun des deux premiers épisodes, qui mettaient pourtant en scène des célibataires endurcis « en vase clos », n'a jamais convoqué un gag à base de prout ou de caca. Aussi ne puis-je m'empêcher de voir là, également, une différence de traitement qui, si elle surfe sur une certaine « modernité humoristique » (comprendre que c'est de la m*rde, et spéciale dédicace à Kev Adams), penche clairement en défaveur du beau sexe. Mais ça n'engage que moi, qui n'y entend pas grand chose en combats sociaux (paraît-il).

 

 

Admettons.

 

 

Au passage, quand même : si j'en crois les critiques, même les bonnes, le seul personnage a être vraiment drôle, c'est celui joué par Hemsworth. L'homme. Un comble (ou, disons, un comble de plus à ajouter à la liste), qui à de quoi laisser songeur.

 

 

- Trois raisons, mais surtout (SURTOUT !) :

 

 

  • Les COULEURS, P*TAIN !

 

Mes yeuuuuuux !

 

Oui, je sais, écrit là, comme ça, ça n'aura l'air de rien, et pourtant. Les deux premiers brillaient (si l'on peut dire) par leur esthétique grisâtre - de fin du monde qui s'ignore -, authentique juste-ce-qu'il-fallait et parfaite pour mettre les apparitions spectrales en valeur (sans doute due à des limitations techniques, mais pas que - ces limitations techniques n'empêchant pas un chef décorateur fou d'en coller partout).

 

 En voilà qui n'ont pas utilisé le Chat Machine Couleurs Délicates.

 Dans les années 60, le monde était en noir et blanc. Dans les années 80, il était en gris.

Or, si l'on en croit la bande annonce (toujours), ce film-là a décidé de la jouer Blingee, avec du fluo dans tous les coins sans aucun souci d'unité : du bleu, du rouge, du vert, pétants, vulgaires, partout, comme si le film avait été tourné dans la réserve d'une usine Haribo, ou si le mec chargé de Windows Movie Maker s'était endormi sur le bouton des contrastes avec le curseur bloqué au maximum.

 Filtre Instagram anyone ?

 

 

C'est fluo bizarre, c'est forcément scientifique !

 

 Je... Non, rien.

 

Même le teint de nos "héroïnes" semble être le produit contre-nature d'une cure intensive de carottes sur les plages de la Côte d'Azur. Une abomination (l'esthétique du trailer, hein, pas les héroïnes) qui, visuellement, ressemble à s'y méprendre aux maisons hantées de fête foraine.

 

Une maison hantée de fête foraine à dix boules l'entrée, quand même.

 

Promis. Revoyez le trailer (je sais, je vous en demande beaucoup) en vous focalisant sur les couleurs, les teintes et les contrastes. Le constat est édifiant (encore plus qu'avant, je veux dire).

 

S'il y a des diabétiques parmi vous, par contre, abstenez-vous, vous risquez trop gros.

 

 

Je ne pensais pas voir un jour plus flashy que les fringues de Tidus.

 

 Mais au moins ça a le mérite d'être original.

Euuuuhhh...

Ou pas.

 

Quel est le génie chez Sony qui a cru que refaire Pixels avec des fantômes était une bonne idée ?

 

 

- Ha oui, et aussi parce que j'ai vu un extrait « promotionnel » dans lequel nos quatre héroïnes canardaient du fantôme façon Call of Duty, ce qui m'a donné une furieuse et objective envie de me pendre.

 

 Attention, SPOILERS (enfin, je crois).

 

 

 

Pour toutes ces raisons, impossible de ne pas prendre dix minutes (maxi) pour jouer à mon jeu préféré (mais si, j'avais déjà tenté Xenoblade X et Final Fantasy X) et me demander ce que moi, j'aurais écrit, si on avait évincé Paul Feig et si on m'avait refilé la patate chaude.

 

Quels personnages aurais-je mis en avant ?

Quel antagoniste aurais-je choisi ?

 

Sachant que dans un Ghostbusters, à mon sens, tout se joue à ces niveaux-là (ainsi, dans une moindre mesure, que dans l'équilibre qu'il est nécessaire de maintenir entre fantastique - la trame narrative- et comédie - les personnages -.

 

Dix minutes, donc, on a dit. J'insiste. J'ai ma fierté.

 

Mes chasseurs, d'abord, qui se doivent d'être stéréotypés juste ce qu'il faut pour l'immédiateté du comique, mais doivent également pouvoir apporter davantage en termes de drama ou de synergie :

 

 

- Un étudiant sociopathe tendance exalté, obsédé par le paranormal, qui connaît sur le bout des doigts tous les bouquins, toutes les histoires, toutes les théories en vigueur dans le milieu (mais qui, bien sûr, ne sait pas "fonctionner dans le monde des gens normaux").

 

- Un professeur de physique quantique guindé, râleur, cynique, qui a développé "pour le plaisir" toute une technologie sur la base de simples hypothèses "paranormales" en lesquelles il ne croit pas une seconde (Jimmy Fallon).

 

- Un vétéran de l'armée au chômage, bourru, instable, mais finalement plus humaniste qu'il n'y paraît, aux yeux de qui tout champ de bataille est un Viet-Nam modèle réduit.

 

- Une jeune femme qui a jadis connu la célébrité, mais pas dans le bon sens. En effet, dans son enfance, elle a fait la une des journaux people en tant que "cas de possession avéré (façon téléréalité) le plus médiatisé de l'histoire". Ce qui implique qu'elle a passé sept ans de sa vie sous l'emprise d'un esprit malin, filmée en quasi-permanence sans qu'aucun exorciste ne puisse lui venir en aide, et elle ne s'est libérée (?) de cette emprise néfaste qu'à sa majorité. Par conséquent, elle possède des connaissances lacunaires sur le monde qui l'entoure, et conserve quelques aptitudes surnaturelles - notamment un sixième sens utile en matière d'occulte (ainsi que la capacité de faire tourner sa tête à 360°, ce qui l'amuse beaucoup). Il va sans dire que l'étudiant sociopathe ne manquait aucune des émissions qui lui étaient consacrées, et qu'en dépit de leur différence d'âge (elle a trois ou quatre ans de plus que lui), il a développé un sérieux béguin pour elle (enfin... "elle, sous l'emprise d'une force démoniaque").

 

 

Ces quatre profils sont "recrutés" par un homme mystérieux (Aziz Ansari) qui prétend descendre d'un des Ghostbusters originaux et annonce "une fin du monde imminente". Il aurait poursuivi leurs études sur les travaux d'Ivo Shandor, et découvert que Gozer n'était qu'un émissaire, un dieu mineur d'un Panthéon oublié qui se disputaient l'univers bien avant l'avènement de l'Humanité (réécrire ici les Grands Anciens à la sauce Ghostbusters).

Alors que les interventions spectrales se multiplient et sèment le chaos dans New York, prenant de plus en plus d'ampleur et causant de plus en plus de dégâts, les pièces du puzzle se rassemblent, mais ne s'emboîtent pas.

Entre interventions mouvementées et enquêtes sur le terrain, ils comprennent tardivement qu'on s'est joué d'eux.

 

Mon antagoniste, à présent (et là je ne pouvais pas en rêver de meilleur - rires) :

 

- L'Humanité. Au nombre des anciennes divinités du Panthéon Majeur, le plus mauvais et le plus incontrôlable d'entre eux (c'est dire) a été affronté par ses pairs plusieurs milliards d'années auparavant, puis emprisonné au prix de lourdes pertes. Afin de s'assurer qu'il ne pourrait plus nuire, ils l'ont plongé dans un sommeil éternel et l'ont fractionné en milliards de parties disjointes, qu'ils ont exilé sur un autre plan d'existence où elles sont devenues "l'Humanité". Mais quelque chose a troublé le sommeil de l'entité, qui s'éveille peu à peu et, ce faisant, brise ses chaînes les unes après les autres.

 

- Le "recruteur" n'est qu'un individu lambda, possédé par une entité rivale qui souhaite empêcher ce réveil à tout prix, et qui utilise les protagonistes comme des pions, destinés à être sacrifiés pour empêcher cette Apocalypse inter-dimensionnelle.

 

 

- Si l'entité "Humanité" peut se réveiller, c'est grâce à un "canal" ouvert entre la dimension dont est prisonnier son corps (le plan astral) et celle dont est prisonnière son âme (notre réalité), une anomalie des lois de la physique qui persiste et grandit, au lieu de disparaître, et qui sert de pont entre ces deux univers.

 

- Bien sûr, au bout du compte, il s'avère que ce "canal" et notre héroïne ne font qu'un. Celle-ci ne s'est pas miraculeusement libérée de l'esprit qui la possédait. Au contraire. Car celui-ci n'était pas un fantôme comme les autres, mais un infime fragment de conscience de l'entité "Humanité", un éclair de lucidité au coeur de son rêve éternel, qui a décidé de se servir d'elle comme vecteur pour ouvrir une brèche dans la réalité et retrouver son unité perdue. En conséquence, à son insu, l'héroïne fait office de portail dimensionnel : aussi est-ce à cause d'elle que les spectres peuvent avoir prise sur notre réalité. Si bien que la seule façon d'empêcher l'entité de s'éveiller pleinement serait... de mettre fin à ses jours. Avant que ne soit franchi le point de non-retour. Or le temps presse...

 

Et oui, absolument, il s'agirait d'une comédie (mais pas que).

Je tiens d'ailleurs absolument à ce qu'à un moment, on ait une scène avec Haley Joel Osment qui déclare "je vois des gens qui sont morts". Ou bien à ce qu'il revienne régulièrement en cours de film en guise de running gag.

 

Ce serait un peu mon Stan Lee à moi.

 

Le mot de la fin, je le laisse toutefois à mon petit frère qui, au-delà de la blague et de la provoc' facile, a écrit mieux que moi (mais en anglais) pourquoi je n'irai pas voir ce Ghostbusters 2016. Accompagnant cette belle déclaration d'amour d'une reprise lo-fi d'un des titres phares de la B.O. du premier épisode.

Laquelle se pose également là, en matière de déclaration d'amour.

 

Les vrais savent, comme dirait l'autre.