Je marche Seul...

 

The Moon Sliver n'est pas très beau.
Techniquement pas très abouti non plus.
Et il ne s'y passe pas grand chose.
A vrai dire, tout bien réfléchi et maintenant qu'on en parle, on peut même dire qu'il ne s'y passe rien, ou si peu.
Et il se termine en une heure, montre en main.
On peut avancer, reculer, aller à droite, à gauche et sauter.
Au clavier.
Mais pas lancer des boules de feu ou sortir la sulfateuse à canon scié.
C'est très perturbant.
Il n'y a pas de monstres non plus, ni de ninjas cybernétiques, ni d'aliens qui font scrounch avec leurs mandibules.
Il faut juste avancer, explorer et penser, de temps à autres, à recharger la lampe torche.
Et lire, aussi.
Beaucoup.
En anglais.
Dans le désordre.
Avancer pour reconstituer le puzzle des évènements.
Qui ? Quoi ? Où ? Pourquoi ?

Au fil des errances, les souvenirs remontent à la surface de ce monde désolé, cette île déserte, ces vestiges Lostéens, mais ils ne font pas sens. Pas encore. Le récit se construit au fil (décousu) des découvertes, tandis que le vent souffle et que la mélancolie s'installe avec les ténèbres. Plus on progresse, plus la nuit tombe, plus on voit clair, plus on comprend.
Jusqu'à la conclusion, toute en finesse, en ellipse, en chair de poule et en retenue.

 

 

Jeu indé fauché dans les règles de l'art, The Moon Sliver oppose à des mécaniques d'un autre âge ses visions de désolation datées, certes, mais hypnotiques. Il ne ment pas, il ne triche pas, il ne fait pas son David Lynch à la petite semaine, comme trop de ses concurrents sur le marché. Il ne la joue pas élitiste, il ne la joue pas prétentieux. Il promet une intrigue et il tient ses promesses. Une intrigue qu'il peut bien raconter à l'envers, ou sens dessus-dessous, ça n'a pas d'importance : elle est si bien écrite qu'elle n'en fonctionne que mieux.

Narrative plus que ludique, l'expérience ravira ceux qui joueront le jeu.

Les forcenés de la manette, eux, seraient avisés de passer leur chemin.

 

 

Diagnostic Psychiatrique :  8 weirdo /10