Cela n'aura échappé à personne, et surtout pas aux fidèles lecteurs de notre magazine : le sourire d'Hideo Kojima, c'est LE buzz un peu fou qui agite la toile depuis quelques jours avec force rumeurs, théories en tous genre et prises de bec musclées, pour le plus grand bonheur des trolls et des fans de la première heure. Angus Mc Millan, citoyen écossais de soixante deux printemps, serait en effet parvenu à photographier l'étrange phénomène, que les spécialistes avaient précédemment qualifié de "légende urbaine tout juste bonne à exciter les cryptozoologues". Une position sans équivoques qui en aura blessé plus d'un ; avant que la diffusion massive, via les réseaux sociaux, du cliché susmentionné n'en vienne à la discréditer, forçant les xénobiologistes à revoir leur copie et à faire leur mea culpa.
 
Une tourmente scientifico-médiatique qui, contre toutes attentes, laisse de marbre celui par qui tout a commencé.
 
C'te nuit-là, racontera-t-il le lendemain de sa "rencontre" au micro de la presse locale, j'sais pas pourquoi, j'ai pas réussi à trouver c'fichu sommeil. Un pressentiment, ou quequ'chose comme ça, comme y disent dans les livres. Vers quatre heures, j'en ai eu marre de m'tourner comme un bedeau sur ma paillasse, alors je m'suis l'vé, je m'suis taillé une bonne grosse tranche de pain, j'y ai collé d'ssus une bonne grosse tranche de lard et j't'ai avalé ça en deux coups de mâchantes tellement il faisait faim. Après ça, je m'suis rincé l'gosier à l'Old Bailey pour m’donner du coeur au ventre et j'ai chaussé mes bottes, histoire d’aller pêcher sur l’Loch, comment que j'fais quand j'ai des insomnies. L'avait pas mal plu la veille, comme toutes les veilles, et ça c'est un temps à poissons, v'voyez ? Sauf qu'y avait une fichue brume dehors, comment que j'en ai jamais vu, une brume à se faire dans l’pantalon, comme si Lucifer en personne l'avait laissé la porte de l'enfer entrouverte, ou un truc dans le genre. J'voyais pas à trois pas, c'est pour ça que j'l'ai pas aperçue tout de suite. L'a d'abord fallu que j'm'installe sur la berge et que j'déballe la canne, pour que j'réalise que queqchose allait pas. Personne vient jamais dans c'coin paumé, et surtout pas à c't'heure. J'avais bien entendu des histoires là-d'ssus mais vous savez c'que c'est, les histoires : on en écoute une, on en écoute deux et après on ose pu sortir d'chez soi d'crainte que l'grand Machinchose vienne vous bouffer les doigts de pieds ou vous sucer la... comment qu'on dit déjà ? La moelle, là, dans les os et tout. Mais sitôt qu'mes yeux y s'sont posé sur elle, j'ai su à quoi qu'j'avais affaire : exactement comme la Marie elle a raconté l'jour où on l'a envoyée chez les barjots, ça r'ssemblait à un homme, mais de petite taille, avec une peau d'une teinte olivâtre, ou p't'ète bien d'un vieux jaune passé comme les citrons quand y restent tout l'hiver à l’extérieur. J'sais pas c'que ça faisait dans la flotte, j'y ai pas d'mandé, j'avais trop les foies pour ça, mais ça m'a regardé de ses yeux bizarres, là, tout fins, en amende, des yeux qu'on dirait qu'ils ont contemplé la fin des temps dans l'plus simple appareil, et puis ça a beuglé un truc du genre "doudiourayekit" et là, sans crier gare, ça m'a sourit. Enfin, j'dis ça, j'suis pas bien sûr, mais en tout cas, j'ai vu ses dents, alors ça s'pouvait bien qu'ce soit un sourire, vu qu'ça m'a pas sauté d'ssus pour me bouffer. Tout d'suite, j'ai sorti l'appareil photo que j'garde toujours sur moi pour faire des selfies quand personne regarde, mais en appuyant sur c’fichu bouton, j'ai voulu m'approcher et mon pied a glissé. J'ai failli filer au bouillon, cul par d’ssus tête, mais j'ai r'trouvé mon équilibre in extremiste, comment qu’on dit. Et quand je m'suis rel'vé, j’vous l’donne en mille, c'était marron, la bestiole avait disparu. Du coup, j’suis rentré direct me r’sservir un Old Bailey pour m’remettre d’mes émotions. Et l'lendemain, exactement comment qu'elle a dit la Marie, au courrier, j'ai r'çue une cassette vidéo bizarre que quand tu la regardes, une semaine après, on t'trouve raide comme Paupaul dans ses bons jours. Mais comme j'ai pas d'magnétoscope, ben j'pense pas qu'ça m'causera trop d’problèmes non plus.
 
Un témoignage troublant, qui donne à réfléchir.
 
Alors, le sourire d'Hideo Kojima ? Qu'en pensez-vous ?
Canular élaboré ou découverte scientifique majeure ?
 
Difficile de se prononcer, quand les experts eux-mêmes s'avèrent incapables de prouver qu’il s’agit d’une supercherie. 

 

 

Ce qui n’empêche pas les plus éminents d’entre eux, comme le professeur Nicolas Cutter, d’avoir un avis bien tranché sur la question :
 
 
Ce sont des âneries. Regardez ce cliché. On le voit très bien, que c'est un Plésiosaure.  

 

 

Aussi le mystère reste-t-il entier. Et sans doute est-ce tout aussi bien. 

Le sourire d’Hideo Kojima n’a, de toute évidence, pas fini de nous faire rêver.