Alors qu'un vent de révolte souffle dans les rangs des parents d'élèves et fait trembler l'Education Nationale sur ses bases, la théorie du genre se retrouve à nouveau au centre de toutes les controverses, désertant les bancs de l'Ecole pour investir, cette fois, un champ d'activité qui nous est familier et dans le cadre duquel on ne l'attendait pas : celui, bien inoffensif (du moins le croyait-on), des jeux vidéo. Premier d'une longue série à devoir répondre de ses actes : l'éditeur japonais Square Enix, sommé de s'expliquer pour la propagande honteuse auquel il se livre depuis près de quinze ans sous couvert de divertissement.

 

Des pratiques malhonnêtes, relevant de la manipulation mentale, qui auraient pu perdurer pendant des années tant le procédé était pernicieux. Mais c'était sans compter la vigilance de Mickaël M., vendeur de Churros à EuroDisney et père de trois enfants.

Il y a encore deux semaines de ça, j'étais un homme comblé. ça faisait quelques mois déjà que Jonathan, mon plus grand, avait commencé à retapisser sa chambre avec des posters à l'effigie de ses héroïnes de jeux vidéo préférées. Comme tous les petits gars de son âge, je pense. Les Lara Croft, les Zelda, les princesses Peach, les Dixie Kong, les Miss Pac-Man, on sait ce que c'est, on a tous eu douze ans, ça fait partie de l'apprentissage de la vie.
Une source de fierté pour l'heureux papa, donc, que de voir son aîné reprendre le flambeau.

Quand je m'en suis rendu compte, direct, je me suis dit : ça y est, mon petit bout est en train de devenir un homme. On a beau pas avoir la larme facile, des trucs comme ça, ça vous a fait chaud au coeur. Si seulement j'avais pu imaginer ce qui nous attendait...

Un dimanche de janvier, en effet, alors que rien ne le laisse présager, tout bascule en moins d’une minute. Après le petit déjeuner, comme à son habitude, Jonathan retourne dans sa chambre jouer à la Playstation 3 et Mickaël, désireux de partager avec lui quelques moments privilégiés, ne tarde pas à l'y rejoindre. Cherchant à attirer son attention, il désigne de l'index l'artwork affiché face à lui - une femme à la longue chevelure claire et à la beauté vénéneuse -, se fend d'un clin d'oeil entendu et ajoute, sur un ton malicieux :

 

Canon, la minette ! On dirait un peu ta maman, mais en gothique. C'en est une comme ça, que tu voudrais, plus tard ?

Immédiatement, nous confie-t-il, il sent comme un malaise. Quelque chose ne colle pas. Jonathan, d'ordinaire si enjoué, n'a aucune réaction. Pire, il paraît même un peu gêné, et n'ose pas regarder son père dans les yeux. Inquiet, ce dernier revient alors à la charge :

C'est laquelle, ta préférée ? Moi, c'est la petite brunette avec les Louboutins.

La suite, Mickaël ne s'en souvient pas très bien. Le choc, sans doute. Il entend encore la voix de son fils lui répondre timidement "mais enfin, papa... c'est un garçon, il s'appelle Noctis".
Il se revoit craquer des allumettes.
Il sent encore l'odeur des posters qui brûle.
A quel moment a-t-il décidé d'asperger Jonathan d'essence et de lui faire connaître le même sort ?

A ce sujet, le père inconsolable reste évasif :
 
 Je crois que c'est quand il a commencé à crier "nooooon, pas Sephiroth, papa ! Il est trop cool, Sephiroth ! Je veux devenir comme lui plus tard !". Là, j’admets, j'ai paniqué. J'ai repensé au nombre de fois où, en son absence, je me suis arrêté devant ce poster et où je me suis... bref. Sur le coup, je n'ai pu songer qu'à une chose : protéger son frère et sa soeur. Alors j'ai dû improviser. Je n'imaginais pas que la moquette serait aussi inflammable, ni que le feu se propagerait si vite. J'ai eu de la chance. Encore un peu et je périssais avec eux.

 

Devant le juge, Mickaël plaide la légitime défense. Pour lui, les vrais coupables, ce sont ces "sales niakoués" qui, "depuis leur défaite en 45", essaient de "retourner le cerveau de nos gosses" pour "en faire des petites lopettes" et, ainsi, "préparer l'invasion" pour "nous piquer nos femmes, rapport au fait que les leurs n'ont pas de nichons".
 
Sommé de s'expliquer par le Tribunal de Grande Instance de Brigitte la Haye, Yoichi Wada, PDG de l'entreprise incriminée - laquelle vend chaque année plusieurs milliards de jeux, comme autant d'armes de destruction massive -, prétend "ne pas comprendre la nature du problème", et ajoute que Sephiroth est aussi disponible en version "cheveux courts-côte de maille-mâchoire carrée-biceps proéminents" en DLC pour la modique somme de 40 euros - sans les taxes. Avant de conclure, sans animosité (et avec ce qui, chez un japonais, se rapproche le plus de la compassion - à savoir : l'indifférence), que "ce qui est arrivé est certes regrettable", mais que "si cet enfant avait fait ce qu'on attendait de lui et payé la somme indiquée, cette tragédie aurait pu être évitée". Ce dont Mickaël a bien été obligé de convenir, l'affaire étant classée sans suites.

 

Ce terrible fait divers n'a, par chance, pas manqué d'interpeller les militants du mouvement JRE, qui ont déjà mis l'Ecole en échec lorsque celle-ci a voulu enseigner que garçons et filles étaient (soi-disant) égaux.

En assimilant charisme et ambiguïté sexuelle, ces héros androgynes ne peuvent que perturber le bon développement de la psyché de nos enfants", explique Ned Flanders, l'un des membres les plus influents du groupe et auteur du pamphlet "Deux papas ? Et pourquoi pas des dinosaures, aussi, tant qu'on y est ?". "Pour cette raison, nous avons appelé les parents à se mobiliser en participant activement aux JRFFXIVO - ou "journées de retrait de Final Fantasy XIV online" -, afin d'exprimer leur révolte de manière constructive et non-violente. Dans les faits, il s'agit, une fois par mois, de se connecter simultanément au réseau de manière à le saturer et à empêcher les habitués d'y reprendre leur partie. Nous avons déjà testé cette action lors de la sortie du jeu et ça marche du tonnerre. Il suffit de trois ou quatre personnes, à peine, pour planter les serveurs. Mais ce n'est qu'une première étape. A moyen terme, nous avons l'intention d'organiser un grand autodafé de jeux diffusés par cet éditeur, suivi d'un apéro géant sur la place de la Concorde. Puis nous réclamerons que leurs locaux soient brûlés par un inquisiteur agréé de la Fédération. Dans les règles. Avec le personnel à l'intérieur. En hommage à Jonathan".

 

 

Parallèlement, une grande campagne de sensibilisation à la problématique du personnage efféminé dans le jeu vidéo devrait être mise en place, avec le concours du Rugby Club de Morillons-sur-Bieuvre et des petits chanteurs à la croix de bois, sous forme d'un calendrier de photos de nus et d'une comédie musicale.

Quelle que soit la gravité de la situation, nous mettrons un point d'honneur à faire en sorte que notre message reste positif. Bien sûr, nous ne manquerons pas de pointer du doigt des titres dont les protagonistes jouent la carte de l'indétermination - à l'instar des Tales of, des Castlevania ou même des Metroïd. Mais nous nous consacrerons surtout à la promotion de produits sains, éducatifs, qui ont à coeur de respecter - voire de mettre en avant - les différences qui distinguent hommes et femmes - tels que le premier Donkey Kong, GTA V, Hyperdimension Neptunia, du les jeux de la parfaite maman gratuit du.com ou encore les eroge. Pour l'occasion, une compilation exclusive des scènes de douche tirées des oeuvres de David Cage, intitulée "Emotion(s) mais plus bas", devrait être commercialisée. Et si de temps à autres, inévitablement, nous nous trouverons contraints de prendre des mesures pour l'exemple - je pense, par exemple, au cas de ce petit garçon, surpris en train de jouer à Léa passion Baby-Sitter, qu'il a fallu exorciser dans un bain d'huile bouillante -, nous nous appliquerons à faire en sorte que ces décisions restent de l'ordre de exceptionnel, et qu'elles soient appliquées avec autant d'humanité que faire se peut - ainsi avions-nous fait en sorte de rendre son supplice plus festif avec du bouillon Knorr. C'est à ce prix, et à ce prix seulement, que nous pourrons avoir raison de la graine du mal, que des gens sans scrupules ont semé dans l'esprit de notre progéniture. Même si, dans les faits, rien ne nous dit qu'il n'est pas déjà trop tard, comme en témoigne l'augmentation alarmante, en France, du nombre de cosplayers, de polochons Yuna ou de jeunes adultes qui ont, de leur propre aveu, pleuré devant le dernier Miyazaki".

 

 

 

Un combat qui s'annonce long et éprouvant mais qui, on nous l'assure, sera livré jusqu’à terme.

Pour Jonathan.

 

     

    

 

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