Nom : Drakengard
Année de sortie : 2004 (2003 au Japon)
Support : PlayStation 2
Genre : Beat them all
Editeur : Square Enix
Développeur : Cavia

Compositeur de la musique : Takayuki Aihara & Nobuyoshi Sano
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Drakengard, c'est un peu la folie à tous les points de vue.

Dans ce jeu que les japonais nomment Drag-on Dragoon, on incarne Caim, prince héritier membre de l'Union, qui doit protéger sa soeur, la déesse Furiae, des forces de l'Empire. Le but est simple : combattre tous les soldats de l'Empire qui auront au préalable massacré ou fait fuir les armées de l'Union. Des milliers de têtes à dégommer tout seul. Même Kratos nous l'a pas faite celle-là, et pourtant, il est dieu de la Guerre.
Et les différents chapitres du jeu se déroulent d'une façon assez commune : combats au sol avec nos armes,  puis combats aériens à dos de dragon et à coup de boules de feu.

Par dessus tout, Drakengard possède une bande originale tout à fait singulière. Des orchestrations malades et sans nul autre pareil, rappelant sans arrêt à quel point Caim est un personnage instable et psychologiquement atteint, avec, à la baguette, deux noms plutôt conséquents de la musique de jeux (notamment Sano, connu pour ses travaux sur Tekken et Ridge Racer).
Une BO de musique classique hors du commun disais-je, caractérisée par tout un tas de courts samples collés les uns aux autres (parmi lesquels des extraits de Debussy, Dvorak, Mozart, Moussorgsky ou encore Wagner), résultant un magma de sons aussi chaotique que... génial.

 

CHOIX N°1 : FIFTH CHAPTER : ABOVE GROUND 2

La BO est "bêtement" divisée en autant de chapitres et de phases que comporte le jeu. Et concernant la folie furieuse des patchworks de Sano et Aihara, l'un des meilleurs exemples est clairement ce Fifth Chapter Above Ground.
Dès le départ la boucle orchestrale envoie le pâté et met dans l'ambiance sombre du contenu. Arrive ensuite ce tambour étrangement bouclé, semblable à une locomotive en marche. Et elle est bien huilée, cette locomotive. Les sons sont hâchés, les cordes s'affolent, et l'ensemble oppresse au plus haut point. Comme je le disais plus haut, une oeuvre unique.

CHOIX N°2 : SIXTH CHAPTER : IN THE SKY

Beaucoup moins dans la souffrance que le précédent, ce morceau en possède pourtant les mêmes caractéristiques. Le fond sonore semble venir d'une dimension parallèle, comme si Mozart s'était endormi et qu'il commençait à jouer à l'envers.
L'orchestre intervient pour insuffler de l'optimisme, mais ce miasme ambiant hypnotise totalement l'auditeur, qui se retrouve de nouveau trimballé par des samples schizophrènes. N'y retrouverait-on pas le personnage et l'action de Caim ?

CHOIX N°3 : TWELVTH CHAPTER CLOSING (UNPUBLISHED)

 

Mon dernier choix est un extrait qui n'a même pas été publié en jeu, à savoir une première version du final du Chapitre 12, par la suite remplacée par une ambiance très expérimentale de basse flirtant, là encore, avec l'insalubrité.
Il ne dure que 51 secondes et n'est pas très varié, mais je trouve que ce morceau est extrêmement intéressant et dit beaucoup de choses. On entend un choeur d'église, déguisé par une reverbération impossible, chanter un air ayant de fortes allures d'Ave Maria. Le tout saccade tel un disque rayé, on entendrait presque le cristal sauter sur un vinyle. Pour couronner le tout, une voix de nourrisson apparaît alors que le morceau s'est déjà presque éteint.
Que faut-il lire, que faut-il entendre ? Le messie a pété un plomb ? Caim serait-il une figure divine rattrapée par le côte obscur ? Je ne peux que supposer, Drakengard m'étant inconnu...

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Sans que le jeu ne m'attire, la BO maniaque de Drakengard me fascine depuis des années. Elle possède vraiment une touche encore non reproduite aujourd'hui, et se pose en ce sens comme un monument de curiosité dans le monde de la musique de jeux. Légendaire ?

J'aimerais terminer cet article en remerciant chaleureusement Rémi Lopez, dont le récent livre OST : 100 albums indispensables de jeux vidéo, paru chez Pix'n'Love, m'a permis de parfois trouver les mots justes pendant mon écriture. Et preuve que la BO de Drakengard est incroyable, elle est dedans.