Comme chaque week-end, une petite révision. Cette fois-ci, on vous propose un film portant sur les jeux vidéo. Il ne s'agit pas de l'adaptation d'une licence mais d'une fiction, type science-fiction, se basant sur une vision personnelle (on va dire ça comme ça) des jeux vidéo. Entre le nanar et le navet, le film du week-end, pour rigoler un bon coup.

A vouloir regarder toutes les productions filmiques se rapprochant peu ou prou du jeu vidéo, je m'inflige fatalement quelques ratés. C'est le cas de cette punition consentie portant le doux nom d'Ultimate Game. Insupportable navet, tirant fébrilement vers le nanar, cette nouvelle tentative du cinéma lorgnant vers le média interactif n'arrive jamais à séduire. Au contraire, elle surenchérit et tombe bien souvent dans le grossier.

"Je préfère rester discret, avec un tel film dans ma filmo je risque d'être grillé"

 


 

I) Les jeux vidéo, c'est trop violent

Le film commence par une grosse scène d'action, ça tire de partout, ça explose, ça flingue, ça bouge. On ne comprend pas grand-chose mais c'est fait exprès, pour faire jeune me dit-on, coller à l'esprit « jeux vidéo ». D'ailleurs, c'est le cas de toutes les scènes d'action qui suivront. Issues du même moule, jamais motivées, elles apparaissent comme une belle phrase dans un paragraphe de Marc Levy. L'incongruité la plus totale en somme.

Enfin un film défendant subtilement les jeux vidéo

Bref, voilà la première image que nous proposent les réalisateurs des jeux vidéo. Une bonne grosse caricature d'un Left 4 Dead ou d'un MAG. Réussir à caricaturer et rendre encore plus simplistes des jeux qui sont pourtant ce qu'il y a de plus simple à comprendre (pas à maîtriser, attention)...il fallait oser.

Une intégration du virtuel au réel tout en finesse

Le gamer dans toute sa splendeur

Seul moment intéressant dans cette vision proposée de notre média favori, une sorte de parodie des Sims. La copine du héros, qui est en fait un taulard condamné à mort qui cherche à sauver sa peau en jouant à un jeu vidéo tout ce qu'il y a de plus réel, se retrouve enrôlée dans « Society ».Version trash de la saga phare d'Electronic Arts. C'est gratuit, souriant mais ça ne va pas plus loin.

Les Sims version trash

Le seul "plan nichon" du film

II)  Un scénario exceptionnel

Je vous la fais courte comme dirait l'autre, en même temps c'est difficile de faire un essai universitaire doublé de colloques type Sorbonne pour un tel film. Nous sommes dans un futur proche, tellement proche qu'on dirait le présent, un monde impitoyable où un type, Ken Castle (Michael C.Hall, autrement dit le Dexter de la série du même nom) est une super star.  Pourquoi ? Parce qu'il est développeur pardi ! Il a inventé le jeu vidéo réel. Après Society dont j'ai parlé plus haut, le bonhomme a créé Slayer, le MAG du pauvre.

Michael C.Hall qui cabotine un peu

beaucoup même...

...et c'est peu dire

En clair, des humains se retrouvent dans des arènes qui ressemblent à s'y méprendre à des usines désaffectées situées en ex-URSS (probablement le lieu du tournage, c'est connu depuis les films de Jean-Claude Van Damme sortant directement en vidéo club, c'est pas cher), se tuent comme des gros bourrins pour arriver jusqu'à une sorte de checkpoint. Au bout de 18 victoires, le gagnant est gracié et peut reprendre une vie normale. Notez que l'on touche là le point culminant de la critique sociétale du film.

La vilaine jambe en plastique

Un homme arrive à se faire remarquer :  Kable (Gerard Butler, le type de 300). Il est fort, brun, ténébreux et il serre les dents quand il tire. Bref, un vrai héros. Seulement, le méchant Castle veut le détruire parce que faut pas déconner il est pas gentil du tout. Si vous pensiez que les réalisateurs allaient développer une psychologie pour leurs personnages, vous vous trompez de film. On a d'un côté un gentil (serviable, séparé de sa femme et de sa brosse à dent), de l'autre le grand méchant (développeur sadique qui aime la violence, qui n'est pas du tout réglo et qui cabotine à mort).

"Dis-moi où est mon agent, j'ai deux mots à lui dire !"

Pour le joueur curieux, c'est clair, on se fout ouvertement de sa gueule. Les clichés s'enchaînent, les poncifs s'accumulent. Le jeu vidéo renvoie ici à un média crétin, bas du front...bref, une vision pour le moins elliptique d'un média à la production pourtant fortement hétérogène.

Après un bon tiers, le spectateur découvre un nouveau personnage, un jeune tout à fait lambda mais véritable crack en informatique qui se met à contrôler Kable. La vache, trop fun ! Il contrôle un vrai type en jouant. Un jeu vidéo avec des vrais gens, ça te fait plaisir non ? Non ? Ok. Du coup, on a le droit à des scènes tragi-comiques où le gosse fait des gestes que reproduit à la perfection Kable.

Le jeu vidéo du futur ou l'explicite pour les nuls

III)  Des acteurs en roue libre, une conclusion à l'arrache

Le plus drôle dans le film, et c'est probablement cet  aspect là qui fait penser que, peut-être, un jour Ultimate Game sera considéré comme un nanar, le plus drôle donc ce sont les acteurs. Gérard Butler, pourtant talentueux dans 300, nous joue le monolithe de 2001, l'odyssée de l'espace en prenant des airs de brute épaisse quand quelqu'un lui parle ou serre les dents le reste du temps. Castle, probablement heureux de sortir de sa série, cabotine comme un dingue à chaque apparition. C'est bien simple, Dexter est en roue libre du début à la fin. Et puis, c'est sans compter sur les méchants, en particulier le gros black qui en veut à Kable (on ne saura jamais pourquoi) et qui souffle comme un buffle et lance des regards de gars pas très content.

"Moi aussi je sais cabotiner"

Des acteurs au top de leur forme

Bref, ça joue mal mais surtout ça manque de charisme. Mention spéciale pour la « résistance ». Les gars qui cherchent à parasiter la puissance montante de Castle forment une belle équipe de bras cassés. Un noir chétif, une blanche avec des dread locks et un asiatique qui joue tranquillement le cliché de l'informaticien. En gros, c'est Benetton qui va sauver le monde, il ne manque que l'incrustation du logo.

Un leader à n'en pas douter

La "roots" du lot

Avec l'asiatique on tient là la fine fleure de la résistance (si, si !)

Conclusion

Avec son esthétique putassière, un traitement des jeux vidéo lourdingue et à peine digne d'un ado fan des pires bessonades, Ultimate Game constitue un navet de choix. Raté de bout en bout, la vision de ce long métrage trouve malgré tout quelques moments de grâce du fait d'une ou deux scènes bien senties et surtout d'acteurs à la médiocrité  hallucinante cabotinant intensément. Les deux réalisateurs, pourtant auteurs des deux très bons Hyper Tension (1 et 2), perdent leur talent en passant de l'humour bas du front au sérieux quasi absolu. C'est ce qu'on appelle un beau raté.

"Maintenant tu arrêtes d'en faire des tonnes"

"Trop tard"

L'article d'origine : https://levelfive.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=115:film-ultimate-game-mark-neveldine-et-brian-taylor&catid=38:films&Itemid=30

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