Ce n'est pas souvent dans votre vie que vous aurez l'occasion de découvrir un tel monument faisant appel à tous les trucages cinématographiques imaginables et repoussant dans ses derniers retranchements l'illusion créée par le septième art. Œuvre à l'ambition titanesque dressant un portrait de l'humanité à travers les âges, Cloud Atlas est également un bilan sur toutes les possibilités créatrices offertes par le cinéma. D'une technicité complexe, exploitant les maquillages les plus sophistiqués et les effets numériques les plus aboutis, le film ne serait pourtant rien sans ses incroyables acteurs dont les réalisateurs sont parvenus à exploiter avec brio les multiples facettes de leurs talents. La ribambelle de moyens mis en place est à la hauteur de la densité narrative du récit, basculant d'un genre à l'autre avec une facilité déconcertante, déboussolant le spectateur en permanence entre la comédie et le tragique.
Une telle démesure dans la narration aurait rapidement été fatale entre les mains d'autres cinéastes, pourtant Cloud Atlas bénéficie d'une construction remarquable permettant de découvrir avec aisance une intrigue aussi éclectique. La grande réussite du film est en effet de n'avoir jamais oublié la spécificité du média cinématographique. Ainsi, les différentes temporalités du récit ne sont pas simplement reliées par des aspects narratifs mais sont en permanence connectés par des éléments visuels et sonores, le tout fonctionnant par le biais d'un montage si intelligemment conçu qu'il en relève du génie.