Il est facile d'avoir un regard négatif sur Battlestar Galactica. Un récit débutant par une métaphore biblique lourdingue, mettant au premier plan Gaius Baltar personnage excentrique à l'interprétation et l'écriture hasardeuse, le tout enrobé d'un manque de moyens explicite que la série tente grossièrement de camoufler par des éclairages excessifs, bref la fabrication de Galactica n'est pas à la hauteur de la qualité quotidienne des séries télévisées américaines depuis leur regain qualitatif. A la manière des personnages obligés de mettre leurs préjugés de côté pour percer à jour les machines à l'apparence humaine, le spectateur devra lui même faire preuve de patience pour apprécier une série qui contrairement à nombre de ses semblables ne cessera de gagner en qualité plutôt que s'amoindrir.
Quelle est la réussite de Battlestar Galactica? Une oeuvre qui retrouve la dimension épique de StarWars, qu'elle associe à la brutalité de Terminator, des questionnements identitaires de Blade Runner et bien plus encore. Car l'audace créatrice de la série est bien trop grande pour être limitée au space opera. Renouvelant en permanence son approche, le récit n'hésite pas à subtilement déstabiliser le spectateur non pas avec un enchainement excessif de cliffangers ou de décès de personnages principaux mais en variant inlassablement le regard sur cet univers sans pourtant jamais rendre l'ensemble incohérent. En témoigne l'exceptionnelle variété de protagonistes apportant chacun une sensibilité particulière à l'environnement qui les entoure tout en renforçant la collectivité générale des personnages.
Qu'est ce que Battlestar Galactica? Une série télévisée dont la qualité narrative ne cesse de s'enrichir parallèlement à une mise en scène de plus en plus ingénieuse. Une intrigue audacieuse, procurant autant de divertissement épique que de réflexion pertinente sans jamais devenir prétentieuse. Un récit qui nous emmène aux frontières de l'univers pour mieux retrouver notre simple humanité. Tout simplement derrière son apparence à première vue grossière, ce que la science fiction a de mieux à offrir.
Commentaires
Mais ensuite les épisodes suivants glissent dans un tel désespoir émotionnel qu'il m'aurait été difficile d'imaginer la série sans eux d'autant plus que mes épisodes préférés, ceux sur la mutinerie, sont justement à cette période. Je crois qu'on peut en effet s'estimer heureux que la série ait réussi à concrétiser une partie de ses ambitions en dépit de ses imperfections techniques. J'ai d'ailleurs vu une espèce de mini série récemment centrée sur la jeunesse d'Adama, beaucoup trop expéditive et bâclée sur le plan narratif, mais clairement plus abouti sur le plan visuel et l'intrigue conserve toujours une tonalité ambiguë dans le scénario. C'est un petit bonus sympathique, faudra aussi que je regarde Caprica un de ces 4.
Du coup je lis un peu ton historique et tombe la dessus, BSG post mortem
Son aura lui a permis de bénéficier d'apport budgétaires ensuite (il suffit de voir les FX saisons 3 et 4) , ce qui n'a pour autant pas tout résolu, scifi demandant 20 épisodes. Dans les saisons 2 et 3 on voit bien que c'était pas prévu, au moins 8 épisodes en tout n'apportent quasi rien au développement du fil rouge.
Enfin la grève des scénaristiques qui était portée par Ron Moore justement, n'a pas aidé la saison 4 (Moore était allé jusqu'à dire qu'il pouvait clore la série en mi saison, juste pour appuyer la grève! d'où la sorte de demi fin dans le milieu de la saison 4)
Et je suis d'accord, c'est un défaut, autant quand on suivant les épisodes à la semaine, qu'en les regardant ensuite en VO. Mais je pense qu'il est toujours utile de noter que ce problème de délai et pognon est somme toute plutôt indépendant du choix des scénaristes.