Alan Wake est un jeu bourré de défauts. Le gameplay manque de saveur en plus d'être horriblement répétitif, les animations des personnages ne sont pas toujours géniales géniales, le non-design des ennemis témoigne selon moi davantage d'un manque d'inspiration des développeurs qu'autre chose, et la fin du jeu est aussi décevante que confuse. Mais pourtant, lorsque j'y ai joué le jour de sa sortie tant attendue, je me suis pris une claque aussi puissante que celle qui m'aura été infligée par son père spirituel Max Payne en son temps. Et pour cause, Alan Wake transcende avec brio tous les aspects qui ont fait la légende des précédentes productions des finlandais de Remedy Games. Avant tout, le personnage principal est plus que jamais sous le feu des projecteurs, et c'est lui, ou plus exactement sa personnalité vulnérable et son esprit torturé, qui centrent l'attention du joueur. Alan Wake en l'occurrence, écrivain à la psychologie labyrinthique (et à la veste méga classe), à travers ses inquiètes répliques qu'il nous fait régulièrement partager via une narration romancée, paraît littéralement sortir de l'écran pour devenir bien plus qu'un simple personnage de jeu vidéo : un être pensant, qui a même l'audace d'exhiber ses talents d'artistes face au joueur, en improvisant sa prose. Du jamais vu jusque là, dans notre média. A cela s'ajoute l'ambiance et la mise en scène, toutes deux délectablement uniques. En mêlant du X-Files, du Twin Peaks, du Lost et du Stephen King, le jeu m'aura tout bonnement ravagé la cervelle. Se promener dans les bois impénétrables de Bright Falls, avec cette "présence" qui s'énerve toujours de plus en plus au fur et à mesure que l'on avance, aucune expérience ne m'aura été aussi inquiétante, hormis bien sûr les Silent Hill, dans un style radicalement différent. Je me souviens d'ailleurs avoir été extrêmement bluffé par les effets de lumière, de brume et de vent, ainsi que par le rendu parfait de l'infinité de la forêt dans laquelle il est tout à fait possible de se perdre, tellement elle est dense... Enfin, c'est son intrigue qui fait de Alan Wake un jeu hors normes. Prenante du début à la fin, l'histoire m'a tenu en haleine avec ses multiples basculements entre le genre fantastique et le thriller à suspens plus réaliste. Cette alternance est si bien maîtrisée qu'on ne sait plus trop sur quel pied danser, à l'image du personnage d'Alan, tout aussi paumé que nous dans toutes ces péripéties qui ne prennent jamais fin. En plus, le titre étant divisé en moult petits épisodes à la manière d'une série télévisée, on assiste du coup à autant de cliffhangers OMGesques, ce qui là aussi, nous agrippe à la manette et nous donne toujours envie d'en savoir plus. Bouleversant, original et facilement au-dessus de la moyenne au niveau de tout ce qui touche à l'ambiance, au ressenti du personnage principal et au suspens de l'intrigue, Alan Wake a d'après moi définitivement marqué cette génération en voulant emmener le jeu vidéo dans une direction mature qui personnellement, me tente énormément. En plus, il faut avouer que c'est assez classe comme titre de jeu vidéo, "Alan Wake"... C'est quand même plus classe que Super Fighter of the Death II ou autre merdouille du genre... Pour ce qui est de sa relève, je n'ai joué qu'au DLC "The Signal" et à la démo de American Nightmare que j'ai tous deux trouvés sympathiques sans plus. Je pense que c'est un second épisode qu'il faudra attendre pour être vraiment à nouveau ébouriffé.