De Konami, sorti en 1999 sur Playstation, puis en 2009 sur PSN

 

LE SURVIVAL ACQUIERT SES LETTRES DE NOBLESSE

Toute histoire a un commencement, et celui de la saga Silent Hill a lieu en 1996. Motivée par la popularisation du survival-horror par le fameux Resident Evil de Capcom, une équipe du studio japonais Konami, la Team Silent, débute le développement d'un jeu du genre, avec comme ambition de toucher le public occidental. Sans résultat satisfaisant, ce premier projet est avorté. Les développeurs décident de tout reprendre à zéro avec de nouveaux membres au sein de l'équipe, Yamaoka en tête. Le projet s'axe alors pleinement sur la recherche d'émotion narrative ainsi que sur le concept de peur psychologique, et cette fois, il porte ses fruits. Encore sous le titre provisoire de «Silent Hill» sous sa version bêta, le jeu conservera ce nom lors de sa sortie en 1999, sur Playstation. Concrètement, ce que nous découvrions à l'époque se présentait comme un survival-horror fidèle à ses racines. On y contrôle un personnage vulnérable (même s'il court assez vite), qui n'a que peu d'armes à sa disposition (mais lui au moins, il peut tirer en marchant). Il lui est même possible d'achever ses ennemis à coups de savates, lorsqu'ils sont à terre. La progression elle, se fait majoritairement dans des couloirs au level design labyrinthique, où tout en tachant de survivre, il faut résoudre de multiples énigmes pour avancer. Enigmes qui demeurent néanmoins faciles, puisqu'à la manière d'un point'n'click, il suffit d'essayer tous les objets qui sont en notre possession pour trouver la solution empiriquement. Au niveau des particularités, Silent Hill instaure déjà la marque de fabrique de la série avec l'apport des cartes crayonnées, essentielles pour se repérer, la radio qui crépite à l'approche d'une créature, ou encore les caméras aux angles scriptés, qui contrairement à la concurrence, restent malgré tout dynamiques puisqu'elle suivent les déplacements du personnage. Enfin, techniquement parlant, on a là un produit plus que correct pour l'époque. Car malgré quelques ralentissements notamment dans la dernière partie du jeu et des animations pas toujours folichonnes, on peut profiter de textures très travaillées en plus d'être crédibles, ainsi que d'effets visuels absolument bien rendus tels que la neige qui fond sur le sol, ou l'éclairage de la lampe torche. De plus, une autre prouesse technique tient dans le fait que les déplacements dans la ville de Silent Hill ne se fassent sans aucun temps de chargement. Pour cela, c'est l'effet de brouillard, lui-même redevable à l'influence d'un certain «Mist» de Stephen King, qu'il faut remercier. Parce que grâce à lui, les limitations techniques de la console ont pu être palliées et le clipping constant camouflé.

L'intro du jeu :

 

PLUS QU'UN DRAME, UNE TRAGEDIE

Comme ses qualités cosmétiques le démontrent donc, Silent Hill faisait le job niveau gameplay, et parvenait on ne peut mieux à faire peur. Mais si son nom fut synonyme d'un tel gage de qualité, c'était surtout et avant tout pour son scénario, qui ne jouait clairement plus dans la cour de la série B. Tout commence lorsque Harry Mason et sa fille adoptive de sept ans, Cheryl, ont un accident de voiture comme programmé par le destin, aux abords de la ville de Silent Hill. Après que Harry se soit remis du choc, ce dernier d'aperçoit avec stupeur que sa fille a disparu. Sans hésitation, il part à sa recherche en direction de la ville embrumée et enneigée. Le constat se fera rapidement en y arrivant : cette Silent Hill, en plus d'être sujette à des conditions météorologiques peu communes, a été littéralement abandonnée pour n'être plus qu'une ville fantôme. Pire encore, les recherches de ce père prêt à tout pour sauver sa fille, le mèneront à affronter un véritable cauchemar éveillé, qui semble être le vestige de la souffrance d'une certaine Alessa Gillespie... Signée Keiichiro Toyama, l'histoire nous est exposée dès la cinématique d'intro, dans laquelle se déroulent plusieurs évènements essentiels à sa compréhension. Les éléments scénaristiques sont par la suite dévoilés au compte-goutte durant tout le long de l'aventure, et ce n'est qu'à la fin qu'il nous est ne serait-ce qu'envisageable d'interpréter les faits. On comprend alors à quel point cette histoire est affreusement dure et impitoyable, tout en étant contée d'une façon encore jamais vue, telle une allégorie... Plus qu'un jeu qui aura marqué son époque, Silent Hill est une parfaite démonstration de narration subtile et maîtrisée de bout en bout.