PLUS ANXIOGENE, TU MEURS !

Dans le monde du jeu vidéo, si Alone in the Dark a inventé le survival-horror, et si Resident Evil a inventé le stress, et bien Silent Hill a inventé la peur. Car avec le recul, on peut clairement affirmer que la série des Silent Hill fut la seule à aller aussi loin dans la viscéralité de son atmosphère. Davantage redevable à la folie mentale de ses créateurs qu'à une quelconque influence cinématographique, l'univers cauchemardesque d'un Silent Hill est unique. Organique, métallique et putréfaction charnue forment les monceaux d'immondices à travers lesquels on évolue, et lorsque ce n'est ni le sang ni le pus qui nous escortent, c'est un néant brumeux, une sinistre et silencieuse solitude qui s'en charge. Cette rivalité entre le calme inquiétant de la ville de Silent Hill et la violente atrocité de son homologue obscure, est d'ailleurs représentée régulièrement dans chaque volet, par l'intermédiaire d'un délabrement progressif du décor qui nous entoure. Une descente aux Enfers littérale, qui la plupart du temps, est clamée par le retentissement d'une sirène à couvre-feu. L'artifice parfait pour créer en nous une inexorable appréhension, et de plus, rendre évident l'adage : «Le cauchemar ne fait que commencer»...

Une petite sélection des scènes les plus effrayantes au sein des trois premiers opus :

 

 

LE MALAISE POST-JEU

Mais ce qui fait sans doute à la fois le charme et la rudesse d'un Silent Hill, c'est le fait qu'il n'ait aucune pitié envers le joueur. En effet, il n'est pas rare que toutes les formes de peur nous arrivent en plein faciès, qu'il s'agisse de la peur surprise, de la peur panique, ou de la peur constante, permanente. Car en mêlant des scripts mis en scène à la seconde près, un bestiaire imprévisible et insolite, ainsi qu'un fond sonore âpre et immuable, les développeurs ont donné vie à une peur quasiment borderline, tellement l'habileté du joueur à l'encaisser, est sans arrêt remise en question. L'expérience, basée sur notre résistance psychologique, peut même se propager au-delà du jeu lui-même, car comme vous le confirmera à peu près toute personne ayant tâté du Silent Hill, il existe bel et bien un malaise «post-jeu». Oui, hanté et souillé par les pensées les plus morbides qui lui trottent dans la tête après avoir éteint la console, tout joueur désespèrera ensuite s'endormir paisiblement...