Diablo III était probablement l'un des jeux les plus attendus de la dernière décennie, les fans se languissaient de voir enfin une suite à leurs aventures épiques des deux premiers volets de la série ! Après avoir été annoncé à l'E3 en 2008, Diablo III est finalement sorti le 15 mai 2012.

Faisant partie des fans fervents de la série, c'est aussi et surtout la BO du jeu que j'avais le plus hâte d'entendre. En effet, les compositions de Matt Uelmen dans Diablo et Diablo II m'avaient énormément marquée et j'étais impatiente de savoir si cette nouvelle OST allait être à la hauteur. Ce n'est toutefois pas Matt Uelmen qui en est le créateur, mais principalement Russel Brower, un compositeur attitré de Blizzard qui est aussi à l'origine des BOs de Starcraft II et de divers extensions de World of Warcraft. Une première déception ! Comment j'aurais rêvé de voir Matt Uelmen reprendre son chef-d'œuvre et nous envouter une troisième fois ! C'est surtout une déception car de toute évidence il était sur le projet Diablo III dans ses premiers stades, avant que Blizzard North ne soit fermé en 2005.

Pour rappel - Voici un petit exposé du travail fantastique de Matt Uelmen sur Diablo et Diablo II : 

Oscillations sur Ecrans.fr : Oscillations sur Diablo et Diablo 2 - Libération vidéo 
Le Leitmotiv Wagnérien et l'Inde dans Diablo et Diablo 2

Mais trêve de regrets ! Voyons ce que nous offre Russel Brower dans son interprétation musicale de Diablo III. Dès l'ouverture, il paye clairement tribut au travail de Matt Uelmen, en reprenant à plusieurs reprises le premier des deux leitmotivs contenus dans l'œuvre originale. Employant un style très symphonique, son instrumentation et son orchestration font surtout référence à la musique de Richard Wagner par l'utilisation massive des instruments à vent, et particulièrement des cuivres, de la percussion et de la chorale. Un air épique, rempli de syncopes et de trémolos annonce une atmosphère guerrière et fait frissonner les fans de la série des Diablo qui reconnaissent bien sûr instantanément les références musicales. La musique remplit son rôle très efficacement, un peu trop efficacement à mon goût. Car en dehors de ces quelques éléments il faut bien déplorer qu'elle est assez vide de sens et ressemble finalement à n'importe quelle autre ouverture musicale ou musique de trailer comme on peut les entendre un peu partout de nos jours. 

Attention, je ne dis pas que la musique est mauvaise ! Elle est même très bien ficelée et sacrément efficace ! Mais en dehors du petit frisson à la première écoute, celui d'un souvenir lointain d'un vieux geek qui a passé quelques mois de sa vie dans les cavernes autour de Tristram, finalement, il n'en est pas beaucoup plus que ça.

Tristram, justement. On retrouve ce lieu historique dans le jeu et avec lui, une musique revue par Russel Brower. Encore une fois, il fait référence au morceau original à travers les accords et arpèges de guitare et leur timbre très métallique. Mais l'audace de l'œuvre originale n'y est plus. La magie n'y est plus. La musique est réduite ici à un simple tapis sonore qui joue en fond, sans trop attirer l'attention du joueur. Des phrases sans réel contexte, des harmonies aléatoires, des motifs balancés un peu par ci et par là - rien ne semble finalement encadrer cette musique et cela la rend ainsi rapidement assez quelconque.

Vous allez peut-être me demander pourquoi je m'obstine à comparer cette BO de Diablo III aux œuvres de Matt Uelmen. Après tout, je pourrais très bien la traiter comme une création autonome ! Mais c'est là justement que la BO de Diablo III pêche. Russel Brower ne cesse de faire référence à la musique de Matt Uelmen, en reprenant son instrumentation, ses motifs et son style, dès que l'occasion se présente. Et bien qu'il a du mal à se défaire totalement de sa propre manière de composer très caractéristique (on entend maintes fois des petits éléments de la BO de WoW ou de Starcraft II), il manque totalement l'âme et la musicalité qui rendent la musique de Matt Uelmen aussi exceptionnelle.

Au final, j'ai l'impression que la production lui a demandé de faire « comme Matt Uelmen », à mes oreilles la BO de Diablo III sonne comme une tentative d'imitation. Et une imitation, eh bien ça ne reste qu'une imitation. Loin sont les richesses instrumentales, les innovations musicales audacieuses et l'amour du détail extraordinaire de Matt Uelmen ! Dans Diablo III, on se retrouve finalement avec une espèce de soupe sonore, sacrément efficace et très bien conçue, mais sans âme, parce le compositeur n'a pas pu laisser libre cours à sa créativité propre. Un gâchis monumental !