Cette semaine, l’équipe KYKLOS est allée à la rencontre de Maylie, victorieuse de la Gamers Assembly il y a quelques semaines avec l’équipe Oserv. Aujourd’hui en charge d’un nouveau roster, Maylie est plus que déterminée pour faire ses preuves avec ses nouveaux coéquipiers. Première échéance : la DreamHack de Tours mi-mai ! En attendant, elle revient sur sa performance lors de la Gamers Assembly et nous parle de ses ambitions.

Pour la suivre dans ses péripéties, vous la trouverez sur Twitter (@Maylie_2298) et bien sûr, sur Twitch (maylie_tv) !

(Crédit photo : twitter de Maylie)

KYKLOS : Salut Maylie ! J’espère que tu vas bien, comme nous te l’avons expliqué, nous interviewons des personnalités originales du marché du gaming, qui ont souvent quelque chose d’intéressant à raconter, des anecdotes sympas, parler de leur préparation etc... C’est donc pour cela que nous sommes ensemble aujourd’hui. Si tu veux, tu peux commencer par te présenter et nous expliquer comment tu en es arrivée à devenir joueuse professionnelle.

Maylie : Ouais bien sûr, allez ! Je suis Maylie, j’ai 26 ans, je fais partie de l’équipe Oserv depuis la fin de la Lyon Esport (ndlr. Retrouvez notre résumé de la LES) mais je travaille aujourd’hui sur l’élaboration d’un nouveau roster. Tout d’abord, j’ai démarré sur Counter-Strike 1.6 il y a déjà 10 ans, où je faisais déjà de la compétition. J’ai fait pas mal de LAN, ce qui m’a permis d’acquérir de l’expérience. J’ai arrêté à la toute fin de CS 1.6, quand Counter-Strike: Global Offensive (CS:GO) est sorti. J’avais mes études, j’ai pris un autre chemin, de manière à faire autre chose. J’ai arrêté pendant deux-trois ans puis quand je suis revenue sur CS:GO, les équipes étaient déjà formées, la médiatisation était passée et c’était vraiment compliqué de revenir comme ça sur le jeu, un peu en plein milieu. J’ai donc survolé tout ça en jouant pour performer mais sans vraiment avoir une vraie logique esport. J’ai ensuite joué pendant 6 mois à Overwatch quand le jeu est sorti avec un peu de compétition online, dans une équipe mixte. Malheureusement, malgré le fait d’être Master (ndlr. Classement élevé au sein du jeu), la communauté était vraiment trop mauvaise, toxique puis j’ai directement décidé de basculer sur du Battle Royale (BR) avec H1Z1 qui était tout frais à l’époque. A partir de là, je me suis dit que le BR était en quelque sorte le futur, que les gens en avaient un peu marre de jouer sur des styles similaires et qu’un peu de nouveauté ferait beaucoup de bien au marché. L’avantage avec le BR est que les coéquipiers n’ont pas à dépendre énormément des membres de l’équipe pour performer correctement. Même si ça se joue en équipe, c’est vraiment très différent, ça dépend beaucoup de décisions individuelles et je trouve le concept excellent. Le problème étant que sur H1Z1, le milieu était très fermé, les tournois sont organisés uniquement par H1Z1. Il faut donc absolument connaitre quelqu’un pour pouvoir participer… Soit il faut être un très gros influenceur. Je n’aime pas cet esprit et j’ai donc quitté le jeu pour cette raison.

 

 K : Ah oui d’accord et penses-tu que ce n’est pas cette “privatisation” des serveurs et cette vision réductrice des tournois qui à consumer le jeu petit à petit ?

M : Effectivement, quand ton jeu n’offre plus vraiment de possibilité de compétition… Par exemple, pour parler concrètement, Fortnite vient de donner accès aux parties privées, peut-être même un peu trop facilement mais bon c’est quand même bien. Alors que H1Z1 ne l’a jamais fait ! On devait donc s'entraîner un peu contre n’importe qui et c’était compliqué de progresser, il n’y avait pas d’avenir.

 

K : Surtout que ça plombe un peu le principe même de la progression dans le gaming non ?

M: Oui, exactement, ça ferme trop de portes ! Quel est l’intérêt pour un joueur qui a envie de performer ? Attention, je ne parle pas du joueur qui est simplement là pour s’amuser ! Celui qui veut vraiment montrer ses compétences, je trouve ça nul, je ne voulais pas perdre mon temps en fait. Sachant que j’ai toujours été très très compétitive, je devais choisir entre PUBG ou Fortnite. Alors le premier n’a pas du tout un style que j’aime, c’est trop de la simulation, c’est assez lent etc… Après c’est mon point de vue, je peux comprendre que de très nombreuses personnes aiment beaucoup ce jeu et que le jeu fonctionne. Je suis bien plus axé jeu d’arcade. Regarde, comparé à un Battlefield, je préfère largement CS:GO. PUBG, j’ai l’impression qu’il faut arriver à se cacher le mieux possible en fait, alors que j’ai un jeu très agressif ! Alors oui effectivement à haut niveau, ça joue plus vite, mais je trouve quand même cela très lent.  

 

 K : Après, si je peux me permettre, nous étions à la LES et je trouvais que l’enjeu de la compétition sur Fortnite empêchait un peu les joueurs de se lâcher et de tenter des moves un peu spectaculaires. La rapidité du jeu se dégrade un peu avec l’enjeu, après je comprends très bien que c’est aussi une compétition, il faut donc performer et moins amuser les viewers !

M : Oui un peu c’est vrai, après c’est le BR qui veut ça, tu as une phase de loot (ndlr. Temps passé à collecter des ressources, des armes pour être équipé correctement)qui est assez longue. C’est bête mais l’objectif est de faire Top 1. Après attention, lors de la Gamers Assembly (GA), nous avions une mentalité imposée par la structure, qui a d’ailleurs porté ses fruits et pour ça je remercie le staff de Oserv !

 

K : On va revenir justement sur l’aspect de préparation de la compétition, mais si on doit finir sur ton parcours, tu as joué à H1Z1, PUBG ce n’était pas pour toi.

M : En soit, à ce moment-là, j’arrête H1Z1, j’ai un peu mal au cœur, je pense qu’ils avaient vraiment une poule aux œufs d’or mais ils l’ont mal géré. Le jeu est mort aujourd’hui… Le problème, c’est que Fortnite ne m’intéressait pas plus que ça non plus au début. Je ne retrouvais pas les mêmes sensations que j’avais sur H1Z1 et puis bon, je suis une petite streameuse, je jouais au jeu du moment, c’est donc comme ça que j’ai mis le pied à l’étrier. Je me rends ensuite à la LES en tant que spectatrice avec une amie, et le fait de revenir assister à une LAN après des années, m’a donné envie de recommencer ! Je suis rentrée chez moi et je me suis mise à try-hard le jeu pendant un mois pour me laisser une chance. Je suis aussi à un âge compliqué, j’ai 26 ans, c’est limite pour se lancer. Je joue donc ma dernière carte. Par hasard total, je joue avec l’ancien manager de l’équipe Oserv en duo. La directrice marketing de l’équipe cherchait des joueurs car l’équipe en place à l’époque partait. J’ai donc proposé des équipes que je connaissais mais elle ne voulait pas d’équipe déjà en place, elle voulait recruter des personnalités uniques qui n’avaient jamais encore joué ensemble, et qui ne sont pas connues. L’ambition d’Oserv était vraiment de prendre des petits joueurs et de les transformer en “petits prodiges”.

 

 K : Le principe de notre application est en réalité exactement le même ! Trouver des personnes au niveau et à l’état d’esprit similaire qui ne se connaissent pas et créer une équipe efficace. Bien sûr pas forcément à un niveau pro, mais déjà sur une scène amateur ! Si je comprends bien, c’est ce qui s’est passé ?

M : Oui, c’est complètement ça, c’est bien cool ! Je jouais donc toujours à Fortnite, la directrice ne voulait pas d’équipe complète, et en plaisantant je lui ai proposé de passer les tests. J’ai donc passé les tests, j’ai été retenue. J’ai donc très peu d’heures de jeu, tout juste 200h je crois. Voilà donc comment je suis arrivée chez Oserv, j’ai été la 1ère à être recrutée.

 

 K : Et personnellement, as-tu des sponsors exclusifs en tant que streameuse ?

M : Je suis une petite streameuse donc non, même si avec la victoire lors de la GA, ça a pas mal bougé. Mais je n’ai pas de sponsors qui me paient, alors que j’ai des petits partenariats qui m’apportent certains avantages.

 

 K : Cette activité est donc ton activité principale, ou tu ne peux pas encore en vivre ?

M : En fait oui, je vis de mon stream, je ne vis pas seule, ce qui aide aussi !

 

 K : C’est bien encourageant en tout cas ! Pour vous, la victoire à la GA, ça a changé quoi fondamentalement ?

M : Déjà, personne ne croyait en nous, même nous !!! Nous avons vécu énormément de galère. JuleZ est arrivé dans l’équipe 48h avant le tournoi ! Deadra et m11z ont été sélectionnés 3 semaines avant la GA. Après eux se connaissaient déjà, ils avaient donc des choses en place mais pas en tant que joueurs professionnels. On a eu très peu de temps de jeu ensemble en fait. Un autre gars nous a laché 48h avant la LAN… On avait joué un seul match avec JuleZ avant la GA ! C’est juste énorme.

 

 K : (rire) C’est clairement incroyable ! Et donc quels sont les types d’infos importantes sur Fortnite pour s’améliorer ? Qu’est-ce qu’un coach peut vraiment apporter sur ce jeu ?

M : Alors, Lulu nous a demandé de travailler l’atterrissage à Tilted Towers (ndlr. Point précis sur la carte, connu pour être très prisé des joueurs agressifs). Il fallait absolument que les compétences individuelles des joueurs soient bonnes à cet endroit de la carte. A l'entraînement online, à 100 joueurs sur la carte, presque à chaque fois 3-4 équipes complètes descendent à Tilted Towers, il est donc très complexe de sortir indemne. On n’en sortait quasiment jamais ! Une fois qu’on a commencé à mettre en place des stratégies ça fonctionnait mieux, mais les duels nous obligent à dépenser beaucoup de ressources et de munitions pour en sortir vivant. On était prêt à contester les directives de Lulu, mais elle ne cessait de répéter que lors de la GA personne ne descendrait à Tilted Towers car les gens auraient peur ! On a donc continué pour chercher à s’améliorer tous ensemble et lors du tournoi, le format change et passe à 50 personnes. Avec ce format-là, chacun a plus ou moins son coin de carte. On a rasé rapidement Tilted Towers en lootant un maximum d’équipement et personne n’est jamais descendu avec nous. Sur les 16 parties jouées, on a rencontré que 3 équipes sur place (dont celle de Gotaga).

 

 K : Et vous avez drop à chaque fois à Tilted ?

M : A chaque fois, sauf sur les dernières games. Ça faisait aussi partie de notre stratégie. A la dernière game, les gens y vont sans réfléchir pour tout tenter. Nous avons donc tenté de faire une stratégie différente. Gotaga a déclaré qu’on les avait entendus grâce aux haut-parleurs de la salle. Non, c’était vraiment une stratégie mise en place bien avant. On a drop à Lucky Landing en spawn safe, assez éloigné du reste. Sur l’ensemble du tournoi, nous avons eu le record de kills en une partie (Top 1 : 17 kills), sur 48 personnes, c’est énorme ! Et on a aussi eu le record de kills sur la totalité des parties (plus de 120 kills). Au pool, on met 600 points au 2ème avec des kills qui valent beaucoup de points, ce qui convient bien à notre jeu. Je suis très agressive, je ne sais pas me cacher sous des constructions.

 

 K : Comment en tant que femme es-tu considérée dans le milieu ?

M : Très clairement, je me suis fait cracher dessus. Avant la GA, on se faisait lyncher. Tu récupères un tag qui a gagné une LAN, Oserv avait gagné la LES mais avec une équipe différente, il faut à nouveau endosser le maillot. Nous sommes inconnus, nous avons peu d’heures de jeu, je suis une femme… autant te dire qu’on n’a pas été tendre avec moi et même l’équipe en général. Ça a été très compliqué et après la GA, bien sûr que c’est différent, mais ce n’est pas agréable. Les gens sont attirés par la “fame”. Maintenant ce n’est pas parce qu’on a gagné la GA qu’on va se reposer sur nos lauriers. On est déjà fixé sur la DreamHack.

 

 K : Quels sont tes projets à venir ?

M : J’aimerai bien pouvoir en vivre simplement, je ne peux pas penser m’impliquer autant et ne pas en vivre.

 

 K : Tout à l’heure tu as parlé du fait que les BR ont un mode de jeu particulier, centré sur l’individu. Pourquoi est-ce différent d’un FPS classique au niveau de la cohésion d’équipe ?

M : Tu as une dimension d’équipe mais individuellement tu peux aussi faire la différence. En fait, je trouve que tu ne dépends pas de ton équipe pour finir top 1. Sur des FPS, si tu n’as pas de coordination, c’est mort alors qu’en BR, ça va plus être du binôme, du positionnement relatif à tes coéquipiers, avec un peu moins de stratégie fixe. En BR, tu peux avoir un rôle actif ou plutôt passif mais chaque situation est unique.

 

 K : Tu viens donc de prendre la direction d’une nouvelle équipe au sein d’Oserv. On est d’accord, il s’agit toujours bien de Fortnite ? Pourquoi faire un nouveau set de joueurs sur le même jeu ?

M : Oui il s'agit toujours bien de Fortnite, je reste sur le jeu. Pourquoi ? Simplement parce que Oserv m'a proposé de monter une deuxième équipe car je fais partie de la famille Oserv et qu'ils ne me voyaient pas me laisser partir sans essayer de me proposer quelque chose d’intéressant. J'ai donc accepté de remonter un projet, je l'ai fait une fois alors pourquoi pas deux ! Oserv aura donc deux équipes Fortnite : l’une appelée Oserv Esport Black et l’autre Oserv Esport Blue.

 

 K : Quelles sont les ambitions de cette équipe par rapport à la précédente ?

M : Les ambitions restent les mêmes qu'avec mes anciens mates avec une condition : jouer avec des joueurs avec qui je me sens en parfaite confiance morale. Je sélectionne mes joueurs sur le feeling plus que sur le skill in-game.

 

 K : L’équipe est-elle déjà prête ? Comment vas-tu sélectionner tes coéquipiers ?

M : L'équipe se forment petit à petit je prends mon temps même si je reste limitée avec l'arrivée de la DreamHack (ndla. 19 au 21 mai à Tours).

 

 K : Finalement, la situation est un peu similaire à celle que tu as vécu pour la GA ! Comment te sens tu dans ce rôle de leader d’équipe ? Qu’est-ce que signifie ce nouveau rôle pour toi ?

M : Effectivement, j’avais déjà eu l’occasion de porter ce rôle lors de la précédente équipe ! Je pense être quelqu'un d'assez stable dans le milieu du gaming pour permettre aux jeunes générations de progresser dans le bon état d'esprit, avec de bonnes valeurs. L’idée est bien de créer une équipe avec de bonnes synergies et un état d’esprit associé qui nous porte tous ensemble vers la performance !

 

 K : Génial, je comprends bien ! Ça va être un beau challenge ! Pour conclure rapidement, as-tu un message supplémentaire à faire passer à la communauté gaming ?

M : Pour ceux qui font de l’esport ou qui ont cette ambition, ne lâchez rien ! Ça ne sert à rien d’être un gros streamer pour percer : entraînez-vous !

 

K : Merci beaucoup Maylie ! Ça fait plaisir d’avoir pu discuter avec toi ! Nous te souhaitons bonne chance pour la suite !

Crédit : www.gokyklos.com

 
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