Je vous avais proposé un concours spécial Halloween il y a quelques temps, où je vous demandais de me raconter une histoire qui fait peur... Voici les résultats, avec un jour de retard, pour des raisons techniques (*tousse* Assassin's Creed III *tousse*). Mais avant ça, un petit point sur les participants. Vous n'êtes que cinq à avoir participé, ce qui est vraiment très peu... Vous n'étiez peut être pas inspirés? Ou alors ça n'intéresse pas grand monde d'imaginer une histoire juste pour gagner un jeu pas vraiment récent? Je ne sais pas. Toujours est il que ça ne me découragera pas de refaire des concours originaux à l'avenir. Et puis comme ça, nos cinq participants ont eu plus de chances de gagner, vu qu'il y avait moins de monde. Sans plus tarder, voici les deux gagnants, sans donner l'ordre bien sur, parce que ce qui est drôle c'est qu'ils ne sauront pas quel lot ils vont recevoir avant de le recevoir. Enfin, je devrais plutôt dire nos deux gagnantes, et mettre tout ça au féminin. Car les deux histoires qui m'ont plus sont celles de Zalla et de Minmay (bien qu'elle participe pour gagner un jeu pour son mari, si j'ai bien compris ^^). D'un coté une histoire troublante dont on ne sait pas vraiment si elle a vraiment eu lieu, de l'autre une nouvelle sur une maison hantée... Vous voulez les lire? Pas de problème, les voila:

 

 

L'anecdote de Zalla

Pour ce concours, je voudrais vous raconter une petite anecdote qui m'est arrivée il y a peu de temps. C'est difficile d'en parler, j'en ai encore des frissons quand j'y repense.

Étudiante en fin de cycle en psychologie, mes journées sont longues et chargées ! Je prépare mes examens, ma soutenance de fin d'année en plus d'un stage. Pour les dernières années, ce stage doit se faire obligatoirement en psychiatrie, histoire de côtoyer les cas les plus difficiles avant d'obtenir le diplôme de psychologue.

Travailler dans un hôpital psychiatrique signifie d'abord avoir des horaires hors normes où l'on peut finir très tard : c'est bien connu, les angoisses surviennent la nuit ! Le soir de cette anecdote, je restais pour retranscrire un entretien que je venais d'avoir avec un de mes patients, Monsieur N. atteint de TOC et d'hallucinations. En tant que stagiaire, mon bureau est très petit et surtout placé près des chambres des patients. Ça ne parait rien comme ça, mais pour avoir un peu de calme, pour se concentrer, c'est très compliqué!

Le soir de cette anecdote, je suis donc dans mon bureau prenant des notes quand j'entendis un cri, très aigu, traduisant une douleur immense. Je sors de mon bureau en courant. Je fais le tour des chambres : rien ! Je vais voir l'équipe de nuit. L'infirmier chef me dit ne rien avoir entendu, il se moque légèrement de moi : « Tu devrais lever le pied ! À entendre des voix, tu feras bientôt parti de nos résidents! »

Un peu vexée par ces paroles, je retourne dans mon bureau quand j'entends à nouveau ce cri, plus long encore, plus douloureux. J'essaie de me guider au son. J'arrive alors à une section du bâtiment que je ne fréquente que très rarement : les chambres d'isolement. Personnellement, ne pas y aller me pose aucuns soucis. Les patients refusent en général les psychologues et sont souvent assommés par les médicaments. Il s'agit des cas les plus violents de l'hôpital.

Après un moment d'hésitation, j'ose pousser la porte. Le cri se fait plus fort. Il provient de la dernière chambre. Je m'avance, doucement. Je suis face à la porte : aucun doute, la personne en souffrance est là. J'entrouvre la petite lucarne : il y a une femme assise, tournant le dos à la porte. « Madame, je suis la psychologue. Je suis là pour vous. Qu'est ce qui ne va pas ? » Elle arrête de crier. Un long silence.

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« Madame, vous vous sentez bien ? Vous voulez que j'appelle un médecin ? » Doucement elle se retourne pour me regarder. Elle tourne sa tête, la contorsionne. J'entends son cou craquer. Elle se lève pour s'approcher de la porte, s'approcher de moi. D'un coup, d'un seul, elle se trouve collée à la lucarne ; je ne vois que ses yeux fous.

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La scène est insoutenable, je fuis et courre vers dans la salle du personnel. Je raconte toute la scène à mes collègues. J'ai du mal à m'exprimer, je souffle, je transpire, je bégaye... Après m'être calmé, j'arrive peu à peu à m'exprimer. Les autres me regardent bizarrement, il y a comme une gêne qui s'installe dans la pièce. L'infirmier me dit « Tu dois te tromper de pièce, la chambre dont tu parles est inoccupée depuis presque 20 ans ».

Je suis abasourdie. C'est impossible, je l'ai vu ! Peut-être que je me trompe de salle ? Peut-être que c'était la chambre à coté ? C'est surement l'émotion qui me fait perdre mes repères !

L'infirmier propose que nous y allions, tous les deux. Le chemin me paraît interminable, aucun de nous ne parle. A la section des chambres d'isolement, je lui indique l'endroit. Aucun doute possible, il s'agit de cette chambre, la dernière ! Il s'avance avec son trousseau de clefs. Je ne peux que retenir ma respiration. Il ouvre la porte : la chambre, sombre, délabrée, est... totalement vide!

 

 

La maison abandonnée par Minmay

 

Introduction

 

Cela faisait quelques mois déjà que cette maison nous attirait. Elle était grande et vieille.
Dire qu'elle était abandonnée aurait été un euphémisme. Sa porte principale et ses fenêtres du rez-de-chaussée avaient été aveuglées par des planches mais celles-ci étaient si usées maintenant qu'elles ne tenaient que par miracle. La peinture des murs faisait penser à un vernis à ongle sur les doigts d'une dame âgée qui s'abîmait les mains dans son potager. Sombres, sales, écaillés. Ses fenêtres à l'étage, dont les vitres avaient depuis longtemps disparues, faisaient penser à des yeux vides regardant la rue d'un air avide. Elle était entourée d'un jardin en friche lui même entouré d'une grille mangée par la rouille.
Nous étions encore tout jeunes, des mômes à la recherche de frissons. Nous ne pensions pas en avoir autant.
Nous, c'est Quentin, Éric et moi, Florent. Nous avions à peine 10 ans, l'âge béni où les rêves de l'enfance n'ont pas complètement été ternis par le filtre de l'âge adulte. Cette maison, nous passions devant tous les jours pour aller à l'école et tous les jours, nous nous faisions la promesse d'y entrer.
On n'y croyait pas vraiment, c'était surtout pour plaisanter.

Et puis, un jour, Quentin lança un défi. En cette soirée du 31 Octobre, nous allions visiter la maison abandonnée.
Éric n'avait pas l'air très emballé par l'idée. Il faut dire qu'il n'avait pas la réputation d'être un garçon très courageux. Les filles disaient même qu'il avait peur du chien de Mme Hosni alors que cette brave bête n'aurait pas fait de mal à une mouche.

De mon côté, je n'étais pas très rassuré mais il était hors de question que je me fasse la même réputation qu'Éric.

 

Chapitre 1

 

            L'expédition avait été fixée à 22h. Éric avait bien essayé de se défiler en disant que ses parents ne le laisseraient jamais sortir aussi tard. Pas de chance pour lui, nous avions tout prévu et avions organisé une nuit de camping dans le jardin de mes parents. Du moins, c'est ce qu'on a prétendu.
En réalité, une fois sous la tente, nous avons attendu que mes parents aillent se coucher. Nous n'avons pas attendu longtemps puisqu'ils avaient l'habitude d'éteindre les feux vers 21h30. Nous avons quand même patienté jusqu'à l'heure fixée, histoire d'être sûrs.
A 22h pile, nous avons vérifié notre inventaire. Une lampe torche et une corde que Quentin tenait absolument à emporter, pour une raison que j'ignorais totalement.
Une fois tout vérifié, nous nous sommes rapidement faufilés par la porte arrière de mon jardin pour éviter d'être vu par des voisins curieux. Nous avons vite parcouru le chemin menant à la demeure tant convoitée et en même temps tant redoutée.

De nuit, la maison n'avait pas le même air que de jour. Si, de jour, il ne s'agissait que d'une vieille bâtisse à l'abandon, de nuit, on aurait juré qu'elle était sortie d'un film d'horreur.
Les ombres mobiles des arbres avoisinants donnaient l'impression qu'elle frissonnait. L'obscurité ambiante décuplait l'effet morbide des orbites vides des fenêtres.
Si ma réputation n'avait pas été en jeu, je crois bien que j'aurais fuit à toutes jambes. Mais Quentin veillait à ce que nous ne nous dégonflions pas. Pourtant, Éric avait tout à fait l'air de quelqu'un qui s'apprête à fuir comme si sa vie était en jeu.

Le premier obstacle se dressait devant nous : la grille. Elle était rouillée mais immense. De notre point de vue d'enfants, elle faisait au moins quinze mètres même si elle ne devait pas dépasser les deux mètres en réalité. Comment allions-nous entrer dans la maison si nous ne pouvions même pas entrer dans le jardin ?
Quentin sortit de son sac la corde dont nous ignorions la fonction. Il m'expliqua qu'il allait l'utiliser pour tirer sur la porte. Rouillée comme elle était, elle ne résisterait pas longtemps à la force de trois enfants en pleine forme.
Il enroula la corde sur un barreau de la grille d'entrée, le plus proche de la poignée. Il nous donna ensuite l'autre bout et nous tirâmes comme des forcenés.
Il avait vu juste et nous n'eûmes pas longtemps à tirer que la grille s'ouvrit dans un grand bruit qui nous fit sursauter. J'aurais pu jurer que le grincement des gonds tenait plus du cri de femme que d'une porte rouillée.

 

Chapitre 2

 

            Nous nous retrouvâmes dans le jardin. Les herbes, depuis longtemps laissées à leur bon vouloir, atteignaient le haut de nos cuisses et je priais intérieurement pour que les orties et autres ronces ne parviennent pas à percer mon pantalon de jean.
Nous n'avions pas parcouru deux mètres qu'Éric s'arrêta net. Quentin se moqua gentiment de lui et lui demanda pourquoi il s'était arrêté.
Pointant du doigt vers un coin du jardin invisible de la rue, il dit :

« Là, c'est quoi, ça ? »

Nous regardâmes dans la direction qu'il montrait. Les cheveux sur ma nuques se hérissèrent un moment.
Dans l'obscurité, il était difficile de voir clairement mais il m'a tout de suite semblé qu'il s'agissait d'une pierre tombale. C'était une pensée folle, il était interdit d'enterrer des animaux dans son jardin alors essayez donc d'y enterrer quelqu'un, avec une pierre tombale au dessus qui plus est!
Quentin sorti sa lampe torche et l'alluma. En pointant le faisceau vers la forme inquiétante, il s'avéra qu'il ne s'agissait que d'une vieille niche tout aussi abandonnée que la maison et toute aussi délabrée.
Soufflant de soulagement, nous reprîmes le chemin de la maison. Plus nous nous en approchions, plus elle paraissait immense, majestueuse presque.
Les herbes folles qui s'accrochaient à nos pantalons n'étaient pas notre seul problème. Alliées à l'obscurité, elles masquaient habilement les pierres et autres monticules de terre et nous manquions souvent de tomber la tête la première dans cette marée verte.

A plusieurs reprises, Quentin rattrapa Éric, Éric me rattrapa, je rattrapai Quentin, etc.
Après une lutte contre la végétation qui dura plusieurs minutes, nous arrivâmes sur le perron. Et c'est sans aucune difficulté que nous fîmes céder les planches vermoulues qui avaient autrefois servi à obstruer la porte. Celle-ci n'était pas verrouillée, Quentin l'ouvrit d'un geste simple.

 

Chapitre 3

 

Il nous fallu plusieurs minutes pour saisir entièrement ce que nous voyions.
Ce fut Quentin qui entra le premier. J'entrais à sa suite puis Éric me suivit. La lampe de Quentin balayait le hall sans s'arrêter, passant d'un coin à l'autre avec une rapidité folle.
Le hall d'entrée était intact ou presque. Poussiéreux, c'est sûr, mais presque pas abîmé par le temps. Les meubles manquaient mais les tapisseries, le plancher, l'immense escalier montant à l'étage, tout était comme neuf. Même le lustre semblait d'une facture récente, si l'on omettait de remarquer les toiles d'araignée qui en pendaient.
Deux portes étaient disposées de part et d'autre du hall. Nous décidâmes de commencer l'exploration par la porte de gauche.
Nous arrivâmes dans une salle à manger dans un état de délabrement avancé. Le changement radical par rapport au hall nous donna des sueurs froides. Enfin, à Éric et moi, en tout cas. Quentin avait l'air tout à fait à son aise.
Le plancher grinçait sous chacun de nos pas, le papier peint était élimé et certains coins pendaient lamentablement, décollés par l'humidité. Je ne me rappelle pas de quelle couleur était ce papier peint mais il était sombre. Trop sombre pour une salle à manger. Rien ici n'était intéressant car, tout comme le hall, les meubles avaient été emportés depuis bien longtemps.

Nous tentâmes alors notre chance avec l'autre porte et nous arrivâmes dans une cuisine.
Ici, les meubles les plus classiques, la cuisinière et même des étagères étaient restés en place, attendant encore qu'un ventre affamé vienne y cuisiner de bonnes tartes et de succulents rôtis.
Pourtant, vu l'état de crasse avancée, jamais je n'aurais mangé quoique ce soit sortant de ces fourneaux. Tout semblait recouvert d'une fine couche de gras surmontée d'une épaisse couche de poussière.
Au moment où nous allions ressortir de la cuisine, Éric s'arrêta de nouveau. Il avait l'air de quelqu'un qui vient d'avaler un pot entier de crème fraiche aigre assortie d'un verre de vinaigre.
Paniquant un peu, je lui demandais pourquoi il s'était arrêté. Il dû sentir le tremblement de ma voix car il se retourna vers moi d'un air encore plus effrayé.

« Là ! - cria-t-il - Là ! Sur le plan de travail ! »

Quentin et moi tournâmes la tête vers le plan de travail et ce que je vis retourna mes tripes aussi sûrement qu'un bol de choux de Bruxelles cuits dans une sauce à la menthe.
Dans la poussière, nous pouvions voir une trace de main. Pas une trace de main ancienne enfouie sous la crasse, une trace de main parfaite. Un endroit totalement sauvé des saleté, comme si M. Propre en personne avait touché cet endroit.
C'était impossible ! Il n'y avait aucune autre trace d'un passage plus ou moins récent ! La porte n'était pas verrouillée mais les planches étaient intactes. La grille était également fermée lors de notre arrivée. Les herbes n'avaient pas été foulées depuis des lustres !
Et pourtant, on aurait pu jurer que quelqu'un avait laissé cette empreinte quelques heures à peine avant que nous arrivions.

Nous rebroussâmes chemin vers le hall, gardant en permanence le regard en direction du plan de travail. Une fois encore, seul Quentin semblait parfaitement à l'aise, ce qui ne manqua pas de m'intriguer au plus haut point.
Arrivés dans le hall, Éric proposa d'en rester là. Il avait eu sa dose de frisson et je dois bien avouer que moi aussi. Ce n'était qu'une trace de main mais sa présence était si incongrue dans cet endroit qu'il était impossible que j'ignore ce que me dictait ma raison. Il fallait partir de cette maison. Rien de bon ne nous y attendait.
Quentin, cependant, nous proposa plutôt de faire un tour à l'étage. Nous n'avions, selon lui, pas parlé si longtemps de visiter ces lieux pour s'arrêter en si bon chemin.

A contrecœur, nous montâmes l'escalier. Les planches grinçaient et nous avancions prudemment, ne sachant pas si l'une d'entre elles ne déciderait pas à lâcher sous nos pieds.

 

Chapitre 4

 

            Le palier de l'étage était dans le même état que le hall. Poussiéreux mais intact. Ici, quatre portes nous attendaient. Une trappe dans le plafond menait apparemment à un grenier mais nous étions bien trop petits pour pouvoir l'atteindre.
Une des portes, sur notre gauche, était entrouverte et donnait visiblement sur une chambre ou un bureau dans lequel nous entrâmes.
Elle était vide mais des traces claires sur les murs laissaient imaginer la forme des cadres qui en ornaient les murs. Le sol, orné de ce qui avait dû être autrefois une superbe moquette qui n'avait plus l'air maintenant que d'un magma verdâtre de mousse était recouvert d'excréments d'oiseau. A n'en pas douter, la fenêtre dont les vitres avaient été brisées donnait le champ libre aux volatiles du coin. Rien ne pouvait servir de perchoir pourtant et aucun nid n'était détectable au sol. Que pouvaient donc venir chercher des oiseaux ici ?

La réponse nous vint rapidement. Des miettes de pain parsemaient la moquette sur une grande partie de sa surface. J'eus l'impression que mes intestins tombaient dans mon ventre. Que faisait ce pain ici ? Qui s'amuserait à entrer dans une vieille baraque délabrée pour nourrir quelques pigeons ? Et surtout, qui s'amuserait à entrer, nourrir des pigeons, ressortir en reclouant les planches qui obstruaient l'entrée, réussir à sortir dans le jardin sans abîmer l'herbe et refermer comme si de rien n'était une grille complètement rouillée ?
Éric n'avait pas vu le pain et je décidais qu'il ne le verrais pas. Quentin l'avait vu, lui, mais n'en sembla pas peiné. Sur ma demande, nous sortîmes de cette pièce que je feignais de juger sans intérêt. Quentin essaya de protester mais comprit à mon regard que ce n'était pas négociable.

Nous nous retrouvâmes à nouveau sur le pallier. Les trois autres portes étaient fermées. Nous essayâmes d'ouvrir celle qui était à côté de la première. Elle résista un peu mais un coup d'épaule de Quentin la fit céder.
Nous vîmes qu'il s'agissait d'une deuxième chambre. Celle-ci était étrangement absente de toute souillure extérieure. Les fenêtres étaient pourtant dans le même état que celles de l'autre pièce.
Il restait un meuble dans cette chambre. A la lueur de la lampe torche, j'identifiais rapidement un fauteuil à bascule comme ceux que l'on voit parfois dans les vieilles séries américaines, près de la porte d'entrée, et dans lequel on s'attend à voir un vieux monsieur jouer de la guitare en chantant de la country.
Ce fauteuil unique ne paraissait pas du tout à sa place dans cette maison. Non seulement c'était un des seuls meubles que nous ayons vu depuis notre arrivée, en dehors de la cuisine, mais il n'était pas abîmé par le temps. Un fauteuil en bois aurait dû être attaqué par l'humidité entrant par la fenêtre béante. Or celui-ci, bien que recouvert d'une bonne couche de poussière, n'avait pas l'air d'avoir souffert de son abandon.
Rien d'autre ne retint notre attention et nous allions sortir de la chambre lorsque le fauteuil commença à bouger. Au début, c'était un mouvement très lent, à peine perceptible et nous ne l'aurions sans doute même pas remarqué s'il ne s'était accompagné d'un léger grincement.
Peu à peu, le mouvement s'intensifia jusqu'à être parfaitement visible.
Éric me poussa vers le palier, Quentin nous suivi sans vraiment se presser. Il referma tranquillement la porte derrière nous et nous affirma que le fauteuil, qui était relativement proche de la fenêtre, devait avoir bougé à cause d'un courant d'air. Éric paru gober ça, pas moi. S'il y avait eu un courant d'air, nous l'aurions senti. Mais je ne dis rien afin de ne pas traumatiser mon camarade apeuré.

Nous nous avançâmes vers une troisième porte. Elle était ouverte mais nous fûmes déçus de n'y trouver qu'un grand placard vide.
Il ne restait que la dernière porte. En toute logique, je savais déjà ce que nous allions y trouver et cela ne me réjouissait guère.

Quentin ouvrît la porte, révélant, comme je m'y attendais, une salle de bain. C'était la salle de bain la plus glauque que je n'ai jamais vu. Le carrelage était fissuré, les murs donnaient l'impression de suer à cause d'une condensation anormale.
Je remarquais trois choses dans cette salle de bain : des toilettes crasseuses, un lavabo rongé par le calcaire et une baignoire.
Quentin braqua d'abord sa lampe vers les toilettes. Éric eut un haut-le-cœur mais il sut se contrôler. On aurait dit que les toilettes étaient pleines d'une substance visqueuse et marronâtre. Je me retint d'imaginer ce qu'était cette substance immonde.
Rapidement, Quentin détourna le faisceau de la lampe et éclaira le lavabo. En dehors de son état de décrépitude avancée, rien d'anormal ne nous apparu. Rien de bien intéressant.
Quentin éclaira alors la baignoire. Je ne pu m'empêcher de pousser une exclamation traduisant la surprise et l'horreur.
Elle était couverte de ce qui semblait être du sang. Couverte n'est pas vraiment le mot exact. On aurait dit qu'un animal - du moins ce que j'espérais être un animal - avait été éventré dans cette baignoire. Dans le fond, la trace formait une flaque, mais sur les rebords, on pouvait voir des éclaboussures, des trainées, signes d'une violence inouïe.
Nous étions comme hypnotisés par ce que nous voyions. La lumière apportée par la lampe ne nous permettait pas vraiment de distinguer la couleur exacte des traces mais j'avais l'impression, en voyant les reflets, qu'il était assez frais.
Les idées se bousculaient dans ma tête et mon corps semblait lourd. D'abord la main dans la cuisine, ensuite les miettes de pain sur la moquette de la chambre, puis le fauteuil qui se met en branle tout seul et enfin ça. Pour mon jeune esprit, c'était trop et mon cerveau sembla se déconnecter.

Soudain, nous entendîmes des bruits sourds provenant du plafond. A n'en pas douter, quelque chose - ou quelqu'un - se déplaçait dans le grenier.
D'instinct, sans vraiment comprendre, nos jambes prirent les rênes et nous filâmes à une vitesse incroyable. Nous n'avons pas simplement descendu les escaliers, nous les avons à peine touché tant nos enjambées était grandes.
Un instant, je cru que la panique me ferait perdre la tête, aussi simplement que si un disjoncteur coupait le courant.
Ma panique redoubla quand Éric essaya sans succès d'ouvrir la porte d'entrée. Si elle était déverrouillée quand nous sommes entrés, elle était à présent parfaitement close. Éric hurlait des mots dont je ne saisissais pas le sens.
Quentin, qui était encore une fois le plus calme d'entre nous, plongea la main vers un verrou que je n'avais même pas vu et ouvrit la porte sans plus de cérémonie.

Nous courûmes à en perdre haleine, oubliant d'être prudents dans les herbes hautes. Par je ne sais quel miracle, aucun d'entre nous ne tomba.
Nous ralentîmes en arrivant à quelques mètres de la grille et nous nous arrêtâmes pour reprendre notre souffle. Je lançais des regards affolés en direction de la maison afin de vérifier que rien ne nous suivait.
Au bout de quelques minutes, j'entendis un grognement sourd. Éric et moi tournâmes la tête vers la niche abandonnée. Je cru y voir deux lueurs rougeâtres.

Le chien - si c'en était bien un - grognait de plus en plus fort. C'était impossible, cette maison était à l'abandon depuis trop longtemps pour qu'un animal vive encore ici. La grille était fermée et un chien n'aurait pu la sauter pour trouver un abri. Mais avec ce que j'avais vu dans la maison, je n'avais aucun doute : cette chose était réelle et n'hésiterait pas longtemps avant de nous attaquer si nous restions sur place.

Je pris Éric par le bras et appelai Quentin. Il fallait que nous partions. Maintenant.
Quentin ne bougeait pas et semblait ne pas m'entendre. Il avait l'air fasciné par ce qu'il voyait dans la niche.
En quelques secondes, ma décision fut prise et j'emportai Éric avec moi. Nous passâmes la grille. Je laissai alors Éric sur le trottoir et revint chercher Quentin. Même en le tirant par le bras, celui-ci ne semblait pas vouloir bouger.
Éric me surprit alors en revenant vers nous. Il attrapa l'autre bras de Quentin et, avec nos deux forces combinées, il bougea enfin. Nous sortîmes rapidement, les grognements se faisant de plus en plus intenses.
Une fois sur le trottoir, Éric ferma la grille puis la bloqua avec la corde qui était restée sur place.

Nous rentrâmes chez moi, haletants, vidés. Aucun d'entre nous ne parlait, nous n'avions rien à dire.
Arrivés devant ma tente, Éric y entra sans prononcer un mot. Quentin, quant à lui, restait immobile et fixait un point en direction de la maison que nous ne voyions plus. Son visage était totalement impassible.
Je ne voulais pas parler, pas ce soir. Mais je savais qu'il aurait des explications à nous fournir demain matin, quand l'aventure semblerait déjà moins impressionnante devant les tartines que nous aurait préparé ma mère. Aussi entrai-je dans la tente pour rejoindre Éric et me coucher.

Le sommeil tarda à venir mais lorsqu'il vint enfin, Quentin n'était toujours pas rentré.

 

Epilogue

 

            Le lendemain matin, Quentin n'était pas là. Éric et moi avions terriblement peur qu'il ne lui ai pris l'envie de retourner à la maisons abandonnée mais n'osions pas partir à sa recherche.
Pourtant, lorsque mes parents arrivèrent pour voir si nous avions bien dormi, ils ne s'étonnèrent pas de ne voir que que nous deux.
Au bout de quelques minutes, je leur demandai s'ils avaient vu Quentin, ce matin. Leur réponse me glaça le sang.

«Qui est Quentin ?»

 

Minmay

 

Alors, ça vous a plu? Je pense que ces histoires étaient bien dans l'esprit d'Halloween, assez flippantes et mystérieuses... Voici les autres histoires que j'ai reçu pour le concours.

 

 

Maud par Celimbrimbor, à lire sur son blog

 

 

L'histoire de Lyhanna

 

 Donc un beau jour, quand j'était encore au collége, j'avais un petit appareil qu'on m'avait offert qui prenais des photos et qui les faisait sortir directement, c'était chouette !
Bref je prend ma chambre en photo pour tester le bon fonctionnement de l'appareil, oui je sais drôle d'idée, mais bon.. Je prend ma superbe photo, je la sort et je m'en vais en attendant qu'elle séche. Et enfin, à mon retour, sur la photo finale se trouvais bien evidemment ma chambre, mais aussi.. une femme, de profil, en orange transparent en train de prier..
Je me suis pas affollée mais je me demandais si c'était moi qui voyais des trucs, j'ai donc fait tourner la photo à tout le monde : collége, famille, etc.. tous voyaient la femme !

Je commencais à angoisser et j'avais peur de jeter la photo (Genre elle va pas aimer et tout, oui je sais c'est bête) et je voulais la garder d'un côté parceque c'est pas banal quoi..
Je la range donc précieusement dans un petit tiroir, et elle restera ici des années sans bouger. Cependant, je racontais souvent cette histoire a des connaissances. Ha et je vérifiais souvent si elle était encore bien rangé dans sa cache, même si à chaque fois c'était un grand moment d'émotions de la revoir !

Ensuite, le temps passe, je fais ma vie, et un jour je raconte cette histoire à mon copain (histoire de bien situer le contexte, j'était partie vivre chez lui à 800km de chez moi pendant 1 ans) et je lui dis "tu verras quand on ira chez moi cet été, je te montrerais la photo, je te jure que c'est vrai !" et arrivé le jour J, j'ouvre mon petit tiroir 1 an aprés être partie de chez moi..
...et je trouve pas la photo.. alors que rien dans le tiroir n'avait bougé de place. Là c'est le moment ou dans cette situation on est genre les yeux ecarquillé à se dire "mais.. mais.. MAIS ?!" je fouille bien partout, et là.. "Tu vas pas me croire, elle y est plus... c'est marrant tiens !" histoire de se rassurer alors qu'en fait on sent les sueur froide nous parcourir le dos et on se fait des films genre "elle a repris la photo parceque je suis partie de chez moi ?".. et en prime je suis passé pour une nouille et avec un petit côté "trolled by ghost !" sympathique..

He bah du coup le truc bête c'est que je peux pas non plus te la montrer pour prouver mes dires vu qu'elle s'est barrée.. tain mais elle fait chier celle là è_é

 

 

8 coups par McFlyMarty

 

8 coups. J'ouvris les yeux, le soleil tapait fort et mes yeux ne s'étaient pas encore habitués à cette luminosité, je ne voyais rien et pourtant je savais déjà que je n'étais pas chez moi. L'odeur inhabituelle de souffre et une forte chaleur, surement responsable de mon réveil si matinal, m'indiquèrent que quelque chose clochait. J'en eus la confirmation lorsque 8 coups sonnèrent quelque part. Je n'entends rien chez moi, mon voisin pourrait apprendre à jouer de la batterie pendant que sa femme passe l'aspirateur que les murs épais de mon appartement empêcheraient le bruit de s'échapper. Ce qui est assez inespéré lorsqu'on habite dans une petit logement en plein milieu d'une grande ville.Je tentais vainement de réfléchir chez qui je pouvais être, mais l'endroit me semblait complètement étranger. Mes yeux s'habituèrent progressivement à la vive luminosité, provenant non pas d'un beau soleil d'été mais d'une lampe halogène à moitié cassée et braquée sur mon visage. Je regardai autour de moi, et une vision salvatrice me fit pousser un ouf de soulagement : mon téléphone portable était sur la table de chevet, ou plutôt le vieux tabouret qui faisait office de table de chevet. J'essayais de me souvenir de ce que j'avais fait hier soir, la dernière chose dont je me souvienne est que je suis parti du travail pour rentrer chez moi. Il faut croire que j'ai du faire un détour.

8h00. Mon portable affichait 08h00, je n'avais pas réalisé que si peu de temps s'était écoulé depuis mon réveil. La panique de se réveiller dans un endroit inconnu a surement joué des tours sur ma capacité d'évaluer le temps qui passe. Une nouvelle panique s'empara de moi lorsque je constatai que je n'avais pas de réseau. Il fallait vite que je sorte. A ce moment précis ma vie se résumait à une barre sur un écran lcd.
Le tour de la chambre fut rapide à effectuer. Je n'avais pas envie d'oublier quoi que ce soit, et cela ne risquait ps d'arriver puisque mis à part mon portable il n'y avait rien à y récupérer. Mon portable et moi dénotions complètement avec le reste de la chambre, faite de meubles en bois ayant déjà bien vécus et d'accessoires cassés ou réparés de manière précaire. Je me demandais comment quelqu'un pouvait oser louer une telle chambre en claquant la porte et en me dirigeant vers la réception.
Je traversai le couloir et descendis les marches. La couleur vert bouteille du papier peint me donnait la nausée, et toujours cette odeur de souffre et cette chaleur étouffante. Pour le peu que j'avais vu de cet endroit, le fait que la climatisation ne fonctionne pas correctement n'était pas une surprise.

8 fois. J'ai tenté d'appeler 8 fois le réceptionniste avant de me décider à partir. L'hôtel était désert, la réception abandonnée, et le ventilateur du comptoir ne semblait souffler que de l'air chaud. Un sentiment de malaise commençait à m'envahir. Je me dirigeais vers la sortie en pensant à la manière dont j'allais rentrer chez moi. Un taxi serait surement la meilleure solution. Une fois dehors je n'ai pas tout de suite réalisé l'épais brouillard qui recouvrait la ville. J'étais trop occupé à râler après mon téléphone qui n'arrivait décidément pas à capter quoi que ce soit et qui affichait toujours la même heure.
En relevant la tête de l'écran je m'aperçus avec étonnement que je ne pouvais rien à voir à 5 mètres. Je n'avais jamais vu un brouillard aussi épais. J'arrivais tout de même à distinguer les immeubles, les voitures garées, les parcmètres et toutes ces choses familières qui m'ont rapidement fait oublier la peur irrationnelle de m'être réveillé au milieu de nul part sans aucun moyen de rentrer chez moi rapidement.

8 voitures. Je marchais en essayant de repérer un endroit familier qui me permettrait de savoir où je suis, et après avoir dépassé 8 voitures garées sur la chaussée je m'arrêtai net. Je connaissais l'expression "avoir des sueurs froides" mais je n'en avais jamais vraiment fait l'expérience jusqu'à aujourd'hui. Dans la chaleur et le brouillard étouffant qui régnait dans la rue un petite goutte de sueur me glaça littéralement le dos lorsque je réalisai qu'il n'y avait pas un bruit dans la ville. Aucune circulation. Les routes étaient désertes. Les trottoirs aussi. Pas un seul chant d'oiseau. Mon imagination devait me jouer des tours. Je n'ai pas l'habitude de me réveiller dans des endroits inconnus, j'ai toujours eu une petite vie tranquille, sans histoire. Je commençais à sérieusement paniquer. Il fallait vite que je rentre dans une magasin, que je parle à quelqu'un, que je sente une présence humaine pour me rassurer. Un simple contact, un sourire. Mes pensées se bousculaient. Je fus interrompu dans mon anxiété par la sonnerie de mon téléphone.

08h00, c'est l'heure à laquelle mon alarme était réglée. Pourquoi ne sonnait-elle que maintenant ? Je me dis que mon téléphone devait mal fonctionner, qu'il ne devait pas être 08h00 mais bien plus tôt, ce qui expliquerait les rues désertes. Mais alors pourquoi avais-je entendu 08h00 sonner quelque part en me réveillant ? Justement, je venais de me réveiller je n'étais pas lucide.
C'est apaisé que je me dirigeai vers l'épicerie sur le trottoir d'en face dont la porte semblait ouverte. Mon regard fut attiré en traversant la route par de nombreuses traces de pneus, sur des nombreux mètres, à perte de vue même à cause du brouillard. En entrant dans l'épicerie je déboutonnai ma chemise, la chaleur me donnait la sensation d'avoir la poitrine comprimée. Mon bonjour n'eut aucun écho. L'épicerie était ouverte, mais personne n'était derrière la caisse. Comme si cela ne me paniquait pas suffisamment mon regard se posa sur l'horloge dont les deux aiguilles s'étaient arrêtées dans un angle qui m'était malheureusement trop familier. Que s'était-il passé à 08h00 pour que toutes les horloges arrêtent de fonctionner ? Et puis ce n'est pas logique, un téléphone fonctionne ou ne fonctionne pas mais il ne reste pas bloqué sur une heure en particulier. Et pourquoi fait-il si chaud ? Où sont passés les gens ? Mon cerveau allait imploser, mon coeur battait bien trop vite, et mes poumons semblaient ne pas arriver à trouver suffisamment d'air. Je courus dehors en arrachant un bouton de chemise, il me fallait de l'oxygéne. Il faisait tout aussi chaud dehors que dedans et je me sentais encore plus confiné à l'extérieur à cause de ce foutu brouillard. Ma vision se troubla et je perdis connaissance.

8 pas. C'est le nombre de pas que je fis après avoir repris connaissance avant que la musique ne commença à se faire entendre. Je devais être trop occupé à tenter de réguler ma respiration et à prendre le maximum d'air à chaque inspiration, car je ne m'inquiétais même pas du fait que cette musique semblait venir de partout. Impossible de distinguer le point d'origine, impossible aussi de la discerner correctement, je croyais reconnaître un peu de violon ici et là, à moins que ce ne fut un piano. Mais bien qu'inexplicable ce bruit était plus rassurant que le silence de plomb qui régnait dans la ville depuis mon réveil. Je commençais presque à être apaisé par cette musique lorsque mon téléphone sonna. Une seule sonnerie, un sms. Ce qui m'aurait rempli de joie quelques minutes, ou heures, auparavant me glaça le sang. Ce bruit si familier, me semblait à ce moment irritant et menaçant. D'autant plus que je constatai que je n'avais toujours pas de réseau. Mon opérateur en était l'expéditeur, et pourtant le message me disait : on se retrouve à 07h30, je t'aime. Je n'ai pu m'empêcher d'esquisser un sourire en imaginant le vendeur de la boutique où j'ai acheté ce téléphone m'envoyer ce sms. Ce sourire fit vite place à un rictus angoissé. J'avais beau chercher je ne trouvais personne qui aurait pu m'envoyer un tel message, cela devait forcement être une erreur, ou encore un de ces campagnes publicitaires étranges.

8 rue Jules Méline. C'est l'endroit devant lequel je stoppai net mes déambulations. Je ne savais pas où j'allais, je ne savais toujours pas où j'étais et je me laissais porté par le manque de lucidité que me causait la chaleur insupportable qui régnait ici. Mais en arrivant devant ce cinéma, j'eus une drôle de sensation. La sensation de connaitre cet endroit. Sans même y penser, j'y rentrai. Tout m'était étrangement familier. L'odeur de souffre avait cédé sa place à une bonne odeur de pop-corn. La musique était de plus en plus distincte au fur et à mesure que j'avançais dans ce cinéma toujours aussi vide, elle me guidait. Je m'étais bizarrement assez rapidement habitué à marcher seul dans des endroits vidés de toute présence humaine. Je me dirigeais vers le fond du hall, et j'aperçu une porte ouverte, un film semblait y être projeté. La salle était vide, rien n'était projeté, et la musique ne venait clairement pas de là. Je rebroussai chemin, l'odeur de souffre avait refait son apparition et le brouillard venait de pénétrer dans le cinéma. Cela eut pour effet de me sortir de l'état de transe dans lequel je semblais être tombé, et le désir de rentrer chez moi le plus vite possible refit son apparition, je courus dehors et la chaleur m'empêcha de poursuivre mon effort plus loin que les quelques mètres qui séparaient de la sortie.

8 coups de klaxon. La voiture sur le trottoir d'en face donna 8 coups de klaxon lorsque je sortis du cinéma. Enfin, je n'étais plus seul. Je traversai une nouvelle fois la route, ne faisant même plus attention à toutes les traces de pneus, et j'arrivai devant la voiture. Celle-ci était vide, le moteur vrombissait, mais personne n'était au volant. Qui avait bien pu klaxonner ? Était-on en train de me faire une blague ? Bien que me trouvant dans une situation plus qu'absurde, j'éprouvai tout de même une certaine hésitation à monter dans la voiture. Je ne voulais pas que l'on croit que j'étais en train de la voler. Je me décidai à y rentrer. A peine la portière refermée, la musique se fit plus audible et l'air devint respirable. L'autoradio était en route, et je parvins enfin à identifier la chanson qui passait en boucle depuis tout à l'heure. Puis j'entendis un bruit sur ma droite, et en me retournant j'aperçus une femme brune qui me souriait. J'eus à peine le temps de la reconnaître  que les pneus crissèrent, la musique s'arrêta, la chaleur redevient étouffante et je perdis connaissance.

9 coups. J'ouvre les yeux, le soleil tape fort et mes yeux ne se sont pas encore habitués à cette luminosité, je ne vois rien et pourtant je sais déjà que je ne suis pas chez moi. La voiture est en feu derrière moi, cela fait maintenant 9 coups de pieds que j'essaie de donner dans la portière pour essayer de m'en sortir. Et pourtant je suis dehors. Une église au loin sonne huit heure, je me retourne et je me vois essayer d'atteindre ma femme à coté, je lui tiens la main, et l'autoradio cesse de fonctionner au même moment que nos cris d'agonies s'estompent. Je ne peux rien faire, je suis bloqué sur place, je me regarde brûler dans cette carcasse, la fumée m'envahit, les pompiers passent à coté de moi sans me voir, je suis bloqué sur place, les yeux rivés sur ce spectacle. Puis je parviens enfin à bouger, tout le monde continue de m'ignorer, je m'enfuis, je ne sais pas où je vais, je me perds, je cours, je suis à bout de souffle, j'étouffe, je rentre dans la première porte que je vois, il semble que ce soit un hôtel, je m'allonge et je m'endors.

 

 

L'histoire qui fait peur la plus courte du monde par Jonah (hors concours)

C'est l'histoire du dernier Homme sur Terre...
"Toc, toc"