Après un Bucky O'Hare exceptionnel dont mes doigts se souviennent, ma NES a chauffé sur un jeu qui a littéralement bercé mon enfance (et je suis persuadé ne pas être le seul !). Aujourd'hui, nous allons donc parler de Chip 'n Dale Rescue Rangers, le deuxième jeu à licence Disney développé par CAPCOM  sur le support (après Duck Tales, que l'on doit d'ailleurs au même producteur : Tokuro Fujiwara). 

Bon alors, je ne connais pas du tout la série Tic&Tac et ne serais en mesure de vous introduire à son univers, mais qu'importe, ce n'est pas ce qui nous intéresse ici. Car le CAPCOM des années 90 savait adapter des séries animés et vous procurer du plaisir via son seul gameplay (et non du fan-service indigent comme 99% des adaptations aujourd'hui).

HELP !!! Celui qui m'explique comment passer sans se faire toucher ces fichus pélicans qui recrachent les caisses aura toute ma gratitude à jamais (ça fait plus de 20 ans que je les passe en bourrinant le recover d'une perte de coeur !!!)

Ce qui marque dès les premières secondes de jeu, manette en mains, c'est l'extrême réjouissance conférée par la maniabilité. Le contrôle du personnage est en effet extrêmement précis, fiable et réactif. L'amplitude ainsi que la hauteur des sauts sont formellement ajustables à sa guise, et il est possible de descendre d'une plateforme rapidement avec la manip bas+saut... quel délice que de déplacer le sprite de son petit rongeur véloce à travers le level design ! Le fait que le jeu soit optimisé (fréquence de l'image semblable à celle du NTSC 60 hertz) dans notre version PAL ne fait que renforcer cette aise incommensurable. Je regrette juste une hitbox un peu épaisse qui exige un doigté particulièrement minutieux...

Le level-design s'avère assez minimaliste avec des plateformes que l'on pourra choisir d'emprunter selon son bon vouloir en fonction des ennemis à éviter/attaquer ou des petits bonus à glaner durant la progression. Mais là n'est pas la force du jeu. En fait, c'est surtout au niveau du gameplay que le titre se démarque des standards des jeux de plateforme de son époque. Comme je viens de l'évoquer un paragraphe plus haut, la maniabilité est délectable mais elle est (surtout) soutenue par une faculté qui fait tout le sel du titre : la possibilité de soulever des caisses et de les lancer à l'horizontale ou à la verticale. Eh oui, des caisses (ou équivalents type glands, etc.), vous allez en porter dans Chip 'n Dale, et c'est peu de le dire !!! 

La MAP sert à choisir par quels niveaux on souhaite passer. L'exemple des robinets à fermer en sautillant plusieurs fois dessus illustre bien le foisonnement de petites idées sympathiques qui ponctuent régulièrement le jeu

Cette capacité s'avère indispensable pour se défendre contre les différents ennemis qui ne manquent pas de gêner sans cesse notre avancée. Très vite, on comprend qu'il semble nécessaire de rapidement l'appréhender, la maîtriser et en faire usage sans aucune retenue (à l'instar de la quantité faramineuse de caisses disséminées dans les niveaux !). En outre, elle dote le jeu d'un feeling arcade très prononcé (le gameplay semblerait presque provenir d'un classique à tableaux fixes typique des années 80), qui renforce le plaisir immédiat et fugitif qui le caractérise.

Chip 'n Dale est en effet court, très court : les niveaux ne sont pas bien longs et se parcourent sans difficulté majeure. C'est peut-être ici l'un des seuls "défauts" du titre, même si je ne vois pas cela comme fondamentalement un point négatif.

Graphiquement, le jeu est extrêmement propre et fait partie des plus colorés du support. L'action et les déplacements sont excessivement lisibles au sein de ces mondes transposés via le prisme du gigantisme. Ben oui, on dirige des petits écureuils, il n'est donc pas étonnant de devoir braver l'adversité entre des objets aussi insolites que des erlenmeyers, des casseroles posées sur le gaz ou des robinets déversant des torrents.

A la cohérence de cet univers vient se greffer des tas de petites animations très amusantes et vraiment craquantes. Aujourd'hui encore, j'ai pris un vrai plaisir à redécouvrir cette attention avec laquelle des détails cocasses agrémentent les animations des ennemis. A noter qu'à côté de cette profusion, les boss n'ont pas d'animation de défaite (ils se contentent de disparaître), étrange !

Les combats contre les boss se déroulent généralement sur fond noir tant ils sont gigantesques (ceci dit, pour les rares boss plus petits, on a droit à un décor)

Côté sonore, à l'image des graphismes, c'est très propre : pas de bruitages stridents ou inappropriés ni de cacophonies agaçantes qui tapent sur le système au bout de 2 min. Tout semble agréable et adapté à l'univers mignon du jeu (mélodies enjouettes) et à la relative frénésie de son gameplay (musiques rythmées). Les thèmes sont inspirés et pertinents à l'image du style très typé années 50 de la zone F. La compositrice n'est autre que Harumi Fujita, que l'on connaît également pour des titres grandioses comme Karuraou (alias Skyblazer en Occident), Pulstar ou Blazing Star. Son travail sur Chip 'n Dale est plus que satisfaisant avec des motifs mélodiques enjoués et guillerets faisant honneur aux sonorités typiques de la NES. 

Le jeu propose des cutscenes qui servent de liant à la progression des rongeurs, mais aussi de source d'indices sur la façon de passer certains embranchements où il est nécessaire d'utiliser des éléments du level design.

Ah, et LA feature du jeu sur laquelle je fonds littéralement, c'est bien la possibilité de jouer à 2 joueurs simultanés. Mais quel bonheur de parcourir le jeu avec son pote, sa compagne, son enfant (etc., tu choisis qui tu veux !) !!! Non seulement on gagne en convivialité mais cela augmente sensiblement la difficulté du jeu : il faudra alors veiller à ne pas aller trop vite (le scrolling écrase et tue votre partenaire), ni de lancer des caisses comme un sauvageon dans toutes les directions (sous peine d'assommer et immobiliser momentanément le second joueur), ni à le gêner dans ses déplacements (on se pousse mutuellement). Et pour les plus vils, rassurez-vous, il est possible de porter votre partenaire comme une caisse et le propulser où vous le souhaitez hu hu hu ^ ^ (les mieux intentionnés pourront le porter pour l'aider à traverser une section de niveau délicate).

Le jeu à deux en simultané est un GROS point positif supplémentaire pour un titre qui en propose déjà une ribambelle !

Après l'avoir fini 2 fois en multijoueurs dans la même journée (une partie où l'un des joueurs avait Game Over et l'autre masterisée / finie à deux avec toutes les sections de la carte terminées), c'est imprégné d'une excellente impression pleine de tendresse que je rédige ce présent billet d'un jeu de mon enfance (sur lequel j'avais, je ne vous le cache pas, de sérieuses craintes quant à une altération liée au temps).

En dehors de tout sentiment nostalgique, Chip 'n Dale est un excellent jeu de plateforme, qui a bien vieilli grâce à une maniabilité rigoureuse qui fait (à elle seule) jubiler nos petits doigts de joueur, un gameplay impeccable très typé arcade basé sur le lancer massif de caisses et des graphismes soignés bourrés de petites attentions. Pour sûr, un jeu que je ressortirai très fréquemment, seul ou à deux, le temps d'un fugace mais néanmoins certain Plaisir.