A la base, cette critique devait être publiée sur le site pour lequel je bosse. Mais finalement, seule une partie a été retenue, puisque je me suis un peu embrouillé les pinceaux, et qu'en principe, je n'étais pas sensé l'écrire.

Je vous fais donc partager mon billet ici, en sachant que je respecte le format de mon site. Voilà voilà, je vous copie le tout. A noter que je le note 4/6, avec 5/6 en son, en image et en bonus.

 

 

Tout premier univers original de l'ami Zack Snyder (L'armée des Morts, 300, Watchmen, le Royaume de Ga'Hoole), Sucker Punch nous raconte l'histoire d'une jeune femme, Babydoll, enfermée dans un asile psychiatrique par un beau-père peu scrupuleux, suite à la mort de sa mère et au meurtre involontaire de sa sœur.

Coincée dans cet asile pour femmes, situé dans un Vermont des années 1960, elle n'a que cinq jours pour s'échapper avant sa lobotomie, pratique encore courante à l'époque.

Mais elle se rend rapidement compte que son seul échappatoire est son imagination : avec d'autres internées, elle rêve d'autres vies, où elle peut atteindre la liberté. Les plaçant dans un bordel, dans les tranchées d'une première guerre mondiale « vidéoludisée » ou même d'un ersatz du Gouffre de Helm, leurs pérégrinations oniriques permettent aux différents plans narratifs, dont Snyder raffole, de s'imbriquer afin de créer une seule et même histoire : celle de cinq « bouts de femmes » prêtes à tout pour lutter dans un monde machiste et hiérarchisé, où différence rime avec persécution.

Incorporant des anachronismes assez déroutants (du Björk sortant d'un magnétophone, des fusils mitrailleurs high-tech dans un monde médiéval, des écouteurs d'iPod dans un asile des années 1960 ...), Sucker Punch est un film intemporel, un trip psycho-fantastique qu'on pourrait trop vite ranger, à tort, dans la case du porno geek.

Et même si là réside le public visé par Snyder, qui revendique en être un, le réalisateur a avant tout voulu faire de Sucker Punch un film « cool ». Cool ne veut pas dire creux, mais rares sont ceux qui iront au-delà de l'aspect vidéo-clip du film. Et là réside finalement le plus gros défaut de Sucker Punch : son manque d'accessibilité.

Une volonté de Zack Snyder d'inscrire son film dans le cross-media et le web 2.0 ? Certainement, mais encore faut-il que le spectateur prenne la peine de décortiquer chaque plan, chaque réplique, chaque inscription, chaque référence. Rien n'est laissé au hasard dans Sucker Punch, mais le tout représente un investissement que seuls les plus grands aficionados se permettront.

Les autres trouveront simplement dans le film la plus grosse claque graphique depuis Avatar, et le tout en IMAX, s'il vous plait. On adule ou on déteste. Chez AVcesar.com, vous aurez compris de quel côté on se situe.

Un film unique et indispensable, tout simplement.

 

Bonus

Clairement, Warner Bros n'a pas pris les amateurs de Snyder pour des bourriques, notamment grâce au « mode d'interactivité avancée », proposé sur le bluray de la version longue. Le film se déroule sous nos yeux, des cadres « picture in picture » apparaissent çà et là, où des membres de l'équipe reviennent sur des points du tournage ou enchaînent les anecdotes croustillantes. Mais ce n'est pas tout, car il est possible de stopper la lecture pour accéder à des photos du tournage, des ébauches de décors ou de somptueux storyboards. A d'autres moments, c'est carrément le film qui s'arrête, et Snyder vient sur un plateau nous expliquer des choix dans le tournage, nous permettant de prolonger l'expérience.

Le deuxième bluray permet de voir ou revoir dans courts métrages d'animation de qualité servant de préquelles aux mondes imaginés par Snyder. Ces derniers sont disponibles sur Youtube et ont fait partie de la promotion du film, les retrouver dans l'édition bluray est donc logique.

Enfin, un court documentaire revient sur la bande originale du film : la musique joue un rôle important dans Sucker Punch, on aurait donc apprécié que le making-of de la BO soit un peu plus consistant. Dommage.

 

Image

Intégralement filmé un IMAX, Sucker Punch est une petite bombe visuelle. Usant et abusant des effets de postproduction, le dernier film de Snyder est un régal pour les yeux. Possédant une véritable identité graphique, en dépit des nombreux mondes dépeints, impossible de prendre le film en défaut, si ce n'est dans l'abus d'effets de ralentis, pouvant énerver certains.

On apprécie la palanquée de références visuelles totalement revendiquées : du Seigneur des Anneaux de Jackson aux jeux-vidéo Final Fantasy XIII et Killzone, en passant L'Etoffe des Héros de Philip Kaufman ou l'Excalibur de John Boorman, elles sont nombreuses et viennent toutes s'imbriquer pour donner une patte inimitable au film de Snyder.

Du grain de peau des acteurs aux différents jeux de couleurs des costumes, tout est maîtrisé et réfléchi de bout en bout. Du grand art.

 

Son

La version longue du film n'est proposée qu'en VO (Anglais), dans un DTS-HS 5.1 imprenable. Il est assez regrettable qu'on n'ait pas plus de choix, même si la qualité de cette piste n'est jamais à remettre en question.

La version cinéma, présente sur le second bluray, propose quant à elle du Dolby 5.1 dans diverses langues. Si techniquement on n'a pas grand-chose à y redire (on note cependant une saturation des basses plus présente qu'en DTS-HD), impossible de recommander la version française. Cette dernière se permet non seulement de changer le sens de certaines scènes, mais vulgarise souvent le discours des personnages. Impardonnable, même s'il faut de toute façon profiter de Sucker Punch dans sa version longue, supérieure en tout point.