Jamais je n'aurai pensé dire cela d'une figurine.

Mais la figurine "collector" d'Agnès dans Bravely Default  m'aura, il faut bien l'avouer, rendu triste. Tandis que je la remettai dans son cerceuil de polystirène, accompagné par Liehd pour son oraison funèbre, je fus une dernière fois troublé par ce regard de plastique, mélange subtil de débilité légère et de manifeste silencieux pour l'euthanasie.

Alors que je scellais la créature, notre ami aux mains carrés m'encourageait à découvrir les figurines vendus dans le cadre du collector du Lords of Shadow 2.  Un coup de Google plus tard et j'ai pu m'assurer de l'excellente santé de l'industrie du jouet en plastique, qui a su diversifier ses activités dans le jeu vidéo. 

Car s'il est normal de pester contre certaines des habitudes actuelles du jeu vidéo, le chemin qui prend le collector en ce moment est tout aussi préoccupante.
Nous avons déjà là deux exemples de cette "légèreté": Il s'agit non pas de rendre hommage au jeu où de mettre en avant le travail des artistes par une BO, un artbook mais bien t'inciter l'achat du jeu en lui-même, fut-il mauvais. Pour cela il s'agira pour l'éditeur de joindre à son jeu qui un artbook de quatre pages, qui une OST abrégée, qui une figurine dont le sculpteur s'appelle "moule à cake" au lieu de Alter ou Kotobukiya...

Face à glorification actuelle du jeu rétro dont les prix passent du simple ou quintuple par le mystère de la spéculation, c'est au tour des produits dérivés de subir un sort équivalent, ainsi, combien je regrette de ne pas avoir sacrifié quelques deniers d'étudiants alors que Kingdom Hearts était sorti, j'aurai pu mettre son guide officiel sous clef afin d'assurer les subsides de ma  peu probable retraite.

 Pour les jeux et leurs éditions collector, j'ai le sentiment qu'il s'agit plus d'accélérer les ventes d'un jeu pour anticiper la possibilité d'une spéculation rapide sur ce dernier. En jouant sur la qualité du collector, il est facile de se faire une bonne marge tout en incitant l'écoulement rapide de ses derneirs, même si Joniwan n'est pas le dernier à nous montrer que les steel books sont nombreux a rester sur les bras des vendeurs tant le collector maintenant devient l'édition de base.

Si je suis le premier à chercher l'édition collector d'un jeu quand vient le moment de l'achat, il n'en reste pas moins que de cette perversion spéculative nait une méfiance certaine. J'aimerai que le collector retrouve une sorte "d'innocence" où il serait question de rendre hommage à un travail et aux artistes. Une OST complète pour réécouter le travail du compositeur et non plus seulement des extraits pas nécessairement bien choisi. Une figurine ou un diorama pour rappeller une scène marquante du jeu. Un artbook pour laisser les yeux s'attarder sur le travail des illustrateurs car l'action ne laisse pas nécessairement évident de prendre conscience de la richesse des environnements.

Tout cela justifie le collector et devrait être la seule ligne de conduite pour l'éditeur qui compte bien en écouler. Malheureusement la dégradation progressive de ces derniers laisse penser à un éclatement spéculatif prochain. Le trop-plein risque-t-il de sonner la fin du collector moneyable? Alors que le démat et l'émulation sont loin de tuer le rétro-gaming, j'ai tendance à penser que le collector moisi a encore beau jour devant lui...